

SIX POSTURES ET TROIS EN MÊME TEMPS QUI S’ENTRECHOQUENT ET NE TROUVENT PAS D’ÉCHO
LE PRÉSIDENT A RÉCLAMÉ UNE TRÊVE IMMÉDIATE ET INDIQUÉ – EN MÊME TEMPS – QUE LA GUERRE VA DURER
IL RÉCLAME PAR AILLEURS – ET EN MÊME TEMPS – DEUX COALITIONS INTERNATIONALES : UNE MILITAIRE CONTRE LE HAMAS, UNE HUMANITAIRE EN FAVEUR DES POPULATIONS DE GAZA
… ET – NOUVELLE VARIATION DU EN MÊME TEMPS : TRÊVE HUMANITAIRE ( NON PLUS MILITAIRE ) POUR – EN MÊME TEMPS – MIEUX CIBLER LES TERRORISTES ET PROTÉGER LES CIVILS
Emmanuel Macron a surpris – c’était certainement l’objectif recherché – en proposant de mobiliser la coalition internationale contre l’EI pour « lutter contre le Hamas ». Surpris mais pas séduit !
La suggestion du président français lors de sa visite en Israël est en même temps inaudible en Palestine et hautement inflammable dans le monde arabe.
Récemment le président – cherchant vraisemblablement une position à la fois originale et audible – a appellé à une « trêve humanitaire » entre Israël et le Hamas pour protéger les civils à Gaza, estimant que la riposte israélienne doit « mieux cibler » les « terroristes ». Avec cette demande, le président français va au-delà de la position exprimée, lors de sa tournée, puisqu’il s’était contenté d’évoquer une « protection » des civils.
Jouant l’équivoque, il ne précise pas si cette trêve correspond à un cessez le feu. Chacun entendra ce qui lui convient. C’est le but.
SEPTIÈME POSTURE :
Par ailleurs la proposition du président d’une « coalition » internationale anti-Hamas a été reformulée en « initiative de paix et de sécurité pour tous » …
HUITIÈME POSTURE ET QUATRIÈME EN MÊME TEMPS :
La France s’est ralliée à la position de l’Union Européenne : des ‘pauses humanitaires’, dont le caractère répétitif laisse entrevoir la poursuite de l’action militaire d’Israël contre le groupe reconnu terroriste par l’UE.
Ce qui n’a pas empêché le président français – n’hésitant pas à pratiquer le double langage – a affirmé vendredi depuis le Conseil européen à Bruxelles qu’une « trêve humanitaire est aujourd’hui utile pour pouvoir protéger les populations sur le terrain ». La France espère par ailleurs « évacuer dans les meilleurs délais » ses ressortissants présents dans la bande de Gaza.
9ème POSTURE ET CINQUIÈME EN MÊME TEMPS – ET « DÉTESTATION DU DÉBAT » …
« Macron s’élève contre « le débat » sur la valeur des « vies juives » et « palestiniennes »
TITRE LE HUFFPOST LE 1 Novembre qui écrit :
Le 1er novembre, Emmanuel Macron a expliqué « détester le débat »distinguant la valeur des « vies juives »et des « vies palestiniennes », et a appelé à « protéger d’abord les civils à Gaza », lors d’une rencontre avec des étudiants à Astana.
« Je déteste ce débat qui divise les gens et où l’on dit : ’pour moi les vies juives sont plus importantes’ ou ’pour moi les vies palestiniennes sont plus importantes.’ C’est dingue », a ainsi déclaré le chef de l’État.
Revenant sur les bombardements de l’armée israélienne sur la bande de Gaza, le président de la République a également de nouveau appelé à « protéger d’abord les civils » car « ils n’ont rien à voir avec les attaques terroristes » du Hamas contre Israël du 7 octobre. « Il faut cibler et punir les groupes terroristes. Mais les civils ne sont pas ceux qu’il faut viser », a poursuivi le chef de l’État, appelant à « les protéger pour se concentrer sur les terroristes ».
En France, le « débat » évoqué par Emmanuel Macron
a notamment été avivé par l’essayiste Caroline Fourest, qui avait expliqué lundi sur BFMTV qu’« on ne peut pas », selon elle, « comparer le fait d’avoir tué des enfants délibérément en attaquant comme l’a fait le Hamas, et le fait de tuer des enfants involontairement comme le fait Israël ». Ces propos « hiérarchisant les morts civils palestiniens et israéliens sont choquants, dangereux, racistes », avait notamment condamné sur X la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot
Des positions contradictoires et changeantes qui ont fait perdre à la France toute possibilité de médiation
Tardant à prendre des positions claires, le président s’est rendu sur place tardivement et forcé est de constater que la confusion qui caractérise ses positions contradictoires et changeantes qui ont perdre à la France toute possibilité de médiation.
