Aller au contenu principal

IMMIGRATION : UN CONSENSUS – VALEURS : UN PARADOXE INQUIÉTANT POUR LA DÉMOCRATIE

« Les Français sont bien conscients du processus de décivilisation en cours. »

LIT ON DANS L’ARTICLE DE BRD VOLTIRE proposé ci contre en lecture

« Paradoxes, comme le titre le sondage ? Non : lucidité. Nous sommes matraqués d’incantations tous les jours démenties par les faits. Les Français sont bien conscients du processus de décivilisation en cours. »

« les chiffres du consensus :

« 71 % des Français sont inquiets de l’immigration. Une inquiétude déclinée à l’envi : 72 % considèrent que les immigrés sont trop aidés par l’État, 72 % qu’ils posent des problèmes de sécurité, 61 % qu’ils représentent une menace culturelle et 56 % une menace sociale. »

« un Français sur deux estime que le triptyque – LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ – correspond bien à la France

et à peine un tiers juge qu’il conserve encore tout son sens »

LIT ON DANS LA NOTE DE HARRIS INTERACTIVE proposée vi contre. EXTRAITS

« Cet attachement moral à la devise de la République française se heurte à la réalité du pays telle qu’elle est perçue par les Français : seulement un sur deux estime que le triptyque correspond bien à la France et à peine un tiers juge qu’il conserve encore tout son sens. »

« à peine 1 Français sur 2 considère que la liberté est respectée en France (54%), quand ils ne sont qu’un tiers à en percevoir le respect concernant la fraternité (35%) et l’égalité (31%) »

« Qui, dans ce contexte, peut faire vivre la devise nationale ? La logique institutionnelle serait de se tourner en premier lieu vers les responsables politiques. L’opinion des Français est toute différente : près de 9 sur 10 pensent à leurs proches et seul 1 sur 5 aux formations politiques. Les préposés à l’action ne relèvent donc pas du mandat électif et ne semblent pas être les acteurs de la définition de la manifestation de l’intérêt général. »

1. ARTICLE

Sondage sur l’immigration : union des droites, fracturation des gauches

Frédéric Sirgant 2 septembre 2023 BOULEVARD VOLTAIRE

Ce n’est pas le premier et sans doute pas le dernier : un nouveau sondage réalisé par Harris Interactive pour Challenges vient redire l’exaspération profonde des Français devant l’immigration massive. Depuis 2017, ces sondages se succèdent, pour le moment sans conséquence politique autre que l’accession de Marine Le Pen au second tour, l’apparition du parti d’Éric Zemmour et, du côté de Macron, de vagues intentions : « réduire significativement l’immigration ». Pourtant, comme le remarquait en avril dernier Arnaud Florac en commentant une enquête CSA pour CNews, ce sujet jadis tabou fait aujourd’hui consensus. Et il n’y a plus qu’Élisabeth Borne, comme le soulignait François-Xavier Bellamy, pour le trouver « clivant ».

Cette nouvelle enquête ne porte pas exclusivement sur l’immigration mais sur « les rapports des Français aux valeurs républicaines ». C’est parfois un détour sémantique pour tourner autour du pot et ne pas immédiatement stigmatiser. Mais ici, le détour est instructif : le sondeur relève un écart entre l’attachement des Français aux grands principes, notamment la liberté (bien au-dessus de l’égalité et de la fraternité), le respect et la justice et leur désarroi devant leur disparition effective. Paradoxes, comme le titre le sondage ? Non : lucidité. Nous sommes matraqués d’incantations tous les jours démenties par les faits. Les Français sont bien conscients du processus de décivilisation en cours.

Bien conscients, aussi, que l’immigration est au cœur du problème. Sur ce sujet, il faut aller à la page 45 du rapport pour trouver les chiffres du consensus : 71 % des Français sont inquiets de l’immigration. Une inquiétude déclinée à l’envi : 72 % considèrent que les immigrés sont trop aidés par l’État, 72 % qu’ils posent des problèmes de sécurité, 61 % qu’ils représentent une menace culturelle et 56 % une menace sociale.

