

MISE À JOUR DU 13 05 24 :
« L’université entre débat et propagande – par Monique Canto-Sperber »
TITRE L’OPINION Monique Canto-Sperber QUI POURSUIT :
« La précision dans les expressions et la rigueur dans le raisonnement sont au fondement de l’autorité intellectuelle des universités. Si l’on renonce à ces exigences, on ne peut plus se prévaloir de la caution universitaire, ni de la moindre autorité intellectuelle. L’université, alors transformée en lieu de propagande, n’a plus de raison d’être, et elle risque d’être vite instrumentalisés par de véritables militants, dont les objectifs politiques sont clairs
« Depuis la création de l’Université Humboldt à Berlin au début du XIXe siècle, l’Université fut idéalement définie comme le lieu de la discussion libre, de l’absence de censure et du refus du conformisme. L’éducation à l’esprit critique, l’obligation de défendre ses opinions par des arguments et des faits comme l’engagement de répondre aux objections étaient les contreparties d’une large liberté de parole…. »
MISE À JOUR DU 06 05 24 :
ARTICLE – Élections européennes : le discours de Macron à la Sorbonne sera bien décompté comme temps de parole par l’Arcom
Après saisine des LR, l’Arcom, instance régulatrice de l’audiovisuel, a estimé que le discours prononcé par Emmanuel Macron le 25 avril à la Sorbonne devait être décompté du temps de parole de la majorité pour les élections européennes.
Par Public Sénat 02/05/2024
Une épine dans le pied de Valérie Hayer. Le discours fleuve prononcé par Emmanuel Macron à la Sorbonne jeudi dernier, sur l’avenir de l’Europe, doit être décompté dans son « intégralité » comme temps de parole pour son camp dans le cadre de la campagne des élections européennes, a tranché jeudi le régulateur de l’audiovisuel, l’Arcom.
Cette décision tombe on ne peut plus mal pour le camp présidentiel, …
« Si les propos du président de la République n’exprimaient pas un soutien explicite à la liste conduite par Mme Valérie Hayer, ils présentaient néanmoins, dans leur intégralité, un lien direct avec l’élection », a considéré l’Arcom, dans un courrier adressé au parti Les Républicains, et divulgué par l’AFP. L’autorité constate également « que le discours du président de la République avait été prononcé alors que la campagne électorale est pleinement engagée, et dans un cadre ne relevant pas du fonctionnement institutionnel de l’Union européenne. »
« La manipulation politicienne démasquée ! »
Le discours de deux heures d’Emmanuel Macron, prononcé depuis le grand amphithéâtre de la Sorbonne et diffusé en direct sur plusieurs chaînes télévisées, redite d’un exercice auquel il s’était déjà prêté en septembre 2017, a été épinglé par les oppositions.
Considérant que le chef de l’Etat se servait de sa position et des moyens de l’Elysée pour venir apporter un coup de pouce tacite à une candidate en difficulté, plusieurs partis, dont le PS et LR, avaient indiqué saisir le gendarme de l’audiovisuel …
« Je dois dire qu’aucun candidat n’a les moyens techniques de l’Elysée pour pouvoir occuper un amphithéâtre à la Sorbonne, mobiliser les cars de CRS pour bloquer les rues, enfin j’en passe et des meilleurs… », avait relevé sur l’antenne de Public Sénat Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS. …
MISE À JOUR 27 04 24
Européennes : l’Arcom va se pencher sur le temps de parole de Macron
Par Le Figaro 26 04 24
Les Républicains ont écrit jeudi au régulateur afin que l’intégralité de ce discours, qu’ils qualifient «d’opération de propagande électorale», soit décompté «du temps de parole de la liste» Renaissance.
