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Démocratie réelle: les leçons des Municipales et l’annonce de la répétition des conventions

BILLET

Une véritable crise démocratique

Le Journal Le Monde titre, le 29 06 2020: « Après les élections municipales, Emmanuel Macron face à une crise démocratique »

Solenn de Royer signe dans ce quotidien une tribune qui indique que : « Le processus de décomposition et de fragmentation enclenché depuis 2017 se poursuit, mais cette fois aux dépens du président lui-même ».

Le chroniqueur insiste sur deux aspects de cette crise:

– La première est politique car la démocratie représentative sort encore fragilisée du second tour des élections municipales, marqué par un record d’abstention. Alors que la commune est l’un des derniers échelons politico-administratif jugés crédibles.

– La seconde crise est celle des très maigres résultats des candid⁹ats LRM.

La répétition de conventions, reponse aux municipales ?

Le Président de la République tire les enseignements de la convention citoyenne au lendemain des municipales qui – elles mêmes – font l’objet e nombreuses analyses au regard de l’état de santé de notre démocratie.

Renouveler cette expérience semble une bonne initiative si l’on prend soin – en pleine lumière – d’en analyser les points forts et les points faibles.

N’oublions pas l’urgence de rehabiliter les mecanismes traditionnels de la vie démocratique !

Trois leçons sur le plan partisan


– Les écologistes apparaissent comme les grands vainqueurs de ces élections en s’imposant dans plusieurs grandes villes, comme Strasbourg, Lyon et Bordeaux.
– La majorité subit une très grosse défaite.
– Les partis « traditionnels » profitent de leur ancrage local pour bien résister.


Autres enseignements


Abstention record
Avec environ 60 % d’abstention, ce second tour des élections municipales est à un niveau record pour un scrutin électif(seuls certains référendums locaux, comme ceux sur l’autonomie de la Guyane et de la Martinique en 2010, avaient abouti à un pourcentage d’électeurs ne s’étant pas rendu aux urnes plus important).
« Juridiquement, les nouveaux maires ont évidemment la légitimité politique. Mais cette faible participation va les pousser à adopter des positions de compromis et d’ouverture afin de ne pas être trop clivants vis-à-vis de leurs oppositions », estime Luc Rouban, chercheur à Sciences-po.


Le PR s’est dit « préoccupé par le faible taux de participation » à ces municipales. « La participation définitive ne sera connue que plus tard mais nous savons qu’elle sera faible, c’est un regret », a indiqué de son côté le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. Mais quelles conséquences en tirent ils ?


Berezina pour LREM
Crée en 2016 par Emmanuel Macron, La République en marche subit un rude echec, ne remportant aucune grande ville. « C’est un échec plus important que ce qui était anticipé au vu des résultats du premier tour », pointe Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof.


Même dans les communes où LREM avait noué des alliances avec le candidat des Républicains, comme à Strasbourg, Bordeaux ou Clermont, cela ne lui a pas permis de l’emporter. « C’est un échec de stratégie politique », renchérit le politologue.


« Cela signe un grave échec d’ancrage de ce parti, né dans un complexe atypique pour une campagne présidentielle. Mais Emmanuel Macron s’est, pendant longtemps, très peu appuyé sur les députés et sur les élus locaux », analyse de son côté Olivier Rouquan, chercheur associé au Cersa (Centre d’études et de recherche en sciences administratives et politiques).


LR et le PS sauvent la mise
Les Partis « traditionnels », Les Républicains et le Parti socialiste ne s’en sortent pas trop mal.


Trois ministres sur 4 défaits au second tour, Philippe largement élu
Quatre ministres étaient en lice pour le second tour. Seul le Premier d’entre eux s’est qualifié par 58,8 % des voix, s’amusant de la période incertaine que cette victoire allait ouvrir pour les commentateurs. Si Emmanuel Macron avait l’intention de changer de Premier ministre, cette large victoire lui complique un peu la donne.
Mais ses trois secrétaires d’Etat ont été battus. À Paris, Marlène Schiappa (Égalité Homme Femme) et Agnès Pannier-Runacher (Économie), soutiens d’Agnès Buzyn dans les XIVe et XVIe, ne siégeront même pas au Conseil de Paris. À Vanves (Hauts-de-Seine), Gabriel Attal (Education nationale) figurait en deuxième position sur la liste LREM, qui est arrivée troisième après l’UDI et EELV. Attal conserve son fauteuil d’élu d’opposition, gagné en 2014 sous la bannière socialiste.


