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DANS « LE MONDE » ANTISÉMITISME ACCEPTABLE DE GAUCHE / ANTISÉMITISME INACCEPTABLE AILLEURS ? MISES À JOUR – DOSSIER

MISE À JOUR 23 06 24 :

9. ARTICLE – Un antisémitisme décomplexé !

MISE À JOUR 22 06 24 :

5. ARTICLE – Antisémitisme de droite, antisémitisme de gauche : ne faites plus d’impair, apprenez à les distinguer

6. ARTICLE – Législatives 2024 : sur quoi reposent les accusations d’antisémitisme qui visent La France insoumise ?

7. ARTICLE – Législatives 2024 : Mélenchon, « purge » et antisémitisme, suite…

8. ARTICLE – Législatives : la France insoumise, parti antisémite ? D’où viennent ces accusations (et sont-elles fondées) ?

ÉCOUTER ÉGALEMENT SUR BFM :

Antisémitisme: pour Delphine Horvilleur (rabbin et philosophe), « il est nécessaire de purger le Nouveau Front populaire ». https://search.app/LZaiiF4Lsr5Nj1JN7

Yonathan Arfi (président du Crif): « L’antisémitisme a penétré des sanctuaires, comme le collège et les écoles primaires » https://search.app/HikNB9NLDSMqZguAA

ET DÉCOUVRIR

«le racisme antisémite» de la société :

Le nouveau concept avancé le 19 juin par Melenchon pour, une nouvelle fois atténuer l’antisémitisme et le relativiser. Il s’agit d’un tweet du chef de file de la France insoumise au sujet du terrible viol d’une adolescente juive de 12 ans par trois mineurs à Courbevoie, le 18 juin dernier. 

Emmanuel Macron a déclaré par ailleurs il y a qqs jours : « Il n’y a aucun racisme qui justifie l’antisémitisme », « IL N’Y A AUCUN ANTISÉMITISME QUI PEUT ÊTRE JUSTIFIÉ PAR QUOI QUE CE SOIT»

L’ANTISÉMITISME DE GAUCHE NE SERAIT QUE « CONTEXTUEL » ET « UTILISÉ » ÉLECTORALEMENT

ET « NON ÉQUIVALENT » À L’ANTISÉMITISME « ONTOLOGIQUE «  DU RN

Il n’y aurait pas d’équivalence entre l’antisémitisme contextuel, populiste et électoraliste, utilisé par certains membres de La France insoumise, et l’antisémitisme fondateur, historique et ontologique du Rassemblement national, affirment l’avocat et l’historien, dans une tribune au « Monde ».

L’antisémitisme de gauche étant » contextuel, populiste et électoraliste » ne viserait pas les juifs. Il serait fondé politiquement ?

Même s’ils relativisent l’antisémitisme des forces de gauche, ils reconnaissent un « antisémitisme de gauche » qui « connaît une résurgence incontestable » mais qui est « instrumentalisé ».

Est ce à dire qu’il n’existerait pas s’l n’était pas désigné comme tel ?

UN « ANTISÉMITISME IDÉOLOGIQUE » ?

Questionnée à propos de la tribune publiée par Le Monde jeudi, Sandrine Rousseau (Les Ecologistes, députée de Paris sortante) a assuré vendredi sur TF1 qu’il n’y avait pas d’« antisémitisme idéologique » au sein du Nouveau Front populaire. La tribune, de l’avocat Arié Alimi et de l’historien Vincent Lemire evoque en effet un « antisémitisme contextuel, populiste et électoraliste, utilisé par certains membres de La France insoumise »

L’antisémitisme de gauche : « UN POINT FAIBLE « 

Extrait : « un sujet empoisonne les débats et apparaît comme le principal point faible sur lequel ses adversaires ont prise : l’antisémitisme et la position française face à la situation en Israël et à Gaza.

« l »antisémitisme résiduel »

Jean-Luc Mélenchon n’a t il pas, dans le même esprit, parlé de  « l »antisémitisme résiduel » ?

Les auteurs de la tribune du Monde sont d’accord pour se désolidariser de Mélenchon sur la question d’une judéopho­bie qui ne serait plus que « résiduelle » (ils rappellent eux-mêmes qu’on assisterait plutôt à une véritable explosion des actes antisémites depuis un an)

DÉPASSER UN « débat piégé »

Extrait : « afin que ce débat piégé cesse de parasiter une campagne électorale si brève et si décisive, et pour que d’autres enjeux puissent s’y épanouir »

« Une partie de LFI a offert un brevet de virginité sur la lutte contre l’antisémitisme au RN »

Aurélien Rousseau, ancien ministre de la Santé d’Emmanuel Macron et directeur de cabinet d’Élisabeth Borne, crée des remous au sein du Nouveau Front populaire. « Vous ne pouvez pas résumer mon engagement à quinze mois de ma vie. Je suis de gauche, j’ai été au PCF pendant quinze ans ! », a-t-il répété lors d’une réunion unitaire avec les forces de gauche locales.

