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LE PROGRAMME DU CAMP PRÉSIDENTIEL DÉVOILÉ – MISE À JOUR 17 06 24

1ere MISE À JOUR 17 06 24 :

BERCY ET RENNAISSANCE PROMPTS À CHIFFRER LES PROGRAMMES DES DEUX BLOCS CONCURRENTS … S’ABSTIENNENT SUR CELUI DU BLOC MACRON

Le bloc Macron – qui a creusé le déficit budgétaire autour de 170 milliards ( auquel il faut ajouter le déficit de la sécurité sociale : 10,8 milliards et celui des retraites : 53milliards ) – critique sévèrement le coût des programmes du RN et du FP en attendant de rendre public ses propres propositions. ( publiées le 15 06, mais sans être chiffrées !)

2eme MISE À JOUR : VOIR ARTICLE 3 – « Législatives : un programme macroniste entre clientélisme et manque d’inspiration »

Gabriel Attal met l’accent sur les promesses en faveur du pouvoir d’achat

des Français. Parmi ces premiers engagements , le locataire de Matignon a confirmé ou annoncé :

– une baisse des factures d’électricité de 15 % dès l’hiver prochain ( 2025 ) alors qu’elles avaient augmenté de 41 %

– diminution du prix des fournitures scolaires grâce à des « achats groupés » et évoqué le

– doublement des véhicules électriques en leasing social.

– le riplement de la «prime Macron»

– les retraites seront indexées sur l’inflation

– la mise en place d’une complémentaire santé publique à 1 euro par jour pour ceux qui ne sont pas couverts

l’exonération des frais de notaire en cas d’achat d’un logement jusqu’à 250.000 euros

– un fond de rénovation énergétique des logements des classes moyennes et populaires, «financé par une taxe sur les rachats d’actions»

AUTRES MESURES ANNONCÉES

– un mineur «responsable de violences aggravées de plus de 16 ans et en récidive devrait pouvoir être jugé comme un majeur»

– la « réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2027».

– « la création de 200.000 emplois industriels »

– « l’ouverture de 400 usines dans le même laps de temps »

– «  la poursuite de la lutte contre les fraudes fiscales et sociales »

SILENCE SUR LES ANNONCES DU PR

À l’exception de l’indexation des retraites, le 1er ministre n’a pas repris les annonces présidentielles.

Dans sa conférence de presse de lancement de la campagne électorale le PR a présenté un catalogue d’actions déjà présentes – pour l’essentiel – lors de la campagne de la présidentielle ( certaines relèvent de l’actuel exécutif, d’autres relèvent – en même temps parfois – de la campagne des législatives ) dont quelques unes seulement précises :

– 8 réacteurs nucléaires,

– la généralisation du service civique universel en 2026 déjà promis sans date, 

-l’interdiction des portables et réseaux sociaux avant 15 ans, 

– et des écrans avant 13 ans

– supprimer un échelon territorial et redonner le choix aux citoyens quant au découpage des régions et départements

Il a également promis de maintenir sa promesse de ne pas toucher à l’indexation sur l’inflation des retraites

Il a promis de suspendre le projet Nouvelle Calédonie 

et d’organiser un grand débat sur la laïcité pour décider d’actions précises

Il a réaffirmé ce mercredi que la réforme de l’assurance-chômage était « indispensable ».

VOIR NOS PUBLICATIONS RELATIVES AUX PROGRAMMES

LES MARGES DE MANŒUVRE FINANCIÈRES DE LA PROCHAINE MAJORITÉ PARLEMENTAIRE SONT NULLES, TANT LA SITUATION BUDGÉTAIRE S’EST AGGRAVÉE –https://metahodos.fr/2024/06/14/79126/

LE PROGRAMME DU FP ( FRONT POPULAIRE ) DÉTAILLÉ PAR LIBÉRATION – MISE À JOUR
https://metahodos.fr/2024/06/14/le-programme-du-fp-front-populaire-detaille-par-liberation/

