
Lampedusa – En même temps les deux premières déclarations :
«La France « prend sa part » dans la répartition des migrants», Catherine Colonna
«Nous devons absolument renvoyer chez eux ceux qui n’ont rien à faire en Europe», Gérald Darmanin
MAJ 5 du 19 septembre :
ULTIME ARBITRAGE OU EMBELLISSEMENT DU DOUBLE LANGAGE ?
Gérald Darmanin a annoncé que «la France n’accueillera pas de migrants qui viennent de Lampedusa».
« De retour en France. Alors que la crise migratoire à Lampedusa, renforcée par l’afflux de migrants qui ont débarqué ces derniers jours sur cette petite île italienne, a relancé le débat autour de la répartition européenne des demandeurs d’asile, le ministre de l’Intérieur était de retour en France après son aller-retour à Rome où il s’est entretenu avec son homologue. Invité du 20h de TF1 mardi soir, Gérald Darmanin a annoncé que «la France n’accueillera pas de migrants qui viennent de Lampedusa». » LE FIGARO
Le terme migrant couvre t il tous les migrants ou exclut il les demandeurs d’asile ? Attendons les nouvelles déclarations ?
MAJ 1 du 18 septembre :
CNews ce lundi, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin assure que « la France ne s’apprête pas à accueillir », une partie des migrants.
« …ce serait une erreur d’appréciation que de considérer que les migrants parce qu’ils arrivent en Europe doivent tout de suite être répartis dans tous les pays d’Europe », insiste-t-il, soulignant que la « France prend déjà sa part ».
« Notre volonté, c’est d’accueillir bien sûr ceux qui doivent l’être, mais nous devons absolument renvoyer chez eux ceux qui n’ont rien à faire en Europe », note le ministre de l’Intérieur.
MAJ 2 du 18 septembre :
LU DANS 20 MINUTES : ACCUEILLIR 150 A 200 PERSONNES A MENTON
« Les arrivées massives sur l’île de Lampedusa, ces derniers jours, font désormais envisager à la préfecture des Alpes-Maritimes la création d’un centre « temporaire » pour accueillir entre 150 et 200 personnes par jour à Menton.
Selon BFMTV, un site va être réquisitionné. Il sera confié à la Protection civile, qui confirme avoir visité un terrain ce lundi matin à la demande des services de l’Etat. Mais rien n’est encore acté, selon les services de l’Etat. « On anticipe, mais rien n’est décidé », précise ainsi une porte-parole, contactée par 20 Minutes. Sur Twitter, la préfecture dément « tout projet de création d’un camp de migrants » mais assure qu’il est « prévu d’augmenter temporairement les capacités d’accueil […] pour les étrangers en situation irrégulière interpellés avant leur remise aux autorités italiennes ». »
MISE À JOUR 3 du 18 septembre :
1 ARTICLE
Migrants : « Les Français veulent en découdre… » Pourquoi Macron va être forcé de « beaucoup s’investir »
« La tentation serait donc grande, pour le chef de l’État, de faire du ‘en même temps’. » EXTRAIT
Publié le 19/09/2023 LA DÉPÊCHE Christelle Bertrand
Alors que les images des migrants arrivant à Lampedusa ont envahi les réseaux sociaux, l’Élysée tarde à s’exprimer… mais face à l’offensive de l’extrême droite, Emmanuel Macron pourrait être tenté de durcir son discours.
Lampedusa d’un côté, le pape de l’autre… C’est ce qui s’appelle être pris entre deux feux contraires. Si le thème de l’immigration s’est invité sur le devant de la scène, il prend cette semaine une forme très symbolique. L’arrivée de plusieurs milliers de migrants sur la petite île italienne a provoqué une sur réaction de la droite et de l’extrême droite, qui appellent à mieux maîtriser les frontières. « Avec Emmanuel Macron, l’Europe est devenue une hôtesse d’accueil pour migrants. Avec nous, elle raccompagnera les bateaux dans les pays de départ », a clamé ce week-end le président du RN Jordan Bardella.
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Mais samedi, c’est à un tout autre positionnement qu’Emmanuel Macron devra répondre. Le pape sera, en effet, en visite à Marseille pour, au contraire, sensibiliser l’opinion publique au drame que subissent les milliers de réfugiés qui tentent chaque semaine la traversée de la Méditerranée. Ça n’est « pas un défi facile », a estimé le pape dimanche après la prière de l’Angélus au Vatican. « Il doit être affronté ensemble, car il est crucial pour notre avenir à tous, qui ne sera bénéfique que s’il est construit sur la fraternité, en mettant au premier plan la dignité humaine et les personnes, surtout celles qui sont le plus dans le besoin ». La tentation serait donc grande, pour le chef de l’État, de faire du ‘en même temps’.
