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AIDES PUBLIQUES À LA PRESSE : LE POUVOIR ET LES MILLIARDAIRES

LA RÉALITÉ DES CHIFFRES

Le ministère de la Culture donne les chiffres précis des aides,

Le groupe LVMH de Bernard Arnault : 16 millions d’euros d’aides reçues.

Pourtant, les titres qu’il possède ne brillent pas particulièrement : 

  • Les Échos ne vendent plus que 5 310 exemplaires au numéro
  • Le Parisien-Aujourd’hui en France 90 720 exemplaires.

Le total des aides publiques à la presse s’élève à 367 millions d’euros en 2021

SOURCE PUBLIC SÉNAT

En comptant les aides directes et les aides indirectes, comme les mesures fiscales, le total des aides publiques à la presse s’élève à 367 millions d’euros en 2021. Si Aujourd’hui en France/Le Parisien est le titre le plus aidé, avec 13,5 millions d’euros, c’est L’Humanité que l’Etat aide le plus, proportionnellement à sa diffusion. Avec 1,9 million d’euros, le JDD, racheté par Vincent Bolloré, est le 8e titre le plus aidé en fonction de sa diffusion, en 2021.

Grève du JDD suite à l’arrivée prochaine à la tête de sa rédaction de Geoffroy Lejeune, venu de Valeurs actuelles, grève aux Echos pour défendre l’indépendance de la rédaction… L’actualité récente des médias rappelle combien le secteur, déjà fragilisé économiquement depuis des années, traverse régulièrement des zones de turbulence et des tensions. Un secteur qui bénéficie depuis des années des aides de l’Etat. On fait le point sur ces différentes aides, et qui touche quoi.

367 millions d’euros d’aides directes et indirectes à la presse en 2021…

Ces aides sont diverses, pour ne pas dire disparates. Certaines sont directes, d’autres indirects. Dans les aides directes, il en existe plusieurs types, qu’on peut diviser en trois : les aides à la diffusion, les aides au pluralisme et les aides à la modernisation. Au total, l’ensemble des ces aides représentait 118,1 millions d’euros, dans le projet de loi finances 2021, comme le relève un rapport d’information de juin 2021 du sénateur LR Roger Karoutchi.

Dans le détail, les aides à la diffusion s’élevaient à 39,4 millions d’euros en 2021. Il s’agit aux deux tiers d’une aide au portage. Les aides au pluralisme totalisent 23,2 millions d’euros (aide aux quotidiens nationaux et régionaux à faibles ressources publicitaires, aide au pluralisme de la presse périodique régionale et locale, aide pour les titres ultramarins, aide aux services de presse en ligne).

A noter qu’il faut avoir le titre de presse d’information politique et générale pour toucher des aides. La presse magazine musicale par exemple, dont certains titres sont en difficulté, n’est pas aidée, alors que le magazine Trax, titre historique pour la couverture des musiques électroniques, vient d’annoncer mettre la clef sous la porte.

Quant aux aides à la modernisation, à hauteur de 55,5 millions d’euros selon le rapport de la commission des finances du Sénat, elles couvrent aussi bien l’aide à la modernisation sociale, que l’aide à la modernisation de la distribution (27,8 millions d’euros fléchés vers France Messagerie, qui a succédé à Presstalis, après sa liquidation judiciaire en 2020), des diffuseurs, ou le fonds stratégique pour le développement de la presse et celui pour le soutien à l’émergence et à l’innovation dans la presse.

… dont 161 millions d’euros de dépenses fiscales

A ces 118,1 millions d’euros d’aides directes, il faut y ajouter les aides à la distribution, qui se traduit par une compensation versée à La Poste pour sa mission de distribution de presse, soit 87,8 millions d’euros en 2021. Il s’agit ici d’une aide indirecte.

Autre aide indirecte : les dépenses fiscales. En 2021, elles sont de l’ordre de 161 millions d’euros, toujours selon le rapport de Roger Karoutchi. On y trouve aussi bien le taux de TVA « super réduit » de 2,1 %, que les abattements pour les journalistes et les colporteurs, des crédits d’impôt pour les particuliers (pour un premier abonnement par exemple) et les entreprises.

