
ÉMISSION
4 mois après, comment lire les révoltes de l’été ?
Lundi 30 octobre 2023 RADIO FRANCE
Elisabeth Borne a présenté les réponses du gouvernement à la suite des révoltes urbaines déclenchées cet été après le décès du jeune Nahel à Nanterre. L’État, les élus locaux, les chercheurs, la population… ont-ils compris ce qui s’est passé ? Comment éviter que de tels évènements se reproduisent ?
Avec
- Ali Rabeh Maire de Trappes
- Renaud Epstein Professeur de sociologie à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye
- Mohamed Mechmache Président du Collectif ACLeFeu
- Benoît Digeon Maire de Montargis
Jeudi et vendredi, la première ministre Elisabeth Borne a dévoilé les réponses du gouvernement suite aux événements qui ont touché de nombreuses de villes au début de l’été. Dans un premier temps, à La Sorbonne, avec les solutions les plus fermes et sécuritaires, puis le lendemain, à Chanteloup-Les-vignes en banlieue parisienne en présentant des mesures plus sociales en s’adressant aux quartiers les plus défavorisés.
L’ensemble de ce plan semble cependant manquer de précision et devra être amendé dans les semaines et mois à venir. Quatre mois se sont écoulés depuis le début de l’été, ils n’ont pas permis d’éclairer complètement les raisons de la colère qui s’est déclenché alors dans de nombreuses villes de France.
« Parce qu’il n’y a pas de volonté politique au niveau de l’État, même de conscience de la réalité des problèmes, et de volonté politique pour les traiter, nous nous sommes habitués à ces épisodes de révoltes, et ça ne pose pas de problème à grand monde » dénonce Ali Rabeh. « Nous savons que de nouvelles révoltes auront lieu dans quelques années, nous allons oublier. Nous en parlons là, quelques mois après ces émeutes d’été, mais globalement, dans le débat public, le sujet va s’estomper. Dans la parole politique, et dans les travaux, notamment du gouvernement, cela va s’étioler. Nous ne traverserons pas sérieusement l’analyse des causes, et évidemment, l’identification des solutions pour éviter que cela se reproduise.«
Renaud Epstein défend « qu’il y a 40 ans de politique de la ville, mais nous avons l’impression qu’il y a au sommet de l’État, un choix qui est un choix de l’ignorance, un choix de ne pas s’appuyer sur des savoirs. (…) Il n’y a pas de milliards pour les banlieues, ou plutôt, il y en a, mais il y a des milliards pour tous les territoires de France, les territoires ruraux, les petites villes, les grandes villes, et dans l’ensemble, nous mettons moins de moyens pour les quartiers populaires que pour d’autres territoires. Si nous regardons la question des effets de l’évaluation des programmes qui sont conduits dans le cadre de la politique de la ville, il y a des évaluations, mais elles ne sont pas prises en compte.«
« Pendant les révoltes en 2005, ce que demandait cette jeunesse était simplement une considération en droit commun, chose qui n’est malheureusement plus le cas et qui n’est pas le cas dans certains quartiers, et c’est ce que demandent les habitants » explique Mohamed Mechmache. « Cela fait 40 ans que les habitants sont traités comme une exception. À chaque fois, nous arrivons avec des dispositifs, en injectant de l’argent et ainsi de suite. Les annonces qui ont eu lieu vendredi précisent que de l’argent va être remis sur la table, mais la vraie question est : quelle méthode va être utilisée, comment et avec qui, de quelle manière va être réfléchi cet argent ?«
Pour Benoît Digeon, « une fois passé le problème de la police, il faut augmenter, mais pas bouger tout dispositif qui est en cours des QPV (Quartiers prioritaires de la politique de la ville) c’est-à-dire le réseau d’éducation prioritaire, les programmes de réussite éducative, les cités éducatives, tout ce qui est sport et civisme doit effectivement être amplifié. Nous avons mis toutes les écoles primaires en périscolaire cette année à Montargis, ce qui représente 500 000 euros de plus pris sur notre budget, mais ceci marche, il évite que des enfants soient livrés à eux-mêmes le soir. Les CAF vont nous aider, mais il faut amplifier le budget.«
LIEN VERS L’ÉMISSION
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