LES RÉFORMES INSTITUTIONNELLES PROPOSÉES : DÉCOUPAGE DES RÉGIONS, CONSEILLER TERRITORIAL, VI ème RÉPUBLIQUE
https://metahodos.fr/2024/06/15/les-reformes-institutionnelles-proposees-decoupage-des-regions-conseiller-territorial/

PENDANT LA CAMPAGNE, LES PROMESSES (131) CONTINUENT (SUITE 1) : MESURES CARCÉRALES ET AUTRES ANNONCES. https://metahodos.fr/2024/06/13/pendant-la-campagne-les-promesses-131-continuent-mesures-carcerales/

Article 1 – Prime Macron augmentée, délinquance des mineurs, environnement… Gabriel Attal dévoile le programme de la majorité pour les législatives

Par Victor Mérat. Le Figaro 15 06 24

Le premier ministre a exposé dans la presse quotidienne régionale les grandes lignes du programme national de la majorité présidentielle pour les prochaines élections législatives.

Triplement de la «prime Macron», rénovation de 300.000 logements et ouverture de 400 usines d’ici 2027… Le premier ministre Gabriel Attal dévoile dans la presse quotidienne régionale les grandes lignes du programme national du parti présidentiel pour les prochaines élections législatives. Un programme qui s’articule autour de deux axes : les classes moyennes et l’autorité.

L’une des mesures phares dévoilées par le premier ministre, qui a été désigné chef de campagne pour la majorité présidentielle, est l’élargissement de la prime de partage de la valeur, surnommée «prime Macron», lancée en 2018 pendant la crise des «gilets Jaunes». Jusqu’alors plafonnée à 3000 euros par an, cette prime versée selon le bon vouloir des employeurs, totalement exonérée de charges fiscales et sociales pour les salariés gagnant jusqu’à trois fois le smic, devrait être relevée à 10.000 euros par an, avec une possibilité de mensualisation, peut-on lire dans les colonnes du Parisien .

Achats groupés pour les fournitures scolaires

L’indexation des retraites sur l’inflation et la baisse des factures d’électricité de 15% à l’hiver prochain font de même partie du programme. Toujours à destination des classes moyennes, le premier ministre propose la mise en place d’achats groupés pour les fournitures scolaires. Une mesure qui permettrait une réduction promise aux alentours de 15 %.

Concernant la santé, le camp présidentiel défend l’idée «d’une mise en place d’une complémentaire santé publique à 1 euro par jour pour ceux qui ne sont pas couverts», rapporte Le Parisien. Et pour agir en faveur de la mobilité, Gabriel Attal propose «le doublement des véhicules électriques en leasing social, censé notamment bénéficier aux personnels soignants».

Le premier ministre souhaite enfin faciliter l’acquisition de logements pour les primo-accédants. Le camp présidentiel envisage une «exonération des frais de notaire en cas d’achat d’un logement jusqu’à 250.000 euros». Un fond de rénovation énergétique des logements des classes moyennes et populaires, «financé par une taxe sur les rachats d’actions», serait mis en œuvre. Objectif : rénover 300.000 logements supplémentaires d’ici 2027.

Délinquance des mineurs

Concernant le volet autorité, Gabriel Attal annonce à la presse régionale qu’un mineur «responsable de violences aggravées de plus de 16 ans et en récidive devrait pouvoir être jugé comme un majeur». Une mesure qui fait écho aux annonces faites mi-avril à Viry-Châtillon, ville de l’Essonne marquée récemment par la mort de Shemseddine, 15 ans, passé à tabac près de son collège.

Sur la question environnementale, le premier ministre promet une «réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2027». «La création de 200.000 emplois industriels, l’ouverture de 400 usines dans le même laps de temps, ou encore la poursuite de la lutte contre les fraudes fiscales et sociales», sont de même au programme, rapportent les quotidiens régionaux.

Gabriel Attal est lui-même candidat dans la 10e circonscription des Hauts-de-Seine, où il avait été élu en 2017 et 2022. La droite a décidé de ne pas présenter de candidat contre lui.

