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« COMMENT REVITALISER LA DÉMOCRATIE REPRÉSENTATIVE ? » – EST-IL POSSIBLE DE NE PAS DÉSESPÉRER ?

DÉSESPÉRER DE LA DÉMOCRATIE

DÉSESPÉRER – DÉFINITION : Perdre foi, espoir, courage, confiance en l’avenir, considérer qu’il n’y a plus rien à faire …

« ..,de plus en plus de Français ont le sentiment que l’élection de représentants – y compris du premier d’entre eux – ne leur permet plus de commander au destin de la nation » EXTRAIT

EMISSION

Représenter, ce n’est pas ressembler

Jeudi 8 juin 2023. FRANCE INTER Anne Rosencher Journaliste et écrivain

On dit la démocratie représentative en crise, ce qui n’est pas faux. Et certains vont même jusqu’à remettre en question son principe et sa légitimité. Ainsi, l’écrivain Michel Houellebecq, répète-t-il dans ses nombreuses interviews qu’il n’ira plus voter tant que la France ne sera pas passée au strict régime de la démocratie directe. Pour lui, la consultation continue des citoyens, serait la seule modalité susceptible d’exprimer la volonté populaire. De manière générale, les conventions citoyennes ont la cote, ainsi que tout ce qui est « participatif ». Car de plus en plus de Français ont le sentiment que l’élection de représentants – y compris du premier d’entre eux – ne leur permet plus de commander au destin de la nation. Et ce sentiment explique en grande partie le malaise politique que nous traversons depuis des décennies.

Alors, je ne crois pas qu’il faille partir en campagne contre la démocratie représentative – c’est même une idée dangereuse. Mais il est urgent de la revitaliser. L’idée, par exemple, d’un recours plus fréquent à des référendums à choix multiples (pour éviter que l’on se serve du oui / non afin de sanctionner ou approuver l’exécutif) est à creuser. Il faut aussi renouer avec ce que signifie et ce qu’implique la mission de représenter.

Par exemple, je pense que l’émotion suscitée par les photos de Marlène Schiappa à la une de Playboy, ou par la parution du 5ème livre de Bruno Le Maire en 4 ans, a tout à voir avec la question. Dans un cas comme dans l’autre, cela a pu donner l’image d’une désinvolture face à la charge de représenter qui leur incombe, et qui ne supporte guère les interférences publiques des « kiffes » personnels.

Oh, c’est un fait que dans nos sociétés, l’individu roi refrène de moins en moins son bon vouloir, ses pulsions de plaisir -il les glorifie, même. Mais l’on attend de ceux qui nous représentent qu’ils sachent s’empêcher.

Deuxième chose : représenter, ça n’est pas ressembler. N’en déplaise à ceux qui l’affirment, pour justifier le relâchement des tenues ou du vocabulaire. L’idée justement de la représentation est de faire sienne la voix de ceux qui vous ont donné mandat, quelle que soit votre sociologie et quelle que soit la leur. Représenter, ça n’est pas être à l’image, c’est être le plus efficace et le plus respectueux possible dans sa mission de porter la voix.

J’ai lu dans un portait de Laurent Berger, ce compliment que lui avait fait Nicole Notat, ex-patronne de la CFDT, quand elle l’avait croisé alors jeune syndicaliste, vêtu d’un costume élégant dans les couloirs de la confédération. « Bravo Laurent, lui avait-elle dit : on n’est jamais trop beau pour représenter les travailleurs ». J’ajouterais que de manière générale, en démocratie, on ne prend jamais trop au sérieux la charge de représenter.

LIEN VERS L’ÉMISSION

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