L’autorité de régulation de l’audiovisuel, l’Arcom, va se saisir à partir de la semaine prochaine de la question du temps de parole d’Emmanuel Macrondans la campagne des européennes, après son discours jeudi sur l’Europe à la Sorbonne, a-t-on appris vendredi auprès d’elle. Le chef de l’État est revenu sur le sujet vendredi devant des journalistes à Strasbourg : «C’était une parole de président de la République hier. Après, les règles sont définies par d’autres et c’est très bien et en indépendance».
«Mais je pense qu’il ne faut pas être hypocrite sur le sujet. Il faut assumer la politique qu’on a conduite, le rôle que la France a mené ces dernières années et le fait que j’aie mis l’Europe au cœur aussi du projet qui est le nôtre», a-t-il ajouté. Télés et radios doivent transmettre lundi leur décompte à date des temps de parole de chaque camp, dans cette campagne des élections européennes.
«Ils seront examinés puis publiés, après passage en assemblée plénière, sur le site de l’Arcom», a détaillé l’autorité. «Aussi, nous examinerons les saisines relatives au temps de parole du président de la République», a ajouté une porte-parole de l’Arcom. Les Républicains ont écrit jeudi au régulateur afin que l’intégralité de ce discours, qu’ils qualifient «d’opération de propagande électorale», soit décompté «du temps de parole de la liste»Renaissance.
«Nous attendons la décision»
Sur Public Sénat vendredi, le patron du PS Olivier Faure a aussi annoncé son intention de solliciter l’Arcom: «Il est curieux que le chef de l’État, à ce moment-là de la séquence, prenne la parole, mobilise les chaînes de télévision, le fasse comme s’il était la tête de liste de sa propre liste, mais sans être décompté». Il a évoqué «un sujet d’iniquité entre les candidatures».
Les chaînes de télévision elles-mêmes se sont interrogées et certaines ont questionné le régulateur, comme BFMTV. «Nous attendons la décision de l’Arcom», a-t-on appris auprès de la chaîne. Depuis le 15 avril, et comme avant chaque élection, télés et radios sont tenues de respecter un principe d’équité dans le traitement des forces politiques, avant le scrutin du 9 juin.
OÙ EN EST LA NEUTRALITÉ DE L’UNIVERSITÉ ? EN 5 SÉQUENCES
1. ARTICLE – Conférence de Mélenchon à Sciences Po: «Ne confondons pas la tribune d’un meeting avec l’estrade d’un amphithéâtre»
Par Samuel Mayol. 22/04/2024 LE FIGARO
Alors que Jean-Luc Mélenchon se rendra à Sciences Po ce lundi, après que son intervention à l’université de Lille a été annulée, Samuel Mayol, maître de conférences à l’université Sorbonne Paris Nord, rappelle que l’université doit être le temple du savoir, et non du militantisme.
Samuel Mayol est maître de conférences à l’université Sorbonne Paris Nord et ancien directeur de l’IUT de Saint Denis. Il a reçu le Prix national de la laïcité en 2015 et est l’auteur de l’essai : Laïcité, la République jusqu’au bout (2023, éditions L’Harmattan).
La controverse autour de la décision d’accueillir ou non Jean Luc Mélenchon, dans le cadre d’un meeting politique au sein d’une université française soulève une question fondamentale : faut-il confondre la tribune d’un meeting avec l’estrade d’un amphi ? Depuis sa création au XIIe siècle, l’université française incarne la quintessence du savoir et de la science. Cela fait d’elle un bastion intouchable. Sa neutralité n’est pas simplement une formalité, mais une condition sine qua non à sa mission sacrée. En son sein, la vérité n’est pas une simple aspiration, mais un impératif catégorique, une lumière inextinguible que l’on cherche à travers les dédales du savoir humain. C’est un temple où les chercheurs, les étudiants et les penseurs peuvent s’abreuver à la source de la connaissance sans être entravés par les aléas des idéologies partisanes ou des luttes politiques.