Davantage de grandes villes dirigées par des femmes
Les femmes ont, depuis longtemps, pris les rênes de petites communes, et Martine Aubry et Anne Hidalgo, qui faisaient exception, peuvent désormais compter leurs paires sur plus d’une main : Anne Vignot a emporté Besançon, Jeanne Bareghian Strasbourg, Léonore Moncond’huy Poitiers, Michèle Rubirola est en tête à Marseille.

Concernant les difficultés de notre démocratie, nous vous proposons l’article de l’Opinion.

Nous vous proposons, dans la foulée, l’article du Parisien sur les municipales.

ARTCLE

Second tour des municipales, une mauvaise journée pour la démocratie

Nicolas Beytout 28 juin 2020

On pourra toujours, avec le recul, trouver des circonstances atténuantes : une campagne tout en distanciation physique ; un vote sous contrainte sanitaire ; un second tour éloigné de trois mois du premier et une dramaturgie électorale édulcorée. Il n’empêche, le scrutin de ce dimanche 28 juin est un désastre démocratique. Jamais l’abstention n’aura été aussi élevée lors d’une élection de cette dimension. Et jamais elle n’aura eu autant de signification.
Car il s’agissait de désigner les élus préférés des Français, ceux qui ont prise sur leur vie quotidienne, ceux qui sont à l’écoute mieux que ne le sera jamais aucun gouvernement et qui ont, sauf dans les grandes villes, une approche moins idéologique des sujets. Mal élire son maire, c’est un acte de défiance renforcé dans le processus démocratique.

Il est vrai que tout a été fait pour délégitimer ce genre de scrutin. Haro sur la démocratie représentative, vive la démocratie directe ; halte aux politiques, ce sont des politiciens ; bravo aux citoyens, ils sont ce que nous sommes, de vrais Français moyens. Le lavage de cerveaux anti-système a atteint son apogée avec l’opération Convention citoyenne pour le climat, ce soi-disant prototype de la décision politique du futur : 150 personnes, tirées au sort mais qui, déjà convaincues, pensent toutes la même chose, et votent à 85% ou 90% la plupart des actes de la Convention. Un régime dans lequel les décisions se prennent avec de tels scores a rarement bonne réputation.
La démocratie est mal en point. Elle a, lors de la crise du Covid, sous-traité son pouvoir de décision à des spécialistes, les médecins. Elle a ensuite affermé ses choix politiques à une assemblée citoyenne à la légitimité fabriquée, le tout sous les applaudissements d’une classe politique qui s’inquiétera demain du désintérêt grandissant des Français pour leur propre action. Mauvaise journée pour les démocrates.

ARTICLE

Concernant les municipales nous vous proposons cet Article paru dans Capital le 29 06 2020

110 km/h, vols intérieurs, taxes… Emmanuel Macron dévoile ses arbitrages sur la convention citoyenne

Pour le président de la République, « la Convention citoyenne a renouvelé de manière inédite les formes de la démocratie ».

C’est presque un sans faute pour la Convention citoyenne. Sur ses 149 propositions, 146 ont été retenues, a fait savoir Emmanuel Macron lors d’un discours lundi 29 juin. Parmi celles-ci, la proposition sur la taxation des dividendes des entreprises de plus de 10 millions d’euros à hauteur de 4%. « Mettre sur tous les investissements une taxe, c’est réduire notre chance d’attirer l’investissement supplémentaire », selon Emmanuel Macron. « Nos entreprises ont besoin d’innover. Elles ont donc besoin d’attirer des capitaux français et étrangers sur notre sol pour innover, changer de modèle. Nous sommes déjà un pays qui est très fiscalisé et je pense qu’accroître la fiscalité pour répondre à ce défi n’est pas la bonne manière. »

Pour la limitation de la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes, l’une des propositions qui a fait le plus parler, président de la République pense qu’il vaut mieux « reporter le débat ». « Jamais la transition écologique ne doit se faire au détriment des communes, des régions les plus enclavées », a glissé le chef de l’Etat parmi les explications avancées. Il n’a pas non plus repris la proposition de la Convention de réécrire le préambule de la Constitution en plaçant l’environnement au-dessus de des autres valeurs fondamentales de la République. « Telle que proposée, la rédaction menace de placer la protection de l’environnement au-dessus des libertés publiques, au-dessus même de nos règles démocratiques », a commenté Emmanuel Macron.