À ce sujet — Immigration : ce sujet « clivant » sur lequel 82 % des Français sont d’accord

Pas davantage de surprise dans l’analyse politique des chiffres selon la proximité partisane des sondés : ils atteignent une quasi-unanimité, à plus de 80 ou 90 %, chez les sympathisants LR, RN ou Reconquête. L’immigration est un puissant ferment d’unification de l’électorat de droite. Mais l’enquête recèle d’autres motifs d’espoir : l’inquiétude sur l’immigration touche aussi ceux qui se déclarent sans préférence partisane et les électeurs macronistes ! Ils sont 72 % à estimer que les immigrés sont trop aidés par l’État et posent des problèmes de sécurité. Et même 60 % à estimer qu’ils représentent une menace culturelle. Nouvelle preuve de la droitisation de l’électorat macroniste, à méditer pour les prochaines élections.

Enfin, la plus grande surprise est sans doute la division profonde de l’électorat de gauche sur l’immigration. Cette division touche les trois partis LFI, PS et EELV dans les mêmes proportions. Même dans cette matrice historique de l’immigrationnisme, le réel a fait des ravages et ouvert des yeux : plus de 50 % des électeurs de gauche estiment que les immigrés sont trop aidés par l’État et posent des problèmes de sécurité ! Et entre 40 et 50 % y voient même une menace culturelle !

Le fruit de l’immigration est mûr, et même pourri, pour beaucoup de Français. Les conséquences politiques en sont déjà visibles : fracturation de la gauche, comme on le voit en cette rentrée, sur les sujets Médine et abaya ; droitisation de la communication de la Macronie (Attal sur l’abaya). Toute la question est de savoir si cette même Macronie réussira un nouveau hold-up électoral, avec un Darmanin ou un Édouard Philippe, sur cette majorité populaire de droite hostile à l’immigration, ou si, comme la gauche, elle s’effondrera, minée par ses contradictions, son bilan calamiteux et son double jeu sur ce sujet.

La responsabilité des dirigeants de la droite est historique : devant un tel consensus de son électorat et des attentes populaires sur l’immigration qui gagnent massivement l’ensemble du corps électoral, elle est condamnée à ne pas décevoir.

2. NOTE DE LOUIS HARRIS

LES PARADOXES FRANÇAIS : QUEL RAPPORT DES FRANÇAIS AUX VALEURS RÉPUBLICAINES ET À LEUR APPLICATION ?

ENQUÊTE TOLUNA HARRIS INTERACTIVE POUR CHALLENGES

Enquête réalisée en ligne du 20 au 31 juillet 2023. Échantillon de 3 025 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, taille d’agglomération et région de l’interviewé(e).

Paris, le 31 août,

Liberté, égalité, fraternité : quelle appréhension de cette devise par les Français ? C’est la question à laquelle Toluna-Harris Interactive a cherché à répondre pour Challenges. Et les réponses montrent de nombreux paradoxes présents chez les Français.

Téléchargez le rapport

Téléchargez l’analyse de Jean-Daniel Lévy

Clairement identifiée comme la devise de la République française, l’expression « Liberté, Egalité, Fraternité » suscite une forme d’attachement chez 83% des Français. Cet attachement moral à la devise de la République française se heurte à la réalité du pays telle qu’elle est perçue par les Français : seulement un sur deux estime que le triptyque correspond bien à la France et à peine un tiers juge qu’il conserve encore tout son sens.

Ce hiatus entre devise proclamée et réalité perçue, se retrouve également dans l’écart qui existe entre les valeurs qui animent les Français et celles qui trouvent un écho dans notre société. Ainsi, si le respect constitue la valeur cardinale de nos compatriotes (76% indiquent qu’elle est très importante), seulement un tiers des personnes interrogées estime qu’il caractérise la société française actuelle. Un constat similaire observé avec d’autres valeurs telles que la justice (65% déclarent la considérer comme très importante, contre 40% qui la considèrent comme présente), l’écoute (56% contre 39%) ou encore la tolérance (51% contre 43%).

La devise de la République se compose de trois termes vis-à-vis desquels les Français ne font pas montre du même attachement. Ainsi, les Français privilégient assez nettement la valeur de « Liberté » (54%) au détriment des deux autres (égalité : 29% ; fraternité : 17%). Et là encore, une nouvelle remise en question de la concrétisation de ces valeurs républicaines : à peine 1 Français sur 2 considère que la liberté est respectée en France (54%), quand ils ne sont qu’un tiers à en percevoir le respect concernant la fraternité (35%) et l’égalité (31%). Constituant l’un des pans majeurs du principe de liberté, la liberté d’expression semble elle aussi être mise à mal selon les Français, avec une distinction marquée dans leur application entre la liberté d’expression des médias (62% la jugent bien respectée) et celle des citoyens (53%).

