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« PLACE NETTE » ? « LA CAME EST LÀ » – BILAN DÉRISOIRE MALGRÉ DES CONDAMNATIONS

PRÉCÉDENTES PUBLICATIONS DE METAHODOS :

MARSEILLE : ESCALADE DANS LA RADICALITÉ DES PROMESSES (96) (ET LEUR IRRÉALITÉ ?) : « PORTER UN COUP D’ARRÊT AU TRAFIC DE DROGUE … FAIRE PLACE NETTE … » https://metahodos.fr/2024/03/20/escalade-dans-la-radicalite-et-lirrealite-des-promesses-porter-un-voup-dartet-au-trafic-de-drogue-faire-place-nette-a-marseille/

« COUP DE FORCE » POUR ANÉANTIR LA DROGUE : LA CHARGE D’ÉRIC DUPOND-MORETTI CONTRE LES MAGISTRATS NE PASSE PAS https://metahodos.fr/2024/03/28/la-charge-deric-dupond-moretti-contre-les-magistrats-ne-passe-pas/

DROGUE : APRÈS LA PROMESSE (97) DU « COUP D’ARRÊT », BRUSQUE RETOUR À LA RÉALITÉ https://metahodos.fr/2024/03/21/drogue-apres-la-promesse-97-du-coup-darret-brusque-retour-a-la-realite/

« POUDRE AUX YEUX » PLUTÔT QUE « PLACE NETTE » – UN BILAN MITIGÉ EN 4 SÉQUENCES :

1. Opérations « place nette » : « La came est là, elle sera vendue »… Pourquoi le bilan laisse sceptiques les policiers

2. Marseille, Roubaix, Lille : les opérations «place nette XXL» de Darmanin laissent perplexes policiers et magistrats

3. 25 condamnations au procès de l’un des réseaux de trafic de drogue les plus lucratifs de Marseille

4. Opération « Place nette » : Un point de deal s’installe devant une école après les actions de la police près de Grenoble

1. ARTICLE – Opérations « place nette » : « La came est là, elle sera vendue »… Pourquoi le bilan laisse sceptiques les policiers

Thibaut Chevillard 20 Minutes

Les policiers spécialisés dans la lutte contre les trafics de stupéfiants estiment que les quantités saisies sont « dérisoires »

L’essentiel

  • Marseille, Dijon, Sevran, Colombes, Lille… Ces derniers jours, le ministre de l’Intérieur a multiplié les opérations « place nette » afin de lutter contre les trafics de stupéfiants, son obsession du moment.
  • Au total, 867 interpellations ont été effectuées en France dans le cadre de ces opérations, qui ont mobilisé des milliers de policiers et gendarmes, a indiqué Gérald Darmanin. Quelques dizaines de kilos de stupéfiants ont été saisies.
  • Pour les policiers spécialisés contactés par 20 Minutes, ces résultats « sont dérisoires » et ces opérations « n’auront pas d’effets » sur les gros trafiquants de drogue.

Opérations « place nette » : « La came est là, elle sera vendue »… Pourquoi le bilan laisse sceptiques les policiers

«C’est de la communication. Les résultats ne sont pas fantastiques. » Cette source policière, hautement placée dans la hiérarchie, se montre très sceptique lorsqu’elle évoque avec 20 Minutes l’efficacité des opérations « place nette XXL », destinées à éradiquer les trafics de stupéfiants qui pullulent dans certains quartiers.

« Là, ce qu’on fait, c’est du travail pour rassurer la population en essayant de mettre du bleu dans la rue. Ils font ces opérations qui n’auront pas d’effets la plupart du temps. La nature ayant horreur du vide, les points de vente vont être repris, les réseaux vont se reconstituer la semaine prochaine ou celle d’après », poursuit cet enquêteur chevronné.

Autant dire que son discours tranche avec les déclarations du ministre de l’Intérieur qui, à longueur de tweets et d’interviews, s’enorgueillit des résultats de ces opérations « XXL », lancées il y a une semaine. « Elles ont donné lieu à 867 interpellations jusqu’à présent et à la saisie de nombreuses armes et d’importants moyens financiers. On ne lâche rien », a écrit Gérald Darmanin sur X ce mercredi.

De nombreuses arrestations, certes, mais pas davantage qu’en temps normal. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 48.300 personnes mises en cause dans des affaires de trafic de stupéfiants ont été interpellées en 2023. Soit… 924 par semaine en moyenne. Oui mais cette fois, celles qui ont été arrêtées font partie « du haut du spectre, du haut du panier », a assuré lundi soir, au JT de 20 heures de France 2, le ministre de l’Intérieur.