Une rallonge de 15 milliards d’euros

Soulignant le travail de la Convention, une « première mondiale », qui « a renouvelé de manière inédite les formes de la démocratie » selon ses termes, le président de la République a annoncé « 15 milliards d’euros supplémentaires sur deux ans seront injectés pour la conversion écologique de notre économie ». Il souhaite reprendre toutes leurs autres mesures, comme par exemple l’interdiction de vols intérieurs quand un trajet en train est possible, favoriser les réhabilitions des bâtiments plutôt que la construction, ou l’instauration d’un moratoire sur les nouvelles zones commerciales en périphéries des villes.

« Je veux que toutes vos propositions qui sont prêtes soient mises en œuvre tout de suite. Certaines seront abordées lors d’un prochain Conseil de défense écologique – un Conseil des ministres restreint dédié aux questions de biodiversité d’environnement et de climat, d’ici fin juillet. D’autres seront intégrées au plan de relance qui, je l’ai dit aux Français, sera économique, écologique et social et va être discuté au Parlement en septembre », a fait savoir Emmanuel Macron, évoquant « un projet de loi spécifique pour la fin de l’été. Un référendum pourrait être mis en place dès 2021 sur « un ou plusieurs textes » reprenant les propositions de la Convention citoyenne, même s’il n’a pas été précisé quelles propositions pourraient être concernés.

Cette convention pourrait en appelé d’autres. Après avoir assuré que les membres de la Convention citoyenne auront « un droit d’alerte » s’ils ne sont pas satisfaits du traitement de leurs propositions, le président de la République a assuré qu’il souhaitait voir d’autres conventions de ce genre être organisées dans le futur, sur d’autres sujets.

6 réponses »

  1. Article de Marianne, 30 06 2020

    DÉMOBILISATION

    17% des inscrits pour Hidalgo, 12,4% pour Aubry : avec des maires élus au rabais, l’abstention vraie gagnante des municipales

    Par Sébastien Grob

    Publié le 29/06/2020 à 19:16

    L’abstention a atteint un niveau record de 58,4% lors du second tour des élections municipales, dimanche 28 juin. En raison de cette désertion, le nombre de citoyens ne s’étant pas rendus aux urnes dépasse de très loin les suffrages obtenus par les candidats vainqueurs dans les plus grandes villes.

    S’il fallait retenir une « vague », ce serait celle-là. L’abstention a submergé le second tour des municipales dimanche 28 juin, atteignant 58,4% des inscrits. Soit une hausse de 22 points par rapport au second tour de l’édition de 2014, qui avait vu 62% des électeurs se déplacer. L’abstention atteint ainsi un nouveau record pour ce type de scrutin, et le deuxième plus haut niveau enregistré lors d’une élection après les européen de 2009, où 59,37% des inscrits avaient boudé les urnes. Environ 16,5 millions d’électeurs étaient appelés à voter dans 4.820 communes dimanche.

    Dans le détail, le niveau d’abstention varie fortement entre les communes : il a par exemple atteint 72,3% à Nice, tandis qu’il est resté contenu à 52,8% à Perpignan. D’autres grandes villes s’approchent du taux national, comme Paris (63,1%), Marseille (63,4%) et Lyon (62,2%).

