
D’OÙ VIENT CETTE IDÉE DONT PERSONNE N’IMAGINE LE FONDEMENT ET QUI SUSCITE L’INDIGNATION
Juges, avocats ou médiateurs, ils seront en première ligne pour mettre en œuvre la mesure. Ils peinent à identifier les problématiques auxquelles le chef de l’Etat entend répondre et dénoncent une mesure à contre-courant des évolutions du droit de la famille.
UNE VISION FANTASMÉE DE LA PATERNITÉ ?
« C’est quoi cette histoire de « devoir de visite » des pères que veut Macron ? « Titrait un quotidien.
Est ce une histoire personnelle ? En tous cas l’entourage et gouvernement en charge de porter cette initiative subite du président sont en peine d’expliquer comment une telle idée pourrait venir d’un examen des réalités et comment elle peut être mise en œuvre.
« Il doit y avoir non plus seulement un droit, mais un devoir de visite des pères », a-t-il déclaré au journal féminin. « Un enfant heureux, c’est avec un papa et une maman »
Comment penser un instant qu’il serait bon pour l’enfant et son développement personnel de continuer à côtoyer un agresseur ? Le président ne se trompe t il pas ? Comme nombre d’observateurs et professionnels le disent.
De la «PMA sans père» à « Un enfant heureux, c’est avec un papa et une maman »
Nouvel et soudain enthousiasme : «Y compris pour l’enfant, c’est mieux. Parce qu’un enfant qui ne voit jamais son père, c’est un enfant qui se sent abandonné» et «dont le développement affectif et éducatif n’est pas le même». Et d’affirmer : «Je suis sûr qu’il faut un père, une mère, une famille aimante. Il faut que les parents exercent leurs responsabilités, les deux».
La loi ouvrant la PMA à toutes les femmes qui a été adoptée mardi 29 juin définitivement à l’Assemblée nationale après 500 heures de débats, va « consacrer définitivement l’absence du père dans la vie d’un enfant », dénonce sur franceinfo Annie Genevard, députée LR du Doubs, vice-présidente de l’Assemblée nationale, présidente du conseil national des Républicains. Elle fait partie des parlementaires qui vont déposer un recours contre le texte devant le Conseil constitutionnel. Pour elle, « l’absence du père, l’effacement total de la branche masculine de la filiation constitue pour les Français, un véritable problème ».
La loi ouvrant la PMA à toutes les femmes adoptée mardi 29 juin définitivement à l’Assemblée nationale après 500 heures de débats n’a t elle pas consacré l’absence du père dans la vie d’un enfant ?
L’absence du père, branche masculine de la filiation ne constitue t elle pas u problème pour nombre de français ?
2017 : « Pendant mon quinquennat, la GPA restera interdite en France. C’est une question d’éthique et de dignité » EM
Un tweet d’Emmanuel Macron datant de 2017. : «Pendant mon quinquennat, la GPA restera interdite en France. C’est une question d’éthique et de dignité», avait écrit le président de la République sur le réseau social Tweeter.
2020 : « Un père n’est pas forcément un mâle » EM
La déclaration du chef de l’État n’avait il pas été critiqué sur la reconstruction de la structure familiale traditionnelle ?
Allant jusqu’à déclarer, en 2020,« un père n’est pas forcément un mâle » Emmanuel Macron aura t il pris conscience de ce que disent les experts de la construction psychique de l’être humain : le rôle du père est primordial dans le développent de l’enfant. Outre l’amour qu’il lui donne et qui l’aide à bâtir l’estime de soi, il représente avant tout une figure d’autorité essentielle, celle qui va permettre à l’enfant de connaître les limites et les règles de la vie en société. C’est également le père qui contribue à empêcher la relation fusionnelle entre l’enfant et sa mère afin de lui permettre de se réaliser en tant qu’individu.
2024 : RÉTABLIR LA FONCTION ESSENTIELLE DU PÈRE ?
« Les recherches se rejoignent en effet sur le fait que l’implication du père est, en moyenne, favorable au développement de l’enfant[6]. Dans les contextes à risque (précarité sociale, immigration, etc.), il apparaît que la présence du père représente tout particulièrement un facteur de protection pour la trajectoire psychosociale de l’enfant.
En contrôlant les autres variables agissant sur le développement de l’enfant (telles que le milieu social), des études ont montré que l’absence du père expose l’enfant à un risque statistique plus élevé de mauvaise estime de soi, de problèmes de comportement et de discipline (surtout chez les garçons), de conduites à risque, de grossesse précoce pour les filles, d’échec scolaire, de délinquance et de difficultés de santé mentale à l’âge adulte.
Ces difficultés, même si elles ne concernent qu’une minorité d’enfants de parents séparés, pèsent sur le bien-être des mères qui en ont seules la responsabilité. » Peut on lire dans un article de Telos.
