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FAUTE PROFESSIONNELLE D’UN POLICIER : LA PRISON EST ELLE OPPORTUNE ? LA RÉPONSE AMPHIBOLOGIQUE DE L’EXÉCUTIF – MISE À JOUR

UN POLICIER QUI COMMET – DANS L’ EXERCICE DE SES FONCTIONS – UNE FAUTE PROFESSIONNELLE A-T-IL SA PLACE EN PRISON ?

Le préfet de police de Paris dit sur Twitter partager les propos de Frédéric Veaux. Dans « Le Parisien », le patron de la police estime qu’un policier ne doit pas être placé en prison avant d’être jugé, « même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail. »

La gauche, les magistrats également, dénoncent les déclarations du patron de la police nationale.

LE COURAGE (?) EN POLITIQUE : LE « PARLER AMBIGUË » OU LE « PARLER AMPHIBOLOGIQUE » ( terme proposé par l’une de nos contributrices – une gouvernance amphibologique )

(L’amphibologie, du grec amphibolia, est, en logique, une construction grammaticale qui permet à une phrase d’avoir deux sens différents et qui peut conduire à un raisonnement fallacieux.)

SOUTIEN MINISTÉRIEL SUPPOSÉ EN FORME D’INDISCRÉTION D’UN « PROCHE »

« Le ministre a une très grande confiance en son directeur général de la police nationale », a fait savoir un proche de Gérald Darmanin à BFMTV. Un ministre qui ne donne pas sa position sur ce sujet majeur.

Macron assure comprendre « l’émotion » mais appelle au respect de « la déontologie »

Il oppose émotion à déontologie et ne donne donc pas sa position de chef d’Etat sur les déclarations des deux « super policiers « de France.

Avant d’ajouter: « c’est une condition indispensable au respect de l’État de droit qui est le fondement de notre démocratie ».

« NUL N’EST AU-DESSUS DES LOIS » : DUPOND-MORETTI DEMANDE LA « LA SÉRÉNITÉ »

« Nul n’est au-dessus des lois. La justice doit poursuivre son travail dans la sérénité et en toute indépendance », a écrit le garde des Sceaux sur son compte Twitter. Il ne condamne pas les positions des policiers … rappelle l’indépendance de la justice …

EXEMPLE DE TRAITEMENT MÉDIATIQUE

ARTICLE 1

« AVANT UN ÉVENTUEL PROCÈS, UN POLICIER N’A PAS SA PLACE EN PRISON »: LAURENT NUNEZ « PARTAGE LES PROPOS » DU CHEF DE LA POLICE

Le 23/07/2023 BFMTV

Le préfet de police de Paris dit sur Twitter partager les propos de Frédéric Veaux. Dans « Le Parisien », le patron de la police estime qu’un policier ne doit pas être placé en prison avant d’être jugé, « même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail. »

Un soutien qui ne passe pas inaperçu. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, dit ce dimanche soir « partager » les propos du Directeur général de la police nationale (DGPN) qui, dans Le Parisien, estime qu' »avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison ».

Frédéric Veaux était interrogé par le quotidien régional sur le mouvement de protestation de policiers marseillais qui réclament la libération d’un fonctionnaire de la BAC mis en examen et écroué dans un dossier de violences.

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Indignation à gauche

« Donc le porte-parolat de la police relaie une position qu’on imagine personnelle du DGPN, qui s’assied ainsi sur le devoir de réserve. Et qui met la pression sur le ministre, ou joue les poissons-pilotes pour lui. Ça s’appelle un coup de force », dénonce le député socialiste Jérôme Guedj.

L’élu de l’Essonne n’est pas le seul à dénoncer les propos de Frédéric Veaux. Plusieurs députés de la Nupes écrivent sur Twitter ce dimanche soir leur indignation.

« La police républicaine a perdu sa boussole », lance Carlos Martens Bilongo (LFI), tandis que sa collègue Nadège Abomangoli dénonce « une attaque en règle inouïe contre notre République ».

« Gravissime, toute la hiérarchie policière se place au dessus de la justice & des règles de la détention provisoire et le ministre de l’Intérieur est en arrêt maladie ! Ce qui se joue là, c’est la démocratie et le respect de l’Etat de droit. Le Parlement doit être réuni en urgence », demande de son côté le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure.

ARTICLE 2

Les policiers du Mans en grève pour soutenir leurs collègues en détention provisoire

Le Maine Libre. Alix FROISSARTPublié le 23/07/2023

Les policiers du Mans étaient en grève du zèle ce week-end des 22 et 23 juillet 2023 pour soutenir leurs collègues placés en détention à Marseille et Paris. Le mouvement pourrait se poursuivre.

