
« Dans la polémique sur la police, Macron fuit ses responsabilités » Vu d’Allemagne.
TITRE LE Frankfurter Allgemeine Zeitung QUI POURSUIT :
« La grogne monte au sein de la police, certains cadres remettant directement en cause le travail des magistrats. Selon cette correspondante du quotidien allemand “Frankfurter Allgemeine Zeitung”, le président devrait faire acte d’autorité et mettre un terme à la fronde. Pourtant, ce dernier demeure silencieux.
« Une partie de la police française défie la justice. Les contestataires souhaiteraient que les policiers soient exemptés des procédures d’enquêtes habituelles et ne puissent être placés en détention provisoire. [Le 23 juillet, dans un entretien accordé au Parisien, le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, avait affirmé que, “avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison, même s’il a pu commettre des fautes ou des … »
« Le difficile équilibrisme d’Emmanuel Macron sur la police »
TOTRE LE JOURNAL LES ECHOS QUI POURSUIT :
« Interrogé sur les propos polémiques du directeur général de la police nationale, Frédéric Vaux, après la mise en détention préventive d’un policier, le chef de l’Etat a dit ce lundi comprendre l’émotion suscitée par cette affaire à Marseille. Mais il a refusé de se prononcer sur l’action judiciaire.
« De Paris à Nouméa, neuf fuseaux horaires mais une seule polémique. Rattrapé par l’émotion d’une partie de la classe politique après les propos de Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale (DGPN), Emmanuel Macron, en déplacement dans le Pacifique, a dû s’exprimer depuis la Nouvelle-Calédonie sur le sujet.
« Frédéric Vaux avait déclaré dimanche soir dans un entretien au « Parisien » soutenir un des quatre agents accusés d’avoir passé à tabac un jeune homme lors des nuits d’émeutes, estimant qu’un fonctionnaire de police « n’a pas sa place en prison » avant d’être jugé. Au point d’ajouter : « Le savoir en prison m’empêche de dormir. » Ce dernier, évoluant au sein de la BAC de Marseille, avait été incarcéré vendredi après l’ouverture d’une enquête.
« Dans son interview à TF1 et France 2, Le chef de l’Etat s’est livré à un numéro d’équilibriste. Il a rappelé que « nul en République était au-dessus de la loi », tout en affirmant comprendre « l’émotion » suscitée dans les rangs de la police marseillaise par cette incarcération. « C’est une décision qui a été prise par un magistrat et donc je ne me prononcerai pas sur celle-ci », a-t-il expliqué, en rappelant qu’il était le garant des institutions et de la séparation des pouvoirs.
« Appel à la sérénité
« Un chemin de crête alors qu’Emmanuel Macron a demandé ce lundi « de l’ordre, de l’ordre de l’ordre » après les émeutes. En Conseil des ministres vendredi, le chef de l’Etat s’était déjà félicité que la réponse de la justice ait été « implacable » envers les personnes interpellées.
« L’exécutif avait semblé jusqu’ici soutenir sans réserve Frédéric Vaux. Si le ministre de l’Intérieur ne s’est pas encore exprimé, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, proche de Gérald Darmanin, a dit partager « les propos du DGPN » sur Twitter…. »
« Le ministère de l’Intérieur, sans faire de déclarations officielles, a réaffirmé pour sa part sa confiance dans le directeur général de la police nationale. Il apparaît en effet peu probable que ce haut fonctionnaire a pris le parti de s’exprimer publiquement sans avertir ni obtenir l’aval de sa hiérarchie.
« Le cabinet de la Première ministre a, lui, fait valoir que le « DGPN est dans son rôle », avant d’appeler au calme : « La justice doit pouvoir poursuivre son travail dans la sérénité indispensable à l’enquête. » Le président du tribunal de Marseille, où a été prise la décision de placer le policier en détention provisoire, a lui appelé à la « mesure ».
« Police contre justice ? »
« Les propos de Frédéric Veaux ont déclenché une tempête au sein des oppositions. A gauche, il est question d’une ligne rouge franchie en matière d’Etat de droit. Sur son blog, le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a réagi appelant « au respect des institutions républicaines les policiers entrés en sécession factieuse ». Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a demandé une réunion du Parlement « en urgence » et prophétisé « ce qui se joue là, c’est la démocratie et le respect de l’Etat de droit ».
