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GLAÇANT : C’EST BIEN LA POLICE FRANÇAISE QUI A RECUEILLI LES AVEUX DE MISSAK MANOUCHIAN (1) – AVALANCHES DE CÉRÉMONIES ? (2)

IL EST ARRÊTÉ ET INTERROGÉ PAR LA POLICE FRANÇAISE QUI A RETRANSCRIT SES DÉCLARATIONS CIRCONSTANCIÉES

Arrêté par la police française il est « conduit à la préfecture de police de Paris, Missak Manouchian passe rapidement aux aveux, comme Joseph Davidovitch (ou Dawidowicz) avant lui, comme son chef Joseph Epstein (dit colonel Gilles) et comme l’immense majorité des résistants arrêtés. Les documents trouvés sur lui et chez Mélinée Manouchian sont d’autant plus confondants qu’ils sont complétés par les aveux de Joseph Davidovitch et par les filatures. Plusieurs policiers l’interrogent, prennent des notes et retranscrivent les propos de Missak Manouchian. » EXTRAIT ARTICLE 1

AVALANCHE PRÉSIDENTIELLE DE CÉRÉMONIES

« Depuis cette annonce, les célébrations, publications et événements divers se sont multipliés avec une intensité rare: a minima quatre expositions, cinq documentaires, douze livres, trois bandes dessinées, deux suppléments de journaux, de nombreux articles de presse et des célébrations locales. « EXTRAIT ARTICLE 2

LE PREMIER PRÉSIDENT À ACCORDER UNE INTERVIEW À L’HUMANITÉ – CE N’EST PAS PAR HASARD

« La «disruptivité présidentielle» amène le président de la République Emmanuel Macron à faire ce qu’aucun locataire de l’Élysée n’avait fait jusqu’alors, à savoir accorder une interview au journal communiste L’Humanité, publiée ce lundi 19 février. » ID

On a d’ailleurs pu observer que les responsables communistes étaient en bonne place durant la cérémonie – entorse au protocole républicain.

DES SYMBOLES BRANDIS FORT OPPORTUNÉMENT CONTRE LE RN – ET RÉTRÉCISSEMENT – SI PEU RÉPUBLICAIN – DE L’ARC RÉPUBLICAIN

Le chef de l’Etat a semblé vouloir – également – faire de cette cérémonie une action anti Rassemblement National avec les thèmes de l’internalisation et des étrangers… allant jusqu’à provoquer ses responsables – invités certes officiellement – en les invitant à être absents.

« Emmanuel Macron, le RN et l’arc républicain : une stratégie d’exclusion inopérante »

TITRE LE JDD QUI A RECUEILLI LE POINT DE VUE DE L’historien Jean Garrigues

L’historien critique l’utilisation de ce concept qu’il juge inadéquate de la part du président de la République.

Jean Garrigues : «  Dans cet entretien, le chef de l’État recommande à Marine Le Pen et à Jordan Bardella de ne pas assister à la cérémonie d’entrée au Panthéon Missak Manouchian : « Les forces d’extrême droite seraient inspirées de ne pas être présentes, compte tenu de la nature du combat de Manouchian. » Mais dans le même temps, l’Élysée les a invités en tant qu’élus de la nation.

« Il y a donc une forte contradiction entre cette condamnation morale qui s’inscrit plutôt dans un débat sur la légitimité républicaine d’un parti qui vient de l’extrême droite et cette invitation à assister à l’hommage rendu à ce résistant étranger mort pour la France, qui est de facto la reconnaissance d’une appartenance du Rassemblement national à ce qu’on appelle « l’arc républicain ».