Ils ne partent plus en patrouille d’initiative mais ne sortent qu’après un appel au 17. Répondant à l’appel national du syndicat de gardiens de la paix Unité SGP Police, les policiers du Mans ont entamé ce samedi 22 juillet 2023 une grève du zèle, a-t-on appris auprès de l’un d’eux.

La raison de ce service minimum : le placement en détention provisoire de deux de leurs collègues. Le premier est le policier mis en cause dans la mort du jeune Nahel, à Nanterre. Le second est mis en examen avec trois collègues de la brigade anticriminalité de Marseille ; tous les quatre sont soupçonnés d’avoir roué de coups un jeune homme lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel.

« Ras-le-bol »

 On considère qu’ils [ces deux policiers en détention provisoire] ne devraient pas être en prison , estime une source policière, qui relaie le  sentiment de désarroi, d’injustice, d’écœurement, d’incompréhension, un ras-le-bol  des policiers.

La grève des policiers manceaux, qui était toujours en cours ce dimanche 23 juillet, pourrait se poursuivre dans les prochains jours.

ARTICLE 3

« Avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison », estime Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale

Dans un entretien au « Parisien », le DGPN revient sur le placement en détention d’un policier de la brigade anticriminalité à Marseille, qui suscite la colère de ses collègues. 

Le Monde 23 07 2023

« Le savoir en prison m’empêche de dormir », assure Frédéric Veaux. Dans un entretien au Parisien publié dimanche 23 juillet, le directeur général de la police nationale (DGPN) a exprimé son soutien au fonctionnaire de police placé en détention provisoire à Marseille après sa mise en examen, ainsi que trois de ses collègues de la brigade anticriminalité (BAC), pour « violences en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique avec usage ou menace d’une arme ». Ils sont soupçonnés d’avoir roué de coups un homme de 21 ans dans la nuit du 1er au 2 juillet, au moment où la ville était en proie aux violentes émeutes qui avaient suivi la mort de Nahel M.

« De façon générale, je considère qu’avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison, même s’il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail. J’exclus de mon propos les affaires qui concernent la probité ou l’honnêteté, explique Frédéric Veaux. Mais lorsqu’un policier est dans l’exercice de sa mission, on doit admettre qu’il peut commettre des erreurs d’appréciation. Le policier doit rendre compte de son action, y compris devant la justice, mais on doit aussi tenir compte des garanties dont il bénéficie et qui le distinguent des malfaiteurs ou des voyous. »

Le DGPN, qui a rendu visite aux policiers marseillais samedi et dit « comprendre l’émotion et la colère », appelle à « prendre en considération les difficultés de l’exercice du métier et le contexte général dans lequel les policiers sont amenés à agir ». « Lors des émeutes, les policiers sont souvent intervenus dans un contexte de chaos total. On ne peut pas s’abstraire de ce contexte », tient-il à rappeler.

« La goutte d’eau qui fait déborder le vase »

Les syndicats de policiers fustigent depuis vendredi le placement en détention provisoire de l’un des leurs. « La détention provisoire est une mesure d’exception qui s’applique autant aux citoyens qu’aux policiers », ont affirmé les syndicats Alliance et UNSA, dans un communiqué aux termes presque identiques à celui du Syndicat des commissaires de police. « Chaque fois qu’ils doivent rendre compte à la justice, les policiers sont renvoyés à leur responsabilité individuelle, sans jamais remettre en cause leur administration », a de son côté déploré le syndicat Unité-SGP Police-FO, appelant tous les policiers de France à « se mettre en 562 », c’est-à-dire ne plus assurer que les missions essentielles.

Lire aussi : A Marseille, les policiers « à l’arrêt » pour protester contre le placement en détention de l’un des leurs

« Une enquête va se faire. S’ils ont fauté, ils seront sanctionnés. Mais la détention provisoire, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase », a ajouté Rudy Manna, du syndicat Alliance, évoquant « plusieurs dizaines » de policiers marseillais « en arrêt maladie ou en burn-out ».

Jusqu’à présent, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) s’est saisie d’au moins 21 enquêtes, « de nature et de gravité très différentes », sur les agissements des forces de l’ordre lors des manifestations et violences ayant suivi la mort de Nahel M., avait affirmé le 12 juillet la cheffe de l’IGPN, Agnès Thibault-Lecuivre. Plusieurs enquêtes judiciaires sont également en cours. A Marseille notamment, une autre enquête porte sur la mort d’un jeune homme de 27 ans, probablement après un « choc violent au niveau du thorax » causé par un projectile de « type Flash-Ball », au cours de la même nuit du 1er au 2 juillet.

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