ÉMISSION
« Diane et Actéon » du Cavalier d’Arpin : le scandale du tableau qui fait scandale
Mardi 12 décembre 2023 FRANCE CULTURE
Un tableau classique du 17ᵉ siècle montré à des élèves de 6ᵉ a créé une controverse. L’enseignante est accusée de racisme, car elle aurait cherché à choquer les élèves musulmans en montrant de la nudité. C’est oublier que la culture peut parfois déranger pour mieux éduquer.
J’aimerais bien vous montrer ce tableau mais hélas, la radio ne nous le permet pas. Ce tableau est intitulé Diane et Actéon et fait partie de ces mille représentations baroques de scènes issues de la mythologie. En l’occurrence, ce qui compte, c’est plutôt que Diane est nue et elle est entourée de femmes nues.
Or, comme le raconte Le Parisien, ce tableau a été montré par une professeure de français dans une classe de sixième, durant un cours consacré à l’art. Et là, c’est le drame. Ces scènes de nus ont, je cite Le Parisien, « gênés certains élèves qui ont détourné le regard », une rumeur s’est propagée selon laquelle la professeure aurait, je cite Le Parisien, “cherché à choquer les élèves, en particulier les musulmans, parce qu’elle serait raciste.”
En somme, vous l’avez compris, c’est le spectre de Samuel Paty qui resurgit. Les professeurs de ce collège des Yvelines ont décidé de cesser le travail pour protéger leur collègue diffamée, et si je vous en parle, c’est parce que nous tous qui sommes attachés à l’école, mais aussi à une certaine forme de culture et à sa transmission, nous ne pouvons pas nous habituer à ce genre d’incidents, dont certains sont devenus des drames.
Un tableau infiniment plus chaste que les publicités
Il y a la logique nouvelle des microagressions, assez risible, dans le cas présent, puisque Diane et Actéonest un tableau représentant des nus, infiniment plus chaste, comme vous pouvez l’imaginer, que la moindre des publicités que l’on peut croiser sur les murs des villes. Je ne parle pas de ce que l’on peut trouver sur le web. Il faut dire que la période que nous vivons permet de contester le travail des enseignants, activité aussi vieille que le métier d’élève, en invoquant le fait d’être choqué, cela pourrait être drôle, si cela ne débouchait pas parfois sur des drames.
Le pire dans cette histoire, c’est l’idée selon laquelle la culture pourrait être un savoir confortable, qui nous encourage dans nos certitudes, qui jamais ne nous dérange et ne nous choque. La culture, cela sert à ça aussi, nous déranger, nous déstabiliser, nous amener à penser et à voir des choses que par soi-même nous n’aurions pas forcément vu ou apprécié. C’est pour cela qu’il faut soutenir cette enseignante et ce tableau : pour que la dénonciation de microagressions ne donne plus jamais lieu à une maxi agression.
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