Au total, l’ensemble des aides à la presse, directes et indirectes, représentent donc 366,9 millions d’euros en 2021. A noter que suite à la crise sanitaire, qui est venue compliquer encore davantage la situation, le secteur a bénéficié d’aides conjoncturelles à l’occasion du plan de relance (à hauteur de 140 millions d’euros en autorisation d’engagement et 70 millions d’euros en crédits de paiement).

Comme le relève le rapport, l’argent public prend une place de plus en plus grandissante dans l’économie du secteur. « Hors dépenses fiscales, les aides à la presse représentaient, avant la mise en place de nouveaux dispositifs dans le cadre du plan de relance, 21,4 % du chiffre d’affaires du secteur, soit une progression de 6 points sur les dix dernières années », note le rapport.

Aujourd’hui en France/Le Parisien, Le Figaro, Libération et Le Monde, les titres les plus aidés…

Depuis quelques années, le ministère de la Culture donne les chiffres précis des aides, selon les titres. On connaît par encore les chiffres 2022, qui seront communiqués d’ici quelques semaines. Concernant l’année 2021, 431 titres ont bénéficié d’aides de l’Etat.

Toutes aides confondues, le titre de presse qui a touché le plus d’argent public est Aujourd’hui en France, avec 11.897.000 euros (+ 1.623.000 euros pour Le Parisien/leparisien.fr), soit environ 13,5 millions d’euros. Viennent ensuite Le Figaro, avec 7,7 millions d’euros d’aides, Libération (6,7 millions), Le Monde (5,9 millions), L’Humanité (5,1 millions), La Croix (4,9 millions), Ouest-France (2,3 millions), Les Echos (2,2 millions), L’Opinion (2,1 millions), Sud-Ouest (2,1 millions), Le Journal du Dimanche (1,9 million), Le Dauphiné Libéré (1,4 million).

Le Point reçoit 1,1 million, Marianne 996.000 euros, L’Equipe 980.000, L’Express 811.000, 20 Minutes 577.000, Charlie Hebdo 304.000, Paris Match 287.000, Alternatives Economiques 250.000 euros et L’Obs 183.000 euros. A noter qu’à l’antépénultième place, Alternative Libertaire perçoit de l’Etat 1.898 euros. En dernière position, c’est L’Eco de l’Ain qui reçoit le moins de subsides publics, avec 1.162 euros en 2021.

… mais ramené à la diffusion, c’est L’Humanité qui est le mieux loti

Si on ramène le niveau des aides en fonction de la diffusion annuelle, le titre le plus aidé est un quotidien : c’est L’Humanité, suivi d’Aujourd’hui En France, La Renaissance (hebdomadaire de Saône-et-Loire), de Sciences Humaines, d’Alternatives Economiques, de Stratégie, de la Tribune de Lyon. A noter que le Journal du Dimanche (JDD) arrive à la 8e place des titres les plus aidés en fonction de leur diffusion, suivi de Libération.

Toujours ramené à la diffusion, La Croix est à la 15e place, Marianne à la 20e, Le Point à la 32e, Le Figaro à la 33e place, L’Express à la 35e place, Les Echos sont 36e du classement. Sud-Ouest n’est qu’à la 99e place, L’Obs à la 147e.

Les titres détenus par Bernard Arnault, première fortune mondiale, ont reçu 15,7 millions d’euros en 2021

Si l’on compte par propriétaire, pour ne pas dire par milliardaire, ce sont les titres détenus par le PDG de LVMH, Bernard Arnault (Le Parisien, Les Echos), qui sont le mieux lotis, avec un total de 15,7 millions d’euros.

Le groupe Le Monde, détenu par Xavier Niel et en partie par Daniel Kretinsky, totalise avec ses titres (Le Monde, Télérama, Courrier International, La Vie, Le Monde Diplomatique) 7.767.000 euros d’aides, auxquels s’ajoutent les aides à L’Obs (détenu par les mêmes actionnaires sans faire partie du groupe), avec 183.000 euros. Quant au Figaro, détenu par la famille Dassault, il a reçu 7.724.000 euros. Le JDD, sur lequel Vincent Bolloré a mis la main, avait touché 1,9 million en 2021.

1. ARTICLE

Les grandes fortunes de France accaparent les aides à la presse

Par Emmanuel Schwartzenberg. Marianne Publié le 07/09/2022

Les milliardaires propriétaires de groupes de média continuent de s’accaparer la majeure partie des aides publiques à la presse, lesquelles ne reflètent pas le montant des ventes réalisées.

