
Gouverner ne consiste pas à jeter des pièces en l’air et à prier pour qu’elles tombent du bon côté de l’histoire.
MISE À JOUR 14 06 24: VOIR ARTICLE 1 EXTRAIT :
« … je suis ravi. Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent…»
Selon les informations du Monde, E Macron a été interrogé sur la difficulté de la situation. « Mais pas du tout ! Je prépare ça depuis des semaines, et je suis ravi. Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent », a-t-il alors déclaré.
MISE À JOUR 15 06 24: VOIR ARTICLE 1 BIS EXTRAIT :
Emmanuel Macron, la figure du « manager narcissique » qu’on a tous rêvé de quitter
Leadership. Le mode de gouvernance du chef de l’Etat est typique du manager qui a « la conviction profonde d’être supérieur aux autres, et plus visionnaire », analysent des experts. Quitte à s’enfermer dans un déni de réalité.
Peut-on raisonnablement travailler sur la durée avec ce type de manager ? « Ils finissent en général par faire le vide autour d’eux », pointe Arnaud Mercier, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris-Panthéon-Assas.
MISE À JOUR DU 16 06 24 :
« L’auteur de cette monstruosité politique s’appelle Emmanuel Macron »
Jean-Michel Aphatie dans La Montagne, qui poursuit :
« L’auteur de cette monstruosité politique est connu. Il habite à l’Élysée, il s’appelle Emmanuel Macron.
« Son immense faute, à laquelle il devra se confronter dans les temps futurs, c’est d’avoir dissous l’Assemblée nationale par caprice, sans avoir mesuré l’impasse cruelle dans laquelle il l’engageait.
« Que faire maintenant ? Marcher vers le destin, accepter le verdict, tout faire ensuite pour préserver l’essentiel, c’est-à-dire malgré tout l’unité de la Nation qui sera dans toutes les circonstances gravement malmenée.
« La tragédie de l’histoire
« Pour l’heure, une seule chose flotte dans ma mémoire. L’horreur de la seconde où le président de la République a déclenché la foudre. La seconde d’après, tout était cassé, rien ne serait pareil. Cela s’appelle la tragédie de l’histoire, et c’est malheureusement le moment dans lequel nous nous trouvons. »
…/…
MISE À JOUR 16 06 24 : LIRE L’ARTICLE 1 Ter
« Chaos à la française »
EXTRAIT :
« Chaos » : le mot qui revient aussi beaucoup dans la presse internationale, pour décrire la situation politique en France. Un « chaos à la française » : le journal belge Le Soir évoque « un thriller politique haletant mais délétère », et prédit que « quelle que soit l’issue de ce tourbillon, Emmanuel Macron aura dynamité le pays et régnera sur un champ de ruines ».
« Emmanuel Macron, dont The New York Timesestime que « les efforts envers ce qui reste du centre français semblent sincères », mais note qu’il a lui-même « éviscéré les Républicains de centre-droit et les socialistes de centre-gauche depuis son arrivée au pouvoir », pour les remplacer « par un parti qui n’est guère plus qu’un outil personnel, « la Macronie », dont la principale caractéristique est sa loyauté farouche envers lui ». »
ENTRE OBJECTIF AFFICHÉ ET RÉSULTAT ENVISAGÉ : UNE MAJORITÉ PRÉSIDENTIELLE À CONFORTER OU UN GOUVERNEMENT RN À DISCRÉDITER
La dissolution de l’Assemblée intéresse au-delà des frontières. En Allemagne aussi, on scrute avec attention l’évolution du paysage politique français et notamment du côté de la CDU – l’équivalent germanique du parti Les Républicains mais sans Ciotti, pour faire simple.
« Les Allemands révèlent le plan machiavélique d’Emmanuel Macron contre l’extrême droite »
À titré Libération. En effet, Bild révèle que, selon la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, l’objectif d’Emmanuel Macron avec la dissolution est de torpiller l’extrême droite.