Des opérations lancées « en urgence »

Les quantités de stupéfiants saisies ? Elles « sont dérisoires », souffle à 20 Minutes un enquêteur spécialisé. 2,5 kg de cannabis et d’héroïne saisis dans le Nord, 22 kg de stupéfiants saisis à Marseille… « La cocaïne arrive par centaines de kilos dans des conteneurs au Havre ou à Anvers. Les gros trafiquants en gèrent plusieurs qui traversent l’Atlantique. Les volumes dépassent l’entendement. Alors, quand on saisit quelques dizaines ou centaines de kilos, ça ne les perturbe absolument pas. »

Surtout, selon nos informations, ces opérations « place nette XXL » ont été lancées, sous l’impulsion du ministre, souvent dans la précipitation. Les services locaux concernés par les enquêtes ont été priés « en urgence » de boucler les affaires sur lesquelles ils travaillaient depuis plusieurs mois pour préparer cette vague d’interpellations. « Alors qu’en matière de stupéfiants, plus on met du temps, plus on a d’éléments à charge contre les personnes, et plus la sanction est lourde », poursuit cet enquêteur, basé dans le sud de la France.

« La came est là, et elle sera vendue »

Le risque d’avoir interpellé hâtivement ces cibles, « c’est que les condamnations ne suivent pas faute d’éléments suffisants », confie un haut gradé. Et ce dernier d’ajouter : « La came, elle est là, il faudra bien qu’elle soit vendue. Et elle sera vendue. Il y a de la demande. Pour assécher le marché, il faut travailler en amont, sur les vrais gros trafics, et faire en sorte que la came n’arrive pas. C’est mathématique. Mais ça parle moins au grand public, c’est moins communicatif. Mais ce n’est pas avec ce que l’on fait là qu’on va éradiquer les trafics »

Un point de vue partagé par l’Association française des magistrats instructeurs (AFMI). « Les opérations « place nette » qui mobilisent, de façon ponctuelle, des moyens considérables de policiers sur la voie publique ne peuvent être suffisantes pour endiguer le narcotrafic. Ces actions doivent nécessairement s’accompagner d’enquêtes de fond, de longue haleine, à l’abri des campagnes médiatiques », indique-t-elle dans un communiqué.

L’outil PJ chamboulé

Problème : Gérald Darmanin a récemment chamboulé la police judiciaire, dont les quelque 5.000 agents travaillent sur les dossiers importants. Dans certains services spécialisés, comme des antennes de l’Ofast, les effectifs ont même été réduits.

L’AFMI souligne dans son communiqué que « la réforme récente de la police nationale, qui est aujourd’hui en cours de déploiement, n’est pas de nature à répondre aux enjeux judiciaires de la lutte contre la délinquance du haut du spectre, que ce soit en matière de narcobanditisme ou de criminalité économique et financière ».

2. ARTICLE – Marseille, Roubaix, Lille : les opérations «place nette XXL» de Darmanin laissent perplexes policiers et magistrats

Entre déplacements très médiatisés et chiffres d’interpellations tapageurs, Gérald Darmanin se démène pour vanter ses opérations antidrogues, labellisées «place nette XXL», dont l’efficacité laisse perplexes policiers spécialisés et magistrats.

Par Ju.M. avec afpPublié: 30 Mars 2024 LA VOIX DU NORD

Lancée en grand pompe à Marseille mi-mars, avec la visite surprise d’Emmanuel Macron, cette campagne s’est ensuite démultipliée dans le Nord, en région parisienne, dans l’agglomération lyonnaise, à Dijon et Clermont-Ferrand. D’autres sont promises dans les semaines à venir. «1 357 interpellations», a plastronné jeudi Gérald Darmanin, dont «751 cibles judiciaires», qualifiées de «caïds» et de «trafiquants notoires». Parmi eux, le ministre de l’Intérieur l’assure, il y a «beaucoup de défèrements et de mandats de dépôt». Le ministère de la Justice n’a en revanche toujours pas communiqué sur les suites judiciaires.