    Triomphes en trompe-L’ŒIL

    Conséquence de cette faible participation : les futurs maires n’auront réuni sur leur nom qu’une faible proportion d’électeurs. Derrière des scores parfois impressionnants sur le papier, les candidats vainqueurs ne dépassent jamais les 24% des inscrits dans les douze plus grandes villes françaises. Ce niveau a été atteint par Edouard Philippe au Havre grâce à sa large victoire (59% des voix), alors que l’abstention s’est élevée à 58% dans la commune. A l’inverse, Martine Aubry (PS), arrivée en tête d’un cheveu à Lille, n’a été approuvée que par 12,4% des électeurs de la ville, où 68,3% des inscrits se sont abstenus.

    Plusieurs autres postulants arrivés en tête ne dépassent pas 20% des inscrits. Anne Hidalgo ne cumule par exemple que 17% des électeurs à Paris, alors qu’elle affiche un score confortable de 48,70% des voix. Situation similaire pour Grégory Doucet à Lyon, qui réunit 19,1% des inscrits derrière ses 52,40% au tableau d’affichage. Ou encore à Marseille, où Michèle Rubirola (soutenue par le PS et EELV), arrivée en tête avec 39,9% des voix, n’a été approuvée que par 12,2% des électeurs de la cité phocéenne. Le contraste est encore plus fort à Nice, où Christian Estrosi comptabilise seulement 15,8% des électeurs malgré son triomphe apparent, avec 52,40% des suffrages exprimés.

    La désertion des électeurs s’est encore accentuée par rapport au premier tour, auquel 55,3% des inscrits n’avaient pas participé. Le scrutin du 15 mars s’était tenu dans un contexte marqué par la montée de la pandémie de Covid-19, à la veille de l’annonce du confinement par Emmanuel Macron. Et malgré le reflux du virus, les risques sanitaires ont encore une fois pesé sur la motivation des citoyens pour la deuxième manche, à en croire un sondage de l’institut Ipsos publié lundi. Dans cette étude réalisée les 26 et 27 juin, 43% des répondants qui n’était pas certains d’aller voter citaient le « risque d’attraper le Covid-19 en [se] rendant dans un bureau de vote » parmi les raisons de leur possible abstention. Soit le motif le plus fréquemment invoqué, devant la conviction que ces « élections ne changeront rien à [leur] viequotidienne » (38%)

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  2. Proposé par un lecteur :

    «La Convention citoyenne pour le climat affaiblit les institutions démocratiques traditionnelles» Le Figaro

    La Convention citoyenne, par l’opacité de sa sélection, sa disqualification du discours des savants et ses propositions de révisions constitutionnelles douteuses, est moins démocratique qu’il n’y paraît, estime Olivier Babeau président du think-tank l’Institut Sapiens qui a écrit la chronique suivante :

    La montagne a accouché d’un monstre. La Convention citoyenne aura confirmé toutes les réserves que l’on avait pu formuler lors de son annonce par le président de la République. Elle n’est pas seulement une impasse, elle est aussi un coupe-gorge institutionnel et politique. Créée pour être un outil innovant de décision satisfaisant habilement à une demande de plus en plus pressante de participation, elle apparaît en réalité comme une redoutable machine à accélérer l’affaiblissement de notre démocratie et notre déclin économique.

    On pouvait craindre qu’à défaut d’être un innocent accessoire de communication politique, ce qui aurait été un moindre mal, elle ne soit que le faux-nez d’un exécutif qui tente de légitimer ses réformes. Au vu des résultats, elle aura été pire que cela, car détournée en porte-voix des élucubrations écolo-totalitaires les plus folles portées par quelques minorités actives qui sont parvenues à en prendre les commandes.

    Le sort ne remplace pas les urnes.

    Le concept était vicié dès le départ. Comment ne pas voir qu’en s’offrant comme une alternative aux institutions démocratiques traditionnelles, elle en sape encore plus la faible légitimité? Il n’y a pas de meilleur moyen d’affaiblir l’adhésion au système représentatif que de suggérer qu’il est une sorte de fatras dépassé qu’un groupe de gentils citoyens dûment éclairé peut court-circuiter avec profit. Le sort ne remplace pas les urnes. La Convention citoyenne a la représentativité des «AG» étudiantes chères à nos universités. Derrière l’habillage de la procédure démocratique, il y a surtout l’opacité de la sélection du groupe final et de la façon dont les citoyens ont été «aiguillés».