«Macron s’attend très certainement à ce que la droite nationale l’emporte lors des nouvelles élections ou du moins qu’elle continue à gagner du terrain, a rapporté Von der Leyen. Mais une fois au gouvernement,
« Le Pen et son équipe échoueront à tel point que la probabilité que Le Pen ne devienne pas présidente en 2027 augmentera »
Le Pen et son équipe “devront aussi faire leurs preuves” – et, selon le calcul de Macron, échoueront à tel point que la probabilité que Le Pen ne devienne pas présidente en 2027 augmentera. Macron l’aurait alors empêchée – même si lui-même ne peut plus se
« … Quand ils ( les imbéciles ) se retrouvent à court d’idées, ils en inventent une si grossière qu’elle sidère tout son monde «
Emmanuel Macron aurait, selon Laurent Sagalovitsch « l’audace des imbéciles » . « Quand ils se retrouvent à court d’idées, poursuit il, ils en inventent une si grossière qu’elle sidère tout son monde.
« L’imbécile devient alors fanfaron. On le voit qui plastronne au grand jour, ravi d’en avoir surpris plus d’un. Il rit de son coup comme le voleur qui revend à sa victime les marchandises qu’il vient de lui dérober. Il est si content de son tour de force que c’est à peine si les conséquences de ses actes l’effleurent. Il sera toujours temps d’y penser si jamais les choses allaient de travers.
« Ce pourrait être de la témérité, c’est juste un enfantillage,
un pari adolescent qui permet d’enjamber la mauvaise séquence de son parti, tout en mettant les Français face à leurs responsabilités: «Vous avez voulu le Rassemblement national, eh bien, je vous l’offre sur un plateau, voyons voir si votre courage ira jusqu’à le porter aux plus hautes responsabilités.» Le président ne préside pas, il crâne comme ces caporaux qui, au lendemain d’une déroute militaire, remettent leurs galons en jeu, sûrs que personne, au regard du délabrement des troupes, n’osera prendre le risque de les remplacer. »
Laurent Sagalovitsch – par lui même – « est né en 1967 et depuis sa tendre enfance il n’aime personne. Quand il ne déblatère pas sur son blog, il écrit aussi des romans que personne ne lit. Dernier livre paru: Le dernier été de Gustav Mahler (Éditions Le Cherche Midi) »
« Il a créé un Frankenstein politique qui lui échappe »
Philippe Moreau-Chevrolet, consultant en communication, estime qu’Emmanuel Macron a « créé un Frankenstein politique qui lui échappe ».
Il poursuit : « Sa personnalité crispe et en faisant ça, il menace la réélection de son camp ». « C’est une forme de suicide politique. Je trouve surprenant de le voir parler partout parce qu’à chaque fois qu’il intervient, ça renforce le RN et qu’il risque d’être associé directement à une défaite électorale majeure qui pose la question de sa démission ».
1. ARTICLE – « Emmanuel Macron, qui a déclenché cette dissolution pour piéger les partis, s’est piégé lui-même »
Solenn de Royer. LE MONDE 14 06 24
En accélérant la recomposition politique, la dissolution de l’Assemblée nationale, joue aussi un rôle de révélateur pour le président de la République, qui voit ressurgir, plus brutal encore, le clivage droite-gauche qu’il a toujours voulu gommer, explique, dans sa chronique au « Monde », Solenn de Royer.
Lundi 10 juin, au lendemain de l’annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron se rend à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), ville martyre, dans le cadre des célébrations du 80e anniversaire de la Libération. Il croise un grand patron, familier de l’Elysée, qui lui glisse un mot d’encouragement : « Ça va, pas trop dures, ces journées ? » Le chef de l’Etat sourit : « Mais pas du tout ! Je prépare ça depuis des semaines, et je suis ravi. Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent… »
Emmanuel Macron a toujours laissé entendre qu’il méprisait la politique et ses représentants, lui qui n’a jamais été élu avant d’accéder à l’Elysée. En 2016, la « grande marche » lancée pour sonder les Français, avant l’élection présidentielle, avait, selon lui, permis de mesurer la défiance de ces derniers envers la politique, perçue comme source de divisions et de blocages, cause du dysfonctionnement du système depuis trente ans. La « start-up nation » promise par le candidat d’En marche ! serait « dépolitisée », « désidéologisée », visant l’efficacité. « Je n’aime pas la politique, j’aime faire », avait-il confié en 2017 à l’écrivain Philippe Besson, devant lequel il décrivait les élus et chefs de parti comme « des commerçants qui tiennent un bout de rue ».
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ARTICLE 1 BIS – Emmanuel Macron, la figure du « manager narcissique » qu’on a tous rêvé de quitter
Leadership. Le mode de gouvernance du chef de l’Etat est typique du manager qui a « la conviction profonde d’être supérieur aux autres, et plus visionnaire », analysent des experts. Quitte à s’enfermer dans un déni de réalité.