Parents isolés : « Toutes les familles – et chaque parent en leur sein – doivent être égales en droits »
Si de nombreuses familles monoparentales sont touchées par la précarité, cette situation n’est pas une fatalité, soulignait un collectif d’associations dans une tribune au « Monde » : un droit opposable à la garde d’enfant, des congés parentaux plus longs, et des pensions alimentaires réévaluées pourraient changer la donne.
Nous, le collectif pour une Parentalité c’est un appel solennel à l’ensemble du personnel politique face à la situation d’urgence économique et sociale d’une part grandissante de familles monoparentales dans notre pays qui représentent aujourd’hui un foyer sur quatre, soit deux millions de familles dont 40 % vivent sous le seuil de pauvreté.
Il est urgent d’ adapter la législation aux évolutions de notre société et notamment de son premier noyau, la famille, dont les configurations ont profondément évolué depuis quarante ans.
La précarité quasi généralisée des familles monoparentales – dans huit cas sur dix des mères célibataires résulte – selon le collectif – d’une société dans laquelle les inégalités entre les hommes et les femmes sont grandissantes.
Créer enfin un véritable service public de la petite enfance
Cette « histoire » de père ne fonctionne t elle pas comme une diversion alors que E Macron est attendu depuis sa première prise de fonction en 2017 sur la reconstruction d’une politique de l’enfance. Celle ci – partagée principalement entre les départements et l’Etat – n’est plus pilotée ni contrôlée.
Près de 40 % des Françaises changent, réduisent ou cessent leur activité professionnelle dans l’année qui suit la naissance d’un enfant, cela pour assumer la majeure partie d’une responsabilité familiale toujours aussi mal partagée. Dans un pays où il n’existe pas de place d’accueil pour 40 % des enfants de moins de 3 ans, qui « concilie » vie professionnelle et vie privée pour les élever ?
Les mères variable d’ajustement des politiques publiques de la petite enfance
Rappelons que les femmes en couple ont des revenus inférieurs de 42 % en moyenne à ceux de leurs conjoints.
ATICLE – Le « devoir de visite des pères » proposé par Emmanuel Macron, « une solution simpliste à un problème complexe »
C’est une proposition qui a pris de court de nombreux acteurs du secteur : celle d’instaurer « non plus seulement un droit, mais un devoir de visite des pères » après une séparation, formulée par Emmanuel Macron, le 7 mai, dans un entretien au magazine Elle. « On a laissé les hommes s’exonérer de tous leurs devoirs de parentalité », affirme le président de la République, répétant que le devoir d’être parent « ne s’arrête pas au moment du divorce ou de la séparation ».
Les juges, avocats ou médiateurs interrogés par Le Monde ont accueilli cette proposition avec « surprise », « perplexité », voire « une certaine consternation ». « Ça ne correspond aucunement à une demande réfléchie, travaillée ou formulée par la profession », remarque Alice Grunenwald, présidente de l’Association des magistrats de la jeunesse.
Le schéma exposé par Emmanuel Macron dans Elle existe, mais décrit un cas très spécifique : celui d’un père absent face à une mère qui souhaite « exiger des visites régulières » pour qu’il redevienne « partie prenante de l’éducation ». Et d’un enfant demandeur, qui « se sent abandonné » par son père. « C’est une vision du temps de visite et d’hébergement très genrée, mais surtout déconnectée de la réalité », lance Laurence Blisson, juge aux affaires familiales au tribunal judiciaire de Marseille, qui doute de la cohérence de cette proposition.
Lire aussi la tribune : Parents isolés : « Toutes les familles – et chaque parent en leur sein – doivent être égales en droits »
Les professionnels s’inquiètent aussi du risque qu’un devoir de visite systématique oblige des enfants à voir un père violent ou maltraitant. « On est face à une injonction paradoxale, alors que les lois récentes cherchent à retirer l’autorité parentale ou son exercice de manière plus automatique lorsqu’il y a un danger pour l’enfant », souligne Alice Grunenwald, juge des enfants à Saint-Etienne. L’idée d’imposer la présence physique d’un parent désinvesti ne rassure guère plus. « On ne peut pas contraindre quelqu’un à tisser un lien affectif par la loi, assure Laurence Blisson. Ça peut être très douloureux pour l’enfant s’il sent que son père le voit parce qu’il y est obligé. »
Diversité des situations familiales
Pour remettre l’intérêt de l’enfant au centre, le droit doit d’abord compter avec la diversité des situations familiales. Que faire des pères qui vivent loin, de ceux qui n’ont pas les moyens d’accueillir leurs enfants chez eux, de ceux qui ont pris leurs distances à cause d’un conflit ou qui se battent pour obtenir la garde alternée ? L’idée d’un devoir de visite des pères, résume Alice Grunenwald, est « une solution simpliste à un problème extrêmement complexe ».
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