Déficitaire par nature, la presse quotidienne nationale a été progressivement rachetée par les plus grandes fortunes de France. Rien d’étonnant à ce que ce soit elles qui s’accaparent la majeure partie des aides consacrées à la presse. Aucun parti de gouvernement n’a émis le souhait de les réserver à la presse indépendante. D’après La Lettre A, qui a compilé les données de 2021 mises en ligne par le ministère de la Culture, le groupe LVMH de Bernard Arnault (12 milliards d’euros de résultat net) décroche la timbale avec 16 millions d’euros d’aides reçues. Pourtant, si l’on s’en tient aux derniers chiffres publiés en juin dernier, les titres qu’il possède ne brillent pas particulièrement : Les Échos ne vendent plus que 5 310 exemplaires au numéro et Le Parisien-Aujourd’hui en France 90 720 exemplaires.

2. ARTICLE

Arnault, Niel et Dassault accaparent les aides à la presse… et c’est le gouvernement qui le montre

Par Emmanuel Schwartzenberg MARIANNE  13/09/2023 à 16:17

Le ministère de la Culture prend le risque de déstabiliser les États généraux de l’information en publiant une partie des sommes reçues par la presse, titre par titre. Selon ces chiffres, les plus riches sont les mieux dotés, qu’il s’agisse de Bernard Arnault, Xavier Niel ou de la famille Dassault. La publication du gouvernement révèle aussi un système d’attribution particulièrement opaque.

Le ministère de la Culture aurait voulu perturber les États généraux de l’information décidés par Emmanuel Macron qu’il ne s’y serait pas pris autrement. La ministre Rima Abdul-Malak a décidé de publier le montant des aides à la presse attribuées en 2022. Le résultat va faire jaser : les groupes de presse détenus par des milliardaires comme Bernard Arnault, Xavier Niel et la famille Dassault s’en approprient la plus grande part. Loin d’ouvrir le marché à de nouveaux entrants ou de permettre à de jeunes éditeurs indépendants de s’implanter, les aides d’État consacrent donc la suprématie de ceux qui contrôlent déjà le marché de l’information dans la presse. De là à penser que cette publication va permettre d’ouvrir un débat des États généraux sur le mode d’attribution des aides, il n’y a qu’un pas que certains éditeurs franchissent déjà.

3. ARTICLE

Christophe Deloire: « Il ne faut pas que les aides publiques à la presse donnent un jour un levier au politique »

Propos recueillis par Emmanuel Schwartzenberg 30/10/2023 MARIANNE

Les États généraux de l’information voulus par le président Emmanuel Macron ont commencé leurs travaux. Christophe Deloire, le délégué général, par ailleurs directeur général de Reporters sans frontières (RSF), répond aux interrogations qui se posent au vu de la composition et du rôle assigné aux différents groupes de travail.

La faible représentation des patrons de presse, l’absence d’une table ronde sur le financement des médias – crucial quand l’on sait que la presse quotidienne française est exclusivement détenue par des milliardaires – sont au cœur des questions suscitées par les États généraux de l’information, qui ont démarré leurs travaux le 3 octobre. Comme le sont la puissance des plates-formes numériques ou la menace de la mise sous tutelle de la presse lors de nouvelles élections. Christophe Deloire, délégué général des États généraux de l’information et par ailleurs directeur général de Reporters sans frontières (RSF) s’explique aussi sur l’absence de représentants de sites indépendants comme Mediapart comme sur le fait qu’il n’y ait pas de table ronde sur l’édition, contributeur pourtant essentiel à l’information.

Marianne : En 2008, quand Nicolas Sarkozy avait lancé les États généraux de la presse, il s’était principalement appuyé sur les groupes de presse français, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui quand on voit la composition des groupes des États généraux de l’information [dans lesquels on retrouve, entre autres, l’ex-présidente de la CNIL, une politologue, une professeure de droit public, …]. Comment l’expliquez-vous ?

