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LIRE «  LES LIEUX DU POUVOIR » : LE CREUSET DE L’IMAGINAIRE NATIONAL 

Les deux corps du pouvoir : l’exercice et le symbolique.

Pourquoi Emmanuel Macron est-il le seul président, avec Valéry Giscard d’Estaing, à avoir installé son bureau dans la chambre à coucher de l’impératrice Eugénie ?

Comment la France est-elle dirigée depuis l’avion présidentiel ?

Quelles décisions sont prises dans le « PC Jupiter », ce mystérieux bunker construit sous l’Élysée ?

Quel est le poids réel de l’ENA et des clubs au sein de l’État ?

Quels secrets dissimule la haute haie de Souzy-la-Briche, cette gentilhommière près de Paris, mise à la disposition des Premiers ministres depuis 2007 ?

Comment Latche, la bergerie landaise de François Mitterrand, s’est-elle imposée comme le rendez-vous discret des grandes tractations politiques et diplomatiques sous sa présidence ?

Pourquoi le plan de salle de la brasserie Lipp, à Paris, relève-t-il de la haute politique ?
 
Sébastien Le Fol répond à ces questions et à bien d’autres en une vingtaine de chapitres rédigés par de prestigieuses plumes. Tous racontent et auscultent les lieux du pouvoir en France, qu’ils soient célèbres (Versailles, Matignon, Bruxelles, le Quai d’Orsay…), méconnus (Souzy-la-Briche, la tribune du 14 Juillet, les clubs…) ou prestigieux (Chambord, Notre-Dame de Paris,
le Louvre…).

Un livre sans précédent, écrit avec bonheur et riche en révélations, qui découvre l’exercice véritable du pouvoir, ainsi que les hommes et les femmes qui nous gouvernent.

Sommaire :

L’Élysée : Solenn de RoyerL’avion présidentiel : Nathalie Schuck

Brégançon : François-Guillaume LorrainLatche : Yves Harte

Chambord : Bruno de CessoleMatignon : Tugdual DenisSouzy-la-Briche : Laureline Dupont

Versailles : Camille PascalNotre-Dame de Paris : Jérôme Cordelier

La cour des Invalides : Sylvain FortLe Val-de-Grâce : Élise Karlin

Le PC Jupiter : Jean GuisnelLa tribune du 14 Juillet : Sébastien Le FolL’ENA : Marie-Amélie Lombard

Le Quai d’Orsay : Emmanuel HechtBruxelles : Luc de Barochez

Le Louvre : Adrien GoetzSaint-Germain-des-Près : Marie-Laure Delorme

Lipp : Nicolas d’Estienne d’OrvesLes clubs : Louis-Henri de La Rochefoucauld

La tribune du Stade de France : Florent Barraco

Revue de presse :

« Un recueil de textes inédits, souvent très informés, parfois inattendus, signés de journalistes-ces « historiens du présent » -qui connaissent leur sujet sur le bout de leurs doigts » Le Figaro Magazine

« Rarement palais, hôtels particuliers, résidences, cercles et cantines influentes n’auront été aussi finement scrutés, des entrailles du bunker, « PC Jupiter » jusque dans les airs, à bord de l’avion présidentiel. » L’Express

« Les lieux de pouvoir fascinent. Un livre richement documenté en raconte les coulisses levant le voile sur des endroits jusque-là confidentiels. » Le Parisien Week-end

ARTICLE – Sébastien Le Fol : «Dans une société fracturée, les lieux de pouvoir sont le creuset de notre imaginaire national»

Par Ronan Planchon. 17/04/2024 LE FIGARO

Le journaliste et essayiste dirige Les Lieux du pouvoir (Perrin), une enquête fouillée sur le pouvoir en France. Dans un contexte de crise de l’autorité, nos dirigeants cherchent à recréer de l’unité à travers ces lieux hautement symboliques, explique-t-il.

LE FIGARO. – Vous listez des lieux de pouvoir incontournables comme l’Élysée, Matignon ou le Quai d’Orsay, mais aussi des lieux d’ambiance : Saint-Germain-des-Prés et son élite intellectuelle, la brasserie Lipp , aujourd’hui passée de mode, ou la tribune présidentielle du 14 Juillet, régie par un protocole monarchique. Votre livre cherche-t-il à montrer que le pouvoir s’exerce autant qu’il se représente ?

SÉBASTIEN LE FOL. – Dans ses Rois thaumaturgesl’historien Marc Blochavait étudié le caractère surnaturel attribué à la puissance royale. À l’ère de la transparence et de la tyrannie de l’immédiat, il était intéressant de voir ce qu’il était advenu de cette transcendance dans la France républicaine. Car il faut toujours avoir en tête l’héritage de l’absolutisme lorsqu’on étudie les rituels républicains.

Pour comprendre la personnalité politique de notre pays, il faut bien sûr explorer ses palais nationaux. Là où s’exprime le mieux l’idée que la France se fait du rôle de l’État et de la…

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ARTICLE : Le fauteuil qui rend fou

Par Christine Kerdellant. 18 avr. 2024 LES ECHOS

« Les Lieux du pouvoir », célèbres ou méconnus, sont décortiqués par Sébastien Le Fol avec une myriade de connaisseurs du monde politique tels Solenn de Royer, Sylvain Fort, Tugdual Denis ou Emmanuel Hecht. Le lecteur fera son miel de ces petites histoires qui rejoignent la grande.

Emmanuel Macron n’est pas du genre superstitieux. Sinon, il n’aurait pas choisi à l’Elysée le « bureau qui rend fou ». Cette pièce d’angle, discrète mais dotée d’une vue splendide sur le parc, qui fut la chambre à coucher de l’impératrice Eugénie, était jusqu’alors réservée aux conseillers principaux du président.