    La Convention citoyenne flatte aussi la tendance préoccupante à nier le savoir des experts et à reconnaître symétriquement que l’opinion de l’homme de la rue vaut autant, sinon plus, que les connaissances accumulées par de nombreuses années de travail et d’expérience. La disqualification du discours des savants, assimilé à celui de l’élite et donc frappé d’un même opprobre, et le mythe du «bon sens populaire qui suffit» sont les ingrédients les mieux connus du populisme. Court-circuiter les corps intermédiaires et instaurer un «dialogue direct» entre le «peuple» et son dirigeant est le schéma de base des régimes de ce type.

    En matière de compétences, on reste sans voix devant cette participante, censée avoir reçu «sept semaines de formation», qui est capable d’expliquer que notre bilan carbone sera meilleur sans centrales nucléaires (c’est pourtant l’énergie la moins carbonée) et que les énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire sont pilotables (ce qu’elles ne sont pas). Il n’est pas étonnant que, de postulats aussi faux et d’informations idéologiquement baisées, découlent ces inquiétantes chimères.

    S’il s’agissait d’une manœuvre politique cherchant à se concilier les bonnes grâces des enragées de la révolution verte, il s’agit d’un marché de dupes.

    Politiquement, on ne voit pas comment l’exécutif pourrait en sortir grandi. Il s’agissait de donner des gages aux tenants de la démocratie directe. Cela ne parviendra qu’à en exciter l’amertume. L’adoption réelle des mesures proposées se heurtera nécessairement aux procédures institutionnelles qui heureusement feront barrage aux plus nuisibles. Beaucoup crieront au déni de démocratie. S’il s’agissait d’une manœuvre politique cherchant à se concilier les bonnes grâces des enragées de la révolution verte, il s’agit d’un marché de dupes. Il y a en effet une grande leçon qu’il serait temps de comprendre: les fondamentalistes, quels qu’ils soient, ne sont pas calmés par les concessions qu’on leur fait, mais deviennent plus exigeants encore. Ils voient des brèches là où d’autres pensent offrir des arrangements. La Convention ne calmera pas la frange la plus radicale des anticapitalistes pour qui l’écologie n’est que le véhicule opportun d’un vieux combat contre notre modèle de civilisation.

    La proposition de modification constitutionnelle subordonnant les droits et libertés à «la préservation de l’environnement» est la plus inquiétante de toutes. Négligeant le fait que l’être humain modifie son environnement (les paysages, les végétaux, les animaux) depuis des millénaires, ce concept flou ouvert à toutes les interprétations pourrait se révéler un outil terrifiant de limitation de nos libertés, risquant d’inverser la logique essentielle de notre société dans laquelle tout ce qui n’est pas interdit est permis. Cette proposition est emblématique de la tonalité générale d’un paquet de propositions qui engagerait une grave régression sociale et économique. Nous sommes bien là au cœur du vrai projet que l’on tente de nous imposer en catimini au prétexte d’urgence climatique: en finir avec les Lumières pour nous soumettre aux décisions arbitraires de quelques décideurs se rêvant en Grands timoniers. Le projet est l’abolition du droit de propriété et la détermination, par des fonctionnaires de l’État vert, de la façon dont vous devez rechercher le bonheur. Prenant modèle sur des communautés sectaires comme celle des Amish, il voudrait que la France bride les technologies utilisées au niveau qu’un sourcilleux conseil jugera suffisant. Dans ce pays idéal, toutes les dimensions de nos existences seront rigoureusement encadrées par un nouveau clergé s’autoproclamant porte-parole de Gaïa.

    En bref, pour paraphraser Audiard: le jour où les mauvaises idées seront mises en orbite, la Convention citoyenne n’aura pas fini de tourner.