ARTICLE 2. – Législatives 2024 : Gabriel Attal fait la part belle au pouvoir d’achat dans le programme de la majorité


15/06/2024 HUFFPOST Par Maxime Birken

Gabriel Attal a dévoilé les premières mesures du programme de la majorité pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains.

Économie, santé et sécurité. C’est dans la presse quotidienne régionale que le Premier ministre Gabriel Attal a dévoilé ce samedi 15 juin les premières bribes des mesures de campagne de Renaissance, avant la présentation en début de semaine prochaine de l’ensemble du programme de la majorité pour les élections législatives.

À la tête de la campagne du camp présidentiel pour tenter d’éviter une déroute électorale annoncée à son camp, Gabriel Attal a clairement mis l’accent sur les promesses en faveur du pouvoir d’achat des Français. Parmi ces premières annonces, le locataire de Matignon a confirmé une baisse des factures d’électricité de 15 % « dès l’hiver prochain », promis une diminution du prix des fournitures scolaires grâce à des « achats groupés » et évoqué le doublement des véhicules électriques en leasing social.

Les questions de sécurité et de santé devraient également occuper une part importante du programme de la majorité pour les 30 juin et 7 juillet prochains. Interrogé sur cette esquisse de programme au 20 heures de France 2 ce samedi soir, le Premier ministre avait un seul mot d’ordre : « gagner plus et dépenser moins ».

· Prime « Macron » augmentée

Le montant de la prime « Macron », ou prime de partage de la valeur, sera augmentée. « Sans charge ni impôt », elle poussera les entreprises à verser à leurs salariés jusqu’à 10 000 euros, au lieu de 6 000 actuellement. Avec la possibilité de la mensualiser.

Versée l’an passé à 6 millions de salariés, cette prime n’a pourtant plus la cote depuis la fin de sa défiscalisation. Les versements de cette prime de partage de la valeur par les entreprises ont diminué de plus de moitié au premier trimestre 2024, par rapport à la même période de l’an passé, après la fin de sa défiscalisation, selon l’Insee.

· Factures d’électricité

La baisse des factures d’électricité, évoquée plus tôt, devra permettre d’économiser 200 euros avec cette baisse de 15 % qui avait été envisagée par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire quelques jours plus tôt.

Une mesure possible « grâce à la réforme du marché européen de l’électricité que nous avons obtenue »,s’est félicité Gabriel Attal.

· Taxe sur les rachats d’actions

En cas de victoire du camp présidentiel, une taxe sur les rachats d’actions qui financera un « fonds de rénovation énergétique » pour les classes « moyennes et populaires » sera également mise en place. Ce fonds permettra de rénover 300 000 logements supplémentaires d’ici 2027, précise Gabriel Attal. Une mesure déjà envisagée par l’exécutif dans son projet de loi de finances pour taxer les entreprises qui rachètent leurs propres actions.

· Fournitures scolaires

La proposition d’« achats groupés » pour les fournitures scolaires devrait, elle, permettre une réduction de la facture autour de 15 % pour le portefeuille des Français. Les supermarchés pourront ainsi proposer des « packs » de fournitures dont les prix baissés seront issus de négociations entre l’État et des fournisseurs.

· Frais de notaire

Enfin, le Premier ministre promet également d’exonérer de frais de notaire, jusqu’à 250 000 euros, les primo-accédants à la propriété de la classe moyenne. Les « frais de notaire » comportent à la fois les émoluments des notaires mais aussi un impôt, les droits de mutation à titre onéreux (DMTO), qui finance les collectivités.

· Retraites, santé et sécurité

Cheval de bataille de cette élection après l’adoption controversée du texte de loi sur ce sujet à l’Assemblée nationale, Gabriel Attal a promis que les retraites seront indexées sur l’inflation en cas de victoire aux législatives anticipées. Sur le volet santé, le Premier ministre propose de travailler à la mise en place d’une complémentaire santé « publique » à 1 euro par jour pour ceux qui ne sont pas couverts par une mutuelle, comme certains retraités, indépendants ou étudiants.

