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ÉMEUTES (5BIS) UN EXÉCUTIF TÉTANISÉ SANS LIGNE D’ANALYSE ET D’ACTION : METTRE LE SABLE SOUS LE TAPIS ? MAJ

RESTER SUR LA CRÊTE,

ATTENDRE LE RETOUR AU CALME,

ESPÉRER UN SURSAUT MORAL,

RESTER SOUPLE ET AGILE,

… NE CONSTITUENT NI LA PAROLE NI L’ACTION PUBLIQUES DUES AUX CITOYENS

Depuis le début de la crise, Emmanuel Macron a tenté de rester sur une ligne de crête. Le chef de l’Etat attend un retour au calme pour effectuer un déplacement ou prendre la parole de façon un peu plus solennelle. C’est le propos de l’article proposé à votre lecture ci contre.

COMME HORIZON D’ACTION : « PROCHAINES HEURES «

« Emmanuel Macron fixe le cap pour ces prochaines heures devant les ministres du gouvernement »

TITRAIT FRANCE INFO QUI POURSUIVAIT :

« Emmanuel Macron a reçu, ce dimanche soir, les principaux ministres de son gouvernement pour faire un point de situation. Le chef de l’Etat a aussi délivré l’agenda des prochaines heures face aux violences urbaines. »

« Emmanuel Macron veut prendre le temps de bien «comprendre les raisons» des violences »

TITRE LIBÉRATION QUI POURSUIT :

« Le Président entame une réflexion «en profondeur» pour comprendre «les raisons qui ont conduit» aux affrontements des six dernières nuits, consécutifs à la mort de Nahel, avant d’y apporter des solutions concrètes. …

« …Le sommet de l’Etat se dit toujours, pour l’heure, focalisé sur le court terme et le retour à l’ordre… »

NOTRE PRÉCÉDENTE PUBLICATION :

LES ÉMEUTES (5) : À L’ÉTRANGER, SONT EXAMINÉES LES QUESTIONS CULTURELLES, SÉCURITAIRES, MIGRATOIRES … EN FRANCE ON PRIVILÉGIE LA RESPONSABILITÉ DES FAMILLES, CASSEURS ET DES RÉSEAUX SOCIAUX … MAJ. https://metahodos.fr/2023/07/03/les-emeutes-a-letranger-sont-examinees-les-questions-securitaires-culturelles-migratoires-en-france-on-privilegie-la-responsabilite-des-familles-et-des-reseaux-sociaux/

ARTICLE

Emeutes urbaines : Emmanuel Macron destabilisé par des casseurs « sans message politique »

Par Matthieu Goar 4 juillet 2023. LE MONDE

Appels réguliers à sa première ministre, Elisabeth Borne, et à son ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, messageries instantanées ouvertes sur ses téléphones, échanges directs avec des maires… Pendant deux jours, Emmanuel Macron a vécu suspendu aux alertes, aux incendies et aux pillages. « Jusque très tard les nuits », glisse un de ses conseillers.

Voulant rester « agile » et « souple », désireux surtout ne pas donner l’image d’un chef s’envolant à l’étranger, le président de la République a annulé sa visite d’Etat en Allemagne. Dimanche, au moment où il aurait dû prendre l’avion, il tenait un « point de situation » entouré de ses principaux ministres. Un week-end sur le qui-vive donc.

Un week-end où l’Elysée a surtout voulu montrer l’image d’un Emmanuel Macron à la manœuvre. Samedi, le chef de l’Etat a « demandé » au ministre de l’économie, Bruno Le Maire, de recevoir les commerçants et restaurateurs. Dimanche, il a « demandé » à sa cheffe du gouvernement de se rendre à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne).

Deux jours aussi pour réfléchir à la meilleure façon de sortir de cette crise. « Si nous n’étions que dans l’empathie, on nous accuserait de ne pas être assez fermes. Si nous étions seulement dans une répression aveugle, on nous accuserait de jeter de l’huile sur le feu », résume le conseiller d’un exécutif plus que jamais sur une ligne de crête.

