
52 milliards à trouver alors que le rachat d’actions pour 10 milliards aurait pu servir d’amorçage …
Pour rappel, le coût de ce chantier ambitieux de six réacteurs nouvelle génération EPR2 est estimé par EDF à 51,7 milliards d’euros (hors coûts de financement, alors que les taux oscillent entre 4 et 6% sur les marchés). Dans le projet de loi sur « l’industrialisation verte », il est également prévu la création d’un « livret vert jeune », dédiée à la « décarbonation» de l’économie.
Une idée qui suscite beaucoup d’interrogations. « Nous n’avons pas besoin d’un fléchage public de l’épargne. Je comprends le souci de l’État de souhaiter une mobilisation collective sur la thématique de la transition énergétique. Mais nous n’avons pas attendu les pouvoirs publics pour intégrer cette dimension dans nos comités d’allocation d’actifs », s’agace un assureur-vie. La bataille de l’épargne ne fait que commencer.
EDF est sorti de la Bourse mais est dans le flou sur son avenir
Lancé à l’automne 2022, le retrait de la cotation d’EDF est effectif.
Mais pour les pouvoirs publics, comme pour EDF, tout reste à faire pour remettre l’entreprise, déjà dominée par l’Etat depuis des décennies, sur les rails et assurer une production d’électricité suffisante dans les années à venir.
UN AN ET 12 MILLIARDS PLUS TARD !
Une nouvelle vie commence pour EDF. Après un long feuilleton qui aura duré près d’un an , dont l’intérêt – outre le symbole- d’une opération a 10/12 milliards d’euros n’est pas prouvé… si non que l’on aura perdu un an
RESTE A LANCER LE PROGRAMME PROMIS IL Y PLUS D’UN AN … ET À TROUVER LE FINANCEMENT
Voulue par Emmanuel Macron, cette opération a valeur de symbole alors que le nucléaire fait son retour en grâce dans l’agenda des pouvoirs publics.
Un programme de construction de six réacteurs de type « EPR2 » doit être engagé et EDF- en tant que bras armé de l’Etat – en est le chef d’orchestre.
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NUCLÉAIRE (suite) : L’EXÉCUTIF N’AURA PAS SOLUTIONNÉ LE FINANCEMENT AVANT FIN 2024 ? https://metahodos.fr/2023/07/27/nucleaire-le-casse-tete-du-financement-ne-sera-pas-resolu-avant-fin-2024/
LE «LIVRET A» AU SECOURS DU NUCLÉAIRE ? – L’ÉTAT EN RECHERCHE VAINE DE FINANCEMENT https://metahodos.fr/2023/07/26/edf-en-faillite-le-livret-a-au-secours-du-nucleaire/
SÉCURITÉ NUCLÉAIRE : LE PRÉSIDENT VEUT CONTRAINDRE LE PARLEMENT À RENIER SON VOTE https://metahodos.fr/2023/07/24/securite-nucleaire-le-president-veut-contraindre-le-parlement-a-un-nouveau-vote/
DE LA MODÉRATION DES DÉCISIONS EN DÉMOCRATIE : LE CAS DU NUCLÉAIRE – POINT DE VUE https://metahodos.fr/2023/08/02/debat-letatisme-plombe-t-il-la-filiere-nucleaire-francaise/
1. ARTICLE
L’Etat reprend 100 % d’EDF, mais les défis demeurent
L’électricien était jusqu’ici détenu à 84 % par l’Etat. Symbolique, cette « renationalisation » totale de l’entreprise est aussi censée dégager des marges de manœuvre financières de long terme pour le groupe surendetté. Mais elle ne résoudra pas tous ses problèmes.
Soixante-dix-sept ans après la création du groupe public, et dix-sept ans et demi après l’ouverture de son capital au secteur privé, l’Etat s’apprête à reprendre 100 % d’Electricité de France (EDF). Certes, l’événement n’a rien d’une surprise, l’Etat en détenait déjà près de 84 % au lancement de son offre publique d’achat, en novembre 2022… Mais, jeudi 8 juin, date à laquelle il redevient l’unique actionnaire, une page se tourne. Au moins symboliquement.
