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DROGUE : FACE AUX TRAFIQUANTS, PRENDRE LES MESURES – NON MÉDIATISÉES – QUI S’IMPOSENT ? MISE À JOUR

MISE À JOUR 16 05 24 :

« La France sur un point de bascule » : après les magistrats marseillais, les sénateurs alarment sur le trafic de drogue »

TITTE LA PROVENCE Par Laurent D’ANCONA 15/05/24 QUI POURSUIT :

Quelques heures avant l’évasion sanglante de Mohamed Amra, mardi 14 mai, la commission d’enquête sénatoriale sur le trafic de drogue a rendu ses conclusions. Six mois d’investigation et d’auditions. Un rapport accablant, assorti de 35 propositions fortes reprenant plusieurs mesures réclamées par les magistrats marseillais.

Les conclusions du rapport de la commission sénatoriale sur le trafic de drogue, rendues public mardi 14 mai à Paris, sonnent a posteriori comme une reconnaissance au goût amer pour les magistrats marseillais. Jugés « défaitistes » et sévèrement tancés par le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, pour avoir exprimé, sans tabou, leurs craintes que la guerre soit « en train d’être perdue« , ils ont vu les sénateurs reprendre dans les grandes largeurs leur vision d’un pays « submergé par le narcotrafic« . Et au-delà, entériner plusieurs de leurs propositions (réforme du statut de repenti, cour d’assises spéciales…) pour tenter d’endiguer « le tsunami » qui déferle jusque « dans les zones rurales et les villes moyennes« .

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UNE RÉPONSE NOTOIREMENT INSUFFISANTE DE L’ÉTAT FACE AUX NARCOTRAFIQUANTS ARMÉS

Le sénateur Jérôme Durain dénonce une réponse « limitée » des pouvoirs publics au narcotrafic. « On ne peut pas dire ‘c’est la faute au consommateur’, ou pointer tel ou tel territoire : c’est un problème global, il faut des réponses globales » VOIR EMISSION 1

Clotilde Champeyrache :  « La répression c’est contre ces organisations criminelles, puissantes, dangereuses, qui ne font pas que du trafic de stupéfiant et mettent en péril notre démocratie, et de l’autre côté développer plus de solutions de santé publique, surtout pour ceux qui veulent sortir de l’addiction. » VOIR EMISSION 1

Thibault de Montbrial : «Pour la première fois, les moyens utilisés par les narcotrafiquants de haut de spectre – les mafias, avec l’utilisation d’armes de guerre et un massacre à bout portant – ont été utilisés non pas contre des clans rivaux, mais contre la force publique». VOIR ÉMISSION 2.

«La situation en termes de sécurité, de délinquance et de violence était infiniment moins grave il y a sept ans», a affirmé Thibault de Montbrial. VOIR ÉMISSION 3.

UN COMMENTAIRE EMBARRASSÉ DU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR : ENTRE GRAVITÉ, BANALITÉ ET IMPUISSANCE ?

Devant la gravissime attaque de narcotraficants contre la force publique le ministre Darmanin a déclaré :

« Ce n’est pas l’ennemi public n °1 » avant le passage à l’acte du commando.

Gérald Darmanin a rappelé par ailleurs que le détenu n’était pas incarcéré dans un quartier de haute sécurité, et que des centaines de transferts comme le sien de Rouen à Évreux étaient « quotidiens ».

La dernière condamnation en date remonte au 7 mai, par le tribunal d’Evreux (nord-ouest)« pour un vol avec effraction » qui lui a valu 18 mois de prison. Il était en outre en détention provisoire pour d’autres dossiers, dont une mise en examen dans la région de Marseille (sud-est), haut lieu du narcobanditisme en France, pour complicité d’assassinat en bande organisée, enlèvement et séquestration.

PLACE NETTE POUR LA DROGUE : RÉSULTATS TRÈS LIMITÉS

En même temps, les sénateurs de la commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France ont rendu leur rapport. Ce document dessine précisément la menace que fait peser le trafic de drogue sur la stabilité des institutions et tire un premier bilan, plus que mitigée, des opérations « place nette ».

PRÉCÉDENTE PUBLICATION :

LA PROMESSE (101) DE LA « PLACE NETTE » : « LA GUERRE PERDUE » ? – ET LE CSM QUI RECADRE LE MINISTRE
DROGUE : « POUDRE AUX YEUX » – UNE IMPASSE QUI ANÉANTIT LA PROMESSE (100) DE « PLACE NETTE ». https://metahodos.fr/2024/04/11/operations-place-nette-dupond-moretti-recadre-des-magistrats-et-sattire-les-foudres-du-csm/

1. ÉMISSION – Lutte contre le narcotrafic : « Les organisations criminelles s’adaptent complètement à la répression »

Mercredi 15 mai 2024. FRANCE INTER

Jérôme Durain, sénateur PS de la Saône-et-Loire, Clotilde Champeyrache, économiste au CNAM, spécialiste des mafias et économies criminelles et Christophe Miette, commandant de police échangent autour de la question de la lutte contre le narcotrafic. 

