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EN L’ATTENTE D’UNE IMPROBABLE « PLACE NETTE » PROMISE POUR LA DROGUE, DES MAGISTRATS MARSEILLAIS DUREMENT SERMONNÉS

ARTICLE : Trafic de drogues : Éric Dupond-Moretti recadre des magistrats à Marseille, le CSM va les recevoir

Publié le 25/03/2024 SUD OUEST

Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) va recevoir « prochainement » les chefs du tribunal judiciaire de Marseille après les reproches formulés sur place en marge d’un déplacement anti-drogues par le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti

Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) va recevoir « prochainement » les chefs du tribunal judiciaire de Marseille après les reproches formulés sur place en marge d’un déplacement anti-drogues par le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, a-t-on appris lundi de source proche du dossier.

Le CSM, organe chargé de protéger l’indépendance de la justice, a demandé à voir les chefs de la cour d’appel d’Aix-en-Provence et ceux du tribunal judiciaire de Marseille au sujet de propos qu’aurait tenus le ministre lors de son déplacement avec le président Emmanuel Macron la semaine dernière pour lancer l’opération anti-drogue « XXL » menée à Marseille.

Des magistrats sur place ont raconté au journal Le Figaro avoir été « en état de sidération » et s’être « pris une soufflante » de la part d’Éric Dupond-Moretti, furieux contre des propos tenus durant la commission sénatoriale d’enquête dédiée à la lutte contre le trafic de drogues en France.

« Je crains que nous soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille », y avait affirmé la juge d’instruction du pôle criminalité du tribunal Isabelle Couderc début mars.

Une expression « pas opportune », a réitéré M. Dupond-Moretti sur RMC-BFMTV, au lendemain de la visite à Marseille. « Je lui ai dit hier », « je crois qu’elle regrette ses propos », avait-il déclaré. « Je n’aime pas les discours de défaitisme. Quand on dit qu’on peut perdre une guerre, on la perd », avait-il poursuivi. Selon les magistrats cités par Le Figaro, le ministre leur a également souligné que ce genre de propos faisaient « le jeu de l’extrême droite ».

« Liberté d’expression des magistrats »

C’est sur cet échange que le CSM souhaite entendre les magistrats marseillais. « Il serait surprenant qu’un garde des Sceaux recadre de la sorte un magistrat du siège – non soumis à son autorité hiérarchique – surtout pour des propos tenus sous serment devant la représentation nationale », précise une autre source proche du dossier.

Régulièrement agacé par les prises de parole des magistrats, M. Dupond-Moretti avait demandé un « avis » au CSM sur la question. « Le principe général est celui de la liberté d’expression des magistrats », « essentielle pour garantir leur indépendance », lui avait répondu l’instance indépendante, en décembre.

L’association des magistrats instructeurs (Afmi) s’est déjà dite, samedi dans un communiqué, « consternée » par le recadrage du garde des Sceaux, estimant que « la liberté de parole » d’un juge d’instruction « ne saurait être entravée par des considérations politiques ». Sollicité, l’entourage de M. Dupond-Moretti n’était pas joignable dans l’immédiat.

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