Dimanche, le chef de l’Etat a passé sa journée partagé entre deux sentiments. Le soulagement de voir que les émeutes avaient baissé en intensité malgré certains points toujours très chauds, comme à Marseille et à Lyon, vendredi soir. Le dégoût devant l’attaque contre le domicile privé du maire (Les Républicains, LR) de L’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, en présence de sa femme et de ses deux enfants. Un élu municipal a également été blessé à la tête par un jet de pierre à Montluçon (Allier).

Le débat politique s’embourbe

L’ensemble du personnel politique, même les proches du leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, accusé depuis cinq jours de ne pas avoir appelé au calme, a condamné ces agressions contre les élus de la République. L’Association des maires de France a appelé à des rassemblements de soutien devant les mairies, lundi, à midi.

Dimanche soir, après la réunion élyséenne, des proches d’Emmanuel Macron ont annoncé qu’il recevrait, mardi, les maires des « plus de 220 communes victimes d’exactions ». Lundi, il s’entretiendra avec Yaël Braun-Pivet, la présidente (Renaissance) de l’Assemblée nationale, et avec Gérard Larcher, son homologue (LR) du Sénat. Le même jour, Elisabeth Borne accueillera les présidents des groupes parlementaires. « Nous ne laisserons rien passer. Nous serons aux côtés des maires », a déclaré la première ministre lors de sa visite à Vincent Jeanbrun, avec notamment le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.

Malgré cette solidarité avec les élus de terrain, le débat politique s’embourbe. Avec d’un côté, une droite identitaire et une extrême droite flirtant avec l’idée d’une guerre de civilisation en cours et réclamant l’instauration de l’état d’urgence – « Il ne faut rien céder face à ces barbares », a lancé sur Twitter Eric Ciotti, président de LR, après avoir décrit, sur Europe 1 et CNews, Jean-Luc Mélenchon comme un « chef de bande », un « factieux », un « séditieux ». Sur LCI, le chef de file de LFI a, lui, renvoyé la responsabilité sur les « riches et les puissants », qu’il accuse de s’être « ensauvagés ». « Ils ont l’idée qu’ils vont vivre à part, que cette faune, les “nuisibles”, comme disent leurs policiers, sont un problème, il faut les tenir à distance, les mater, [utiliser] la chicotte [une sorte de fouet] », a-t-il estimé.

Face à cela, l’exécutif veut pour le moment déployer son action en trois temps. L’urgence est de permettre un retour à l’ordre le plus rapide possible. Dimanche soir, Gérald Darmanin a remis en place un dispositif de 45 000 agents, comme lors des deux nuits précédentes. Après cinq nuits de violences, un retour au calme s’est esquissé : le nombre d’interpellations était en nette baisse dans la nuit de dimanche à lundi, et aucun incident majeur n’était signalé.

Ensuite, la réponse pénale doit être « rapide, ferme et systématique », selon les mots du ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, alors que les interpellations se multiplient (719 personnes dans la nuit de samedi à dimanche, 1 300 la veille) et que les comparutions immédiates s’enchaînent. Vendredi, le garde des sceaux a diffusé une circulaire qui a permis des interpellations préventives, samedi soir, dans plusieurs endroits de France.

L’exécutif apparaît tétanisé

Le troisième pilier de la réponse gouvernementale est plus subtil. Emmanuel Macron, selon ses proches, espère un sursaut moral de la société, ce qui explique son intervention à destination des patrons des réseaux sociaux et des parents, vendredi. « C’est aux parents d’éduquer leurs enfants et, dans certains endroits, des parents ne sont pas à la hauteur de leur responsabilité », affirme un proche du chef de l’Etat.

Un vœu autant qu’un constat d’échec pour la majorité en place depuis 2017. Car, au fil des nuits d’émeutes, l’exécutif apparaît tétanisé devant ce déchaînement. Que répondre à des émeutiers sans demandes sociales et politiques précises ?

