Aller au contenu principal

ÉLECTIONS EUROPÉENNES : « ENTRE LES FRANÇAIS ET L’UE, C’EST COMPLIQUÉ « 

“Elections européennes : le jeu est ouvert” ?

La nouvelle étude du think tank Destin Commun, “Elections européennes : le jeu est ouvert”, réalisée avec Verian (ex Kantar Public) auprès d’un échantillon de 2000 personnes représentatif de la population française, et dans trois autres pays européens (Allemagne, Pologne, Espagne), décrypte l’opinion des Français alors que s’ouvre la campagne pour les élections européennes.

Davantage en France que chez nos voisins européens, l’Union européenne souffre d’un déficit d’image, doublé d’une large méconnaissance de son fonctionnement et de ses politiques. Mais un consensus se dessine autour de la vision d’une Europe puissante, souveraine et pionnière en matière écologique.

Si le soutien à l’Ukraine s’est affaibli après deux années de guerre, il reste majoritaire parmi nos concitoyens. Autant de convictions qui sont aux antipodes de la ligne eurosceptique du Rassemblement national. Ces opinions sont en particulier partagées par les indécis en vue du scrutin, dessinant des opportunités pour les différentes familles politiques pro-européennes.

ARTICLE : Entre les Français et l’Union européenne, c’est compliqué

Le laboratoire d’idées Destin commun publie une vaste étude, menée dans quatre Etats membres pour sonder le rapport à l’UE. Les Français sont plus méfiants, mais jugent son existence «nécessaire» 

Publié le 5 mars 2024 L’équipe de Destin Commun Matthieu Deprieck

Il fallait bien une étude d’une cinquantaine de pages, menée dans quatre pays (France, Allemagne, Espagne, Pologne), pour tenter de comprendre l’opinion publique à l’égard de l’Union européenne. Le laboratoire d’idées Destin commun s’est lancé dans cette entreprise pour en tirer une précieuse note intitulée : « Elections européennes, le jeu est ouvert. » Il l’est parce que les indécis, ceux qui déclarent vouloir voter le 9 juin sans savoir pour quelle liste, sont surreprésentés dans l’électorat d’Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle 2022 (31 %), quand ils ne sont que 13 % dans celui de Marine Le Pen. Autrement dit, la majorité présidentielle a plus de marge de progression que le Rassemblement national.

Dans trois mois, les Français seront appelés à se rendre aux urnes pour élire leurs députés européens. Si le récit dominant se structure autour de la prévision d’une abstention massive, d’une large victoire du Rassemblement national et d’une atonie générale sur fond de désintérêt pour l’Europe, notre dernière enquête montre que ce tableau est partiel, et que le jeu est ouvert sur de nombreux sujets.

Nous vous partageons aujourd’hui les enseignements clés de cette étude comparative, parue en exclusivité dans l’Opinion, réalisée avec Verian (ex Kantar Public) auprès de 2000 personnes du 31 janvier au 9 février 2024 en France, et simultanément en Allemagne, en Espagne et en Pologne.

Webinaire de présentation de nos analyses approfondies et recommandations : inscrivez-vous !

Nous vous donnons rendez-vous en ligne, mercredi 27 mars de 9h30 à 10h30, pour revenir sur les grands enseignements de notre étude et les recommandations qui en découlent. A cette occasion, nous vous proposerons une analyse segmentée selon nos six familles de valeurs, pour apporter un nouvel éclairage à ces résultats. Inscription gratuite mais obligatoire pour recevoir les informations de connexion.

Elections européennes : pourquoi le jeu est ouvert à 3 mois du scrutin ?

Meetings du RN et de Renaissance à Marseille et à Lille, présentation de la liste LFI : la campagne pour les européennes est officiellement lancée. Mais où en sont les Français ? Quelles attentes ont-ils pour l’Europe et quels enjeux influenceront leurs votes en juin prochain ? 

Voici 6 enseignements clés de notre étude 

1. Le discours anti-Europe s’appuie sur un socle de défiance et de méconnaissance dans la population française qui explique, en partie, la dynamique dont bénéficie actuellement le RN en vue du scrutin. 74% des Français considèrent que l’UE est “bureaucratique”, 62% qu’elle est “incompréhensible” et seulement 22% qu’elle est “efficace”. La perception d’un impact positif de l’UE dans la vie quotidienne des Français est très minoritaire (18%) et en baisse depuis tois ans (24% en décembre 2021). Comme nous l’entendions dans nos focus groups de cet automne, “l’Europe ne sait pas se faire sa pub”. Les chiffres le confirment.

