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LA CRISE SELON HUSSERL – VALEURS ET DESTIN DE L’HUMANITÉ

ÉMISSION

Krach de 1929, Husserl et la notion de crise

Mercredi 21 juin 2023 FRANCE CULTURE

Jusqu’à la crise des années 1920, Husserl était relativement en retrait par rapport aux questions sociales et politiques. Mais la Première Guerre mondiale a déclenché en lui une crise de type existentiel, qui l’a mené à donner des conférences portant sur les valeurs et sur le destin de l’humanité.

Avec

  • Natalie Depraz philosophe, professeure des Universités à l’Université de Rouen Normandie et membre universitaire des Archives Husserl à l’Ecole Normale Supérieure de Paris. 
  • Pierre-Cyrille Hautcoeur directeur d’études à l’EHESS, spécialiste de l’histoire monétaire et financière des XIXe et XXe siècles

Avec philosophie consacre cette série d’émissions à la notion de crise. Dans le troisième épisode, Géraldine Muhlmann et ses invités s’interrogent sur fond du krach de 1929, sur la notion de crise dans la pensée du philosophe allemand Edmund Husserl(1859-1938).

Le déni face à la crise

Le krach de 1929 est une crise difficile à penser et à nommer, ce qui se manifeste par la volonté de ne pas en parler, ou de proclamer sa fin précoce. Ce déni caractérise d’ailleurs peut-être en profondeur les années 1930. Ainsi, comme le souligne Natalie Depraz, le philosophe Edmund Husserl est lui-même dans « une forme d’optimiste, voire de dénégation ». Cet optimisme est ambivalent, « lié à une volonté de ne pas voir », un désir « de passer outre les événements historiques qui le traversent ». Largement connue pour son pessimisme, la pensée de Husserl est traversée par la question de la crise « en amont »et « en aval ». Mais le philosophe n’a jamais mentionné explicitement les événements en eux-mêmes du krach de 1929.

Des solutions créatives

Pierre-Cyrille Hautcoeur rappelle que John Maynard Keynes, comme Husserl, est « l’héritier d’une grande tradition intellectuelle ». Tous les deux observent la crise aigüe des années 1930, et tentent de la « surmonter ». Ainsi, Keynes propose une solution, adoptée pendant trente ans en Europe : « la macroéconomie », c’est-à-dire une synthèse entre « libéralisme politique » et « contrôle de l’économie par l’Etat ». Il emprunte à la fois « des éléments du socialisme » tout en maintenant la « tradition politique parlementaire ». Il théorise donc une forme de « démocratie sociale », assurant l’équilibre entre l’offre et la demande par un pilotage « étatique, mais démocratique », ancré dans des institutions sociales qui garantissent que tout le monde est impliqué, « et pas seulement des élites, qui pilotent l’économie de l’extérieur ».

LIEN VERS L’ÉMISSION :

Pour en parler

Natalie Depraz, philosophe, professeure des universités à l’université de Rouen Normandie et membre universitaire des Archives Husserl à l’Ecole Normale Supérieure de Paris. Une traduction du texte de Edmund Husserl, Phénoménologie des émotions, est à paraître aux éditions Vrin en 2023.

Elle a notamment publié :

Pierre-Cyrille Hautcoeur, directeur d’études à l’EHESS, spécialiste de l’histoire monétaire et financière des XIXe et XXe siècles.

En lien avec le sujet de l’émission, il a notamment publié :

Références sonores

  • Chanson d’Albert Préjean, La crise est finie, dans le film qui porte ce titre, réalisé par Robert Siodmak, avec Albert Préjean et Danielle Darrieux, sorti en 1934
  • Archive de Franklin Roosevelt à l’occasion de son discours d’investiture, le 4 mars 1933
  • Archive de John Maynard Keynes, Archives Associated Press, le 1er octobre 1931
  • Chanson de * »*Où est-il donc ? » 1937, dans le film Pépé le Moko de Julien Duvivier, avec Jean Gabin
  • Lecture par Aïda N’Diaye d’une lettre de Edmund Husserl à Dietrich Mahnke, le 4 mai 1933, dans la revue Philosophie, n°129 (mars 2016)
  • Chanson de fin d’émission :  La Môme Piaf, « Les mômes de la cloche », 1935

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