Le lendemain, il les refroidissait en déclarant sur France Info qu’« une partie de LFI a offert un brevet de virginité sur la lutte contre l’antisémitisme au RN »« Il joue à un jeu dangereux », fustige un insoumis…

1. ARTICLE – « L’antisémitisme de gauche connaît une résurgence incontestable et il est instrumentalisé pour décrédibiliser le Nouveau Front populaire »

Arié AlimiAvocatVincent LemireHistorien LE MONDE 20 06 24

La dissolution, décidée dimanche 9 juin par un Emmanuel Macron plus solitaire et vertical que jamais, a plongé le pays dans la sidération, avant de déclencher une mobilisation inattendue des forces de gauche pour tenter d’empêcher le pire. Le Nouveau Front populaire, son programme commun et ses candidatures uniques, sont le résultat inespéré de ce sursaut collectif.

Pourtant, depuis son officialisation, un sujet empoisonne les débats et apparaît comme le principal point faible sur lequel ses adversaires ont prise : l’antisémitisme et la position française face à la situation en Israël et à Gaza.

Ce talon d’Achille du Nouveau Front populaire, s’il est instrumentalisé ad nauseam par ses détracteurs, ne peut pas être écarté d’un revers de main, car c’est un sujet essentiel et même existentiel pour une gauche précisément rassemblée aujourd’hui au nom de ses plus hautes valeurs.

En tant qu’historien spécialiste du conflit israélo-palestinien, en tant qu’avocat luttant contre les atteintes aux droits de l’homme, contre l’antisémitisme et toutes les formes de racisme, en tant que citoyens ayant voté aux élections européennes pour la liste Parti socialiste-Place publique, nous voudrions poser ici quelques constats, rappels et principes afin que ce débat piégé cesse de parasiter une campagne électorale si brève et si décisive, et pour que d’autres enjeux puissent s’y épanouir….

…/…

2. LIRE THOMAS LEGRAND DANS LIBÉRATION : L’ANTISÉMITISME PAR « CÉCITÉ »

« Non, LFI n’est pas antisémite, mais oui, certains de ses dirigeants ont cultivé une sorte de cécité s’agissant de l’emprise d’un antisémitisme latent. « 

3. ARTICLE – Antisémitisme : la consternante tribune parue dans « Le Monde »

TRIBUNE. L’historien Marc Knobel s’étonne que l’avocat Arié Alimi et l’historien Vincent Lemire opposent un antisémitisme « contextuel » de gauche et « ontologique » d’extrême droite », dans un article du « Monde ».

Par Marc Knobel LE POINT 21/06/2024

C’est avec consternation que j’ai pris connaissance de l’article del’avocat Arié Alimi et de l’historien Vincent Lemire, dans Le Monde, le 21 juin 2024 . Rien que le titre de cet article porte à confusion : « L’antisémitisme de gauche connaît une résurgence incontestable, mais il est instrumentalisé pour décrédibiliser le Nouveau Front populaire ». Comme si la seule dénonciation d’un antisémitisme déchaîné n’aurait comme seule finalité au fond que de « décrédibiliser » la gauche ? Comme s’il n’y avait aucune instrumentalisation à gauche, …

…./….

4. ARTICLE « Une partie de la gauche radicale a disséminé un antisémitisme virulent et subverti les valeurs qu’elle prétend défendre 

Une cinquantaine d’intellectuels et universitaires, parmi lesquels Michelle Perrot, Pascal Ory, Judith Lyon-Caen ou Christophe Prochasson, s’inquiètent, dans une tribune au « Monde », de la montée de l’antisémitisme depuis le 7 octobre 2023 et de sa diffusion dans les universités.

21 06 24 LE MONDE

Il y a désormais un 7 octobre (2023) comme il y a eu un 11 septembre (2001), tant l’horreur suscitée par les deux événements est singulière et se détache du contexte dans lequel ils se sont produits. A quelques kilomètres de Gaza, sur le territoire de l’Etat d’Israël, le Hamas et ses alliés ont massacré 1 192 personnes et commis de multiples viols, avant d’emmener près de 240 personnes, bébés, enfants, femmes, hommes et vieillards, en otages.

L’antisémitisme a explosé dès le lendemain du pogrom : avant même l’entrée de l’armée israélienne à Gaza, on a pu entendre, en France et ailleurs, le slogan, inscrit dans les chartes du Hamas et de ses alliés, appelant à la disparition de l’Etat d’Israël ; en France, 1 676 actes antisémites ont été recensés en 2023 (quatre fois plus qu’en 2022), qui mobilisent les plus vieux motifs du répertoire antisémite à peine transposés : la domination de la finance juive sur le monde, l’emprise des juifs sur les médias qui étoufferait les voix des Palestiniens, la duplicité des juifs français.

Conséquence : au quotidien, la réassignation constante des Français juifs à leur origine et la multiplication d’un antisémitisme à bas bruit qui commence par des blagues, continue par des « dérapages », des jeux sur les noms propres, et finit par des insultes, des …

…/…

5. ARTICLE – Antisémitisme de droite, antisémitisme de gauche : ne faites plus d’impair, apprenez à les distinguer

Rien n’est plus gênant, dans un dîner de gauche, que d’évoquer son hostilité aux juifs sans préciser qu’elle part d’un bon sentiment.