A Lyon, sur les 54 personnes placées en garde à vue, quatre ont été incarcérées à ce stade, selon le parquet. A Marseille, les jugements en comparution immédiate, baptisés «procédures Macron» par un avocat marseillais, n’ont pas doublé comme cela avait pu être anticipé, a constaté l’AFP. «Ils ont interpellé massivement mais ça ne s’est pas traduit judiciairement. Ils ont arrêté la petite main-d’oeuvre très facilement remplaçable», rapporte Me Juliette Oberti, avocate d’un «jobbeur» lyonnais descendu dans la cité phocéenne pour faire le guet sur un point de deal.À LIRE AUSSI« C’est pire que le Western ici ! », à Roubaix, l’opération « place nette XXL » n’est pas passée inaperçue

«Nous sommes pollués par un agenda qui n’est pas un agenda judiciaire», peste Me Xavier Raes, avocat d’un autre guetteur sur un point deal de Roubaix. Le parquet de Lille réclamait 9 mois d’emprisonnement avec sursis, il obtiendra finalement de 140 heures de travaux d’intérêt général.

«Privilégier le qualitatif»

«Si un guetteur, c’est un trafiquant notoire, ça ne veut rien dire. Les vrais caïds ne sont pas arrêtés», estime un policier d’une brigade antistupéfiants à Toulouse. «Ce sont des coups de menton pour se donner l’illusion de pouvoir encore avoir prise sur la situation», appuie un autre policier spécialisé d’Île-de-France. Tenir le terrain sur la durée est une gageure.

Les policiers «font ça pour rien, parce qu’ils ne vont pas passer toute l’année à regarder qui entre et qui sort», estime Sabrina Louazi, 22 ans, habitante de Roubaix. «Je ne pourrai pas faire du place nette tous les jours», admet un responsable policier départemental. «Il faut privilégier le qualitatif» pour bâtir «des dossiers béton, sinon la justice va les relâcher et on va passer pour des ploucs». Les arrestations, visant souvent des infractions commises en bande organisée, impliquent «des gardes à vue de 4 jours», soit un «temps d’enquête colossal pour des résultats qui ne sont pas en rapport avec l’investissement», déplore un procureur de province. Le magistrat reconnaît cependant que cela fait plaisir «un temps à ceux qui vivent près des points de deal».

La stratégie de «pilonnage» peut fonctionner, estime de son côté un enquêteur de la PJ à Marseille. «On le voit à la cité de la Paternelle, le calme est pour l’instant revenu. Mais il faut que ce soit non-stop». Surtout, estime ce policier, il faut «arrêter de ne faire que de la répression». «Le petit dealer, tu le chopes et après tu discutes, tu essaies de faire de l’information pour remonter la filière tranquillement».

«Opération pichenette»

Du côté des saisies, les résultats ne sont pas à la hauteur de la débauche exceptionnelle d’effectifs — plus de 15 000 policiers gendarmes et douaniers engagés sur plusieurs semaines. Dix jours après le début de l’opération, seuls quelque 75 kilos de stupéfiants avaient été saisis à Marseille, 2,5 kilos après la première journée dans le Nord et «une demi-plaquette», soit quelques dizaines de grammes, à Colombes (Hauts-de-Seine) lors d’une descente qui a mobilisé une centaine de policiers dont la Brigade de recherches et d’intervention (BRI).

Sollicité pour un bilan global, le ministère de l’Intérieur renvoie à nouveau vers le ministère de la Justice. Une «opération pichenette», a raillé le Syndicat de la magistrature (classé à gauche), exhortant «le gouvernement à sortir de cette escalade inutilement coûteuse». Ces opérations, qui «mobilisent, de façon ponctuelle, des moyens considérables de policiers sur la voie publique ne peuvent être suffisantes pour endiguer le narcotrafic», juge de son côté l’Association française des magistrats instructeurs.

Sur la même période, l’Office antistupéfiants (Ofast) a saisi 800 kg de drogue, dont 400 kilos de cocaïne, dans une enquête sur un «vaste réseau d’importation» piloté par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Nancy. Sur le port du Havre, les douaniers ont intercepté 2,7 tonnes de cocaïne dans un conteneur en provenance de Guadeloupe. Le fruit d’enquêtes de longue haleine, moins médiatisées, qu’il ne faut pas opposer à la stratégie de pilonnage des points de deal, estime-t-on place Beauvau. Gérald Darmanin doit retourner prochainement au Maghreb et aux Emirats arabes unis pour chercher «en coopération internationale ceux qui dirigent ces réseaux», «les gros bonnets».