Christophe Deloire : Le champ de réflexion n’est pas le même que celui des États généraux de la presse écrite à l’époque de Nicolas Sarkozy. À ce moment-là, je dirigeais une école de journalisme [le Centre de formation des journalistes, CFJ] et j’avais remarqué que les patrons de presse étaient prédominants. Ces États généraux avaient entraîné la création du statut d’éditeur de presse en ligne mais les résultats étaient trop minces. La responsabilité des États généraux de l’information de 2023-2024 incombe à un comité de pilotage composé de cinq personnes aux profils très diversifiés : un ancien vice-président du Conseil d’État, une spécialiste de l’intelligence artificielle, une ancienne directrice de journaux, une économiste des médias et moi-même.

Le périmètre est très large, du financement du journalisme et du statut des journalistes jusqu’aux réseaux sociaux et à l’intelligence artificielle (IA), en passant par l’éducation à l’information et aux médias. Aux bouleversements technologiques majeurs, nous devons répondre de manière systémique, holistique, transversale. Nous avons posé dès le début le principe qu’il fallait articuler principes démocratiques comme le pluralisme et l’indépendance de l’information d’une part, et les réalités économiques d’autre part.

Pourquoi n’y a-t-il pas de table ronde sur le financement économique des médias alors qu’on assiste à une appropriation des médias par des milliardaires, favorisée par des aides d’État que le ministère de la Culture a rendu publiques ?

Il y a quelques années, Reporters sans frontières (RSF) a publié une enquête internationale intitulée « Médias : les oligarques font leur shopping ». C’est un phénomène mondial. Parmi d’autres, la République tchèque, la Hongrie, l’Inde et le Brésil sont dans ce même cas. La France n’est pas un pays de grande concentration horizontale des médias comme les Pays-Bas, la Norvège ou l’Allemagne. Nous n’avons pas de gigantesques groupes nationaux, en comparaison de nos voisins.

Mais la France est un pays de concentrations verticales, où les médias appartiennent souvent à des groupes qui ont des intérêts économiques dans d’autres secteurs. Des gens puissants à qui la détention d’un média confère une puissance supplémentaire. Cela ne fait pas des journalistes de simples petits soldats à la solde des propriétaires, mais qui pourrait dire que cette structure capitalistique est sans influence sur les lignes éditoriales et, à la fin, sur le contenu ? Les Français ne s’y trompent pas : à chaque fois qu’on leur pose la question de la confiance envers les journalistes, ils répondent que ces derniers ne sont pas indépendants de l’argent et, subsidiairement, du politique. La question de l’argent vient en premier.

Tout découle du financement des médias.

La faiblesse économique des médias découle de raisons historiques pour certaines liées à la distribution de la presse. Nombre de médias ont du mal à boucler les fins de mois et à investir. La reprise par un milliardaire ou un groupe industriel s’est souvent révélée la condition de la survie. À cette situation s’ajoute aujourd’hui le pouvoir faramineux des plateformes numériques qui soutiennent les médias comme la corde le pendu.

Le sort des médias est entre les mains de sociétés étrangères hyperpuissantes qui, d’un changement d’algorithme, peuvent tuer les médias et qui, en attendant de le faire, les assèchent par la captation de la publicité. Sauf qu’un média disposant comme Le Monde de 400 000 abonnés internet, ou Mediapart avec ses 200 000 abonnés, est préservé d’un tel accaparement, le lectorat assurant sa survie…

Il ne faut pas juger de la qualité d’un système à ses exceptions positives. Le journalisme ne sera pas sauvé parce que les plus forts auront survécu.

Si le groupe Le Monde n’avait pas reçu les aides directes et les aides à la distribution, il aurait perdu, en 2022, près de 15 millions d’euros au lieu d’en gagner 3 millions. Ses concurrents sont dans la même situation. Demain, le pouvoir politique peut changer radicalement. Dès lors, ne craignez-vous pas que les médias puissent être mis sous tutelle ? Allez-vous vous pencher sur un mode de financement des médias qui leur garantisse l’indépendance par rapport au politique ?

La question du modèle économique des médias et de leur capacité de développement est au cœur des États généraux. Comment des investissements sont possibles sans qu’il soit porté atteinte à l’indépendance du journalisme et à la liberté éditoriale ? Nous n’allons pas effacer d’un coup de pinceau la situation actuelle. Tout ne serait pas réglé parce qu’on interdirait aux milliardaires de posséder des médias dès demain matin. Deux orientations sont cumulables : favoriser des modèles de développement sans concentration verticale, et, en cas de concentration verticale, trouver les moyens d’empêcher que les médias soient transformés en danseuses. Bref, prohiber les conflits d’intérêts. S’agissant de l’allocation des fonds publics, elle ne doit évidemment pas être discrétionnaire ni donner un levier au politique. Des aides à la presse comme celles relatives à la modernisation ne sont pas contestées.