Par Laurent Berbon Publié le 15/06/2024 L’EXPRESS
Peut-on raisonnablement travailler sur la durée avec ce type de manager ? « Ils finissent en général par faire le vide autour d’eux », pointe Arnaud Mercier, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris-Panthéon-Assas.
Quiconque s’est déjà retrouvé en réunion face à un manager inconscient de conduire toute l’équipe droit dans le mur se reconnaîtra à coup sûr dans ce moment immortalisé par la photographe officielle d’Emmanuel Macron le 9 juin à L’Elysée. Nous sommes moins de deux heures avant l’annonce de la dissolution par le président. Sur ce cliché en noir et blanc, autour d’une table, le chef de l’Etat nous tourne le dos. Face à lui, plusieurs mines défaites dont celle de Yaël Braun-Pivet. La présidente de l’Assemblée nationale, tête baissée, l’air blasé, prend des notes sur son carnet. Le Premier ministre Gabriel Attal, bras croisés, a le regard noir de celui qui vient de perdre toute estime pour son N + 1. Parce qu’ils sont davantage en prise avec le réel, ces deux-là savent la catastrophe qui risque de se matérialiser dans les urnes dans trois semaines.
Dès le lendemain, Yaël Braun-Pivet fait entendre sa voix sur France 2 – « Il y avait un autre chemin, qui était le chemin d’une coalition », tandis que devant ses troupes Gabriel Attal déplore une annonce « soudaine » et « brutale ». Une décision dont le Monde nous apprend qu’elle est le fait « d’apprentis sorciers », à savoir la poignée de fidèles conseillers du chef de l’Etat, qui à la lecture de l’article publié le 12 juin, semblent avoir pris un malin plaisir à se servir de nos institutions comme d’une gigantesque partie de Risk. Voilà ce qui arrive lorsque vous …/…
ARTICLE 1 TER – Dissolution et législatives anticipées : « Chaos à la française »
Publié le : 13/06/2024 -Par :Hélène FRADE FRANCE 24
A la Une de la presse, ce jeudi 13 juin, les réactions, en France et à l’étranger, à l’appel, hier, d’Emmanuel Macron au rassemblement des forces politiques « qui ne veulent pas des alliances avec les extrêmes » aux législatives. Le début du sommet du G7 en Italie. Le projet de nouveau service militaire en Allemagne. Et des fans qui font trembler la Terre.
A la Une de la presse française, les réactions à l’appel, hier, d’Emmanuel Macron au rassemblement des forces politiques « qui ne veulent pas des alliances avec les extrêmes » aux législatives. Pour contrer « en même temps » le Rassemblement national et le Front populaire, le président « cherche le salut dans l’extrême centre », d’après L’Opinion, où le dessin de Kak montre Emmanuel Macrontentant de se rabibocher avec Marianne : « Et tu verras que je n’ai pas changé ». « Justement », rétorque celle-ci. Un président qui agite la crainte des extrêmes » et renvoie dos-à-dos le Front populaire et le RN, accusés de semer le chaos. Réponse de L’Humanité : « le sermon de l’irresponsable ». Pour le journal, le président « nie le rôle de sa politique dans la montée du Rassemblement national » et « sème lui-même le chaos en espérant incarner l’ordre ».
« Chaos » : le mot qui revient aussi beaucoup dans la presse internationale, pour décrire la situation politique en France. Un « chaos à la française » : le journal belge Le Soir évoque « un thriller politique haletant mais délétère », et prédit que « quelle que soit l’issue de ce tourbillon, Emmanuel Macron aura dynamité le pays et régnera sur un champ de ruines ».
Emmanuel Macron, dont The New York Timesestime que « les efforts envers ce qui reste du centre français semblent sincères », mais note qu’il a lui-même « éviscéré les Républicains de centre-droit et les socialistes de centre-gauche depuis son arrivée au pouvoir », pour les remplacer « par un parti qui n’est guère plus qu’un outil personnel, « la Macronie », dont la principale caractéristique est sa loyauté farouche envers lui ».
« On pouvait s’attendre à du nouveau, un programme susceptible de rassembler cette majorité qui échappe au gouvernement. Difficile cependant de distinguer une vraie évolution de ligne », commente de son côté le journal suisse Le Temps.