3. ARTICLE : 25 condamnations au procès de l’un des réseaux de trafic de drogue les plus lucratifs de Marseille

Par Marguerite DÉGEZ LA PROVENCE. 28/03/24

Ce réseau de trafic de drogue ultra structuré et hiérarchisé, géré par un caïd depuis sa cellule de prison, rapportait jusqu’à 80 000€ par jour. 

75 années de prison ferme cumulées, trois mandats d’arrêt, un mandat de dépôt à la barre… Au terme de plus de deux semaines d’un procès de grande ampleur, les 25 prévenus du réseau de stups des Oliviers A ont été condamnée ce jeudi matin par le tribunal correctionnel de Marseille. Ce « point stup » de la cité du même nom, dans le 13e arrondissement de Marseille, fournissait entre 2018 et 2021 du cannabis, de la cocaïne et des drogues « festives » occasionnellement, rapportant selon les estimations entre 50 et 80 000€ en cash chaque jour. Il aurait été piloté au cours de cette période par un caïd proche d’une autre figure illustre du narcobanditisme depuis une prison de la région provençale.

Jusqu’à 10 années de prison avaient été requises en fin de semaine dernière contre les 25 prévenus, dont certains avaient été placés en détention provisoire. 23 hommes et deux femmes entre 21 et 53 ans, qui se répartissaient les rôles d’un réseau structuré et hiérarchisé : gérant de terrain, livreur, nourrice, conditionneur… Amdjad A., considéré comme le « grossiste » du réseau, a écopé de la plus lourde peine : 8 ans de prison et 100 000€ d’amende ; Elamine C., vu comme l’un des dirigeants, du même quantum assorti d’une amende de 60 000€. Salim B., Sabri B. et Mehdi B. ont été condamnés à 6 années de prison ferme et 30 000€ d’amende ; Mehdi A., Djamel A., Fardi I. et Grégory L.-J., à 5 ans de prison ferme et 20 000€ d’amende. Les « petites mains » du réseau ont écopé de peines allant de 6 mois avec sursis à 4 ans ferme.

4. ARTICLE – Opération « Place nette » : Un point de deal s’installe devant une école après les actions de la police près de Grenoble

E.M.20 Minutes

Les opérations de la police effectuées contre les trafics de drogue à Échirolles, près de Grenoble, ont « déplacé » les points de deal devant une école maternelle

Aujourd’hui, elle lance un « appel à l’aide ». Amandine Demore, maire d’Echirolles, près de Grenoble, alerte le gouvernement face à la présence de trafiquants de drogue très près d’une école maternelle de sa commune. Selon elle, les opérations « Place nette » ont contraint les dealers à se déplacer à cet endroit.

« Avant, on avait un point de deal qui était à une centaine de mètres de l’école mais aujourd’hui, il s’est déplacé juste en face », a-t-elle affirmé au micro de France Bleu. Avant d’assurer que, pour elle, ces opérations « sont extrêmement importantes » mais qu’il « faut les multiplier » car « ça n’a pas résolu le problème dans ce secteur ». La police nationale a procédé à 23 interpellations, 72 contraventions et plus de 400 contrôles lors de ces actions contre le trafic de drogue dans cette agglomération.

Des « agissements de plus en plus inquiétants »

Face à cette situation, les agents du périscolaire de l’école, qui assurent la cantine et l’accueil des enfants, le matin et le soir, ont exercé leur droit de retrait depuis vendredi, et ce jusqu’à mercredi au « moins ». Interrogés par la radio locale, ils dénoncent « des agissements de plus en plus inquiétants, intolérables aux abords d’une école », qui créent d’« importantes nuisances » et « l’insécurité ». Des « guetteurs » sont positionnés dans chacune des rues qui entourent l’école maternelle.

A la suite de ces signalements, une réunion d’urgence s’est tenu mardi soir. Il a été décidé avec les parties concernées que la présence policière serait renforcée avec une coordination entre la ville, la police nationale et les services de l’Education nationale, a indiqué la préfecture de l’Isère. « Notre objectif est de rassurer les équipes pédagogiques, les agents municipaux et les familles, mais avant tout de garantir la sécurité des enfants », a déclaré Louis Laugier à l’issue de son déplacement sur le site.

Il n’y a pas qu’à Echirolles que le bilan des opérations « Place nette » s’avère mitigé. A Marseille aussi, certains dealers avaient assuré sur les réseaux sociaux leur intention de rouvrir des points de deal à la Castellane, dès le lendemain des actions de la police.

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