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  3. CONVENTION :
    Un lecteur constate qu’après l’engagement de ne refuser que 3 des 149 propositions et apres l’accord consenti par le PR lui même sur 146 mesures, le « detricotage » s’organise au sein de l’executif

    Il nous propose l’ARTICLE DE MARIANNE du 1 juillet qui parle « d’enfumage « …

    TVA sur les trains, lancement de la 5G… Macron et ses ministres multiplient les « jokers » face à la Convention climat

    Par Sébastien Grob

    Le PR a annoncé vouloir reprendre la quasi-totalité des propositions de la convention climat, lundi 29 juin. Mais derrière cet enthousiasme affiché, le président et ses ministres ont multiplié les exceptions, écartant plusieurs mesures en plus des « jokers » officiels.

    Un enfumage garanti sans émissions de CO2. Emmanuel Macron s’est exprimélundi 29 juin devant les membres de la Convention pour le climat, convoqués dans le jardin de l’Elysée, afin de réagir à leurs propositions visant à limiter le réchauffement climatique. Le président s’est voulu magnanime, affirmant vouloir donner suite à la quasi-totalité des mesures défendues par ces 150 citoyens tirés au sort, fruit de leurs travaux entamés en octobre 2019. Mais derrière cet enthousiasme affiché, le chef de l’Etat a discrètement mis de côté plusieurs réformes réclamées par la convention, en plus des trois « jokers » clairement cités dans son discours. Pire : plusieurs ministres ont depuis écarté d’autres mesures proposées, telles que la baisse de la TVA sur les billets de train et un moratoire sur le lancement de la 5G.

    Emmanuel Macron a esquissé le devenir des travaux de la commission lundi, promettant à ses membres de transmettre « au Gouvernement, (…) au Parlement, ou directement au peuple français » « la totalité de [leurs] propositions à l’exception de trois d’entre elles » (qu’il a nommées « jokers »). C’est-à-dire la taxe de 4% sur les dividendes des grandes entreprises, la modification du préambule de la Constitution pour y intégrer l’exigence de préservation de l’environnement, et la réduction à 110 km/h de la vitesse maximale sur autoroutes. Cela signifie-t-il que les autres mesures réclamées seront appliquées ? C’est en tout cas ce que suggère la communication du chef de l’Etat : « Je dis oui à 146 propositions [sur 149] de la Convention citoyenne sur le climat ! », clame par exemple un message sur son compte Twitter.

    « Il faut savoir raison garder »

    Mais à côté de ses trois « jokers » officiels, Emmanuel Macron a en réalité écarté d’autres propositions au fil de son discours. Par exemple sur la suppression de certains vols intérieurs : alors que les membres de la convention voulaient interdire l’avion lorsque le train assure le même déplacement en « moins de 4 heures », le président a rejeté ce curseur pour privilégier le seuil de « deux heures et demie » déjà annoncé par le gouvernement. « Il faut savoir raison garder », a fait valoir le chef de l’Etat, pour qui il faut éviter de « réenclaver des territoires ». Emmanuel Macron a également mis de côté la renégociation du CETA réclamée par la convention, se contentant d’assurer qu’il « ser[a] le premier à proposer qu’on l’abandonne » « si l’évaluation montre qu’il n’est pas conforme avec la trajectoire de l’Accord de Paris » sur le climat.

    Le devenir exact des autres mesures reste d’ailleurs flou, Emmanuel Macron ayant indiqué que certaines « méritent encore d’être affinées », sans plus de précisions. La création d’un crime d’écocide, sanctionnant « un dommage écologique grave », doit notamment revenir sous une autre forme que celle proposée par la convention.

    Dans le sillage du chef de l’Etat, plusieurs ministres sont depuis venus allonger la liste des propositions retoquées. Devant l’Assemblée nationale mardi 30 juin, Agnès Pannier-Runacher a par exemple confirmé le lancement des enchères d’attribution des premières fréquences 5G, prévues pour septembre 2020. La convention avait pourtant demandé un moratoire « en attendant les résultats de l’évaluation de la 5G sur la santé et le climat », alors qu’une expertise de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur cette technologie est attendue d’ici fin 2021, après que l’autorité a souligné un « manque important, voire une absence de données relatives [à ses] effets biologiques ».