Qui, dans ce contexte, peut faire vivre la devise nationale ? La logique institutionnelle serait de se tourner en premier lieu vers les responsables politiques. L’opinion des Français est toute différente : près de 9 sur 10 pensent à leurs proches et seul 1 sur 5 aux formations politiques. Les préposés à l’action ne relèvent donc pas du mandat électif et ne semblent pas être les acteurs de la définition de la manifestation de l’intérêt général.

Les paradoxes trouvent des traductions concrètes. Oui, les Français sont attachés à la liberté. Pour autant, dans certaines circonstances, ils sont prêts à en rabattre sur leurs exigences. Ainsi en est-il lorsqu’il s’agit de sécurité ou de santé : les deux tiers de nos compatriotes sont favorables à une réduction des libertés publiques lorsque la sécurité du pays n’est pas garantie ou encore lorsque des enjeux en matière de santé sont présents. Néanmoins, les Français se montrent moins unanimes quant à l’usage de la réduction des libertés publiques par l’Etat : 40% estiment que l’Etat n’y a pas assez souvent recours, 30% ni trop ni pas assez souvent, 29% trop souvent.

Oui, les Français sont attachés à la fraternité. Reste que 3 Français sur 4 estiment que la mise en place d’aides décourage les gens à trouver des solutions pour s’en sortir eux-mêmes (tout en étant favorables à l’aide aux plus fragiles par la société). Et malgré les critiques adressées à l’égard du système de protection sociale – la moitié de nos compatriotes considérant qu’il existe trop d’aides sociales en France et près des trois quarts qu’elles sont allouées de manière injuste – les Français se montrent majoritairement satisfaits de celui-ci (67%) jusqu’à se prononcer en faveur de son maintien (64%).

Cette attitude paradoxale en matière de fraternité se retrouve également lorsque les Français sont interrogés sur le sujet de l’immigration. Accueillir des étrangers ? Les Français sont majoritairement pour… mais à certaines conditions. 14% déclarent que la France devrait accueillir sur son sol toutes les personnes étrangères qui le souhaitent et 61% seulement certaines personnes en fonction de leurs capacités. Une attitude ambivalente qui peut notamment s’expliquer par un brassage socio-culturel relatif au sein de la société française, moins d’1 Français sur 4 indiquant être tous les jours en contact avec une personne avec un profil différent du leur, que ce soit en termes de couleur de peau (25%), de religion (22%) ou de nationalité (20%), pouvant induire à des représentations négatives des personnes d’origine étrangère.

Oui, enfin, les Français sont attachés à l’égalité. Tout d’abord, dans le domaine du travail. Une part non négligeable de nos compatriotes estiment que le niveau de rémunération des salariés en France s’est dégradé au cours des dernières années (46%), ce qui les conduit à repenser la distribution des richesses : 59% se prononcent en faveur de l’instauration d’un écart maximum entre le plus faible et le plus important salaire au sein des entreprises ; 91% voient de manière positive la loi favorisant le partage de la valeur et la distribution d’une partie des bénéfices aux salariés ; 77% se disent favorables à la réintroduction de l’ISF et 69% au recours au CV anonyme par les entreprises.

Enfin, les répondants à notre enquête regardent indirectement le politique et l’éducation nationale. Acteur visant, entre-autre, à former des citoyens, l’école fonctionne mal disent deux-tiers des personnes interrogées. Et si l’ascenseur social ne fonctionne pas (constat partagé par 57% des Français) c’est essentiellement du fait des défaillances de l’éducation nationale (42%).

Tout laisse à penser que les Français n’ont pas fait le deuil de leurs aspirations. Et que s’ils sont attachés à la liberté, à l’égalité et à la fraternité c’est uniquement la première qui est, aux yeux d’une petite majorité, respectée. Est-ce de leur fait ? « Non » répondent-ils. C’est aux autres d’agir. Encore un paradoxe français.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.