La structure du capital évolue, la sortie de la Bourse se confirme, mais les défis demeurent. Des défis existentiels. Un endettement massif leste l’électricien national, au moment où il doit se projeter sur un programme d’investissements sans précédent. Outre des éoliennes et des panneaux solaires à raccorder au réseau, il lui faudra à la fois entretenir son parc nucléaire existant et se lancer dans la construction de six à quatorze nouveaux réacteurs – suivant les orientations du président de la République, Emmanuel Macron, en février 2022. La relance de l’atome civil trace un « horizon à très long terme qui peut difficilement être aussi celui d’actionnaires individuels », fait valoir une source bien placée du côté de l’Etat.
La reprise intégrale par les pouvoirs publics est d’abord censée rassurer les agences de notation financière et donc faciliter les conditions d’accès à des financements. Dans leur dernier relevé en date, Moody’s, Standard & Poor’s (S&P) et Fitch Ratings accordent ainsi une perspective « stable » au groupe. Sans cette réaffirmation du soutien de l’Etat, leur projection tiendrait compte d’un risque plus important, ce qui rehausserait le taux d’intérêt demandé pour des emprunts.
Lire aussi : EDF met en pause ses recrutements au moment où le nucléaire espère des embauches massives
Fin 2022, la dette financière nette de l’entreprise était de 64,5 milliards d’euros. « Un de nos enjeux est de ne pas aller vraiment au-delà du niveau d’endettement actuel, qui est énorme », souligne un membre du conseil d’administration d’EDF. En public, le nouveau patron depuis novembre 2022, Luc Rémont, nommé en conseil des ministres, qualifie la somme de « soutenable ». Selon S&P, l’endettement économique global avoisine même 100 milliards d’euros, en intégrant des dépenses prévues pour le démantèlement de centrales nucléaires et le traitement de déchets radioactifs, ainsi que des engagements sociaux.
« Sous-rémunération chronique de son parc nucléaire »
Les gages désormais donnés aux banques et aux marchés financiers sont pourtant très loin de résoudre le casse-tête général, objectent les syndicats de salariés. « Les principaux problèmes restent entiers », notamment ceux d’une « sous-capitalisation structurelle » de la société et d’une « sous-rémunération chronique de son parc nucléaire, d’après Alexandre Grillat, secrétaire national de la CFE-CGC. Si l’Etat était cohérent, il faudrait qu’il reprenne une partie de la dette d’EDF dont il est lui-même responsable pour que l’entreprise gravisse son mur d’investissements avec un fardeau allégé ». Si le cas de figure s’est produit dernièrement à la SNCF, il n’est pas à l’ordre du jour pour l’électricien, laisse-t-on entendre au niveau de l’Etat.
De l’intersyndicale jusqu’à la direction, chez EDF, tous s’accordent au moins sur un point : il y a urgence à mieux rémunérer la production des cinquante-six réacteurs dans le pays. Une loi de 2010 oblige l’exploitant du parc nucléaire à vendre une partie de ses électrons à prix fixe aux fournisseurs alternatifs. Cet accès régulé à l’électricité nucléaire historique (l’Arenh) est censé s’achever au 31 décembre 2025. A ce jour, aucune solution de remplacement n’a encore été adoptée. Tout nouveau dispositif nécessitera encore l’aval de la Commission européenne, au nom de la libéralisation imposée depuis les directives des années 1990.
L’institution communautaire traque chaque aide d’Etat susceptible, selon elle, de fausser son sacro-saint principe de concurrence. D’âpres négociations à Bruxelles sont aussi à prévoir pour le modèle économique de futurs réacteurs. En 2022, le gouvernement partait d’une hypothèse centrale de près de 52 milliards d’euros pour six nouvelles unités. Sans statuer sur les modalités de financement, ni sur un apport éventuel du secteur privé.
L’hydraulique, deuxième source d’électricité en France
Autre dossier en suspens, la Commission européenne surveille de près les barrages hydroélectriques en fonctionnement depuis des décennies. Principal acteur français dans ce domaine, EDF souhaite conserver ses installations, là où l’Europe entend faire jouer la concurrence pour leur exploitation. La question est d’importance. Car l’hydraulique est encore à ce jour, malgré de forts épisodes de sécheresse, la deuxième source d’électricité en France, même si elle est loin derrière le nucléaire.