…/…

CERTAINS DE NOS LECTEURS NOUS PROPOSENT DE DONNER À LIRE DEUX ARTICLES DE SLATE

1. ARTICLE : L’interrogatoire de Missak Manouchian par la police française en 1943

2. ARTICLE : Entrée des Manouchian au Panthéon: une «Missak mania» pas entièrement unanime

1. ARTICLE : L’interrogatoire de Missak Manouchian par la police française en 1943

Sylvain Boulouque — Édité par Émile Vaizand – 20 février 2024 SLATE

Tout juste arrêté, le résistant arménien est entendu à la préfecture de police de Paris, le 16 novembre 1943. À l’occasion de l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian et de sa femme Mélinée, ce mercredi 21 février, nous publions l’intégralité du procès-verbal de cet interrogatoire.

Missak Manouchian, filé depuis plusieurs semaines, est arrêté avec Joseph Epstein le 16 novembre 1943 à 10h du matin, à quelques centaines de mètres de la gare d’Évry-Petit Bourg (Essonne), après avoir tenté de fuir et de tirer sur les policiers. Il est conduit à son domicile officiel, situé au 11 rue de Plaisance dans le XIVearrondissement de Paris.

Les policiers découvrent aussi la clé du logement de Mélinée Manouchian, sa femme, où ils mettent la main sur de nombreux documents. Missak Manouchianexplique la signification des papiers qu’il a sur lui, comme on peut le lire dans l’interrogatoire à retrouver ci-dessous. Dans la journée du 16 novembre 1943, Olga Bancic, Marcel Rajman et Josef Svec, eux aussi membres des Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigré (FTP-MOI), sont arrêtés.

Conduit à la préfecture de police de Paris, Missak Manouchian passe rapidement aux aveux, comme Joseph Davidovitch (ou Dawidowicz) avant lui, comme son chef Joseph Epstein (dit colonel Gilles) et comme l’immense majorité des résistants arrêtés. Les documents trouvés sur lui et chez Mélinée Manouchian sont d’autant plus confondants qu’ils sont complétés par les aveux de Joseph Davidovitch et par les filatures. Plusieurs policiers l’interrogent, prennent des notes et retranscrivent les propos de Missak Manouchian.

Le lendemain, les brigades spéciales de la préfecture de police décident d’arrêter l’ensemble des militants et combattants filés depuis plusieurs semaines, saisissant armeset documents compromettants. Plusieurs d’entre eux arrivent à prendre la fuite. Au total, il y a eu soixante-huit arrestations: vingt-et-une condamnations à mort avec exécution par les nazis au Mont-Valérien (Suresnes, Hauts-de-Seine), seize déportations à Auschwitz-Birkenau (actuelle Pologne) et trente-et-une autres dans les camps de concentration. Seuls quelques-uns survivront.

La retranscription de l’interrogatoire de Missak Manouchian présentée ici est conservée aux archives de la préfecture de police de Paris. Il en existe plusieurs copies, mais la version originale est dans le dossier Medzadourian [cote GB 138]. Elle est montrée sans commentaire ni explication dans l’exposition «Des étrangers dans la résistance en France», visible au Mémorial de la Shoah (IVe arrondissement de Paris) jusqu’au 20 octobre 2024.

Les mentions «S.I.» et «S.N.I.» correspondent à de nouvelles auditions au fur et à mesure de l’interrogatoire. Des précisions et commentaires ont été ajoutés par nos soins [entre crochets, en italique] pour assurer la compréhension du propos si nécessaire.

La retranscription complète de l’interrogatoire de Missak Manouchian, le 16 novembre 1943 à la préfecture de police de Paris, est également à écouter ici en version audio.

[Retranscription de l’interrogatoire]

«L’an Mil neuf cent quarante-trois, le seize novembre.

Interrogatoire du nommé Missak Manouchian.

Faisons comparaître le nommé MANOUCHIAN Missak qui, interpellé, décline son état civil et répond comme suit à nos questions:

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Je me nomme MANOUCHIAN Missak, né le 1er septembre 1906 à Adıyaman (Turquie), de Kevork et Kassian VARTOUHIE, décédés. Célibataire sans enfant.

Je suis de nationalité arménienne, de race aryenne.

Je suis titulaire de la carte d’identité d’étranger CC 991.071, délivrée par la préfecture de police et valable jusqu’au 19 août 1944.