« Il y a déjà eu des mouvements de revendication politique, parfois des marches émaillées de violences, mais des violences contenues, a ainsi affirmé Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, dimanche, lors de l’émission « Questions politiques » sur France Inter, avec Franceinfo et en partenariat avec Le MondeIci, il n’y a pas de message politique. Quand vous pillez un magasin Foot Locker, Lacoste ou une boutique Sephora, il n’y a pas de message politique. C’est du pillage. »

En off, certains proches d’Emmanuel Macron continuent à prolonger son analyse sur « le processus de décivilisation » qui serait à l’œuvre dans la société. Le président de la République avait évoqué ce sujet, le 24 mai, lors d’un conseil des ministres après la mort de trois policiers du commissariat de Roubaix (Nord) dans une collision. Depuis cinq jours, il a été sidéré de voir remonter les données des services de police. L’âge médian des interpellés est de 17 ans ; certains ont 13 ans ; la majorité n’a pas de casier judiciaire.

D’où ses propos sur la responsabilité des parents, des jeux vidéo, des réseaux sociaux. D’où aussi l’absence de mesures rapides pour sortir de cette crise. « Il ne peut pas y avoir de réponses immédiates à des problèmes aussi profonds, il y a des réponses politiques structurelles mais elles ne porteront leurs effets qu’à moyen ou long terme, analyse le sociologue Olivier Galland, directeur de recherche au CNRS et auteur d’une étude à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), après les émeutes de 2005. En attendant, il faut parvenir à rétablir l’ordre sans qu’il y ait un nouveau drame car on rentrerait dans une spirale incontrôlable. » Parfaitement conscient de ça, le chef de l’Etat veut se donner un peu de temps pour voir comment la situation évolue. Et attendre un retour au calme pour effectuer un déplacement ou prendre la parole de façon un peu plus solennelle, deux idées à l’étude du côté de l’Elysée. « Nous devons d’abord prendre le temps de qualifier les événements avant d’en tirer les conclusions », a glissé M. Macron devant ses ministres lors de la réunion de dimanche soir.

Avec les banlieues, une relation qui s’est effilochée

Après cette série de déflagrations, il sera alors temps de reconstruire. Et peut-être de tenter de reparler à cette jeunesse qui a pu se sentir délaissée. En 2017, lors de son ascension politique jusqu’à l’Elysée, Emmanuel Macron avait entamé un dialogue avec une partie des banlieues. Il avait plusieurs fois tonné contre « l’assignation à résidence », vantant le modèle de l’autoentrepreneur méritant. Un discours qui avait eu un écho chez certains jeunes des quartiers. Cela lui avait valu un relatif succès dans les urnes au premier tour de la présidentielle et un franc soutien lors du second face à Marine Le Pen.

L’Elysée a beau vanter le dédoublement des classes de CP ou l’augmentation importante du budget de l’Agence nationale de rénovation urbaine, ce début de relation s’est effilochée. La fin de non-recevoir apporté aux idées de Jean-Louis Borloo, en 2018, a été le symbole de cette ignorance réciproque. « Le chantier a été laissé en déshérence. Il était jeune, il savait assez bien communiquer sur les réseaux sociaux et le changement générationnel pouvait plaire, mais ça s’est évaporé », poursuit Olivier Galland.

« Vous en connaissez beaucoup des présidents qui peuvent aller pendant trois heures échanger franchement avec les habitants d’un quartier ? », rétorque un conseiller élyséen, en référence au récent déplacement du chef de l’Etat, le 26 juin, dans celui de la Busserine à Marseille.

En 2022, le verdict des urnes avait pourtant été sans appel. Le bureau de vote numéro 44 de la commune de Nanterre est situé dans l’école élémentaire Pablo-Picasso, à deux pas de la cité du même nom où les émeutes urbaines ont débuté après la mort de Nahel M. Au premier tour de 2017, Emmanuel Macron avait obtenu 23,6 % des suffrages ; en 2022, il n’a récolté que 14,8 %. Et l’abstention a augmenté de 15 points lors du second tour face à la candidate d’extrême droite, atteignant le taux vertigineux de 47 %.

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