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JO 2024 : DES PARISIENS « INDÉSIRABLES »  ENVOYÉS EN BELGIQUE ? SELON LA RTBF – COMPLÉMENT

LA PROMESSE RENIÉE DU « ZÉRO SDF » SE TRANSFORME-T-ELLE EN « PAS DE SDF SUR LES LIEUX DES JEUX OLYMPIQUES » ?

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DÉPLACEMENT FORCÉ : 12.545 PERSONNES DÉCOMPTÉES – « NETTOYAGE SOCIAL » ET ATTEINTE AUX LIBERTÉS

https://metahodos.fr/2024/06/05/deplacement-force-12-545-personnes-nettoyage-social-et-atteinte-aux-libertes/

DES PERSONNES SOIGNÉES EN PSYCHIATRIE VOIENT LEUR LIBERTÉ RESTREINTE EN RAISON DES MANIFESTATIONS DES JEUX OLYMPIQUES ET DU DÉBARQUEMENT-

DOSSIER DÉPLACEMENT FORCÉ

 https://metahodos.fr/2024/06/03/honte-et-scandale-des-personnes-soignees-en-psychiatrie-sont-confinees/

1. ARTICLE – Jeux de Paris : des SDF envoyés en Belgique ?

29 mai 2024 Françoise Walravens RTBF

A Paris, on travaille parfois 24 heures sur 24 sur certains chantiers pour que tout soit prêt pour les Jeux Olympiques. Officiellement, tout va bien. A côté des images impressionnantes, une rumeur commence à enfler : «  Histoire de faire place nette pour les JO, des migrants et sans-abri « Parisiens » seraient envoyés vers la Belgique et vers Bruxelles. » Cette rumeur, nous avons tenté de la vérifier sur le terrain.

Depuis quelques mois, beaucoup d’associations françaises dénoncent des expulsions forcées, des éloignements… Certains parlent même de « nettoyage social ». L’État Français réfute cet « objectif zéro SDF à la rue ».

Et pourtant, à Bruxelles, plusieurs personnes travaillant sur le terrain ont constaté que de migrants et sans domicile fixe « parisiens » ont débarqué chez nous !

Chassés de Paris par qui ? Et Comment sont-ils arrivés jusqu’à Bruxelles ?

Des témoignages qui posent question

Elise Tordeur est responsable de l’asbl Bulle, une wasserette solidaire et mobile qui lave le linge des plus démunis.

Toutes les semaines, elle parcoure Bruxelles et va à la rencontre des « sans chez soi » : « Nous avons constaté depuis quelque temps effectivement une hausse des personnes, de sans-abri qui viennent de Paris d’origine française ou même d’origine étrangère. Les profils varient. Cela se passe surtout autour de la gare du midi qui est une vraie plaque tournante. »

Sa collègue Marine Anthoons précise : « Ce sont des Français, des migrants sans papiers ou des mineurs non accompagnés. Ils arrivent par vague. Cela fait déjà depuis un petit temps, depuis décembre ou janvier. »

Ils viennent par vagues de 5 à 10 personnes.

Est-ce sur base volontaire ? « Je ne pense pas non« , avoue Elise.

Nous demandons si elle pense qu’ils sont obligés de partir ? « On les invite en tout cas à partir par tous les moyens possibles et imaginables« ,souligne Elise.

On pense qu’on les a invités à partir de Paris pour préparer les Jeux olympiques.

« Un jour, on peut voir 5 ou 10 nouvelles personnes venues de Paris et puis, ne plus les voir pendant 3, 4 semaines vu que c’est une logique de survie à la rue »,explique Elise.

Jean-Luc Moerman distribue des repas chauds aux personnes en situation de précarité. Ce sont ses amis restaurateurs qui les cuisinent gratuitement et spécialement pour eux.

Presque tous les jours, cet artiste sillonne Bruxelles avec son vélo-cargo et ils en croisent de plus en plus.

Il y a peu, il est venu en aide à un groupe de migrants qui arrivaient de Paris : « Ils étaient une quinzaine. Ils avaient même une page A4 qui leur disait qu’ils pouvaient aller dans telle boulangerie, tel endroit. Plusieurs adresses où ils seraient bien reçus. »

Ils les mettent dans des bus à 10 euros par tête pour désengorger Paris avant les JO. On ne leur demande pas leur avis.

« On ne demande pas l’avis des SDF, dans le système ce sont des gens qui ne comptent pas… », ajoute Jean-Luc.

Il précise aussi : « J’ai rencontré plusieurs petits groupes mais ils disparaissent très vite des rues de Bruxelles. Il y en a qui partent à Mons, d’autres à Liège ou encore à Namur. Certains même retournent à Paris parce que dans leur tête, c’est chez eux. »

Pendant plusieurs jours, nous avons tenté de retrouver ces migrants ou sans abris venus de Paris dans les quartiers de Bruxelles.