Cet espace est le lieu où l’on s’engage dans une quête inlassable de la vérité, où chaque découverte est une pierre angulaire ajoutée à l’édifice du savoir humain. La libre expression des idées y règne en maître, offrant un terreau fertile où les pensées les plus audacieuses et les plus controversées peuvent germer et prospérer. Protéger cette neutralité, c’est préserver l’intégrité de la recherche, garantir la qualité de l’enseignement et assurer la pérennité de la quête du savoir. C’est maintenir un espace où la raison prévaut sur l’émotion, où la logique transcende les passions, où la vérité éclaire les esprits sans être obscurcie par les intérêts politiques.
La richesse de l’université réside, néanmoins, dans sa capacité à accueillir une diversité d’opinions et de perspectives. C’est dans ce creuset intellectuel que naissent les débats féconds, que s’épanouissent les idées novatrices et que se forgent les avancées intellectuelles. Toutefois, cette diversité ne doit pas être détournée de sa vocation première pour se transformer en un terrain propice au militantisme politique ou idéologique. L’université est le bastion de la pensée critique, un lieu où l’analyse rationnelle et la recherche impartiale sont élevées au rang de valeurs suprêmes. Son rôle consiste à promouvoir un esprit d’ouverture et de curiosité intellectuelle, non à servir de tribune aux politiciens en quête de visibilité.
La neutralité de l’université est bien plus qu’un simple principe de conduite ; elle est la garantie de son intégrité intellectuelle et de son impartialité.Samuel Mayol
Lorsque l’université devient le théâtre des luttes politiques, elle trahit sa mission fondamentale et compromet son intégrité académique. Les étudiants et les chercheurs doivent être libres de poursuivre leur quête du savoir sans être assaillis par les influences partisanes ou les pressions idéologiques. Protéger l’université contre l’intrusion du militantisme politique, c’est préserver son indépendance intellectuelle et garantir la libre circulation des idées. C’est maintenir un environnement où la raison prime sur la passion, où la vérité guide les esprits et où la recherche du savoir demeure le seul moteur de l’activité académique
L’introduction de la politique dans les enceintes universitaires risque de détourner l’attention de sa mission première : l’éducation et la recherche. Les étudiants doivent être encouragés à se forger leur propre opinion à partir de faits et de données vérifiables, et non à être influencés par des discours partisans. À ce titre aucun politicien ne devrait être autorisé à y tenir meeting. La présence de Jean-Luc Mélenchon à Sciences Po n’a pas lieu d’être. Il est essentiel de préserver scrupuleusement l’indépendance et l’autonomie de l’université en tant qu’institution académique fondamentale. La politisation croissante de l’espace universitaire menace gravement sa crédibilité et sa réputation en tant que gardienne de la connaissance et de la vérité.
L’université doit demeurer un bastion de neutralité, car c’est précisément en tant que tel qu’elle remplit pleinement sa mission. En tant que lieu où les chercheurs et les étudiants sont encouragés à explorer librement les idées, à remettre en question les conventions établies et à contribuer à l’avancement de la société, l’université ne peut se permettre d’être entraînée dans les tourments de la politique partisane ou de l’idéologie. La neutralité de l’université est bien plus qu’un simple principe de conduite ; elle est la garantie de son intégrité intellectuelle et de son impartialité. C’est cette neutralité qui permet à l’université de remplir sa mission première : celle de servir de forum pour le débat intellectuel, où toutes les idées peuvent être discutées de manière ouverte et éclairée, sans crainte de censure ou de répression.
En compromettant cette neutralité, la politisation de l’université met en péril son rôle crucial dans la société en tant qu’agent de progrès intellectuel et social. C’est pourquoi il est impératif de défendre avec fermeté l’indépendance et l’autonomie de l’université, afin qu’elle puisse continuer à remplir sa mission avec intégrité et excellence. Préserver la neutralité de l’université, c’est faire de cette dernière le temple du savoir et non du militantisme.