Emmanuel Macron est attendu aujourd’hui dans la région des Pouilles en Italie, pour le début du sommet du G7. Libération ironise sur la « drôle d’assemblée » que vont former d’un côté, la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, « que l’on imagine rayonnante, en tout cas triomphante », après sa large victoire aux européennes, et de l’autre, « la brochette de canards boiteux » formée par Emmanuel Macron, « déconsidéré par sa claque électorale », et le chancelier allemand Olaf Scholz, « sorti tout aussi déconfit » des européennes.
L’ambiance s’annonce assez tendue, avec une polémique avant même le début du sommet. La Repubblica va jusqu’à évoquer un « incident diplomatique » autour de l’inclusion, dans le projet de déclaration finale du G7, d’un passage sur « l’accès à l’avortement ». D’après Bruxelles, l’Italie aurait demandé la suppression de ce passage, provoquant aussitôt la « colère » de Paris et Berlin. Mais selon La Repubblica, les services de Giorgia Meloni défendent que « la question n’a pas encore été tranchée ». L’affaire, en tout cas, fait la Une des journaux italiens, notamment de La Stampa, qui présente la question de l’avortement comme le « premier sujet d’affrontement du G7 ».
La Stampa qui revient aussi à la Une sur cette assemblée « aux allures de Far West » : la bagarre, hier, à la Chambre des députés. Un membre du Mouvement Cinq Étoiles, le parti anti-système, y a été agressé en plein hémicycle par d’autres parlementaires, après avoir brandi un drapeau italien pour protester contre un projet du gouvernement sur l’autonomie régional. Selon sa formation, il aurait été évacué de l’enceinte sur une civière.
Pas de bagarre au Bundestag allemand, du moins pour le moment, où le ministre de la Défense a présenté, hier, son projet de nouveau service militaire. « En avant les volontaires » : d’après Der Tagesspiegel, le projet de Boris Pistorius, qui maintient le principe du volontariat, cherche à muscler la Bundeswehr, dans un contexte de menace croissante, en particulier de la Russie. « Alors, les jeunes, prêts pour la guerre? » : le projet ne plaît pas beaucoup au journal de gauche Neues Deutschland, qui voit dans ce nouveau modèle de conscription « un pas supplémentaire vers une société militarisée » – une vision défendue, selon lui, par tous les partis politiques, « de la CDU/CSU jusqu’aux Verts », accusés d’agiter « la menace omniprésente » du « fou de Moscou », entendez Poutine, qui n’attendrait, selon eux, qu’une « occasion pour envahir la Pologne après l’Ukraine, puis la République fédérale, après avoir franchi l’Oder », le fleuve qui sépare la Pologne de l’Allemagne.
On ne se quitte pas là-dessus. Toujours à la rubrique « stupeur et tremblements », quoique dans un tout autre registre, The Times rapporte que l’institut de séismologie britannique indique que les fans de Taylor Swift ont fait trembler la Terre lors des trois concerts donnés le week-end dernier par la chanteuse à Edimbourg, en Ecosse. Comment?, me demanderez-vous. 220 000 personnes se sont simplement agitées sur sa chanson « Shake it Off » : « Bébé, je vais juste secouer, secouer, secouer, secouer, secouer ». Le stade aurait tellement tremblé que les sismologues auraient détecté des secousses jusqu’à 6 km de là. Quelle énergie!
2. ARTICLE – [BLOG You Will Never Hate Alone] Gouverner ne consiste pas à jeter des pièces en l’air et à prier pour qu’elles tombent du bon côté de l’histoire.
Emmanuel Macron ou l’audace de l’imbécile
Laurent Sagalovitsch – 11 juin 2024 SLATE
Emmanuel Macron a l’audace des imbéciles. Quand ils se retrouvent à court d’idées, ils en inventent une si grossière qu’elle sidère tout son monde. L’imbécile devient alors fanfaron. On le voit qui plastronne au grand jour, ravi d’en avoir surpris plus d’un. Il rit de son coup comme le voleur qui revend à sa victime les marchandises qu’il vient de lui dérober. Il est si content de son tour de force que c’est à peine si les conséquences de ses actes l’effleurent. Il sera toujours temps d’y penser si jamais les choses allaient de travers.