2. Mais l’attitude critique des Français est plutôt synonyme d’exigence que de rejet. Si 31% des Français déclarent qu’ils aimeraient que “la France quitte l’UE”, l’électorat du RN est le seul dans lequel cette opinion est majoritaire, preuve que le Frexit demeure un marqueur de la culture frontiste. A l’inverse, 67% appellent de leurs vœux une UE forte sur la scène internationale pour concurrencer la Chine et les Etats-Unis notamment. Cette opinion est majoritaire dans tous les électorats, à l’exception de Reconquête. Les Français, pragmatiques dans un contexte géopolitique troublé, souhaitent avant tout une Europe protectrice.

3. Les Français ont de l’ambition pour l’Europe.Ils veulent une Europe souveraine, d’abord avec une politique de réindustrialisation doublée d’une forme de protectionnisme, soutenue par 80% des Français, et plébiscitée de manière unanime par tous les électorats. Leur vision pour l’Union européenne est ambitieuse aussi en matière environnementale et climatique, preuve que le renoncement écologique n’est pas la voie pour les réconcilier avec l’Europe. 61% des Français adhèrent à l’idée selon laquelle “l’UE devrait jouer un rôle de premier plan sur le climat, même si les Etats-Unis et la Chine n’est font pas autant”.

4. Un leardership écologique de l’UE peut raviver la fierté d’être européen. 60% disent que voir l’UE jouer un rôle de premier plan sur la lutte contre le changement climatique les rendrait fiers. Cette opinion est majoritaire dans tous les électorats à l’exception de l’extrême-droite, et emporte également l’adhésion de 63% des indécis, ces personnes qui, si elles prévoient de voter le 9 juin, ne savent pas encore pour qui. L’enquête révèle un très large consensus autour de la sobriété, considérée par 68% des Français comme une solution souhaitable face au réchauffement climatique. 65% dénoncent l’injonction à consommer toujours plus. Cette opinion est aussi majoritaire dans l’électorat du RN, révélant un nouveau décalage avec son discours de défense de la société de consommation.

5. Deux ans après le début de la guerre russe, les Français restent majoritairement favorables au soutien économique et militaire à l’Ukraine (53%).La question de l’Ukraine, qui sera au cœur du débat en vue des élections, révèle de grands écarts dans l’opinion. Un large groupe rassemblant les électorats de EELV à LR demeure solide dans son soutien. La gauche radicale et l’extrême-droite se rejoignent en revanche dansune opinion défavorable. Le soutien apporté par l’Europe à l’Ukraine est également source de fierté potentielle, mais elle tend à s’éroder. Il y a un an, 51% des Français déclaraient ressentir de la fierté à ce sujet. Ils ne sont aujourd’hui que 42%. Ce sentiment chute fortement à l’extrême-droite, mais plus encore au sein de l’électorat de JL. Mélenchon. Enfin, un tiers des Français (34%) se disent favorables à une adhésion de l’Ukraine à l’UE dans les prochaines années. Ce score est nettement plus élevé en Espagne (54%), en Pologne (53%) et en Allemagne (40%). L’électorat Renaissance se détache ici, avec 60% d’opinion favorable. 

6. La hausse des prix reste un enjeu clé en vue de ces élections.Si l’immigration est la priorité n°1 lorsqu’on les interroge au sujet de l’Union européenne, le pouvoir d’achat continue d’être la préoccupation première des Français au niveau national (53%). En juillet 2022, nous avions montré que 65% des Français disaient ne pas comprendre les raisons de la hausse des prix, un chiffre bien plus élevé qu’ailleurs en Europe. Deux ans plus tard et en amont des élections, l’Union européenne semble être désignée comme bouc émissaire de la hausse du coût de la vie : 69% des Français considèrent qu’elle a un impact négatif sur les prix de l’énergie, et 65% sur le coût de la vie. Ce sujet sera donc incontournable dans la campagne.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.