2. ARTICLE – Européennes : à la Sorbonne, Emmanuel Macron tente de mobiliser son propre camp
A l’issue d’un discours-fleuve, alertant sur les dangers qui menacent l’Europe, notamment la montée des nationalistes, le chef de l’Etat a battu le rappel d’un électorat peu enclin à se déplacer lors des élections du 9 juin.
Une campagne ? Quelle campagne ? Ce jeudi 25 avril, il aura fallu patienter près de deux heures pour qu’Emmanuel Macron évoque, depuis le grand amphithéâtre de la Sorbonne, à Paris, la date cruciale du 9 juin. Le discours-fleuve du chef de l’Etat, mettant en garde sur le « danger de mort » d’une Europe sommée de s’armer militairement, économiquement et culturellement pour ne pas disparaître, est sur le point de s’achever quand le président de la République appelle – enfin – son auditoire à se mobiliser le jour du scrutin des élections européennes.
Lire aussi | Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe à la Sorbonne : ce qu’il faut en retenir
« Nous vivons un moment décisif », alerte-t-il, depuis son pupitre bardé d’un liseré bleu, blanc, rouge. « Le 9 juin, les Européens vont choisir leur avenir », dit-il, appelant à renouer avec « l’audace » plutôt qu’à rester « timides » face à la montée des « nationalistes ».
La liste du camp présidentiel, dirigée par Valérie Hayer, accuse, sondage après sondage, un retard de plus de dix points face à celle de l’extrême droite emmenée par Jordan Bardella, patron du Rassemblement national (RN). La dynamique est si mauvaise pour la Macronie que la gauche, menée par Raphaël Glucksmann, pour l’heure en troisième position, s’imagine ravir la deuxième place
3. ARTICLE – « Europe mortelle », défense, économie : les temps forts du discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe
Public Sénat 25/04/2024
Le président de la République a dévoilé ce jeudi 25 avril sa vision d’une « Europe puissance », à un peu plus d’un mois des élections européennes. Durant 1h45, Emmanuel Macron a égréné les grands défis du continent.
Retour sur les bancs de la Sorbonne. Emmanuel Macron a prononcé un discours fleuve de près de deux heures sur l’Europe ce jeudi 25 novembre, depuis le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, sept ans après une allocution prononcée au même endroit, le 26 septembre 2017. À l’époque, il avait longuement brossé sa vision de l’Europe.
Cette fois, le chef de l’Etat est revenu son bilan européen mais a aussi tracé des perspectives d’avenir sur le thème de « l’Europe puissance » dans un contexte international de plus en plus incertain, du fait notamment de la guerre en Ukraine et de la bataille commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine. Dans un moment où l’Europe « peut mourir d’elle-même », selon le mot d’Emmanuel Macron, il a notamment appelé les Européens a à bâtir une « défense crédible du continent », à investir massivement dans différents secteurs stratégiques, et à trouver les fonds pour « doubler » rapidement le budget de l’Union.
Le timing choisi par le chef de l’Etat pour cette intervention, qualifiée « d’institutionnelle » par l’Elysée, a fait bondir les oppositions. Elle intervient à moins de 50 jours des élections européennes, alors que la candidate de la majorité, Valérie Hayer, peine à décoller dans les sondages, où elle est devancée d’une dizaine de points par la liste du Rassemblement national, conduite par Jordan Bardella, mais également talonné par celle de Raphaël Glucksmann (PS-Place Publique).
La prise de parole d’Emmanuel Macron, devant un parterre d’ambassadeurs européens, des parlementaires, une délégation de la Commission européenne, des chefs d’entreprise, des étudiants et des chercheurs, pourrait marquer une accélération dans une campagne qui, jusqu’à présent, intéresse peu les Français. Seuls 8 % d’entre eux connaissent la date exacte du scrutin, prévu le 9 juin, selon une enquête Eurobaromètre commandée par le Parlement européen.