Avec

  • Jérôme Durain Sénateur de Saône-et-Loire, rapporteur de la loi pour la République Numérique
  • Clotilde Champeyrache Economiste, maîtresse de conférences au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
  • Christophe Miette Délégué national de la police judiciaire au syndicat SCSI (cadres de la sécurité intérieure)

Jérôme Durain, sénateur PS de la Saône-et-Loire

L’attaque mortelle d’un fourgon pénitentiaire « vient confirmer un certain nombre d’inquiétudes que nous formulons dans notre rapport » sur le narcotrafic en France, estime l’élu. « Dans notre échange avec les autorités pénitentiaire, on avait posé la question et on avait eu une réponse écrite qui disait que le risque d’évasions préméditées, en lien avec des organisations criminelles était réél, notamment du fait de leurs immenses capacités financières. Ça vient mettre en lumière, sous réserve que l’enquête confirme tout ce qu’on pressent, qu’il y a une capacité de pouvoir d’achat des réseaux criminels, qui leur permet tout et n’importe quoi, une audace et une liberté d’action sans limite. »  Le sénateur dénonce une réponse « limitée » des pouvoirs publics au narcotrafic. « On ne peut pas dire ‘c’est la faute au consommateur’, ou pointer tel ou tel territoire : c’est un problème global, il faut des réponses globales », insiste-t-il.

Clotilde Champeyrache, économiste au CNAM, spécialiste des mafias et économies criminelles

Les organisations criminelles font preuve de « résilience », estime Clotilde Champeyrache. « Elles s’adaptent complètement à la répression, elles développent de nouveaux produits, du marketing… », analyse l’économiste. « Elles ont appris du Covid, en développant des distributions à domicile, ce qui explique que tout le territoire peut désormais être touché. » Il ne faut pas, selon elle, « opposer répression et santé publique ». Ce sont deux sujets « liés », dit Clotilde Champeyrache. « La répression c’est contre ces organisations criminelles, puissantes, dangereuses, qui ne font pas que du trafic de stupéfiant et mettent en péril notre démocratie, et de l’autre côté développer plus de solutions de santé publique, surtout pour ceux qui veulent sortir de l’addiction. » D’après l’économiste, « légaliser ne fera pas disparaître les organisations criminelles et trafics » car « c’est encadrer la vente des produits et il y a de la vente de tabac aussi ».

Christophe Miette, commandant de police

« La drogue festive, je n’y crois absolument pas, au vu des morts que j’ai pu rencontrer tout au long de mes enquêtes », lance l’enquêteur. « Sur le plan de la santé, il y a un véritable débat, légalisation ou dépénalisation, c’est un débat de société à avoir. Mais dans certains pays, ils en reviennent ! », souligne-t-il.

2. ÉMISSION – AGENTS PÉNITENTIAIRES TUÉS DANS L’EURE : «POUR LA PREMIÈRE FOIS, LES MOYENS DES NARCOTRAFIQUANTS ONT ÉTÉ UTILISÉS CONTRE LA FORCE PUBLIQUE», ALERTE THIBAULT DE MONTBRIAL

Par CNEWS  Publié le 15/05/2024

«Pour la première fois, les moyens des narcotrafiquants ont été utilisés contre la force publique», a alerté Thibault de Montbrial, président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure, face à Laurence Ferrari, dans La Grande Interview sur CNEWS ce mercredi.

«C’est une bascule», assure l’avocat Thibault de Montbrial, invité ce mercredi 15 mai de La Grande interview CNEWS-Europe1. Après le meurtre de deux agents pénitentiaires au péage d’Incarville, (Eure) pour libérer Mohamed Amra, le traque se poursuit du côté de l’État pour retrouver le détenu et ses complices.

Pour le président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure (CRSI), cette «bascule n’a rien d’inattendu» et estime «que c’est la suite logique de la trajectoire de sud-américanisation que suit notre pays». Thibault de Montbrial justifie ensuite cette théorie. «Pour la première fois, les moyens utilisés par les narcotrafiquants de haut de spectre – les mafias, avec l’utilisation d’armes de guerre et un massacre à bout portant – ont été utilisés non pas contre des clans rivaux, mais contre la force publique».

Selon l’avocat, les agents «n’avaient aucune chance» car «ils ont été abattus par un commando qui avait planifié son attaque». Dès lors, Thibault de Montbrial s’interroge sur  la manière dont ils ont obtenu ces renseignements».

«Et cela pousse vers une autre réflexion : aujourd’hui, les mafias de narcotrafiquantssont devenues tellement puissantes qu’elles n’ont plus de difficulté à corrompre des agents de l’État et souvent des gens qui n’ont pas des postes très importants. Cette affaire en est l’illustration», a-t-il détaillé sur le plateau de Laurence Ferrari.

Le président du think tank CRSI a également renvoyé à la mise en garde de la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, qui dans une interview au Monde, «avait déjà tiré la sonnette d’alarme». «Elle disait que dans les mafias de narcotrafiquants, il y avait des évolutions en termes sociaux et de désorganisation de l’État, en l’occurrence, la violence et la corruption», a-t-il rappelé. Avant de l’assurer : «Nous y sommes».

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3. ÉMISSION – THIBAULT DE MONTBRIAL : «LA SITUATION EN TERMES DE SÉCURITÉ, DE DÉLINQUANCE ET DE VIOLENCE ÉTAIT INFINIMENT MOINS GRAVE IL Y A SEPT ANS»

Par CNEWS  Publié le 15/05/2024

«La situation en termes de sécurité, de délinquance et de violence était infiniment moins grave il y a sept ans», a affirmé Thibault de Montbrial, président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure, face à Laurence Ferrari, dans La Grande Interview sur CNEWS ce mercredi.

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