Peu abordée dans cet entretien, la question sécuritaire risque de s’inviter dès lundi dans le programme de la majorité. Pour autant, Gabriel Attal a défendu l’atténuation de l’excuse de minorité pour les mineurs responsables de certains actes répréhensibles. À cette heure, le chef du gouvernement n’a offert qu’un exemple pour cette future promesse de campagne : un jeune « responsable de violences aggravées de plus de 16 ans et en récidive » devra être « jugé comme un majeur ».


ARTICLE 3 – Législatives : un programme macroniste entre clientélisme et manque d’inspiration

Triplement de la « prime Macron », rénovation de 300 000 logements, ouverture de 400 usines d’ici 2027… Le premier ministre a exposé dans la presse quotidienne régionale les grandes lignes du programme national de la majorité présidentielle pour les prochaines élections législatives.

Christophe Bouillaud est professeur de sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble depuis 1999. Il est spécialiste à la fois de la vie politique italienne, et de la vie politique européenne, en particulier sous l’angle des partis.

Pierre Bentata est Maître de conférences à la Faculté de Droit et Science Politique d’Aix Marseille Université. 

ATLANTICO avec Christophe Bouillaud et Pierre Bentata

Atlantico : Gabriel Attal a présenté différentes mesures du programme de la majorité présidentielle pour les élections législatives dans un entretien au Parisien et dans la presse régionale. En quoi ce programme macroniste oscille-t-il entre clientélisme et manque d’inspiration ? Ces mesures vont-elles réellement changer le quotidien des citoyens ? 

Christophe Bouillaud : Tout d’abord, dans les premiers éléments de ce programme qui ont été rendus publics par Gabriel Attal, force est de constater le recyclage de promesses ou de politiques publiques déjà en place. Par exemple, la rénovation thermique de centaines de milliers de logements est un serpent de mer de l’action gouvernementale. Cela correspond sans doute à une nouvelle mouture du dispositif  technocratique appelé joliment « Ma Prime Renov’ ».Or ce dispositif venait juste d’avoir ses fonds fortement réduits à l’occasion de la diminution de crédits engageables en 2024 de 10 milliards d’euros par Bruno Le Maire, sans compter que ce dispositif d’aide à la rénovation thermique change si souvent dans ses modalités que les acteurs économiques concernés ne s’y retrouvent plus, pour ne parler des particuliers concernés, seuls des bandes organisés de criminels en col blanc arrivent encore à en suivre les méandres comme le magazine Society l’avait rappelé l’année dernière. C’est le summum de l’instabilité réglementaire à la française. Une petite merveille en la matière. Même remarque pour le leasing à bas prix de voitures électriques : il m’avait semblé avoir vu passer l’information selon laquelle cette formule avait eu trop de succès et que Bercy avait mis le haut-là à cette gabegie. Gabriel Attal semble vouloir relancer la dépense sur ce point. Quant à la revalorisation du montant maximum de la «prime Macron » à 10000 euros par an, c’est l’approfondissement d’une formule qui ne bénéficie qu’aux salariés des entreprises privées qui peuvent se permettre ces largesses, et qui accessoirement détériore à la fois les comptes publics et ceux de la Sécurité sociale. L’indexation des retraites sur les prix – lesquelles ? Celles gérées par le régime général de la Sécurité sociale ? Celles complémentaires gérées par l’ARGIC-AARCO ? Celles des pensionnés des trois fonctions publiques ? – me parait être la simple application de la législation en vigueur. 

