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LES MAIRES FACE AUX ÉMEUTES (1/3) : ILS VEULENT D’ABORD ÊTRE ÉCOUTÉS, ET APPELLENT À UNE ACTION VÉRITABLE DE TERRAIN

LES MAIRES REÇUS À L’ÉLYSÉE EN TANT QUE VICTIMES

Ce mardi 4 juillet, le Président de la République recevra, au palais de l’Élysée, « les maires des communes victimes des violences de ces derniers jours pour leur renouveler son soutien », selon les termes de la présidence. Ces élus pourront, à partir de midi, échanger avec le chef de l’État.

Après la désescalade, le temps du bilan : 241 maires de communes touchées à travers toute la France par près d’une semaine d’émeutes ont afflué mardi matin à l’Elysée pour échanger avec Emmanuel Macron sur les raisons de cet embrasement « avant d’en tirer des conclusions ». Le chef de l’Etat « souhaite commencer un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements », souligne l’Elysée.

Un demi-millier de maires de communes « victimes d’exactions » avait été invités, et 241 ont répondu présent, Une partie d’entre eux n’ont pas souhaité ou pas pu venir.

LES MAIRES NE SOUHAITENT PAS QUE LA POUSSIÈRE SOIT UNE NOUVELLE FOIS MISE SOUS LE TAPIS

« Le pic que nous avons connu ces derniers jours est passé. » s’est félicité le président de la République.

Piliers de la démocratie, les maires veulent :

– une analyse des causes profondes qui dépassent les réseaux sociaux ou les familles,

– un constat délivré d’un discours déresponsabilisant et réduisant les réalités à des événements passés,

– des décisions et des actions dans lesquelles ils sont considérés et respectés d’une part, et associés d’autre part.

Macron reconnaît avoir été « maladroit » lorsqu’il a enterré le plan Borloo pour les banlieues en 2018

Devant les maires réunis à l’Élysée ce mardi et qui l’ont interpellé sur le sujet, Emmanuel Macron a reconnu avoir été « maladroit » lorsqu’il a enterré le plan pour les banlieues que lui avait remis en 2018 Jean-Louis Borloo, ancien ministre sous Nicolas Sarkozy, a indiqué un participant à la réunion à BFMTV. Le chef de l’État estimait à l’époque que la méthode des « plans » pour les quartiers populaires n’était pas efficace.

« J’ai beaucoup entendu [parlé] du rapport Borloo. J’ai sans doute été maladroit dans cette affaire à l’époque », a confié le président de la République aux maires.

« En réalité, on s’intéresse aux banlieues quand ça brûle. Et une fois le feu éteint, on oublie, on retourne à l’actualité normale »

regrette le maire de Trappes, dans les Yvelines.

NOTRE DOSSIER EN TROIS PUBLICATIONS

PARTIE I :

ARTICLE – Ces maires invités par Macron après les émeutes liées à la mort de Nahel expliquent pourquoi ils ont décliné

Certains élus, de différentes sensibilités politiques, estiment que la réception à l’Élysée ne permettra pas d’apporter des réponses concrètes aux problèmes que les émeutes ont fait émerger.

Par Le HuffPost

Alors qu’il avait convié 220 maires dont les communes ont été victimes des émeutes liées à la mort de Nahel, Emmanuel Macron a vu certains décliner l’invitation (photo d’illustration prise le 28 juin à l’Élysée).

La réception se fera sans eux. Parmi les 220 maires conviés à l’Élysée par Emmanuel Macron à la suite des violences qui ont touché leur commune, plusieurs édiles ont décliné l’invitation, estimant que l’heure n’était pas « aux discours » mais « à l’action ».

Charles Aslangul, maire de Bry-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, est l’un des premiers à avoir publiquement refusé de venir au Palais ce mardi 4 juillet. « Le chef de l’État doit ’cheffer’ et rétablir sans concession l’ordre ! Pas organiser des réceptions. Nous attendons des actes, pas d’énièmes mots et discours grandiloquents vides de sens », a ainsi écrit l’édile LR sur Twitter.

Ce mardi, il sera « à son travail de maire, à recevoir en rendez-vous des Bryards, ou à préserver leur quiétude », ajoute-t-il dans Le Parisien.

Et l’élu val-de-marnais n’est pas le seul sur cette ligne. Selon un confrère de France Inter, la maire socialiste de Lille Martine Aubry, elle aussi conviée, a décliné. Elle ne figure en effet pas dans la liste des élus qui ont confirmé leur venue, que Le HuffPost a pu consulter.

Patrick Proisy, maire LFI de Faches-Thumesnil, dans le Nord, dit pour sa part « n’avoir que faire d’une invitation à l’Élysée pour parler du sort des élus ». Il poursuit : « Ma place est auprès des habitantes et habitants, auprès de ceux qui souffrent au quotidien depuis des années car ils peinent à joindre les deux bouts. »

« Se refaire une santé sur notre dos et mettre sous le tapis les vrais problèmes »

Bien qu’ils soient de sensibilité politique radicalement opposée, ces deux élus dénoncent en substance le manque d’action de l’État au niveau local. « Il s’agit avant tout de se refaire une santé sur notre dos et mettre sous le tapis les vrais problèmes », pointe ainsi Patrick Proisy.

Il dénonce tout particulièrement le manque de moyens financiers et le « désengagement de l’État de ses compétences »« Dans le moment actuel, ce ne sont pas nos personnes qui importent, mais comment on répond politiquement à cette révolte populaire dont la violence est proportionnelle à l’absence de politiques publiques ambitieuses en matière d’égalité économique et sociale », ajoute-t-il.

Charles Aslangul, le maire de Bry-sur-Marne réclame de son côté une réaction d’ordre sécuritaire, avec « des consignes aux parquets pour appliquer des peines plus fermes, qu’il revoit le système pénal et pénitentiaire ».

Selon l’Élysée, le Président souhaite avec cette consultation « débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements ». Aucune annonce n’est cependant prévue à l’issue, rapporte le site Politico. De quoi, sans doute, conforter ceux qui ont choisi de faire l’impasse.

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