
La santé mentale des enfants, méconnue de l’opinion et véritable angle mort des politiques publiques
« Quelque 42 000 enfants en hébergement d’urgence en France, abri de fortune ou dans la rue. Ce chiffre choc sonne comme un cri d’alarme en cette journée mondiale de la santé mentale. Lit on dans l’article proposé ci contre .
« Dans un rapport l’Unicef France et le Samu social de Paris alertent sur les conséquences de l’absence de domicile fixe sur la santé mentale des enfants, situation à la fois «méconnue de l’opinion» mais aussi«véritable angle mort des politiques publiques», selon Adeline Hazan, présidente d’Unicef France, qui juge la situation «inadmissible dans un pays développé comme la France».
COMMENT NOTRE PAYS PEUT-IL ACCEPTER L’AMPLEUR ET LA GRAVITÉ D’UNE TELLE SITUATION ?
« Le logement est un «déterminant majeur de la santé, reconnu comme tel par l’Organisation mondiale de la santé», pointe le rapport. L’accès et le maintien d’un logement de qualité apparaissent comme des conditions essentielles au développement sain de l’individu, et, de surcroît, de l’enfant. »
Un rapport conjoint de l’Unicef et du Samu social
appelle à une réelle prise en compte de la santé mentale des enfants sans domicile, «angle mort» des politiques publiques. Voir l’article ci contre.
MISE À JOUR
La précarité touche aussi les enfants, les chiffres des mineurs sans-abri explosent
TITRE LE POINT DU 2 11 23 – Maeliss Innocenti – et poursuit :
« Alors que le nombre de familles contraintes de passer la nuit dans la rue augmente, les associations prônent une nouvelle politique d’hébergement d’urgence.
Début octobre, près de 3 000 enfants – un quart ayant 3 ans ou moins – ont dormi dans la rue selon le baromètre « enfants à la rue » de l’Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), relayé par Le Parisien ce jeudi 2 novembre. Ils étaient en effet 2 822 mineurs sans-abri sans solution d’hébergement en date du 2 octobre. Cela représente une hausse de 42 % en un mois. Des chiffres colossaux qui inquiètent le Samu social, qui, chaque nuit, se voit dans l’incapacité de trouver un toit à ces jeunes et à leurs familles.
« Chaque jour, depuis début septembre, nous avons environ 1 000 personnes à qui nous ne pouvons pas apporter de solution, dont environ 750 familles », témoigne Vanessa Benoit, directrice générale du Samu social de Paris, auprès du Parisien.
203 000 places d’hébergement d’urgence, ça ne suffit pas
Emmanuel Macron avait pourtant pris l’engagement, il y a un an, que plus aucun enfant ne dormirait dans la rue. L’exécutif a fait des efforts en permettant de maintenir un quota de 203 000 places d’hébergement d’urgence, mais cela ne suffit visiblement pas.
À LIRE AUSSILogement : près de 2 000 enfants dorment dans la rue, une augmentation de 20 %« Il faut plus de places d’hébergement d’urgence et d’accueil dans les hôtels sociaux, mais surtout permettre aux gens de sortir de l’hébergement pour aller durablement vers le logement, notamment social », explique Christophe Robert, directeur général de la Fondation Abbé-Pierre. Il faudrait au moins 10 000 places d’hébergement d’urgence, estiment les associations, pour mettre à l’abri ces personnes. Et urgence est le terme : l’hiver approche et les demandes d’hébergement risquent d’augmenter encore plus.
Pour Nathalie Latour, directrice générale de la FAS, il faut aborder ces problématiques autrement : pallier l’urgence, mais toute l’année, et pas uniquement quand il fait trop froid pour dormir dehors. « Il faut s’engager dans une politique pluriannuelle de la rue au logement et arrêter cette logique court-termiste du stop-and-go, car répondre à l’urgence à la dernière minute coûte beaucoup plus cher. »
VOIR NOS RÉCENTES PUBLICATIONS :
LE SORT DES 330 000 PERSONNES SANS DOMICILE – Précarité – Mortalité – Promesse (48) du ZÉRO SDF https://metahodos.fr/2023/10/29/precarite/
MAJ 22 OCTOBRE – 2 823 ENFANTS SANS ABRI : LA PROMESSE (46) PRÉSIDENTIELLE DU ZÉRO ENFANTS À LA RUEhttps://metahodos.fr/2023/10/27/maj-22-octobre-2-823-enfants-sans-abri-la-promesse-46-presidentielle-du-zero-enfants-a-la-rue/
MAJ 4/09 – PROMESSE (28) : « PLUS AUCUN ENFANT À LA RUE » – RÉALITÉ : PLUS DE 2000 ENFANTS DORMENT À MÊME LA RUE – 40 000 EN HÉBERGEMENT D’URGENCE ET ABRIS DE FORTUNE https://metahodos.fr/2023/09/05/maj-4-09-promesse-28-plus-aucun-enfant-a-la-rue-realite-plus-de-2000-enfants-dorment-a-meme-la-rue-40-000-en-hebergement-durgence-et-abris-de-fortune/