Nous avons arpenté les quartiers où ils pourraient être. Nous avons rencontré beaucoup de personnes « sans chez soi », certaines n’en avaient pas vu, d’autre oui :

Oui, on en a rencontré. Beaucoup. Ils arrivent. Ils repartent.

« J’ai entendu, qu’il y avait des gens de Paris à la Bourse » Il faut aller voir là-bas porte de Hall et gare du midi. »

Nous y sommes allés, mais en vain.

Il est aussi très délicat de réveiller des personnes en précarité dans la rue et comme le dit Tamo, un infirmier qui vit depuis 5 ans dans la rue : « Je m’interdis de demander à quelqu’un que je rencontre dans la rue de lui demander d’où il vient car cela pourrait réveiller des cicatrices douloureuses.« 

Par contre, cette dame qui a préféré garder l’anonymat en a rencontré plusieurs. Elle travaille sur le terrain pour une association bruxelloise qui lutte contre le sans-abrisme.

Elle a discuté avec un groupe de 4 très jeunes migrants venus de Paris : « Ils m’ont qu’ils avaient été mis à la porte de Paris. La Police leur a dit de quitter la ville. Elle les chassait de là où ils étaient, où ils dormaient. C’était dans la rue tout simplement. Question de Jeux Olympiques, ils font vraiment un nettoyage. Ils n’avaient pas de papiers et pourtant, ils sont venus en train. »

« Ils avaient une liste avec les adresses où aller à Bruxelles. Ils cherchaient des endroits précis ici, des associations. »

Qui leur a donné cette liste ? « Je ne sais pas. Je ne les ai plus vus depuis quelques semaines. D’après les informations que j’ai, ils partent vers Liège ou Namur. Ils vont du côté francophone », dit-elle.

Elle a aussi longuement échangé avec un parisien sans domicile fixe qui vivait dans le quartier du Châtelet où il avait ses habitudes : « Lui aussi, on a clairement dit qu’il ne pouvait pas rester sur Paris à cause des Jeux Olympiques. »

Qui lui a dit de venir à Bruxelles ?

« La Police française lui expliquant que même dans les transports qu’il prendrait pour venir ici, on fermerait les yeux. La Police lui a conseillé aussi de prendre un train de Paris vers Lille Europe, puis vers Bruxelles. De venir en Belgique par ce biais-là », confie-t-elle.

La police française leur a dit de venir sur Bruxelles parce qu’ici, il y avait pas mal d’associations et qu’on s’occupait bien d’eux.

Elle poursuit : « Toutes les nuits après 17 heures, il y avait des descentes de Police et on lui menait la vie dure, on lui a fait comprendre de ne pas rester sur Paris. Ce sans-abri n’a aucune addiction et il avait ses habitudes dans son quartier et une certaine sécurité. Ici, il doit faire attention aux agressions, aux vols. Ce n’est pas évident pour lui de se retrouver ici. C’est une jungle Bruxelles.« 

« On la déracine de sa rue. C’est triste pour des Jeux. C’est comme si ces personnes n’existaient pas et pourtant elles existent« , conclut-elle.

On l’a obligé à venir ici et il n’attend que la fin des Jeux pour y retourner.

À lire aussi après cet article :

Avant les JO de Paris 2024, les autorités françaises nettoient les lieux de la compétition des sans-abris et migrants

Aucune réponse du Ministère de l’Intérieur de France, ni de la Préfecture de Paris

Nous avons, depuis le début du mois de mai, tenté d’avoir une réponse du Ministre de l’Intérieur de France, Gérard Darmanin via son service de presse. Nous avons aussi envoyé une demande au service de presse de la Préfecture de Paris.

Seule la Maire de Paris, Anne Hidalgo nous a répondu via son service de presse :

« Il est important de souligner qu’on constate une forte augmentation du nombre de personnes sans solution d’hébergement à Paris de manière générale. Nous savons, grâce à la 7e édition de la Nuit de la Solidarité qu’en 2024, 3492 personnes sans solution d’hébergement ont été recensées à Paris, ce qui représente une hausse particulièrement inquiétante de l’ordre de 16%, comparée à la précédente édition.« 

Pour l’Association Le Revers de la Médaille qui regroupe plus de 80 associations de solidarité agissant au quotidien auprès des personnes en situation de précarité et se mobilisant pour que la dynamique des Jeux ne soit pas synonyme de renforcement de l’exclusion, mais qu’au contraire ils lèguent un héritage social positif, ils sont beaucoup plus nombreux :

« A ces 3500 personnes comptabilisées, il faut ajouter 500 personnes hébergées temporairement par la Ville en gymnase dans le cadre du plan Grand Froid cette semaine-là (remises à la rue la semaine suivante). Cela fait donc 4000. Plus, les personnes sans-abri en banlieue, notamment en Seine-Saint-Denis, ainsi que tous les invisibles ceux s’abritant dans les souterrains, parking, entrées d’immeubles, véhicules etc. Nous estimons qu’à ce jour il y a 7000 personnes sans-abri en Ile-de-France.« 