Ses deux derniers occupants, Aquilino Morelle et Henri Guaino, plumes et confidents de François Hollande et Nicolas Sarkozy, souffraient d’ego surdimensionnés ; on reprocha au premier ses goûts princiers et ses paires de chaussures cirées par la princesse ; quant à Guaino, il fut le seul collaborateur à exiger d’être traité comme le président : sa voiture de fonction l’attendait en permanence dans la cour du Palais.

Le seul autre président à avoir utilisé la chambre de l’épouse de Napoléon III fut Giscard, qui jugeait sacrilège de s’asseoir sur le siège du général. Emmanuel Macron, lui, utilise tout de même le Salon doré – le bureau de De Gaulle, mais aussi de Mitterrand et tous ses successeurs -, mais seulement comme bureau d’apparat, pour recevoir ses invités de marque ou pour son portrait officiel.

« Classe épouvante »

« Les Lieux du pouvoir », célèbres ou méconnus, décortiqués par Sébastien Le Fol avec une myriade de connaisseurs du monde politique tels Solenn de Royer (pour l’Elysée), Sylvain Fort, Tugdual Denis ou Emmanuel Hecht, fait son miel des petites histoires qui rejoignent la grande.

Ces « lieux » en disent long sur la crise du politique aujourd’hui. On découvre ainsi les épopées de l’avion présidentiel, qui fut, selon les époques, prestigieux ou misérable. De Gaulle se déplaçait dans une Caravelle équipée d’un lit sur mesure, puis Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac furent les présidents les plus rapides du monde grâce au Concorde.

Le président socialiste le fit souvent patienter en bout de piste pour ne pas partir sans la dernière édition du « Monde », tandis que Chirac assista par hasard, à Roissy, au crash de l’oiseau qui lui était cher.

Hélas, leurs successeurs durent voyager en « classe épouvante » (le mot est de Franck Louvrier) : ils volaient sur deux Airbus A319-CJ (pour Corporate Jet, des « spécial VIP » livrés en 2002 et vite rebaptisés Chirac et Jospin), effroyablement incommodes, où l’on ne pouvait ni dormir ni se brosser les dents.

Alain Delon, invité par les Sarkozy en Chine, resta interdit devant la vétusté de l’appareil, « moins confortable qu’un avion de ligne ». Lors des G20, lorsque l’A319-CJ se retrouvait sur un tarmac à côté d’Air Force One, le Boeing 747 de Barack Obama, de l’A340 d’Angela Merkel ou de l’Iliouchine IL-96-300 de Vladimir Poutine, aux équipements dorés à l’or fin et aux sols de marbre, la France frisait le ridicule.

Un lit double et une douche

Sarkozy se battra pour avoir son « Air Sarko One », son lit double et sa douche, qui suscitera tous les fantasmes. Mais François Hollande, après avoir critiqué son coût, ne le revendit pas.

On retrouve Brégançon, où Jacques Chirac, enfermé avec Bernadette, avouera s’être « emmerdé », et où il dira aux journalistes : « On a dit que j’étais dans le coma hier. On n’a pas dit coma dépassé. On a été gentil avec moi. »

On perce les secrets de Latche, première cachette de Mitterrand et d’Anne Pingeot devenue la résidence d’été de Danielle et un lieu de rencontres « intimiste » avec les chefs d’Etat étrangers. Gorbatchev et Raïssa adoraient. Mitterrand y reçut ses amis Jack Lang, Pierre Bergé et Georges-Marc Benamou pour son dernier réveillon, huit jours avant sa mort, en janvier 1996 : ils racontent son dernier regard, son dernier signe de la main avant d’aller se coucher…

On passe par Matignon, « le plus grand jardin de Paris », auxquels tous s’attachent, même s’ils n’y font que passer car, glisse Jean-Pierre Raffarin, il ne faut « jamais oublier que l’Elysée est un palais alors que Matignon est un hôtel ».

Il y a aussi Versailles et ses éternelles dérives monarchiques, et les heures sombres de Notre-Dame de Paris où Emmanuel Macron, effondré, devient mutique, tandis que Christophe Castaner fond en larmes…

Il y a encore le Val-de-Grâce et ses secrets médicaux, la cour d’honneur des Invalides qui transforme en gloire ce qui n’a souvent été que célébrité, la tribune du 14 Juillet et ses jeux de chaises sournois, l’ENA (forcément), le Quai d’Orsay qui se venge quand on le court-circuite, et même Bruxelles : le studio aveugle de 20 m2 que loue Ursula von der Leyen, au dernier étage de l’immeuble de la Commission européenne, coûte 1.500 euros par mois, ce qui lui permet d’économiser les deux tiers de son indemnité de logement…

Anne et Zaza

Sans oublier Lipp et ses hiérarchies subtiles, le Louvre et sa formule express pour chefs d’Etat incultes (« Joconde », « Victoire de Samothrace », « Vénus de Milo »), et la tribune du Stade de France, où le match se déroule au-dessus du terrain.

Parmi les jolies découvertes, Souzy-la-Briche, en Essonne, théâtre de la vie clandestine de Mitterrand avec son « Anne tant aimée » et leur « Zaza » (Mazarine). Le papa président et sa fille cachée y jouaient à JR et Sue Ellen, les héros de leur série préférée, « Dallas », ou y cultivaient des légumes… et l’on voit, deux décennies plus tard, Manuel Valls et François Hollande marcher ensemble dans leurs allées en scrutant, émus, les traces de la geste mitterrandienne. On s’y croirait.

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