Je suis tourneur de profession. Je suis sans travail depuis juillet 1943.

Je suis domicilié au 11 rue de Plaisance à Paris (XIVe).

Je sais lire et écrire le français couramment.

Jamais condamné.»

Le peuple arménien et Missak Manouchian: face aux nazis, la fureur de survivre

SOCIÉTÉLe peuple arménien et Missak Manouchian: face aux nazis, la fureur de survivre

Sur les faits:

«Je suis arrivé en France en septembre 1924, venant de Beyrouth. Je me suis rendu à La Seyne [sur-Mer, dans le Var, ndlr], où j’ai travaillé au chantier naval pendant un an environ. Par la suite, je suis venu habiter Paris, 11 rue Fizeau (XVe). Jusqu’en 1929, j’ai travaillé dans différentes usines de la région parisienne.

Considéré comme omis, j’étais porteur d’un fascicule de mobilisation au dépôt de Guingamp (Côtes-du-Nord). Lors de la mobilisation, j’ai rejoint mon corps. J’ai été affecté au 48e régiment d’infanterie à Guingamp. Cinq mois après, j’ai été placé en affectation spéciale au titre des usines Gnome et Rhône, où j’ai travaillé jusqu’à l’exode.

Revenu d’exode, j’ai travaillé soit en usine, soit pour mon compte personnel, jusqu’en juillet 1943.

Je dois dire qu’avant les hostilités, j’étais secrétaire du Comité de secours pour l’Arménie, comité présidé par le Dr Kaldjian. J’ai occupé ce poste cinq à six mois, de août 1937 à début 1938.

Néanmoins, je suis resté membre de cette organisation jusqu’en 1939, date à laquelle sa dissolution a été prononcée.

Je n’ai jamais été membre du Parti communiste ni d’aucune organisation de cette obédience. Toutefois, mes sympathies étaient acquises à ma patrie, la République soviétique d’Arménie.

Au début de juillet 1943, j’ai reçu une lettre me fixant rendez-vous avec un individu nommé «JEAN» [non identifié]. Le signalement de cet individu était décrit dans la lettre; il devait tenir à la main le Pariser Zeitung [quotidien allemand publié en France sous l’occupation]; pour me faire reconnaître de lui, je devais l’aborder en lui demandant l’heure. Cet individu avait pour consigne de répondre en me donnant une heure de plus qu’il était en réalité.

Je connaissais l’expéditeur de la lettre qui avait signé son nom, mais j’ignorais totalement à ce moment-là pourquoi un tel rendez-vous m’était fixé. Néanmoins, je m’y suis rendu et effectivement, j’ai retrouvé le correspondant annoncé. Celui-ci m’a expliqué que, vu la situation actuelle, il existait une armée secrète placée sous les ordres d’un comité national, lequel recevait ses directives des dissidents. Il fallait, pour créer l’embiance [sic] dans le peuple et pour tendre à la libération de la France, aider cette armée secrète. Il m’a demandé d’en faire partie. Je lui ai répondu que je ne me sentais pas capable de commettre des actes de francs-tireurs. «JEAN» [certainement Arnold Leider, arrêté avec sa compagne Guta Rosenstein, le 16 dans la soirée] m’a alors dit que mon rôle consisterait dans une petite responsabilité qui ne m’obligerait pas à commettre de telles actions. J’ai demandé à réfléchir.

J’ai revu «JEAN» deux ou trois fois et j’ai finalement donné mon adhésion.

Il m’a alors mis en rapport avec une femme dont je n’ai jamais connu le pseudonyme, laquelle m’a présenté à «MICHEL» [Mihaly Grünsperger, en fuite, qui réussit à échapper à la police] en me disant qu’il était responsable militaire d’un détachement. Le rôle de responsable politique de ce détachement m’a été confié. Il s’agit du 1er détachement.

