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« QU’EST CE QU’UNE IDENTITÉ COLLECTIVE ? »

ÉMISSION

FRANCE CULTURE

La notion d’identité collective occupe tous les débats contemporains. Mais comment cette notion s’est-elle construite ?

Les communautés doivent-elles affirmer leur identité avec une force singulière, et avec quelles conséquences ?

Avec

  • Pierre Manent Philosophe, historien et directeur d’études honoraire à l’EHESS
  • Cyril Lemieux Sociologue, directeur d’études à l’EHESS

Il y a de véritables enjeux autour de la notion d’identité, non seulement dans la vie sociale, mais encore dans les sciences. Dans le troisième épisode cette série consacrée au problème de l’identité, Géraldine Muhlmann et ses invités se demandent ce qu’est une identité collective.

La nation, base de l’existence collective ?

Pour le philosophe Pierre Manent, la question portant sur l’identité collective consiste essentiellement à se demander : « que faisons-nous ? Quelle action commune conduisons-nous ? Y’a-t-il une communauté, une association, dans laquelle peuvent se rassembler le mieux possible nos différentes perspectives sur la vie commune ?  » Or, il ne faut pas se méprendre sur la meilleure manière de nous rassembler. Il considère ainsi qu’aujourd’hui encore, « la nation est la forme politique la plus rassembleuse« . Nous aurions tort de nous en éloigner : il faut au contraire tenter de la retravailler. « Il faut renégocier les modalités de cette vie nationale, de cette forme politique. C’est encore la base de l’existence collective à notre disposition. Si nous rompons entièrement avec elle, nous sommes perdus« .

Une identité d’abord collective

Cyril Lemieux affirme qu’il faut « prendre au sérieux le mot d’identité« . Pour cela, il propose de s’entendre sur trois postulats. Un critère holiste, tout d’abord : « la dimension collective est constitutive de nos identités individuelles, que nous le voulions ou non« . L’individu ne vient pas au monde de manière autonome : « nous sommes d’emblée les membres d’une société« . Un second postulat important est la dénaturalisation : « nos identités, qu’elles soient individuelles ou collectives, ne se déduisent pas du substrat biologique« . Enfin, le sociologue affirme que « les identités sont toujours relationnelles« . Par exemple, on ne peut pas décrire l’identité ouvrière si on exclut son opposition à l’identité bourgeoise. « Il y a toujours trois termes : eux, nous, et la relation entre eux et nous« .

Pour en parler

Pierre Manent, directeur d’études honoraire à l’EHESS.

Il a notamment publié :

  • Pascal et la proposition chrétienne, éditions Grasset, collection “Essais et documents”, 2022.
  • La loi naturelle et les droits de l’homme, Presses Universitaires de France, collection “Chaire Etienne Gilson”, 2018.
  • Situation de France, éditions Desclée de Brouwer, 2015.
  • La Raison des nations. Réflexions sur la démocratie en Europe, éditions Gallimard, collection “L’Esprit de la cité”, 2006.

Cyril Lemieux, sociologue, directeur d’études à l’EHESS, directeur du Laboratoire interdisciplinaire d’études sur la réflexivité (LIER) (EHESS-CNRS).

Il a notamment publié :

  • Avec Bruno Karsenti, Socialisme et sociologie, éditions de l’EHESS, collection “Cas de figure”, 2017.
  • “L’identité est-elle un objet pour les sciences sociales ?”, in Jean Gayon (direction), L’identité. Dictionnaire encyclopédique, Gallimard, collection “Folio”, 2020.

Il a notamment dirigé :

  • La subjectivité journalistique. Onze leçons sur le rôle de l’individualité dans la production de l’information, éditions de l’EHESS, collection “Cas de figure”, 2010.
  • Avec Marion Fontaine (co-direction), “La politisation des classes populaires”, Germinal , n°3, 2021.

LIEN VERS L’ÉMISSION

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