
MARSEILLE VILLE POTEMKINE POUR L’OCCASION
« Même les clochards ont été délogés ! » : comment des cités de Marseille visitées par Macron ont été « nettoyées » avant son arrivée »
A TITRÉ FRANCE INGO le 28/06/2023 – Écrit par Quang Pham – QUI POURSUIVAIT :
« Dans le cadre de son déplacement de trois jours dans la cité phocéenne, Emmanuel Macron s’est rendu dans plusieurs cités des quartiers Nord. Il apparaît que les rues ont été nettoyées juste avant son arrivée.
« Le grand ménage avant l’arrivée du chef de l’Etat. Ce lundi 26 juin, Emmanuel Macron visitait la cité de la Busserine dans le cadre de son déplacement de trois jours à Marseille pour le lancement de l’acte II du plan « Marseille en Grand ». Pour la venue du président, certains services de propreté avaient fait visiblement place nette. « Tout était très calme, très propre, rapporte une commerçante auprès de France 3 Provence-Alpes. Même les clochards ont été délogés ! Ils avaient installé leurs maisons au feu rouge, elles n’y étaient plus pour l’arrivée du président ».
« Ils ont enlevé les gravats, les tags des plans stup, les chariots que les guetteurs utilisent… Un truc de fou » témoigne une autre habitante de la Busserine auprès de Libération.
« Un nettoyage à la « hâte »
« Le lendemain à la Castellane, les agents de propreté ont également nettoyé en profondeur les rues de la cité visitées par le président, rapporte La Provence (article abonné). Les pelleteuses attendues depuis des mois ont ainsi emporté les gravats, pneus et épaves de véhicules qui encombraient le quartier. Même les herbes hautes qui abritent des cafards, des rats, voire des serpents ont été élaguées, rapporte le journal.
« Un nettoyage au forceps qui laisse un goût un peu amer chez les habitants. « Cette visite aurait pu être utile si tout n’avait pas été nettoyé à la hâte, si le Président avait pu voir nos vraies conditions de vie »,déplore Sylliane à La Provence. « En arrivant, on voit le nettoyage d’un quartier alors que ça fait des années qu’il est à l’abandon. On ne vit pas dans ce quartier, on survit », explique une mère au micro de BFM Marseille Provence.
« « L’état de l’école aujourd’hui est impeccable, on aimerait que ça soit tout le temps pareil, pas seulement quand le président arrive », regrette une autre mère de famille, lors de la visite du président de l’école Saint-André La Castellane. « On ne peut pas accepter que le quartier soit nettoyé juste avant l’arrivée du Président, ça doit être toute l’année », abondait, lundi, également le maire de Marseille, Benoît Payan au micro de BFM.
« Un grand ménage déjà réalisé pour la venue du président en 2021
« En septembre 2021, le grand ménage avait été également fait lors d’une précédente visite du président à Marseille. Ce qu’avait alors reconnu Emmanuel Macron. « Je suis d’accord avec vous : quand le président arrive, on nettoie ce qui peut être nettoyé, avait déclaré le chef de l’Etat. Je le prends comme une forme de politesse et d’hospitalité, mais ça ne règle pas la question de la vie au quotidien. Comme vous, je note qu’il y a des bailleurs qui ne font pas ce qu’ils devraient faire toute l’année. C’est aussi une difficulté de cette métropole, la mauvaise gouvernance nous devons mettre une pression pour que tout le monde prenne sa responsabilité ».
Contactée, la Métropole Aix-Marseille-Provence, responsable des services de propreté de l’agglomération, n’a pas encore répondu aux sollicitations de France 3 Provence-Alpes. »
ARTICLE 1
Plan de Macron pour Marseille : sécurité, un bilan en trompe-l’oeil…
Par Laurent D’ANCONA LA PROVENCE
«Avant la venue d’Emmanuel Macron, du 26 au 28 juin, La Provence dresse le bilan des promesses du plan Marseille en grand. Aujourd’hui, la sécurité.
« »On ne lâchera rien. On va cogner où il faut cogner ! » Ce 1er septembre 2021, en se frayant difficilement un chemin au milieu d’une forêt d’habitants de Bassens, une cité des quartiers Nord gangrené par le trafic de stupéfiants, Emmanuel Macron semble grisé par l’accueil et tend l’oreille aux suppliques des Marseillais venus à sa rencontre. Face à des mères, des frères, des soeurs de jeunes hommes tombés dans les réseaux, au propre comme au figuré, le président attrape les mains et serre le poing : »On va continuer et aller au bout en créant l’irréversibilité de la fermeture des points de deal », clame-t-il. Un peu plus tard, en visite dans un commissariat, il en remet une couche, martial : « Pilonner, pilonner, pilonner… On tiendra et on gagnera ! ». Une promesse
ARTICLE 2
Plan de 5 milliards : à Marseille, Macron vient récolter des lauriers
En visite trois jours dans la ville à partir de lundi, le président tient à montrer que l’Etat est au rendez-vous du plan «Marseille en grand» lancé il y a deux ans, et qu’il s’y implique personnellement.