Les Français « veulent en découdre »
Lors d’un déplacement ce week-end en Côte d’Or il a d’ailleurs mis en avant l’aspect humanitaire du problème : « La responsabilité » des Européens est aussi « de prendre soin » de ces migrants, a-t-il rappelé défendant l’idée d’ »une approche humanitaire ». Dans la foulée, la préfecture des Alpes-Maritimes annonçait l’ouverture à Menton d’un centre d’accueil avec des mots soigneusement choisis : il s’agit d’une solution « transitoire », sans « tentes » ni « hôtels », insiste-t-on ajoutant : la zone sera « encadrée par une compagnie de CRS, sans possibilité d’aller et venir sur notre territoire ».
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Car face aux images de Lampedusa, c’est plutôt un discours de fermeté qui prévalait hier au sein de la majorité : « Les Français veulent en découdre. Lampedusa ça ne rend pas les gens plus de gauche, loin de là, même si au fond, ça démontre surtout l’échec des gouvernements néofascistes et d’extrême droite. Mais ça, c’est impossible à expliquer au grand public », nous confiait, hier, l’un des poids lourds du groupe Renaissance à l’Assemblée.
« Il va vite décaisser sur l’immigration »
Pour le moment, sur les boucles macronistes qui diffusent les éléments de langage à destination des députés invités des plateaux télé, il est surtout conseillé d’évoquer la nécessaire solidarité européenne. Mais, à en croire ce député proche de l’Élysée, le locataire du palais présidentiel va s’emparer rapidement et personnellement de la question : « Le Président va monter au créneau car l’épisode sur les retraites, ça l’a bien calmé sur l’idée de rester en retrait. Il va vite décaisser sur l’immigration », nous assure cet élu francilien qui ajoute : « Il s’est rendu compte que seule sa parole portait et percolait, il va donc beaucoup s’investir », d’autant que les élections européennes approchent et que le Rassemblement National est donné en tête dans les sondages.
Dans un entretien au Point, cet été, Emmanuel Macron a déjà posé quelques jalons souhaitant « réduire significativement l’immigration, à commencer par l’immigration illégale ». Récemment il a même fait mine de vouloir accéder à la demande les LR qui réclament un référendum sur l’immigration. Le Président aura, en tout cas, de beaux sujets de discussion à aborder avec le Pape ce week-end à Marseille.
2. ARTICLE
Confusion à propos de l’accueil en France de migrants arrivés ces derniers jours à Lampedusa
Des informations contradictoires circulaient ce lundi 18 septembre quant à l’accueil, en France, d’une petite partie des plus de 10 000 personnes arrivées sur la petite île italienne.
par Emma Donada LIBÉRATION publié le 18 septembre 2023
La France va-t-elle accueillir une partie des milliers de migrants arrivés en Italie ? Ce lundi 18 septembre matin sur CNews et Europe 1, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, semble avoir choisi la deuxième option. «La France ne s’apprête pas» à accueillir les migrants de Lampedusa, a-t-il déclaré tout en ajoutant que le pays aiderait «l’Italie à tenir sa frontière pour empêcher les gens d’arriver». Mais en même temps… le ministre de l’intérieur n’a pas écarté toute possibilité d’accueil. «S’il y a des demandeurs d’asile, qui sont éligibles à l’asile, persécutés pour des raisons politiques – ce sont des réfugiés – dans ce cas-là, la France, comme elle l’a toujours fait, peut accueillir des personnes», a-t-il expliqué avant de préciser qu’il s’agirait sûrement d’«une minorité». «Nous avons toujours […] pris une partie du fardeau des Italiens et des Grecs», s’est vanté le ministre.
La France pourrait donc recevoir non pas des «réfugiés», comme le dit le ministre, mais des demandeurs d’asile, c’est-à-dire des personnes qui ont passé, en Italie, la première étape du dépôt de la demande. Gérald Darmanin semble ici demeurer ouvert, au moins sur le principe, à l’appel lancé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dimanche. Elle avait «exhort[é] les autres Etats membres à utiliser le mécanisme de solidarité volontaire», pour soulager l’Italie.
Ce dispositif adopté en 2022 par treize Etats de l’UE (dont la France et l’Allemagne) est une énième tentative d’organiser et encourager la solidarité européenne vis-à-vis de l’accueil des réfugiés. Depuis 2015, l’Union européenne tente, sans grand succès pour l’instant, de mieux répartir l’accueil des demandeurs d’asile entre les Etats membres.