La Résistance à l'échelle locale, des histoires d'hommes et de militants

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Au-dessus de moi, j’étais en liaison avec le responsable politique de secteur que je connais sous le pseudonyme de «ALBERT» [Joseph Davidovitch, déjà arrêté]. Ce dernier me remettait l’argent nécessaire pour payer les membres du détachement. Je recevais également de lui de la littérature et des communiqués. En principe, je remettais l’argent de [sic] je recevais d’«ALBERT» [Joseph Davidovitch] à «MICHEL» [Mihaly Grünsperger]. Il m’est arrivé quelquefois de payer personnellement des membres du détachement. C’est ainsi que j’ai connu quelques camarades répondant aux pseudonymes de «JEAN» [sans doute Arnold Leider], «ALBERT» [Joseph Clisci, mort le 2 juillet 1943 pendant une action], «ERNEST», et «FRANÇOIS» [pseudonymes non identifiés]. Je suis resté responsable politique de ce détachement jusqu’au mois d’août [le premier détachement des FTP-MOI, qui faisait des attentats à la grenade].

À cette époque, je suis passé responsable militaire à la direction.

J’avais comme liaison à l’échelon supérieur, «GIL» [Joseph Epstein, arrêté avec lui], responsable militaire interrégional des F.T.P français et, à mon échelon, le responsable politique et trésorier, «ALBERT», qui n’est autre que l’individu dont vous me représentez la photographie et que vous me dites s’appeler DAVIDOWITZ [sic].

D’autre part, j’étais en liaison avec les chefs de détachements: 1er détachement, «MICHEL» [Marcel Rajman, arrêté lui aussi le 16 novembre 1943]; 3e détachement, «SECUNDO» [Alfredo Terragni, qui réussit à ne pas être arrêté, il meurt au combat l’année suivante]; 4e détachement, «PIERRE» [Joseph Boczor, arrêté le lendemain, alors que les policiers le filaient depuis le mois de septembre].

J’avais également la liaison avec la responsable du service de renseignements que je connais sous le pseudonyme de «Monique» [Cristina Boïco, qui réussit à échapper à la police].

Je voyais plus rarement le responsable technique central qui répond au pseudonyme de «MICHEL» [Mihaly Grünsperger], ainsi que la femme de liaison d’«ALBERT», prénommée «LUCIENNE» [Anka Richtiger, en fuite, tuée dans un bombardement par la suite en 1944].

Je sais qu’il existe un service sanitaire. Je ne suis pas en liaison avec cet organisme qui était contrôlé par «ALBERT».

La femme qui était chargée de mes liaisons, répond au prénom de «MARIE» [certainement Ida Kiro, compagne de Joseph Boczor, arrêtée le lendemain alors qu’elle se rendait chez ce dernier et qui refuse de parler].

Je n’ai aucune autre liaison.

2. ARTICLE : Entrée des Manouchian au Panthéon: une «Missak mania» pas entièrement unanime

Sylvain Boulouque — Édité par Émile Vaizand – 19 février 2024 SLATE

La panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian, ce mercredi 21 février, engendre de nombreux hommages à travers tout le pays. Même si quelques notes discordantes se font aussi entendre.

Rarement les panthéonisations ont donné lieu à autant de cérémonies, publications et opérations de communication. Si elles ont souvent été des temps forts marquant parfois l’unanimisme républicain, notamment lors du transfert de la dépouille de Victor Hugo, elles ont parfois pu tourner à l’affrontement politique, par exemple, entre dreyfusards et antidreyfusards lors du transfert des cendres d’Émile Zola, le 4 juin 1908.Elles ont également pu aboutir à des démonstrations de force de formations politiques. Notamment lorsque le Parti communiste français (PCF) a fortement perturbé la panthéonisation de Jean Jaurès, le 23 novembre 1924; les militants communistes défilant hors du cortège officiel dans un ordre quasi militaire en rang par six aux cris de «Vive les soviets»«À bas les sociaux-traîtres» et aux chants de «La Jeune Garde». L’Humanité avait titré pour l’événement: «Jaurès sous le drapeau rouge de la révolution prolétarienne».