par Lilian Alemagna. LIBERATION publié le 24 juin 2023
Avis d’autosatisfaction sur le Vieux-Port. Emmanuel Macron débarque lundi à Marseille pour une visite de trois jours et vendre les «premiers résultats» du plan «Marseille en grand», annoncé en grande pompe en septembre 2021 lors d’un précédent déplacement (déjà) de trois jours, dans la deuxième ville de France. «Ce plan, insiste-t-on avec lourdeur à l’Elysée, est une volonté du président de la République, est un choix du président de la République, est impulsé par le président de la République. Et c’est le président de la République qui en assure le suivi et qui en assure le pilotage en lien avec les collectivités territoriales.» Que Benoît Payan, le maire de Marseille, et les autres élus du «territoire» le comprennent bien : le «président de la République» a bien l’intention de capitaliser sur les 5 milliards d’euros engagés par l’Etat.
«Je ne viens pas ici faire des promesses. Je viens prendre des engagements», avait lancé Macron, le 2 septembre 2021, devant un parterre d’élus et de personnalités locales devant le palais du Pharo, justifiant ainsi son choix d’en faire autant pour Marsei
ARTICLE 3
PLAN « MARSEILLE EN GRAND »: DES PROMESSES TENUES EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ, MAIS DES RÉSULTATS INSUFFISANTS
Le 20/06/2023 BFM
Deux ans après son lancement, policiers et habitants des quartiers Nord estiment que les effets du plan « Marseille en Grand » ne sont pas visibles.
J-6 avant la venue d’Emmmanuel Macron à Marseille. Dans la cité phocéenne, le chef de l’État doit venir défendre son plan « Marseille en Grand » lancé en septembre 2021 au palais du Pharo. Notamment le bilan en matière de sécurité, alors qu’Emmanuel Macron affirmait à l’époque aux habitants que « vivre tranquille est un droit pour les familles qui habitent les quartiers les plus en difficulté ».
330 policiers et 55 caméras de vidéosurveillance
Sur cet aspect, quelques promesses ont été tenues. Les effectifs des forces de l’ordre ont ainsi été renforcés: 330 policiers ont été affectés à Marseille depuis deux ans. Par ailleurs, le département compte désormais trois compagnies de CRS contre deux auparavant.
Le plan « Marseille en grand » prévoyait également le déploiement de 500 caméras de vidéosurveillance, en particuliers aux abords des crèches, des écoles et des cités. Sur ce point, « seulement » 55 camérassupplémentaires ont été déployées. Un chiffre très insuffisant pour Rudy Manna, porte-parole dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur du syndicat Alliance police nationale.
« À Marseille, il y a 1650 caméras. Dans une ville comme Nice, il y a 4000 caméras de vidéoprotection pour une superficie qui est la moitié de Marseille, donc il faut se poser des questions. Je trouve que c’est extrêmement long et que l’on est un peu mené en bateau par la municipalité », estime-t-il sur BFM Marseille Provence.
Un sentiment d’abandon dans les quartiers Nord
Emmanuel Macron avait aussi fait de la sécurité dans les quartiers Nord une priorité. Mais là encore, les habitants peinent à voir des progrès.
Il y a deux ans, Mohammed Benmeddour, éducateur spécialisé, avait interpellé le chef de l’État sur la situation des jeunes. Aujourd’hui, il estime que rien n’a changé. « Je vois qu’il y a encore des jeunes qui traînent et qui se font même assassiner », affirme-t-il. Il réclame « un meilleur suivi du Plan Marseille en Grand », car il estime « ne pas voir le résultat des moyens mis dans le quartier ».
De son côté, Naer, membre du collectif des habitants de Maison Blanche, affirme que la ville de Marseille est gangrenée par la violence, avec une insécurité qui règne en permanence. Il dénonce l’attentisme des pouvoirs publics et regrette d’avoir dû attendre « une série de règlements de compte en l’espace d’une semaine pour que M. Darmanin nous envoie la CR8 et cela ne change rien ».
Depuis le début de l’année civile, 23 personnes sont mortes dans des fusillades, principalement liées aux trafics de drogue. En 2022, ce nombre avait été atteint en août, illustration que le plan « Marseille en Grand » est loin d’avoir réglé tous les problèmes.
Cindy Chevaux avec Thibault Nadal