Au-delà des pourparlers bruxellois, le groupe a d’abord un premier défi interne à relever : redresser dès que possible son volume de production nucléaire, après une année 2022 historiquement faible. La détection inattendue de corrosion sur certaines tuyauteries a entraîné la mise à l’arrêt de plusieurs réacteurs, occasionnant un manque à gagner de 29 milliards d’euros. Soit encore bien davantage, selon les résultats annuels, que le relèvement du plafond de l’Arenh (8 milliards d’euros), décision gouvernementale prise au nom du pouvoir d’achat des ménages. Conséquence, là où EDF pouvait engranger des bénéfices record en pleine crise des prix de l’énergie, il a enregistré ses pires pertes : moins 17,9 milliards d’euros en 2022.
Au siège de l’avenue de Wagram, dans le 8e arrondissement de Paris, les syndicats se disent vigilants. En 2021, gouvernement et direction avaient renoncé au projet « Hercule » prévoyant de scinder l’énergéticien en diverses entités. « Malgré ces 100 % détenus par l’Etat, le groupe garde le régime d’une société anonyme, l’Etat aura toujours la possibilité de le déstructurer et d’utiliser cette déstructuration comme monnaie d’échange lors des négociations avec l’Europe », redoute Gwénaël Plagne, secrétaire adjoint CGT du comité social et économique central d’EDF. Un scénario écarté à ce jour, assure la direction.
Lire aussi : « EDF sous l’œil de trois “tutelles” pesantes »
Le syndicaliste plaide pour le retour au statut originel d’établissement public à caractère industriel et commercial. Il insiste aussi sur la nécessité de « former des salariés sur le long terme » et d’engager « un plan massif de recrutement ». Selon nos informations, après un bref moratoire en avril, le comité exécutif a décidé de ne procéder pour 2023 qu’à 90 % des embauches programmées initialement, invoquant le contexte économique et financier.
2. ARTICLE
RELANCE DU NUCLÉAIRE: EDF VA DEVOIR INVESTIR 25 MILLIARDS D’EUROS PAR AN, SELON SON PDG
Le 19/07/2023 BFMTV
Auditionné par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, Luc Rémont estime que 80% des investissements seront consacrés à la France.
EDF doit passer à un niveau de 25 milliards d’euros d’investissements par an, dont 80% consacrés à la France, a déclaré mercredi le PDG du groupe, Luc Rémont, devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. EDF doit travailler avec le gouvernement à un nouveau consensus national sur le prix de l’électricité, a-t-il ajouté.
Rappelant qu’EDF s’engageait sur « ce chemin escarpé » en étant lesté d’une dette de 65 milliards d’euros, Luc Rémont a une nouvelle fois plaidé en faveur de contrats à long terme comme base du modèle économique du groupe post-2025, après la fin de la régulation actuelle de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique), dont l’électricien critique de longue date l’impact négatif sur ses comptes.
« Pour aborder la phase d’investissements (qui se profile), il est indispensable que nous travaillions à une nouveau consensus national sur ce qu’est le prix de l’électricité (…), sans quoi EDF ne sera pas en mesure de dégager les ressources qui sont nécessaires pour assurer sa propre continuité d’exploitation », a dit Luc Rémont.
« C’est évidemment un défi colossal pour l’entreprise d’être capable de soutenir (sa) courbe (d’investissements), mais c’est possible, et c’est possible sans faire exploser les prix, c’est possible avec une approche raisonnable sur le plan marchand (…) qui permet d’avoir, sur la base des contrats de long terme, quelque chose de raisonnable pour nos concitoyens. »Play Video
Luc Rémont a également répété qu’EDF ne pourrait financer seul la construction de nouvelles centrales et aurait donc besoin de l’aide de l’Etat, alors que le gouvernement a prévu de préciser fin 2024 les modalités de financement du projet de construction d’au moins six nouveaux réacteurs de type EPR2.
Le PDG d’EDF a par ailleurs confirmé l’objectif de 300-330 térawatts-heure (TWh) de production nucléaire en France en 2023, ajoutant qu’un niveau de 350 TWh était visé dès 2025.