4. ARTICLE – Emmanuel Macron défend le Ceta, accord entre l’UE et le Canada, après son rejet par le Sénat
LE HUFFPOST Par Jade Toussay et Valentine Hullin
Adopté par l’UE en 2017, le Ceta supprime en partie les droits de douane entre les États membres et le Canada. Mais en mars 2024, le Sénat français s’est prononcé contre.
Les oppositions, communistes en tête, ont rendu Emmanuel Macron « chagrin ». La raison ? Le vote des sénateurs en mars dernier contre le Ceta, le traité de libre-échange entre l’UE et le Canada. Ce jeudi 25 avril depuis la Sorbonne, le chef de l’État a défendu un accord qu’il juge profitable aux agriculteurs français.
Emmanuel Macron a défendu sa vision de la politique commerciale européenne « à réajuster ». Et selon lui, l’exemple parfait est en le Ceta. « Le Ceta, qu’on a fait avec le Canada, est un bon accord. Il ne faut céder à aucune démagogie et je suis chagrin de ce que j’ai pu voir, y compris dans les débats français ces dernières semaines. Il ne faut pas qu’on tombe dans le rejet de tout accord commercial, parce que là bon courage, bienvenue la démagogie ! », a-t-il estimé.
L’avantage du Ceta mis en avant par le président de la République ? Les « clauses miroirs », qui empêchent l’importation dans l’UE de produits canadiens qui ne respectent pas les normes européennes.
Passage risqué devant l’Assemblée pour l’exécutif
Le Ceta (« Comprehensive Economic and Trade Agreement ») a été adopté en 2017 à l’échelle européenne. Ce n’est qu’en 2019 qu’il a été présenté à l’Assemblée nationale et adopté de justesse, avec un nombre d’abstentions record pour l’époque dans les rangs macronistes. Son parcours législatif français s’est ensuite arrêté. Car le gouvernement ne l’a jamais inscrit à l’ordre du jour du Sénat, suscitant l’agacement des oppositions défavorables au texte.
En mars 2024, le groupe communiste du Sénat a donc inscrit le traité à l’ordre du jour de sa niche parlementaire pour contraindre à un vote. Il s’est révélé défavorable pour le gouvernement : le Ceta a été rejeté par la Chambre haute à une très large majorité, au grand dam du gouvernement et donc d’Emmanuel Macron lui-même.
Depuis, les députés communistes ont repris le flambeau et annoncé leur intention de débattre une seconde fois du texte à l’Assemblée nationale, lors de leur niche le 30 mai. Mais le ministre délégué au Commerce extérieur Franck Riester a fait savoir que « le projet de loi sera transmis [à l’Assemblée] le moment venu, mais pas avant les élections européennes, car ce sujet nécessite un temps de débat apaisé ». « Nous ne souhaitons pas, comme nous l’avons vu au Sénat, que certains groupes d’opposition instrumentalisent ce débat légitime à des fins électoralistes », résume le ministre.
En cas de rejet par l’Assemblée nationale – pas totalement exclu, au vu de la majorité relative et des hésitations de 2019 –, l’équation deviendrait alors très complexe pour le gouvernement. Option 1 : il notifie à Bruxelles qu’il ne peut ratifier le traité et cela entraînerait la fin de son application provisoire pour toute l’Europe. Cette notification n’est cependant pas obligatoire. Option 2 : il ne notifie pas à Bruxelles et l’application du traité se poursuit mais avec le risque de s’attirer les foudres des oppositions qui crieront au déni démocratique.
5. ARTICLE – A Sciences-Po Paris, Jean-Luc Mélenchon s’insurge « contre le maccarthysme qui s’installe dans le pays »
Après l’annulation de sa conférence à Lille, le leader insoumis a poursuivi sa tournée des facs à l’institut de la rue Saint-Guillaume lundi soir.