Contradiction apparente
Pour rappel, selon le règlement de Dublin III, la demande d’asile doit être instruite dans le premier pays où la personne est arrivée au sein de l’Union européenne (à l’exception du Danemark), de la Suisse, de la Norvège, de l’Islande et du Liechtenstein. Ce système a pour effet de faire peser une grande partie de la gestion des demandes des personnes qui viennent en Europe sur les premiers pays d’arrivée (la Grèce et l’Italie). Certaines demandes peuvent être transférées à d’autres pays mais sous certaines conditions, comme la résidence d’un membre de la famille dans un autre pays de Dublin.
Le dispositif de relocalisation adopté en juin 2022 et évoqué par Ursula von der Leyen fonctionne, de son côté, sur le principe du volontariat. Un Etat s’engage à prendre en charge une partie des demandeurs d’asile entrés en Europe par l’Italie ou la Grèce. Mais pour l’instant, le «mécanisme de solidarité» ne semble pas vraiment avoir fonctionné à plein. D’après les données fournies par l’Agence européenne pour l’asile à CheckNews, seulement 1 160 demandeurs d’asiles arrivés en Italie ont été ainsi été relocalisés vers d’autres pays d’Europe depuis 2022. Sur ce total, l’Allemagne en a accueilli 1 043 et la France seulement 52.
Interrogé sur le volume de demandeurs que la France pourrait accueillir, le ministère de l’Intérieur a renvoyé à la déclaration de Gérald Darmanin sur Europe 1.
Dans la journée, l’annonce par BFMTV de l’ouverture d’un centre d’accueil de migrant à Menton, sur réquisition de la préfecture a semé la confusion et provoqué l’ire à droite et à l’extrême droite. Plusieurs responsables politiques ont ironisé sur l’apparente contradiction entre cette annonce et la fermeté affichée le matin par Darmanin au micro d’Europe 1.
L’information a rapidement été démentie par la préfecture des Alpes-Maritimes. «La [préfecture] dément catégoriquement tout projet de création d’un camp de migrants à Menton. Il est prévu d’augmenter temporairement les capacités du local de police pour les étrangers en situation irrégulière interpellés, avant leur remise aux autorités italiennes», a-t-elle ainsi indiqué sur Twitter.
Interrogé par le Parisien, la mairie de Menton a donné une version légèrement divergente, évoquant « des discussions en cours entre la préfecture et la mairie », et précisant : « il n’y aura pas l’installation d’un campement avec des tentes, comme ce qu’on a pu voir à Calais, il en est hors de question. Il n’y aura pas non plus de réquisition d’hôtel ou d’équipement public, tel qu’un gymnase. Nous discutons d’une alternative à proximité de la frontière. » Selon la même source, il serait question d’une « parcelle municipale, située à côté du poste frontière et des services de la police aux frontières » permettant de « gérer administrativement une centaine de clandestins adultes qui cherchent à venir en France sans titre de séjour, de façon à ce que leur demande soit étudiée ». La mairie ajoutant, toujours selon le Parisien, que les migrants seraient « encadrés par une compagnie de CRS, sans possibilité d’aller et venir sur notre territoire. Si leur demande n’est pas valide, ils seront raccompagnés par les autorités à la frontière italienne ».
A noter qu’une autre réquisition, cette fois celle de l’hôtel Ibis Budget de Menton a également alimenté le débat. D’après l’arrêté préfectoral repéré par le conseiller municipal Reconquête Philippe Scemama, cette mesure doit permettre l’ouverture de 50 places pour l’accueil de mineurs étrangers non accompagnés.
Si plusieurs commentateurs ont là encore établi un lien entre l’arrêté et la situation observée ces derniers jours à Lampedusa, rien ne permet pour autant d’être affirmatif sur ce point. En effet, l’arrêté justifie la mesure en mentionnant l’afflux de mineurs depuis le début de l’année, et cite notamment l’arrivée de 248 mineurs «du 8 au 14 septembre 2023», soit avant le pic d’arrivées à Lampedusa.
La situation concernant les mineurs étrangers non accompagnés est particulièrement tendue dans le département depuis le début de l’année, comme le relève la préfecture elle-même dans l’arrêté. Pour faire face aux arrivées plus nombreuses, la préfecture avait ainsi ordonné en février la réquisition d’un appart hôtel à Antibes dans le même but. Au mois d’avril, une cinquantaine de mineurs non accompagnés avaient été accueillis dans un gymnase à Menton.
Interrogée sur l’éventuel lien entre la réquisition de l’Ibis Budget et la situation à Lampedusa, la préfecture des Alpes-Maritimes n’a pas encore répondu.