Quant à l’exemption des frais de notaire pour les petits achats immobiliers de primo-accédant (moins de 250.000 euros), cela ne révolutionnera pas les politiques publiques en matière de logement. La complémentaire-santé à 1 euro par jour va sans doute encore compliquer le panorama de la protection sociale : n’y a-t-il pas déjà la Complémentaire santé solidaire (ex-CMU-C) pour les plus modestes ? Ou alors s’agit-il de couvrir aussi prioritairement les retraités, qui, effectivement, par une simple logique d’âge, payent chers leur couverture complémentaire ? Mais là, si G. Attal voulait vraiment avoir un impact sur le retraité ordinaire, il y aurait un enjeu financier énorme derrière. Enfin, comment peut-on sérieusement mettre dans un programme gouvernemental dans un contexte aussi grave la mise en place d’achats groupés pour les fournitures scolaires ? Cela existe déjà, et, sauf erreur de ma part, les collectivités locales concernées s’occupent parfois déjà du problème.

Il faut bien dire en l’état actuel de ces propositions rendues publiques par Gabriel Attal que cela ressemble largement à un arrosage fort clientéliste d’argent public en direction des électeurs que l’on souhaite viser. De fait, sont, au centre de l’attention de la majorité sortante, des jeunes actifs, travaillant dans le secteur privé, ayant des enfants d’âge scolaire,  prêts à acheter leur première maison et à la faire rénover thermiquement, et désirant acheter une (seconde ?) voiture électrique. C’est plutôt la France qui va déjà plutôt bien et qui aimerait aller encore mieux. On notera tout de même que cet arrosage clientéliste d’un électorat qu’on entend surtout ravir au RN vient en contradiction totale avec la séquence gouvernementale précédente où il était urgent d’économiser des dizaines de milliards d’euros et que cet accent mis sur la nécessité de revaloriser le pouvoir d’achat des ménages valide complètement la propagande du Rassemblement national sur ce point. Après avoir voté en décembre dernier une loi sur l’immigration validant les analyses du Rassemblement national, la majorité sortante entend par la voix de Gabriel Attal valider celles de ce dernier sur le pouvoir d’achat. Il ne faudra pas s’étonner du résultat électoral aux soirs du 30 juin et du 7 juillet ensuite. 

Gabriel Attal a notamment annoncé que les retraites seront indexées sur l’inflation en cas de victoire aux prochaines législatives. Cela s’apparente-t-il à du clientélisme ? En quoi cela n’a-t-il pas de sens de préserver le pouvoir d’achat des retraités qui sont relativement privilégiés ?

Pierre Bentata : Cela n’a pas de sens sur le plan économique. Augmenter les retraites n’était absolument pas la priorité aujourd’hui. Même s’il y a une partie des retraités qui vivent avec des revenus qui sont globalement faibles, les retraités, en moyenne, ont quand même des revenus qui sont très élevés par rapport à la population active et lorsque le parallèle est fait avec les autres pays européens et les pays développés. Les retraites ne sont vraiment pas la population à cibler principalement. En réalité, il y a bien un aspect clientéliste. Les retraités sont en effet le cœur de cible de l’électorat d’Emmanuel Macron.

Ce programme destiné à améliorer le pouvoir d’achat n’intervient-il pas trop tard dans le cadre du mandat du chef de l’Etat et alors que la majorité joue sa survie à l’Assemblée nationale ? 

Christophe Bouillaud : Bien sûr, depuis 2022, la majorité a laissé dériver les prix à la consommation, en se souciant exclusivement des prix de l’énergie. En faisant le bouclier tarifaire, elle a cru avoir tout réglé. Elle a refusé de voir que certaines entreprises profitaient de la situation de faible concurrence pour gonfler leurs prix de vente bien au-delà des contraintes objectives qu’elles rencontraient. Elle n’a pas non plus été capable de maitriser l’évolution du poste principal qui ronge le pouvoir d’achat des ménages : le logement, et qui est mécaniquement entrainé vers le haut pour les locataires par l’indexation automatique des loyers en fonction d’un indice lui-même très sensible à la vague inflationniste. De fait, le fameux choc d’offre promis en 2017 sur le logement aboutit tout de même en 2024 à un marché locatif extrêmement tendu et à des prix de l’immobilier presque au plus haut depuis des décennies.  Autrement dit, le sentiment de gêne économique que ressentent à présent beaucoup de nos concitoyens tient à des conditions de moyenne durée : pénurie de logements, surtout dans les régions les plus dynamiques, et absence de concurrence sur beaucoup de biens et de services. 