La ville de Paris estime aussi que « Face à cette urgence sociale, l’État, dont c’est pourtant la compétence, n’est pas à la hauteur. La Ville de Paris, qui mène une politique volontariste sur la question de l’hébergement d’urgence, est allée de son côté bien au-delà de ses compétences et, entre autres initiatives, a pris en charge 450 jeunes mis à l’abri au sein de cinq équipements parisiens depuis décembre 2023. Sur la question des Jeux Olympiques, la Ville de Paris entend l’inquiétude de ses différents interlocuteurs et travaille activement pour faire des Jeux un événement inclusif et bâtir un héritage solidaire des jeux.« 

Depuis plusieurs mois déjà, la Maire de Paris a proposé à l’État de formaliser cet héritage notamment en construisant des places pérennes d’hébergement d’urgence : 

« Dans cette optique, la Ville de Paris a par exemple transformé un ancien lycée professionnel en centre d’hébergement d’urgence ayant permis d’accueillir plus de 150 personnes, essentiellement des familles à la rue. C’est cette dynamique que la Ville entend poursuivre en associant l’État qui demeure le détenteur de la compétence et donc des moyens pour bâtir ces places qui font défaut. Par ailleurs, la Ville de Paris plaide pour que l’État use de son pouvoir de réquisition afin de mettre à l’abri des personnes dans les nombreux bâtiments vacants ou locaux.« 

Quant au fait que ce serait la police qui leur dit qu’ils doivent partir et venir en Belgique à Bruxelles :

Réponse de la ville de Paris : cette question relevant des services de l’État, nous ne disposons pas d’informations pour répondre précisément à votre question.

En revanche, la doctrine de la Ville de Paris sur les évacuations de campements menées par l’État repose sur un principe simple : « pas d’éviction sans solution de prise en charge et conduite des opérations dans le respect des personnes et de leurs biens. »

« Nous travaillons en lien étroit avec les associations et travailleurs sociaux dans le cadre d’une coordination des maraudes, pour accompagner socialement les personnes, vers un hébergement ou un logement qualitatif », ajoute-t-elle.

ARTICLE 2 – Avant les JO de Paris 2024, les autorités françaises nettoient les lieux de la compétition des sans-abris et migrants

JO de Paris : démantelement de camps près de certains sites

28 mars 2024 TRBF Maxime Fettweis

Alors que Paris se prépare pour les Jeux Olympiques pour l’été 2024, la capitale française entend montrer son meilleur visage au monde entier. Pour y parvenir, les autorités françaises ont créé des centres en province pour accueillir des milliers de sans-abris et de migrants durant la compétition et les exclure des rues parisiennes.

Les autorités locales surprises de voir arriver des bus de migrant et sans-abris

Dans la banlieue d’Orléans, un bus de 26 personnes précaires venues de la capitale française se stationne devant une hôtel de la banlieue de cette ville de près de 115.000 habitants. En sortent des familles évacuées de la capitale le temps de Jeux Olympiques. « Des cars, un toute les trois semaines à peu près, arrivent depuis Paris sur Orléans », commente Serge Grouard, le maire de cette localité située au Sud de Paris. S’il ne peut pas affirmer que cet afflux de personnes sans domicile fixe, il estime qu’il s’agit d’une « coïncidence troublante ». De leur côté, les autorités assurent que ce déplacement n’a rien à voir avec l’organisation prochaine des JO.

Officiellement, le gouvernement a créé des centres d’accueil temporaires régionaux. Ils ont pour but de « désengorger les établissements d’hébergement » en région parisienne.

« L’idée c’est juste de cacher la misère et d’envoyer les sans-abris un peu partout »

À Paris, des réfugiés occupent les anciens bureaux d’une entreprise.
Certains ont été envoyés en région mais ils sont revenus à leur point de départ. « On m’a emmené dans une petite commune où il n’y a pas de travail… Moi je cherche du travail. C’est pour cela, j’ai dit : ‘Merci, mais désolé je ne peux pas rester ici' », confie Abdallah Kader, un migrant tchadien de 55 ans, un temps évacué vers un centre en région bordelaise. De son côté, Salidhi Abdi refuse de croire que l’évacuation de nombreux migrants vers d’autres villes et due à l’événement sportif à venir. « Moi je pense que ce n’est pas à cause des Jeux olympiques. Ils n’aiment pas que nous, les Africains noirs, restions à Paris », réagit-il.

Du côté des associations, on dénonce une politique de nettoyage social. « L’idée c’est juste de cacher la misère et d’envoyer les sans-abris un peu partout », dénonce Paul Alauzy, coordinateur chez Médecins du monde. Il estime que cette méthode « sans donner plus de moyens aux associations » n’est « vraiment pas opérant sur le plan humanitaire ».

En attendant, les autorités françaises comptent bien faire briller Paris aux yeux de 15,3 millions de touristes attendus en marge des Jeux Olympiques 2024. Le ministre français de l’Economie a lui-même assuré que la capitale de la France serait « the place to be » dès la mi-juillet. Visiblement pas pour tout le monde.

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