MAJ 15 09 23 – LA RUE ET LE « MAL LOGEMENT » : LA FRANCE SE DISTINGUE EN EUROPE POUR LA GRAVITÉ DE LA SITUATION – DOSSIER « ZÉRO SDF » https://metahodos.fr/2023/09/15/mal-logement-les-resultats-insuffisants-de-la-france-face-a-ses-voisins-europeens/
DÉPLACEMENT AUTORITAIRE DE 1 700 PERSONNES D’ÎLE DE FRANCE VERS DES SAS EN RÉGIONS https://metahodos.fr/2023/09/26/hebergement-durgence-plus-de-1-700-personnes-dirigees-depuis-lile-de-france-vers-dix-sas-regionaux/
L’INSEE REFUSANT DE COMPTER LES PERSONNES SANS ABRIS, LES MAIRES DEVRONT-ILS LE FAIRE ? – LA PROMESSE (20) DU « ZÉRO SDF » https://metahodos.fr/2023/07/31/linsee-refusant-de-compter-les-personnes-sans-abris-les-maires-devront-le-faire/
ARTICLE
Pour les enfants sans abri, une santé mentale très dégradée
par Marine Bourrier. LIBÉRATION
Quelque 42 000 enfants en hébergement d’urgence en France, abri de fortune ou dans la rue. Ce chiffre choc sonne comme un cri d’alarme en cette journée mondiale de la santé mentale. Dans un rapport publié ce lundi, l’Unicef France et le Samu social de Paris alertent sur les conséquences de l’absence de domicile fixe sur la santé mentale des enfants, situation à la fois «méconnue de l’opinion» mais aussi«véritable angle mort des politiques publiques», selon Adeline Hazan, présidente d’Unicef France, qui juge la situation «inadmissible dans un pays développé comme la France».
Le logement est un «déterminant majeur de la santé, reconnu comme tel par l’Organisation mondiale de la santé», pointe le rapport. L’accès et le maintien d’un logement de qualité apparaissent comme des conditions essentielles au développement sain de l’individu, et, de surcroît, de l’enfant. Roura, 14 ans, témoigne dans le rapport en évoquant un logement insalubre qu’elle a occupé : «C’était pas bien, c’était sale, je voulais pleurer en arrivant.»
«Bombes à retardement»
La scolarité des enfants pâtit également de ces situations d’extrême précarité.«Certaines mairies n’acceptent pas de scolariser des enfants qui n’ont pas d’adresse fixe, ce qui les exclut de l’école», souligne avec dépit Adeline Hazan.L’éducation est pourtant un droit reconnu par la convention internationale des droits de l’enfant depuis 1989.
Face à cette précarité multifacette, «les conséquences sur la santé mentale sont immédiates et graves», prévient Adeline Hazan. Anxiété, troubles du comportement, troubles alimentaires, troubles du sommeil, dépression… la liste de ces effets – largement accentués par la crise sanitaire – semble sans fin. Le rapport note que «les troubles suspectés de la santé mentale globale sont plus fréquents chez les enfants sans domicile (19,2 %) qu’en population générale (8 %) sur la même période», soit 2012-2013, faute d’études plus récentes.
Et ils sont d’autant plus graves que «le cerveau de l’enfant est encore en construction», souligne la présidente d’Unicef France. En effet, «les troubles qui se développent au moment de l’enfance sont des bombes à retardement», poursuit-elle. La disponibilité et l’accès à une offre de soins en santé mentale précoce et adaptée restent essentiels. Le risque de les voir dégénérer en troubles psychologiques ou psychiatriques plus sévères en grandissant est élevé.
«Pas le problème à bras-le-corps»
Le rapport insiste également sur un autre facteur aggravant : la crise de la pédopsychiatrie. «L’ordre national des médecins rapporte une diminution d’un tiers des effectifs […] entre 2010 et 2022», peut-on lire dans le rapport. Face à une pénurie généralisée de pédopsychiatres, le parcours de soins se transforme en chemin de croix nécessitant «entre six mois et deux ans pour bénéficier d’une consultation en centre médico-psychologique» et se révélant «encore plus difficile pour les enfants sans abri», précise Adeline Hazan.
La présidente d’Unicef France regrette également l’absence de statistiques officielles sur les enfants sans abri. «La dernière enquête Insee sur les personnes sans domicile remonte à 2012. Et il n’y a rien sur les enfants. Cela montre que les décideurs ne demandent pas aux instances officielles de faire des enquêtes et ne prennent pas le problème à bras-le-corps», déplore-t-elle.
Le vaste chantier de la santé mentale des enfants sans domicile repose donc d’abord sur sa prise en compte par les pouvoirs publics. Puis sur une action à différents niveaux : la santé publique, l’accès au logement ou encore l’attractivité de la profession de pédopsychiatre. Pour l’heure, alors que l’Unicef et le Samu social tirent la sonnette d’alarme, 14 000 places d’hébergement d’urgence s’apprêtent à être supprimées par le projet de loi de finance pour 2023.