Surtout, à ce stade, à moins de deux semaines du premier tour, il ne peut y avoir qu’une infime minorité d’électeurs qui vont changer leur choix électoral parce que Gabriel Attal leur propose telle ou telle douceur qui leur conviendrait. Cela renforcera juste dans leur choix les convaincus. Les jugements politiques ne se font pas ainsi. C’est trop tard. De plus, je me répète, comment pouvoir critiquer ensuite l’absence de crédibilité en matière de finances publiques des deux adversaires (le RN et le Nouveau Front populaire) quand  soi-même on se lance dans la course aux largesses, juste après avoir annoncé un tour de vis budgétaire de 10 milliards d’euros en 2024 et avoir promis bien plus sur les années suivantes à la Commission européenne ? 

Par rapport au programme dévoilé, Gabriel Attal a annoncé l’ouverture de 400 usines d’ici 2027. En quoi ce programme annoncé par le premier ministre est-il déconnecté des capacités réelles du pays sur l’industrie ou l’économie, ou les finances publiques ?

Pierre Bentata : Les mesures prises dans ce programme posent véritablement question. Le gouvernement est capable soudainement de prendre des mesures concernant des ouvertures d’usines, des compensations des salaires avec des primes étendues de 6.000 à 10.000 euros. Le Premier ministre propose de mettre en place une complémentaire santé « publique » à 1 euro par jour pour ceux qui ne sont pas couverts par une mutuelle.

En l’espace de quelques jours, le gouvernement risque de s’apercevoir qu’il est tout à fait possible de mettre en place ces mesures. Une question va alors émerger : pourquoi n’ont-elles pas été mises en place plus tôt ? D’autant plus que la grogne sociale est assez évidente et qu’il y a des attentes sur le pouvoir d’achat, notamment en observant les intentions de vote. Les mesures du programme de la majorité pour les législatives ne sont pas cohérentes. Elles semblent avoir été prises dans l’urgence et en réalité, contrairement à ce qu’a dit Gabriel Attal, ces mesures ne sont pas financées. 

Si les propositions du gouvernement étaient vraiment financées, le fait de dévoiler ces mesures une fois le gouvernement en ballotage défavorable lors des élections constituerait une stratégie incompréhensible. Sur le plan économique, le contexte est difficile en France. En observant le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites et en regardant l’ensemble des statistiques économiques françaises, il est possible de découvrir que la France souffre véritablement d’un déficit qui est fort et qui commence à poser une question en termes de soutenabilité. La croissance est aussi minée par un déficit d’offre ou une difficulté pour l’offre à retrouver sa demande. 

La compétitivité, la productivité du travail tendent à faiblir. Il y a des difficultés dans la plupart des secteurs pour trouver de la main d’œuvre et pour arriver à la conserver. La mise en place d’une véritable politique économique doit passer par une politique de l’offre. 

Les deux partis populistes essayent de combattre ce que fait le gouvernement Macron en proposant une politique de la demande. Cela n’a pas de sens et ne va pas régler les problèmes. Cela va grever la compétitivité et nuire à la productivité. Le problème de l’emploi ne sera pas réglé. Les mesures proposées dans ce plan ne permettent pas de dépasser les problèmes rencontrés par la population aujourd’hui.

Christophe Bouillaud : C’est là un pur affichage. D’abord qu’entend-on ici par usine ? A partir de combien d’employés sur un site peut-on parler d’usine ? Surtout, sauf à mettre en place une planification à la soviétique, ce genre de promesse ne correspond à rien de tangible. Les électeurs n’y croiront que s’ils veulent y croire parce qu’ils ont déjà décidé de voter pour la majorité présidentielle, les autres hausseront les épaules.