    Niet de Le Maire sur la TVA

    Autre proposition de la convention remise en cause : la baisse de la TVA sur les billets de train, de 10% aujourd’hui à un taux réduit de 5,5%. « Je ne suis pas favorable à ce qu’on touche les taux de TVA », a asséné le ministre de l’Economie Bruno Le Maire ce mardi sur BFMTV, mettant en garde contre « des dépenses fiscales qui [seraient] très lourdes pour l’Etat ». Le secrétaire d’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, y est lui aussi allé de son bémol : « L’histoire nous enseigne que les baisses de TVA, qui coûtent cher à l’Etat, ne sont pas répercutées dans la poche des consommateurs », a-t-il pointé sur BFMTV ce mercredi, après s’être dit « favorable sur le principe » à la mesure. Autrement dit, une diminution de la taxe n’entraînerait pas forcément celle des billets de train. Un argument qui laisse au passage songeur, alors que la SNCF est détenue à 100% par l’Etat et doit soumettre ses tarifs chaque année au ministère des Transports.

    Jean-Baptiste Djebarri a également écarté l’interdiction des extensions d’aéroports, autre mesure adoptée par la Convention. « Je pense que c’est un peu excessif », a estimé le secrétaire d’Etat, selon qui « il y aura des extensions sobres quand c’est nécessaire ». Et notamment à Nantes, où un « projet d’aménagement est prévu » pour remédier à « la saturation de l’aéroport » de la ville, après l’abandon d’une nouvelle infrastructure à Notre-Dame-des-Landes. Mais à entendre le secrétaire d’Etat, ce « très bon projet » n’irait pas à l’encontre de la position de la convention, qui « vise essentiellement le terminal 4 de Roissy ». Le rapport des 150 citoyens ne cite pourtant pas l’aéroport parisien, et propose d’inscrire dans la loi l’interdiction de « la création d’un nouvel aérodrome ou l’extension d’un aérodrome existant ». Le secrétaire d’Etat se contente d’ailleurs d’indiquer que l’extension de Roissy-Charles-de-Gaulle sera « probablement revue », sans acter son abandon.

    Dernière proposition fraîchement accueillie du côté de l’exécutif : l’interdiction de la publicité sur les voitures SUV, au titre de la suppression de la promotion de produits très polluants. « On a déjà proposé que lorsqu’il y a une pub pour un SUV, on indique très clairement le émissions de CO2 », a expliqué Bruno Le Maire mardi, qui s’est dit « favorable à une transparence totale » mais « plus réservé » sur l’arrêt de la publicité. En gage de sa bonne foi, le ministre de l’Economie s’est toutefois dit « ouvert au débat ». Même absence d’enthousiasme du côté de Jean-Baptiste Djebbari, qui a souligné le « malus extrêmement important » déjà existant sur ces véhicules, tout en appelant à garder « l’esprit ouvert » sur un éventuel bannissement des réclames pro-SUV. Au moins, on ne pourra pas reprocher à l’exécutif de manquer de tolérance.

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  4. ARTICLE DE CONTREPOINTS proposé par un lecteur

    Convention citoyenne pour le climat : la dictature du peuple ?

    À vouloir trop manier la démagogie, Emmanuel Macron s’est soumis de manière inconséquente à la dictature du peuple.

    Par Johan Rivalland.

    Nous avions déjà des représentants du peuple, à travers un Parlement (qui ne nous représentait plus suffisamment ?). Nous avions cette liste impressionnante de ministères, de secrétariats d’État, d’organismes spécialisés de toutes sortes. Nous avions, bien sûr, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), chargé de conseiller le gouvernement et le Parlement sur l’élaboration des lois.

    Nous avions, à chaque nouveau problème réel ou présumé, la création d’une ou plusieurs commissions, chargées d’étudier le problème en question et d’y proposer des solutions au gouvernement.

    Et la liste de toutes les belles inventions qui se juxtaposent à celle-ci serait sans doute encore à compléter. Il faut dire qu’il y a du beau monde à occuper ou à récompenser avec l’argent public qui coule à flots ; et permet de caser les copains et les coquins ?

    Comme si cela ne suffisait pas, pour mieux donner le sentiment d’avoir entendu « le peuple », en pleine crise des Gilets jaunes, notre Président avait pris l’initiative de nous concocter une nouvelle invention typiquement française : la Convention citoyenne pour le climat, s’inspirant sans doute en cela des idées lumineuses de Ségolène Royal sur la démocratie participative.

