
MISE À JOUR 19 03 2024 :
« À l’Éducation nationale, Nicole Belloubet évacue les «groupes de niveau» de Gabriel Attal »
TITRE Le Figaro Par Caroline Beyer QUI POURSUIT :
« Chargée de mettre en œuvre le «choc des savoirs», la ministre lutte pied à pied pour imposer sa vision.
« Mais qui est le ministre de l’Éducation? La question se pose, lancinante, depuis qu’Emmanuel Macron a déclaré, en août 2023, que l’école faisait «partie du domaine réservé du président». Pour ajouter au trouble, l’ex-ministre de l’Éducation et actuel premier ministre ne cesse d’affirmer qu’il a emmené avec lui à Matignon «la cause de l’école». «Parler d’école permet d’exister et de gagner en notoriété. L’éducation est un sujet clivant et qui intéresse tout le monde», résume l’historien de l’éducation Claude Lelièvre.
« La semaine dernière a ressemblé à une guerre de positions entre Gabriel Attal et sa ministre de l’Éducation, Nicole Belloubet, sur le «choc des savoirs» et les «groupes de niveau». Le premier, à travers cette réforme, voulait «sortir du collège unique». La seconde refuse «le tri social». De part et d’autre, on réfute l’idée d’une bataille de pouvoir entre les deux. «Ils ne sont pas de la même génération, ils n’ont pas la même culture politique, mais ce n’est pas pour ça qu’ils… »
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TITRE DU MONDE DU 19 03 2024

GROUPES DE NIVEAUX : RETOUR DE LA PROMESSE (90) : NICOLE BELLOUBET RECADRÉE, MOLLEMENT
TITRAIT HIER METAHODOS. https://metahodos.fr/2024/03/10/les-groupes-de-niveau-au-college-seront-appliques-a-la-rentree/
LA PROMESSE (89) DES GROUPES DE NIVEAUX ABANDONNÉE DANS LA CONFUSION LA PLUS TOTALE ( ET RUSÉE )
TITRAIT METAHODOS https://metahodos.fr/2024/03/07/la-promesse-89-des-groupes-de-niveaux-abandonnee-dans-la-confusion-la-plus-totale/
ARTICLE : Le rétropédalage sur les groupes de niveau ou l’échec de toute mesure susceptible de contrarier la médiocrité
Par Jean-Paul Brighelli 08/03/2024 Le Figaro
En laissant les établissements libres de concevoir eux-mêmes la pédagogie, Nicole Belloubet donne aux syndicats la possibilité de saboter complètement les groupes de niveau au collège voulus par Gabriel Attal, analyse l’enseignant et essayiste Jean-Paul Brighelli.
Agrégé de Lettres modernes, ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, Jean-Paul Brighelli est enseignant à Marseille, essayiste et spécialiste des questions d’éducation. Il est notamment l’auteur de La fabrique du crétin (éd. Jean-Claude Gawsewitch, 2005).
Il y a moins de deux semaines, Nicole Belloubet défendait bec et ongles l’idée d’aménager les classes de sixième et cinquième des collèges en groupes de niveau. «Comme je l’ai dit dès ma prise de fonction, je refuserai tout système de tri social, en travaillant justement avec les équipes pédagogiques qui pourront, à différentes étapes dans l’année, vérifier comment les élèves d’un groupe qui étaient en compétence faible» sur telle matière ont acquis ces compétences et «peuvent changer de niveau», précisait-elle. Chaque établissement aurait ainsi la «possibilité de prendre en charge des élèves en groupe, l’importance elle est là», insistait la ministre.
En clair, elle s’inscrivait dans la ligne de son prédécesseur, qui avait eu le temps, lors de son passage éclair rue de Grenelle, d’annoncer la fin du collège unique décrété en 1976 par le tandem gauchiste Giscard-Haby, et plébiscité depuis par les syndicats enseignants.
Comment cela devait-il fonctionner ? Vous déterminez dans une classe quels élèves sont en grande difficulté en français ou en maths, ou suivent normalement – ou sont très en avance. Vous les dissociez en trois groupes distincts, en prenant soin que les plus faibles soient les moins nombreux. Ce qui en soi est déjà une illusion, vu le niveau global des élèves entrant en sixième, et qui, de l’aveu même du ministère sont 44% (et dans certains secteurs, bien davantage) à très mal maîtriser lecture et écriture… Mais passons. Vous leur administrez ensuite une dose plus ou moins massive de cours supplémentaires.