Par Paul Battez. 23 avril 2024 NOUVEL OBS
C’est son nouveau mot d’ordre : « Contre la censure, nous ne nous tairons jamais. »Dans la tourmente depuis la double annulation de sa conférence sur la Palestine prévue la semaine dernière à l’université de Lille puis dans une salle privée de la capitale des Flandres avec Rima Hassan (juriste franco-palestinienne et septième sur la liste des insoumis aux élections européennes), Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé ce lundi 22 avril au soir à Sciences-Po Paris. L’occasion pour le chef de file de La France insoumise (LFI) de revenir brièvement sur les événements qui ont suscité la polémique ces derniers jours.
La demi-heure précédant le début de la conférence rue Saint-Guillaume a donné le ton. Devant les portes de l’établissement, deux groupes d’étudiants s’affrontent par chants interposés pendant de longues minutes. « Israël assassin, Gaza vaincra », scande le premier, composé d’une cinquantaine de sympathisants de LFI. « Islamo-gauchistes, hors de nos facs », lui répond celui d’en face, qui compte dans ses rangs une poignée de jeunes représentants de l’Union nationale inter-universitaire (UNI) et des membres du collectif féministe d’extrême droite Nemesis.
Ce dernier reproche notamment aux insoumis leur complicité supposée avec les crimes sexuels infligés aux otages détenus par le Hamas, en plus de s’emporter contre le « double discours »d’un parti qui « défend les hommes qui frappent leur femme » – une allusion au député insoumis Adrien Quatennens, condamné pour violences contre son ex-compagne. Les échanges, qui ont laissé place à quelques échauffourées lors de l’arrivée de Jean-Luc Mélenchon, se sont finalement estompés dès le début de la conférence.
« Devoir de désobéissance » et « résistance »
L’établissement l’avait assuré : invité par les Jeunes insoumis de Sciences-Po, « Jean-Luc Mélenchon présentera lors de sa conférence son dernier ouvrage “Faites mieux !” », destiné à « décliner un cadre analytique et stratégique pour le camp populaire du XXIe siècle ». Pas de quoi empêcher son auteur de revenir sur le périlleux parallèle qu’il a dressé, jeudi 18 avril, entre l’interdiction de sa conférence ordonnée par le président de l’université de Lille et la logistique de la solution finale organisée par le nazi Adolf Eichmann.
Dans un amphithéâtre Emile-Boutmy plein à craquer, Mélenchon s’est de nouveau désolé de l’attitude d’un« président d’université pleurnicheur » ayant« cédé sous la pression », avant de se référer à un ouvrage de la philosophe Hannah Arendt pour expliquer qu’il s’est « comporté dans une logique de la propagation du mal » en exécutant des décisions prises aux échelons supérieurs. « Choqué par le spectacle de ces abandons », le leader insoumis s’attire les applaudissements d’un amphithéâtre conquis à sa cause lorsqu’il invite ce dernier à « protester contre le maccarthysme qui s’installe dans le pays ».
« Devoir de désobéissance » et « résistance »constituent justement le fil rouge de l’intervention du chef de LFI qui, pendant un peu plus d’une heure, déroule son opposition à « la morale du néolibéralisme » à partir de questions d’actualité. « L’ennemi n’est pas seulement l’extrême droite, mais c’est l’immense chaîne des lâchetés de ceux qui cèdent avant d’avoir combattu », s’est-il insurgé, appelant à « briser la chaîne du légal pour passer à la chaîne du légitime ».
Se faisant professeur, voire philosophe, devant les étudiants, Mélenchon a finalement rendu une copie teintée de mesure, saluant au passage « l’attitude ouverte et respectueuse » de Sciences-Po Paris – à l’inverse de ceux « qui ont cédé aux pressions » et qui « se sont mis à genoux ». Une reconnaissance que l’amphithéâtre lui rend bien, à en croire les chants sur l’« Union populaire » entonnés par les étudiants dès la fin de sa prise de parole. De quoi faire sourire Mélenchon : « On dirait que j’ai pas mal d’amis ici », conclut-il.