« Que fait le chef de l’Etat quand l’Etat est en train de se disloquer. Justice contre police et police contre justice ? » a fait mine de s’interroger Marine Le Pen. « Les policiers ne peuvent se contenter du ‘en même temps », est intervenu le patron des Républicains, Eric Ciotti. Droite et extrême droite, sur cette question, apparaissent solidaires des policiers après avoir appelé successivement à la mise en place de l’état d’urgence au début des émeutes.
« Critiqué pour avoir tardé à tirer les leçons des émeutes urbaines, malgré une loi de reconstruction passée en urgence au Parlement, Emmanuel Macron doit désormais composer durablement avec la colère des forces de l’ordre. »…
ARTICLE
Colère de la police : la responsabilité de nos dirigeants
29 juillet 2023 CONTREPOINTS Alexandre Massaux
L’incapacité du gouvernement à s’occuper du régalien entraine une fatigue et une colère de la police comme de la population, qui se retourne aujourd’hui contre les dirigeants.
Une semaine d’émeute, des policiers qui se mettent en arrêt maladie ou en service minimum suite à la mise en détention préventive de l’un des leurs. L’exécutif contrôle-t-il encore la situation ? Et s’il était responsable des évènements actuels ? Si le président Macron promettait de l’ordre dans son discoursdu 24 juillet, la réalité est tout autre. En jouant la carte du « en même temps », il ne parvient pas à gérer des contestations de plus en plus fréquentes.
L’incapacité du pouvoir à assurer ses missions régaliennes est une dynamique dangereuse qui est en train de se retourner contre lui. Et ce d’autant plus que les sondages semblent montrer un soutien envers la police au détriment du gouvernement.
Plus les dirigeants seront incapables d’assurer l’ordre et la sécurité de ce qui est appelée la « majorité silencieuse », plus la colère se renforcera.
Les dirigeants dans l’incapacité de gérer le régalien ?
2 %, c’est ce que représente la part du budget 2023 de l’État pour la Justice. Le ministère de l’Intérieur représente 4 % (dont 30 % pour la police nationale). En comparaison, la transition écologique et la cohésion des territoires représentent 5 %. Si la part de la justice et de la police a augmenté par rapport à 2022, on se rend compte que ces missions régaliennes occupent une faible place dans le budget.
Pourtant, la France n’est pas dépourvue de forces policières. Un rapport de l’insee de 2021, indique qu’elle comptait 329 officiers de police pour 100 000 habitants, soit davantage ou en quantité équivalente que des pays plus sûrs comme la Pologne, la Finlande, la République tchèque ou l’Autriche.
Le problème est peut-être plus dans l’incapacité des gouvernements successifs à assurer un ordre régalien. La perte de confiance des citoyens envers la politique et les dirigeants, mais aussi vis-à-vis des institutions en sont une conséquence. Ainsi, en 2023, selon le baromètre de la confiance politique, les Français ont majoritairement confiance dans les hôpitaux (78 %), l’armée (72 %) et la police (69 %). En comparaison, seulement 44 % des Français ont confiance en la justice (en comparaison, 67 % des Allemands, et 57 % des Anglais font confiance en la leur). Enfin, les partis politiques sont détestés (16 % de confiance).
On peut se demander quel rôle la crise du covid a joué dans le pourrissement de la situation. Une période où la police a été déployée pour contrôler les attestations et les masques des citoyens plutôt que d’accomplir leurs missions traditionnelles. On remarquera à cet effet que les sondages ifop consacrés à la confiance envers la police, révèlent que le moment où elle a été la plus basse était en décembre 2020, soit à la suite de quasiment une année de restrictions.
Une police soutenue dans le contexte des émeutes
Selon l’IFOP, après la mort de Nahel, 57 % des Français avaient une bonne image de la police.
Comme le précise le directeur de l’institut :
« Il y a une tension extrême dans le pays liée à la contestation de la réforme des retraites. Une majorité silencieuse est en demande d’ordre et de sécurité, et c’est la police qui incarne ça. »
Cette même étude montrait que, selon les sondés, la personnalité politique ayant la réaction la plus satisfaisante était Marine Le Pen.