C’était censé être le nœud méthodologique du «choc des savoirs» – une appellation qui fait bondir tous les enseignants qui prônent les «compétences» plutôt que les savoirs. L’objectif était de résoudre les problèmes insolubles posés par l’hétérogénéité des classes – qui dans la réalité, est plutôt une homogénéité vers le bas. Évidemment, cela ne marche que si la possibilité de passer d’un groupe à l’autre existe aussi, afin d’éviter les affectations à résidence permanente, qui briseraient les bonnes volontés. Et cela ne marche que si vous profitez de la baisse des effectifs pour surnourrir les mieux portants – mais de cela, personne n’a parlé, le bon élève étant considéré comme un galeux. Depuis Condorcet, on sait que la République vise à dégager de vraies élites et pas seulement des héritiers. Du moins devrait-elle le faire…
Nicole Belloubet est de ces pédagogues de gauche qui pensent que l’élève qui écrit « je les plantes » a la compétence du pluriel, sans avoir forcément le savoir grammatical de la différence entre un pronom et un article défini.Jean-Paul Brighelli
Déjà, les chefs d’établissement se cassaient la tête pour savoir comment organiser tout cela, dans des collèges où les salles de classe sont déjà bourrées, et où nombre d’enseignants – quand on dispose d’enseignants – multiplient les heures supplémentaires. D’autant que le ministère parle de groupes d’une quinzaine d’élèves (et c’est effectivement le maximum si l’on prétend à l’efficacité), qui pourraient appartenir à des classes différentes. L’usine à gaz était en place. Mais Gabriel Attal, après avoir estimé les besoins à 2330 postes, promettait 830 postes (sans dire où il allait pêcher ces enseignants surnuméraires, alors que les candidats aux concours sont de plus en plus rares, et que le niveau des professeurs s’effondre dangereusement), des postes non concernés par les restrictions budgétaires annoncées par Bercy.
Mais la politique erratique du «en même temps» a atteint l’Éducation nationale. Et Nicole Belloubet vient d’annoncer «une certaine souplesse» : des ajustements en classe entière pourront être réalisés, «à titre dérogatoire, sous la responsabilité des chefs d’établissement, afin de préserver des temps de mathématiques et de français en classe complète, sur des temps distribués dans l’année, peut-être avant les conseils de classe». Pour «assurer une cohérence dans la progression des apprentissages», ajoute-t-elle : le collège unique, sorti par la porte, rentre par la fenêtre.
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En laissant les établissements libres de concevoir eux-mêmes la pédagogie, Nicole Belloubet sait bien qu’elle donne aux syndicats la possibilité de saboter complètement l’opération. Caroline Beyer, dans un article du Figaro , parlait jeudi de «rétropédalage», notant que la ministre n’avait jamais évoqué des groupes de niveau, mais des «groupes de besoins en fonction des compétences à acquérir». Le simple fait d’en rester aux «compétences» imposées par Bruxelles, dans son protocole de Lisbonne en 2000, sans évoquer de «savoirs», classe Nicole Belloubet dans ces pédagogues de gauche– sa matrice originelle – qui pensent que l’élève qui écrit «je les plantes» a la compétence du pluriel, sans avoir forcément le savoir grammatical de la différence entre un pronom et un article défini.
Comme le note Le Figaro, «si la mise en place des groupes de niveau repose sur la seule volonté des chefs d’établissements et des équipes, il y a fort à parier qu’elle est d’ores et déjà enterrée», les enseignants et leurs syndicats étant résolument hostiles à toute mesure susceptible de contrarier la médiocrité. On aimerait savoir que ces bons apôtres de l’égalitarisme pédagogique inscrivent leurs enfants dans ces collèges lambda où s’enseigne l’ignorance, comme disait si bien Jean-Claude Michéa, et non dans un établissement où les élèves sont déjà présélectionnés, voire dans le privé. Bref, soyez sûrs que vos enfants seront l’objet de toutes les attentions de Nicole Belloubet, tant qu’ils resteront conformes à l’idée qu’elle se fait de l’excellence par le bas.