Avec la prochaine panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian, une passion commémorative s’est emparée du pays. Les causes en sont multiples.

Pour les comprendre, il faut revenir sur l’origine de la création du comité pour la panthéonisation de Missak Manouchian, née de la conjonction de trois groupes d’influence en 2021. Soutenue par la Ville de Valence(Drôme) et la communauté arménienne qui y vit, l’initiative est d’abord lancée par l’association Unité laïque et le Comité Laïcité République, proches du Printemps républicainet des milieux maçonniques. Ancien militant communiste passé par le Parti socialiste puis par En marche, coauteur avec Stéphane Courtois et Adam Rayski du livre Le Sang de l’étranger (publié en 1994), l’historien Denis Peschanski en apporte la caution historique.

Enfin, en amont, les communistes avaient pris plusieurs initiatives pour tenter de faire entrer au Panthéon des militants puis résistants communistes (Martha Desrumauxou Ambroise Croizat, responsables dans le Komintern). C’est le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, petit-fils d’Albert (résistant communiste travaillant pour le Komintern), qui porte le projet.

Ces différents réseaux finissent par obtenir gain de cause. Le 18 juin 2023, la présidence de la République fait savoir que le couple Missak et Mélinée Manouchian entrera au Panthéon le 21 février 2024, jour anniversaire de l’exécution en 1944 de Missak Manouchian et des vingt-deux autres membres des Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigré (FTP-MOI).

Combattre ou attendre: le dilemme stratégique qui a déchiré la Résistance

SOCIÉTÉCombattre ou attendre: le dilemme stratégique qui a déchiré la Résistance

Avalanche de cérémonies en tous genres

Depuis cette annonce, les célébrations, publications et événements divers se sont multipliés avec une intensité rare: a minima quatre expositions, cinq documentaires, douze livres, trois bandes dessinées, deux suppléments de journaux, de nombreux articles de presse et des célébrations locales. La «disruptivité présidentielle» amène le président de la République Emmanuel Macron à faire ce qu’aucun locataire de l’Élysée n’avait fait jusqu’alors, à savoir accorder une interview au journal communiste L’Humanité, publiée ce lundi 19 février.

Comme on peut s’en douter, cette «Missak mania» s’appuie sur un nombre de relais politiques et médiatiques. Les trois groupes à l’initiative de la panthéonisation de Missak Manouchian et les organismes publics s’en font les relais actifs.

Les administrations se mobilisent particulièrement pour accompagner les initiatives institutionnelles: c’est le cas pour l’Éducation nationale au niveau national comme dans chaque académie, pour le ministère des Armées par ses fonctions mémorielles et pour le ministère de la Culture, pour des raisons institutionnelles liées au Panthéon qui en dépend. La Poste, organisme semi-public, soutenue par l’ambassade d’Arménie en France, édite des timbres à l’effigie de Missak Manouchian(sans Mélinée).

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Dans le sillage institutionnel, plusieurs municipalités envisagent de rebaptiser des rues du nom du résistant ou réalisent des cérémonies d’hommage comme à Paris, Gentilly (Val-de-Marne), Morlaix (Finistère), Belfort (Territoire de Belfort). Les régions font de même, comme en Occitanie.

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Viennent ensuite les initiatives des Arméniens de France, qui commémorent à la fois le survivant du génocide et la mort du combattant comme à Dijon (Côte-d’Or), Marseille (Bouches-du-Rhône) et bien sûr à Valence (Drôme). Les initiateurs du projet multiplient les interventions publiques par voie de presse, expositions ou débats, rendant compte sur leur espace de communication de chacune d’entre elles.

Enfin, les communistes célèbrent l’entrée d’un des leurs au Panthéon. Localement, le PCF organise un nombre impressionnant de cérémonies d’hommage traduisant la force du tissu communiste, que ce soit par exemple dans le Gard ou en Indre-et-Loire. Et même en chanson par Pierre Dharéville, député (PCF) des Bouches-du-Rhône, qui a repris le poème Strophes pour se souvenir de Louis Aragon.