À ce jour : L’armée israélienne, qui avait annoncé que ses forces terrestres allaient « étendre » leurs opérations, dit avoir « frappé 150 cibles souterraines » dans le nord de l’enclave palestinienne. Le Hamas a fait état de « violents combats » au sol avec l’armée israélienne. Plusieurs ONG disent avoir perdu tout contact avec la bande de Gaza.
DESORDRE AU SEIN DE LA « MAJORITÉ « SUR LA POSITION RELATIVE AUX DEUX ÉTATS
La majorité s’émancipe / lit on dans L’Opinion – de la position du Quai d’Orsay. Le soutien sans condition à Israël d’une partie des députés Renaissance crispe le reste du groupe et remet en cause la ligne défendue par la France
Imagine-t-on un député de la majorité contester publiquement une position diplomatique arrêtée par la ministre des Affaires étrangères ? Interrogé par France Inter ce lundi, le député Renaissance, François Cormier-Bouligeon a franchi cette ligne. « Catherine Colonna dit ce qu’elle veut. Moi, je suis député et libre de ma parole. Israël a le droit de prendre les dispositions nécessaires pour neutraliser le Hamas. » Cette sortie inhabituelle témoigne de la confusion qui règne dans la majorité depuis les meurtres de masse commis par le mouvement aux commandes dans la bande de Gaza. Les députés macronistes les plus audibles ne se sentent pas liés par la ligne officiellement arrêtée par le Quai d’Orsay. Ainsi, le président du groupe Renaissance, Sylvain Maillard juge que la solution à deux États appartient à une autre époque.
Ces prises de position pro-Israël crispent d’autant plus une partie des macronistes qu’elles s’ajoutent aux propos controversés de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance). Le 10 octobre, en préambule d’une minute de silence en mémoire des victimes des attaques du Hamas, la titulaire du perchoir avait affirmé un «soutien inconditionnel » à l’Etat hébreu. Une formule qu’elle est la seule à avoir employé à ce niveau de l’Etat et jugée mal calibrée au sein de ses propres troupes. Mme Braun-Pivet a dû se corriger plus tard, affirmant que ce « soutien inconditionnel » s’appliquait à « l’existence d’Israël », et non au « gouvernement d’Israël », dirigé par une coalition d’extrême droite partisane de la colonisation en Cisjordanie. En déplacement à Tel-Aviv, le 22 octobre, deux jours avant que le chef de l’Etat ne s’y rende lui-même, Yaël Braun-Pivet déclarera que « rien ne doit empêcher Israël de se défendre ».
MISE À JOUR – Quand l’Elysée doit expliquer à des préfets la position de la France …
Titre L’Opinion qui poursuit :
L’initiative est inédite, à l’image de la situation. Le 29 octobre, l’Elysée adresse un mail à plusieurs préfets intitulé : « Position de la France suite à l’attaque contre Israël. » En quelques mots, Frédéric Rose, conseiller sécurité du Président et auteur du texte, explique la démarche aux destinataires : « Dans le contexte des manifestations qui touchent plus particulièrement vos villes, il nous a semblé intéressant de vous transmettre des éléments de langage préparés par nos amis diplos [il s’agit de la cellule diplomatique de l’Elysée] et rappelant la position de la France ainsi que les actions engagées depuis l’attaque du Hamas. » Le conseiller précise que « ces éléments peuvent également être utiles à vos PEDEC (préfets à l’égalité des chances), sous-préfets ville et délégués du préfet qui, sur le terrain, sont souvent interrogés ou confrontés à des incompréhensions ».
ARTICLE
«Étrange », «Déraisonnable»: la presse française critique la proposition surprise d’Emmanuel Macron contre le Hamas
Le président français veut une coalition militaire internationale contre le Hamas. Cette idée surprend les médias et éclipse les appels du président français à reprendre le processus politique pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hamas
Céline Zünd LE TEMPS Publié le 25 octobre 2023
Les médias français se montrent dubitatifs au lendemain de la visite d’Emmanuel Macron en Israël. La presse retient surtout une idée du président français, qualifiée de «surprenante», d’«étrange», quand ce n’est pas de «déraisonnable», proposition qui a semble-t-il pris tout le monde de court: former une coalition internationale contre le Hamas, dans la même veine que celle mise en place en Irak et en Syrie contre l’Etat islamique. La «coalition internationale anti-Daech», lancée par Washington en 2014 dans la foulée des premiers bombardements américains en Irak par une vingtaine d’Etats à l’origine, compte aujourd’hui 86 pays, dont trois ont déployé des forces sur le terrain: les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France.