Les aides à la diffusion profitent uniquement aux quotidiens… Pourquoi ne pas ouvrir une réflexion sur ces aides et pourquoi avoir donné une présidence de groupe à Sébastien Soriano, qui avait pris parti pour les quotidiens et contre les magazines quand il était président de l’Arcep(Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) ?

Sébastien Soriano a dirigé l’Arcep et il a le profil pour diriger le groupe sur les plateformes numériques. La question des aides à la presse sera traitée par le groupe sur l’avenir des producteurs d’information, présidé par Christopher Baldelli. Des propositions pour l’indépendance éditoriale pouvant être reliées aux aides à la presse sont sur la table. Il y a le droit d’agrément de l’actionnaire, le droit de veto sur le directeur de la rédaction, mais aussi le renforcement de la loi Bloche, qui fait l’objet d’une mission d’évaluation à l’Assemblée nationale. Sans parler de la proposition de créer un délit de trafic d’influence dans le champ de l’information ou les propositions de la commission d’enquête sénatoriale sur les concentrations, dont David Assouline était le rapporteur et Laurent Lafon, le président. L’enjeu des États généraux de l’information, c’est de remettre la devise de la République, « liberté, égalité, fraternité » dans l’espace informationnel.

Les groupes de travail des États généraux de l’information fonctionnent sur un principe simple. Ils reçoivent des contributions mais ne sollicitent personne. N’avez-vous pas l’impression que cela ressemble au centralisme démocratique de naguère où les contributions des militants ou des citoyens n’étaient acceptées que si elles convenaient à la direction qui les réceptionnaient. Ne craignez-vous pas que cela fausse les résultats ?

Comme l’a dit le président des États généraux, Bruno Lasserre, nous n’avons pas vocation à nous substituer au Parlement et au gouvernement. Nous serons utiles si nous savons rester à notre place, tout en étant animés par le sens de l’intérêt général. La commission sur la concentration des médias du Sénat avait convoqué les grands patrons mais aussi les représentants de Mediapart ou du site spécialisé Les Jours. Notre comité de pilotage et les groupes de travail n’ont pas les pouvoirs d’une commission d’enquête parlementaire. Nous n’allons pas envoyer la maréchaussée si tel ou tel ne veut pas être auditionné. Dans le secteur du journalisme, nous recevons des sollicitations de toutes parts, d’organisations ou de personnes souhaitant être entendues, ou partager une contribution. Même de la part de ceux qui affichent leur scepticisme, j’observe des demandes très fortes sur de multiples sujets.

Pourquoi ces journalistes-là ne font pas partie des États généraux quand on s’aperçoit que vous accueillez des figures de la presse venant du Républicain lorrain du Monde ou de Ouest-France ?

Nous avons mis en place un système de candidatures pour les membres des groupes de travail, ce qui est signe d’ouverture. Si on regarde tous ceux qui ne font pas partie des groupes de travail et qui méritaient d’y être, nous trouverons en effet beaucoup de monde. Est-ce que la composition des groupes est pertinente ? À cette question cruciale, la réponse est oui. Nous avons cherché à constituer des groupes équilibrés de dix personnes qui ne viennent pas pousser leurs revendications. Par ailleurs, la participation sera totalement ouverte. Toutes les propositions seront reçues.

Le monde de l’édition ne comprend pas pourquoi il ne bénéficie pas d’un groupe de travail alors qu’il est, lui aussi, victime, du processus de concentration verticale et que les maisons d’édition jouent un rôle essentiel dans la production d’information à travers les documents et les essais. 

Je suis bien placé comme auteur et ancien éditeur de livres pour reconnaître cette légitimité. C’est vrai, l’édition subit le même phénomène de concentration que celui de la presse mais nous n’allions pas traiter de l’ensemble du secteur de l’édition comme de celui du cinéma, même s’il y a des livres ou des documentaires liés à l’information. Nous regarderons attentivement toutes les propositions formulées sur les sujets relatifs à l’édition en lien avec l’information.

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