Par ailleurs, en dehors de cet aspect électoral immédiat, il faut aussi bien se dire que la manière dont Emmanuel Macron a eu d’attirer les investissements étrangers sur le territoire français est largement liée à un dopage financier au profit des investisseurs. Le crédit impôt recherche (CIR), qui visiblement finance peu de la recherche technique et scientifique réelle sur le territoire français, en est l’exemple typique. Est-ce supportable à terme ? Surtout, ce qui plombe l’industrie française, c’est d’être de plus en plus dépendante de ces investisseurs extérieurs. Il faudrait déjà penser à rebâtir des groupes industriels français ayant un véritable ancrage sur le territoire. Plus de Michelin et moins d’Amazon ou d’Uber en somme. 

Qu’est-ce que ce programme nous dit de la vision de l’économie d’Emmanuel Macron? Est-ce que le chef de l’Etat n’a pas d’ambition sur le plan économique et dans la création de richesses ?

Pierre Bentata : Les mesures dévoilées par la majorité sont clairement des effets d’annonce et de la pensée à court terme. Il n’y a pas une stratégie qui se dessine derrière. Le macronisme, sa manière de diriger est très étatique. Cela donne l’illusion que l’Etat est celui qui donne les impulsions et qui peut gérer une économie. Cela est donc très dirigiste. Emmanuel Macron n’est pourtant pas du tout perçu comme tel. Le président de la République est souvent considéré comme étant libéral, d’avoir été néolibéral, d’avoir détruit toutes les capacités de l’Etat. Or, s’il y a une vision dans le macronisme, elle est très dirigiste et à très court terme. 

Emmanuel Macron est accusé d’être libéral alors qu’il ne l’est absolument pas. En revanche, il est blâmé pour un bilan qui n’est pas le sien. Il est possible d’être en désaccord avec la politique économique qui est menée car elle est trop dirigiste.

En revanche, si l’on se moque et que l’on ne se préoccupe absolument pas de la dette, ce qui semble être le cas d’une majorité de Français, alors il faut considérer que le bilan d’Emmanuel Macron est plutôt positif. Ses mesures dirigistes ont contribué à la création de 1,5 million d’emplois. Le pouvoir d’achat ne s’est pas effondré. La situation des Français est globalement meilleure par rapport aux mandats des présidents précédents. Le problème de la politique économique d’Emmanuel Macron est qu’elle n’est pas très bien pensée et trop dirigiste. Le chef de l’Etat a fait en réalité ce que les autres attendent des partis d’opposition. Emmanuel Macron est surtout accusé de quelque chose qu’il n’a jamais mis en place : une politique libérale.

Christophe Bouillaud : D’abord, il faut se poser une vraie question : Emmanuel Macron a-t-il vraiment une stratégie pour gagner ces élections législatives ? J’en doute fortement. D’après les informations parues dans le Monde, Emmanuel Macron prétend avoir préparé son coup depuis des mois. Si tel est le cas, vu le fait qu’il n’a pas mis dans la confidence la plupart de ses ministres et qu’aucun programme sérieux n’a visiblement été préparé pour ces élections anticipées, il donne plutôt l’impression qu’il fait tout pour en arriver à une éclatante victoire du RN afin de pouvoir devenir un Président de cohabitation, et d’être ainsi débarrassé des médiocres qui le suivent depuis 2017. Dans quelle intention ? Je l’ignore. Candidats et électeurs centristes sont jetés sous le train par leur propre Président. 

…/…

Il est possible que les candidats Ensemble sauvent les meubles, mais cela sera vraiment en dépit du Président Macron. Il est possible que ces candidats sombrent. Quoi qu’il en soit, sauf miracle électoral qui démentirait des décennies de savoirs électoralistes, la défaite du camp présidentiel déclenchera sans doute une recomposition en son sein. Il est peu probable qu’Emmanuel Macron y jouisse à l’avenir d’une grande autorité, bien au contraire. Il sera, en pire, comme Chirac après la dissolution ratée de 1997, sans pouvoir se représenter et sans parti solide derrière lui.

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