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Au niveau national, L’Humanité a publié plusieurs articles, dossiers et hors-série sur le groupe dit «de l’Affiche rouge». Le 5 février 2024, une cérémonie d’hommage du PCF a eu lieu sur la place du Colonel-Fabien à Paris (XIXe arrondissement), suivie d’une deuxième au Sénat le 9 février. Enfin, le mercredi 21 février, pour accompagner l’entrée des Manouchian au Panthéon, le PCF, rejoint par la CGT, le Secours populaire et d’autres organisations proches de la mouvance communiste, organise un rassemblement au 11 rue de Plaisance (XIVe arrondissement), là où étaient planqués Missak et Mélinée Manouchian entre 1941 et novembre 1943, puis une marche pour finir au Panthéon (Vearrondissement).

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Tous honorent la mémoire du résistanttombé. La «Missak mania» est en marche. L’apothéose étant l’organisation d’une veillée solennelle d’hommage au Mont-Valérien à Suresnes (Hauts-de-Seine), avant la cérémonie officielle de panthéonisation. Un caractère quasi sacré est ainsi donné à l’événement.

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Quelques bémols, malgré tout

Si l’enthousiasme semble être unanime, il y a cependant quelques notes discordantes dans ce concert idyllique rassemblant la nation. La première est venue d’une partie de la gauche à propos du décalage entre la loi immigration et la panthéonisation d’un étranger, le «en même temps» présidentiel n’étant pas accepté.

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La deuxième est liée à des groupes minoritaires issus des mouvances d’extrême gauche. Selon eux, Missak Manouchian et les autres combattants étaient avant tout des militants révolutionnaires. À ce titre, leur cohabitation dans le Panthéon avec des généraux d’Empire ne coïnciderait pas avec leur engagement.

La troisième est issue d’un collectif d’intellectuels qui s’est indigné de la seule présence de Missak Manouchian au Panthéon, alors que les combattants de la FTP-MOI formaient un groupe. Dans une tribune publiée dans Le Monde le 23 novembre 2023, ils demandaient de ce fait que les vingt-trois entrent tous ensemble au Panthéon.

La quatrième est pour partie liée à la concurrence des mémoires. Les FTP-MOI sont en grande majorité composés de juifs et c’est un Arménien qui est célébré. Sur les quelque 130 membres des FTP-MOI, plus de 60% étaient juifs, tandis qu’un dixième d’entre eux étaient espagnols, un autre dixième italiens, 20% français et 6% étaient arméniens.

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Cette commémoration appelle donc plusieurs remarques. D’abord, sur la surexploitation de la mémoire de la résistance communiste par rapport aux autres courants de la Résistance et même sur la survalorisation des FTP-MOI dans la résistance communiste armée, comme l’a montré l’historien Franck Liaigre dans sa thèse sur les Francs-tireurs et partisans (FTP).

Ensuite, sur le rôle de Missak Manouchian en tant que combattant héroïque. Ce dernier a réalisé un seul attentat, le 17 mars 1943 dont le bilan est un soldat allemand tué, deux soldats allemands grièvement blessés, une passante tuée et une autre grièvement blessée. Il convient aussi de s’interroger sur son rapport à la clandestinité, la direction militaire des FTP ne voulant plus avoir de contact avec lui, compte tenu de ses imprudences répétées.

Enfin, et c’est cela qui est central, le traitement de l’événement pose la question du travail historique. Les interrogatoires de police, pourtant publiés, n’ont pas été exploités. Ils montrent pourtant que Missak Manouchian et son supérieur Joseph Epstein, dit colonel Gilles, ont livré un nombre considérable d’informations à la police facilitant les arrestations en chaîne chez les FTP-MOI et les FTP.

Comme si la mémoire et la propagandeavaient une tendance à déformer et à instrumentaliser l’histoire, pour des raisons évidentes puisqu’elles en sont l’exact contraire…

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