L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale n’est pas un coup de poker, c’est l’irruption d’un égarement qui dit l’impuissance du chef de l’État à reprendre la situation en main. Au lieu de s’accorder le temps de la réflexion, de considérer les forces en présence, de consulter et d’examiner les réponses à apporter aux résultats des élections européennes, il préfère prendre la tangente en jouant tapis avec la démocratie.
Ce pourrait être de la témérité, c’est juste un enfantillage, un pari adolescent qui permet d’enjamber la mauvaise séquence de son parti, tout en mettant les Français face à leurs responsabilités: «Vous avez voulu le Rassemblement national, eh bien, je vous l’offre sur un plateau, voyons voir si votre courage ira jusqu’à le porter aux plus hautes responsabilités.» Le président ne préside pas, il crâne comme ces caporaux qui, au lendemain d’une déroute militaire, remettent leurs galons en jeu, sûrs que personne, au regard du délabrement des troupes, n’osera prendre le risque de les remplacer.
En cela, Emmanuel Macron est fidèle à l’image qu’il n’aura cessé d’envoyer depuis son accession à l’Élysée. Un homme sans constance qui manque de profondeur et de rigueur dès lors qu’il se retrouve confronté à des situations périlleuses. Une forme de légèreté ou d’insouciance qui peut parfois s’apparenter à du panache, mais qui apparaît la plupart du temps comme la marque d’un individu plus soucieux de la forme que du fond. Emmanuel Macron est un homme à la recherche de lui-même.
Au lieu de mettre à profit les trois prochaines années avant la présidentielle, Emmanuel Macron a préféré jouer au flambeur de casino en mettant la démocratie comme gage.
Quelque chose lui fait défaut, une forme de sincérité, de gravité, de ce sentiment pénétrant de l’importance des choses. On a toujours l’impression qu’il joue sa vie plus qu’il ne la vit, forme de romantismedésinvolte qui peut l’amener à changer mille fois de raisonnements, comme si au fond rien n’était vraiment fixé chez lui, ni sa vision du pays ni la manière de conduire les affaires.
Il ressemble à ces acteurs qui, bien que doués, ne sont ni faits pour la tragédie ni pour la comédie. Ils hésitent toujours entre les deux; et quand leur carrière s’achève, à force de ne s’être illustrés nulle part, on ne retient d’eux rien, si ce n’est un potentiel qui ne s’est jamais vraiment réalisé. Ainsi va Emmanuel Macron, tantôt grandiloquent et donneur de leçons, souvent girouette qui obéit sous le coup d’une impulsion considérée a posteriori comme un trait de caractère bien trempé.
On ne mesure pas à quel point l’arrivée du Rassemblement national serait un séisme pour la nation. Pareille ascension signifierait non seulement une défaite de la pensée, un renoncement aux valeurs fondatrices de la République. Elle ouvrirait aussi une période où la démocratie serait confisquée aux profits d’un clan constitué de tout un appareil d’hommes et de femmes chez qui la volonté d’instaurer un régime autoritaire et violent ne fait guère de doutes.
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Personne ne sait exactement à quoi ressemble l’arrière-cour du Rassemblement national, de tout ce grouillement d’individus qui, profitant de l’image de respectabilité affichée par les caciques du parti, continuent en sourdine à s’abreuver aux sources d’un nationalisme affranchi de toute pudeur. Ils apparaîtront à la lumière à l’heure voulue, quand Jordan Bardella et consorts gouverneront le pays. Alors nous découvrirons, effarés, que rien n’a vraiment changé, que les mêmes turpitudes, les mêmes haines, les mêmes ressentiments les animent, ce désir d’une France pure et blanche protégée de la racaille venue de l’étranger.
Tout cela, Emmanuel Macron le sait. Cependant, au lieu de mettre à profit les trois années qui nous séparaient de la prochaine élection présidentielle pour tâcher de constituer un socle à même de s’opposer aux velléités du Rassemblement national, il a préféré jouer au flambeur de casino en mettant la démocratie comme gage. Il s’est ainsi trahi à lui-même et à sa fonction.
Gouverner ne consiste pas à jeter des pièces en l’air et à prier pour qu’elles tombent du bon côté de l’histoire. Ou à pointer un revolver sur la tempe du peuple en le sommant de choisir entre lui et le chaos. Cela se nomme au mieux du chantage, au pire une invitation au suicide. Dans tous les cas, une manière d’agir qui relève plus de la prestidigitation que de l’exercice du pouvoir.