
SAMUEL PATY : LA RECONNAISSANCE DE LA RESPONSABILITÉ DE L’ÉTAT EST ATTENDUE DE L’EXÉCUTIF
TITRAIT METAHODOS RÉCEMMENT https://metahodos.fr/2024/03/20/samuel-paty-la-reconnaissance-de-la-responsabilite-de-letat-est-attendue-de-lexecutif/
ARTICLE : « Persister dans son aveuglement n’est pas une erreur, c’est une décision » : Mickaëlle Paty accuse l’État
Propos recueillis par Etienne Campion. Publié le 20/03/2024 MARIANNE
« L’État ferait amende honorable d’effectuer un travail d’introspection sur le traitement des offensives de déstabilisation de l’institution scolaire et du modèle républicain ». Mickaëlle Paty, engagée pour la mémoire de son frère assassiné le 16 octobre 2020, veut que l’État reconnaisse sa responsabilité dans la mort ce dernier. « Marianne » publie un texte dans lequel elle explique le sens de sa démarche.
Mickaëlle Paty et son avocate Carine Chaix ont envoyé un recours administratif le 15 mars au Premier ministre et aux ministres de l’Intérieur et de l’Éducation nationale, lesquels ont deux mois pour répondre, avant que l’affaire ne soit portée devant la justice administrative.
Mickaëlle Paty accuse l’État d’avoir failli à sa mission de protection de l’un de ses agents, son frère. Son avocate explique : « Nous attendons que l’État reconnaisse sa responsabilité dans cet engrenage fatal qui aurait pu être maîtrisé, mais qui ne l’a pas été en raison d’une série de négligences et, il faut le dire, d’un certain manque de courage. » Elle poursuit : « Nous attendons qu’il assume ses fautes passées pour que justice soit rendue à Samuel Paty, mais aussi car l’éthique de responsabilité ne doit pas s’arrêter aux portes de l’État ».
La démarche reflète le combat de la sœur du professeur d’histoire-géographie, qui demande à l’État une somme « symbolique » qui sera reversée à des associations soutenant la laïcité à l’école. Nous publions un texte dans lequel elle détaille le sens de sa démarche.
Le combat que je mène aujourd’hui pour la mémoire de mon frère Samuel Paty vise à faire vivre ce qu’était sa présence. Il était un défenseur de la démocratie, de l’universalisme, de la rationalité, de la laïcité et de la liberté d’expression. Il combattait les pensées manichéennes sans nuance, car on a tendance à voir ce que l’on souhaite voir quand on va de l’idée aux documents et non des documents à l’idée. Ce combat, je le mène pour nos libertés et indéniablement pour notre sécurité.
QUE CHACUN ASSUME SA RESPONSABILITÉ
Si la volonté est que de pareils drames ne se reproduisent vraiment pas, alors il faut avoir le courage de les regarder en face, de les comprendre d’abord puis de reconnaître les responsabilités de chacun dans l’engrenage infernal qui a fini par l’attaque terroriste islamique et la décapitation de mon frère.
Chacun doit assumer sa propre responsabilité et celle de l’un n’amoindrit pas ou n’exclut pas celle de l’autre.
L’État ferait amende honorable d’effectuer un travail d’introspection sur le traitement des offensives de déstabilisation de l’institution scolaire et du modèle républicain. On ne peut plus parler de simples contestations qui relèveraient d’un esprit de contradiction, l’opposition virulente par l’utilisation de la terreur montre clairement qu’on ne peut pas s’asseoir à la table des négociations.
A LIRE AUSSI : Mickaëlle Paty : « Les menaces de subir ‘une Samuel Paty’ sont devenues omniprésentes »
D’INTOLÉRABLES FAITS
La réplique aboutie avec l’assassinat de Dominique Bernard et les répliques avortées non moins alarmantes devraient provoquer le sursaut que tout le monde attend. Car les enseignants et personnels d’éducation sont des acteurs essentiels de notre République démocratique et laïque.
Les agressions, les violences, les menaces ou les outrages ne sont pas un sentiment d’insécurité. Ce sont des faits et ces faits ne seront jamais tolérables. Commencer à les tolérer sans apporter une réponse ferme, publique et immédiate, c’est accepter que les menaces puissent être mises à exécution.
A LIRE AUSSI : Le rapport de la commission du Sénat demandée par Mickaëlle Paty pointe la « terrible solitude » des enseignants
L’État ne peut manquer à son devoir de reconnaître sa responsabilité lorsqu’il a manqué à la charge qui était la sienne : garantir la protection et la sécurité des enseignants qui eux prennent chaque jour ce qu’il convient de nommer un risque de transmettre aux enfants de la République le socle commun de connaissances, principes et valeurs dont ils ont besoin pour devenir des adultes éclairés et responsables.
Persister dans son aveuglement n’est pas une erreur, c’est une décision.