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DROGUE : CANNANBIS, « LA MALHONNÊTETÉ EN POLITIQUE «  – POINT DE VUE

DÉNONCIATION DES « MENSONGES DU GOUVERNEMENT « 

Dans le Nouvel Obs, dénonçant les mensonges du Gouvernement sur le cannabis, le chargé des relations publiques de Génération Libre Sacha Benhamou enjoint les responsables politiques à l’honnêteté.

Mise en garde contre la malhonnêteté en politique

Sur les politiques de légalisation, le gouvernement recourt à des informations biaisées. Pourtant le débat ne parvient à des solutions de compromis que si les parties ne tordent pas les faits. Le think tank GenerationLibre met en garde contre la malhonnêteté en politique.

POUR QUE LA POLITIQUE REGAGNE SES LETTRES DE NOBLESSE

« Mais comment convaincre qu’une politique publique doit changer ?

Comment désigner les gagnants et les perdants ?

C’est là que les valeurs interviennent. Et c’est dans ces débats, s’ils étaient explicitement posés, que la politique regagnerait ses lettres de noblesse » conclut l’article

ARTICLE – Cannabis : cessons de tordre les faits 

Sacha Benhamou GenerationLibre. 21 mai 2024

Les opérations dites « place nette XXL »remettent sur le devant de la scène la question de la légalisation du cannabis. Pour repousser cette idée, des membres du gouvernement recourent largement à des informations biaisées ou fausses pour dénoncer le prétendu échec des expériences étrangères. Ainsi, les Pays-Bas auraient légalisé le cannabis et s’en mordraient les doigts.

C’est faux ! Certes, la Hollande est bien connue pour sa tolérance envers les consommateurs de cannabis ; mais, à défaut d’avoir légalisé sa production sur le territoire comme l’ont fait le Canada et plusieurs Etats des Etats-Unis, le marché noir y a explosé et les réseaux criminels resserrent leur étau sur la société – situation bien décrite par la série documentaire de Mathieu Kassovitz. Raison pour laquelle les Pays-Bas envisagent à présent d’avancer vers un modèle industriel de production, c’est-à-dire une véritable légalisation, pour permettre de réintégrer toute la chaîne de valeur au marché légal. 

Notre ministre de la Justice prétend encore que la légalisation du cannabis aurait conduit à l’augmentation de la consommation de 26 % au Canada. Mais ce que le garde des Sceaux omet de dire, c’est que cette augmentation correspond au nombre de personnes qui ont expérimenté la substance dans les douze derniers mois, expérimentation le plus souvent sans conséquence sanitaire, alors que la consommation régulière et celle des mineurs, le véritable danger sanitaire, ont au contraire chuté ! 

Il est difficile de croire que le gouvernement et ses services ne disposent pas d’informations exactes et complètes sur des questions aussi importantes en matière de santé, de sécurité ou de liberté publique. Ce manque de sincérité dans le débat est regrettable. Et l’opposition n’est pas en reste sur l’abandon de l’éthique du débat sur d’autres sujets, que ce soit François-Xavier Bellamy (Les Républicains) qui prétend que la GPA a été reconnue par l’Union européenne comme « traite des êtres humains » dans la révision de sa directive (en réalité seulement lorsque la femme porteuse est sous la contrainte), ou La France insoumise quand elle affirme que le refus de la France de consacrer une définition européenne du viol revient à le décriminaliser. 

Combat de free fight 

Plutôt que de chercher à cliver sur de fausses informations, les responsables politiques devraient chercher à convaincre sur leurs propres idées, car la démocratie ne peut exister qu’au sein d’un corps politique conscient de sa propre unité, dans une « concurrence pacifique » chère à Raymond Aron. Dès lors, le débat public ne doit pas être un combat de free fight. Tous les coups ne sont pas permis. Le débat doit permettre une compréhension mutuelle des citoyens et la résolution des oppositions de la société dans des solutions de compromis. Or, il ne peut se construire aucun compromis lorsque les deux parties ne partagent pas les mêmes termes du débat. 

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Pire, la mauvaise foi intellectuelle n’a qu’une différence de degré avec l’énoncé de faits alternatifs dont la tolérance nourrit le populisme. Lorsque nous nous opposons sur des faits, l’Autre est nécessairement un menteur, un tricheur. Le dialogue est rompu. Les Etats-Unis en sont le triste exemple. Avec les réalités alternatives défendues depuis des années par Donald Trump, il y a plusieurs Amériques qui ne se comprennent plus. 

Manque d’honnêteté 

La vérité est la condition préalable à la confiance, et la confiance est la condition préalable à l’action commune. Le manque d’honnêteté intellectuelle en politique met en danger la démocratie et nourrit la défiance contre le personnel politique : les segments de la société ainsi archipelisée qui ne se parlent plus en viennent à en conclure qu’au moins une moitié de leurs représentants sont des menteurs ! 

Le débat politique ne devrait jamais porter que sur des faits déjà établis, et sur le choix entre les différentes solutions permettant de répondre aux défis qu’ils posent. La différence entre les solutions disponibles peut être purement technique. Mais ces différentes solutions peuvent aussi être des options morales. Ce débat sur les valeurs est prépondérant en politique car rares sont les solutions parfaites. Une politique publique implique parfois l’existence de gagnants et de perdants à court terme alors que ses effets bénéfiques pour tous se manifestent dans le long terme. Elle est acceptable si les perdants ne sont pas sacrifiés de manière disproportionnée au regard de ce que les autres gagnent, et si le politique est capable d’unir autour de sa vision de l’avenir. 

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Mais comment convaincre qu’une politique publique doit changer ? Comment désigner les gagnants et les perdants ? C’est là que les valeurs interviennent. Et c’est dans ces débats, s’ils étaient explicitement posés, que la politique regagnerait ses lettres de noblesse.

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