    Il faut dire que l’écologie a le vent en poupe, dopée par toutes les démagogies du moment. Et n’était-il pas opportun politiquement de s’appuyer sur cette préoccupation très en vogue pour donner le sentiment qu’on écoutait « le peuple », directement et sans intermédiaires (à la confiance entachée ?).

    C’est pourquoi quelqu’un avait glissé à l’oreille du Président (à moins qu’il n’en ait eu l’idée « géniale » lui-même) de créer cette nouvelle représentation. Était-elle d’ailleurs aussi représentative qu’on aurait pu le penser ?

    LES PROPOSITIONS UBUESQUES DE LA CONVENTION POUR LE CLIMAT

    Après avoir été repoussée de quelques mois en raison de l’épisode malheureux de la Covid-19, voici que la présentation des propositions de cette Convention citoyenne voit enfin le jour. Elles sont au nombre de 150.

    Pour la plupart complètement irréalistes et en décalage avec les réalités. Et ressemblant à ce que l’on pourrait trouver dans un programme politique d’un parti que l’on pourrait situer quelque part entre la gauche et l’extrême gauche (quoique les autres partis politiques de l’échiquier français ne soient pas toujours si éloignés) : semaine des 28 heures, taxe sur les dividendes, taxes diverses supposées financer des mesures écologiques, etc.

    Ce qui frappe surtout est la liste impressionnante des « Interdictions ». Je vous laisse la découvrir. Elle est tout bonnement stupéfiante.

    Mais elle révèle surtout ce que l’on pouvait craindre : au-delà du catalogue de propositions irréalistes et dénuées de toute expertise qui s’assimilent davantage à une liste de cadeaux du Père Noël qu’à autre chose, on perçoit que si on laisse monsieur et madame Tout-le-monde proposer des mesures, sans compétences particulières ou surtout en souffrant de quelques biais préoccupants, on tombe de manière classique dans un système répressif incroyable.

    Un peu comme dans une salle de classe : demandez à des élèves ce qu’ils pourraient imaginer pour amener davantage de discipline et vous serez surpris. Ils vous sortiront un arsenal militaire qu’eux-mêmes n’auraient pas accepté en temps ordinaire. Et si l’on se réfère maintenant plutôt au vocabulaire marxien, on pourrait parler de « dictature du peuple ».

    COMMENT LE PRÉSIDENT VA-T-IL GÉRER LA SITUATION ?

    Le problème immédiat – et on ne pouvait que s’en douter dès le départ – est que le Président est maintenant coincé. Certes, il était prévu de soumettre ces propositions, ou certaines d’entre elles, à référendum ou au Parlement.

    Mais de deux choses l’une : ou bien ces propositions irréalistes sont rejetées, dans lequel cas Emmanuel Macron sera accusé d’avoir cherché à embobiner tout le monde avec la création d’une nouvelle structure dont on savait à l’avance qu’elle ne servirait à rien (ou à ne reprendre que les quelques propositions qui étaient déjà plus ou moins dans les projets du gouvernement) ; ou bien ces propositions sont reprises et on porte un coup de plus à la déliquescence déjà bien avancée de notre économie et de notre société, avec notamment une liste d’interdits qui s’ajoutent à tous ceux qui déjà nous empoisonnent au quotidien.

    Sans doute l’idée était-elle de ne reprendre que les propositions dans l’air du temps, celles qui étaient plus ou moins dans l’éventail de celles auxquelles songeait plus ou moins le gouvernement ou que les divers organismes, comités ou conseillers avaient déjà imaginées.

    Mais voilà : déjà certaines voix s’élèvent pour réclamer que ces propositions « soient prises comme un tout », et ne soient nullement tronçonnées au gré de ce que le Président pourrait juger compatible avec ce qu’il pourrait consentir, histoire de paraître aller dans le sens de l’écologie sans trop nuire à notre société et à notre économie.

    Autrement dit, Emmanuel Macron est attendu au tournant… Reste à voir comment il va se dépêtrer de cette situation et comment il va faire pour limiter la casse.

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