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Mort de Nahel : les émeutes dans l’Hexagone en Une de la presse internationale

La presse du monde entier a les yeux rivés sur les émeutes en France, soulignant que « la fracture de la banlieue » est « un mal français » que l’État n’arrive pas à soigner.

Par Ronan Tésorière Le 30 juin 2023 LE POINT

Des flammes, des émeutiers lançant des cocktails Molotov, des policiers casqués… Les émeutes qui secouent la France depuis trois nuits font la Une de la presse étrangère ce vendredi. « Les manifestations dans les banlieues françaises après la mort d’un jeune homme abattu par la police ont ravivé les tensions dans le pays », titre ainsi El Pais à la Une de son site Internet.

Le journal de référence madrilène pointe du doigt « la fracture de la banlieue », éternelle blessure dans le pacte républicain français comme l’une des raisons de la flambée de violence dans l’Hexagone.

Chez nos voisins allemands, le magazine Der Spiegel, souligne la colère qui monte en France après ce fait divers. « Lors d’un contrôle routier en banlieue parisienne, un agent tire à bout portant sur un automobiliste. Une vidéo de la scène alimente l’indignation publique en France. Et dans la rue, la colère se déchaîne », précise l’hebdomadaire d’outre-Rhin dans son traitement des violences qui s’étendent à tout le territoire ce vendredi.

En Italie, la Repubblica souligne la nouvelle crise auquel fait face Emmanuel Macron après la crise de la réforme des retraites et les Gilets jaunes. En une, le quotidien italien affiche le nombre d’arrestations d’émeutiers opérées par la police et données par Gérald Darmanin comme un signe de la montée exponentielle des violences depuis trois jours.

Du côté de la Stampa, on a privilégié le reportage et on évoque la « révolte » en France. Le quotidien transalpin, décrit le paysage de désolation que certains découvrent ce matin à Paris ou ailleurs dans le territoire. « Des colonnes de fumée s’élevant des carcasses de voitures en feu obscurcissent le ciel dès le milieu de l’après-midi, alors que des policiers en tenue antiémeutes continuent de charger pour disperser la foule, qui continue de brandir des pancartes sur lesquelles on peut lire « Justice pour Nahel » ou « La police tue », raconte le journal transalpin.

« De l’émotion passionnée à la révolte populaire »

Comme souvent, ce sont nos voisins anglais qui « tapent » le plus fort. Le Daily Mailparle ainsi des « émeutes de l’exécution » ce vendredi, dans un article aux visées sensationnalistes. « Les émeutes et les pillages s’étendent en France après l’exécution d’un conducteur adolescent : fureur contre le président Macron qui fait la fête avec Elton John alors que son pays brûle », titre ainsi ironiquement le journal britannique, adepte du « French Bashing ».

Du côté, du Times (of London), on préfère les faits, là aussi en une de son site Internet. « Émeutes en France : plus de 650 arrestations alors que la violence s’étend », écrit plus sobrement le quotidien de référence britannique. Idem, outre Atlantique, où le Washington Post, – s’il en fait une de ses « headlines » – relate principalement les faits, tout en soulignant que « la fusillade a relancé le débat autour d’une loi de 2017 qui assouplit les contraintes relatives au moment où les officiers peuvent tirer avec leurs armes ».

« Le sentiment d’être un citoyen de seconde zone dans une République qui a pourtant l’égalité pour devise est à l’origine de la plupart des émeutes de banlieue. C’était déjà le cas lors des émeutes historiques de 2005, lorsque deux élèves de primaire de Clichy-sous-Bois avaient trouvé la mort en fuyant la police », analyse pour sa part Der Standard, quotidien néerlandophone de Belgique.

« Et de l’émotion passionnée à la révolte populaire, il n’y a pas loin en France, dont les fondements républicains sont la Révolution de 1789, également menée dans les rues », ausculte le journaliste Stefan Brändle, fin connaisseur des arcanes de la société française. « Le président Macron envoie chaque soir davantage de policiers d’intervention dans les banlieues. Les perspectives ne sont pas bonnes. Peut-être que les enfants des banlieues, dont beaucoup n’ont pas les moyens de partir en vacances, sont en train de découvrir une nouvelle activité pour les douces soirées d’été », constate-t-il avec amertume.

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