ATLANTICO – Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022 

Le sketch des Inconnus sur les bons chasseurs est tellement mis à toutes les sauces qu’on hésite désormais à y faire référence, mais c’est plus par crainte de tomber dans le cliché que parce que sa pertinence aurait été sapée par sa popularité. 

Là tout de suite, je viens de lire la tribune que co-signent dans Le Monde Arie Alimi, avocat emblématique de la gauche radicale, et Vincent Lemire, un historien spécialiste de Jérusa­lem mais pas beaucoup plus à droite non plus, et je me les figure assez bien tous les deux se promenant dans la campagne avec leurs 22 long rifle et leurs verres de lunettes en cul de bouteille, expliquant pâteusement la différence entre le bon antisémitisme et le mauvais antisémitisme à un reporter TV médusé…

Car s’ils sont d’accord pour se désolidariser de Mélenchon sur la question d’une judéopho­bie qui ne serait plus que « résiduelle » (ils rappellent eux-mêmes qu’on assisterait plutôt à une véritable explosion des actes antisémites depuis un an), c’est pour mieux inviter le lecteur à distinguer la haine des juifs venue de la gauche de la détestation des juifs arri­vée par la droite :

« Non, il n’y a pas d’équivalence entre l’antisémitisme contextuel, populiste et électora­liste instrumentalisé par certains membres de La France insoumise, et l’antisémi­tisme fondateur, historique et ontologique du Rassemblement national, qui défend la pré­férence nationale, dénonce les ressortissants binationaux et attaque l’« anti-France » de­puis toujours et avec constance », assurent-ils.

OK, objection retenue. Lièvres à kippa, faisans à schtreimel et renards à prépuce appré­cieront. 

Mais parce qu’ils admettent qu’en dépit de leurs origines ontologico-topographiques diffé­rentes, les deux antisémitismes sont aussi toxiques l’un que l’autre, les antidotes suggérés ne sauraient être plus surprenants :

« Le premier, nous devons le combattre pied à pied, programme à l’appui, sans baisser les yeux, en prenant les électeurs à témoin pour démontrer que l’antisémitisme est la négation même de nos valeurs communes. Le second, nous devons le battre, dans les urnes et dans l’urgence, pour éviter que la France ne renie son identité républicaine en renouant avec les pires pages de son histoire ».

Ainsi, c’est en votant pour les promoteurs du bon antisémitisme tout en expliquant à leurs supporters qu’il n’est pas la solution à leurs problèmes de fin de mois qu’on rendra ce fléau résiduel pour de bon, mais c’est au contraire en battant les fans du mauvais antisé­mitisme dans les urnes qu’on ramènera la joie et l’harmonie dans les foyers.

Cette nouvelle version du sketch des chasseurs, franchement, elle donne plutôt envie de jouer les pêcheurs à la ligne dans 15 jours…

6. ARTICLE – Législatives 2024 : sur quoi reposent les accusations d’antisémitisme qui visent La France insoumise ?

Elise Lambert. France INFO. 21/06/2024

Le parti est accusé d’antisémitisme par ses opposants et par des organisations juives. Ces griefs s’ajoutent à des propos ambigus tenus par Jean-Luc Mélenchon depuis plusieurs années. LFI se défend de tout racisme et dénonce une instrumentalisation politique.

« Comment osez-vous ? Vos propos récurrents alimentent la haine qui mène au pire. Non, l’antisémitisme n’est pas résiduel. » Au lendemain du viol d’une adolescente juive à Courbevoie, mercredi 19 juin, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a blâmé Jean-Luc Mélenchon pour ses propos passés sur « l »antisémitisme résiduel »En pleine campagne pour les législatives, le fondateur de La France insoumise (LFI) et certains de ses élus sont accusés d’antisémitisme par leurs adversaires politiques, dont Emmanuel Macron.

Par ricochet, ces accusations touchent le Nouveau Front populaire, auquel LFI appartient. Lors de la présentation du programme commun à Paris, des manifestants ont dénoncé « l’antisémitisme » comme « promesse de campagne ». En s’alliant au parti de gauche radicale, « les partis de la gauche républicaine ont sacrifié la lutte contre l’antisémitisme », a fustigé auprès de franceinfo Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Alors que les actes antisémites sont en forte hausse en France en 2024, et que le débat reste tendu autour du conflit israélo-palestinien, sur quoi se fondent ces accusations ?

« Des dérapages importants » depuis le 7 octobre

Face aux critiques, La France insoumise dénonce des « attaques politiques » visant à la discréditer en pleine campagne électorale et à faire oublier l’antisémitisme historique de l’extrême droite. « Nous ne sommes pas antisémites, l’égalité fait partie de notre ADN », martèle auprès de franceinfo une cadre de LFI. « Si quelqu’un prétendait être insoumis en étant antisémite, il n’aurait pas sa place dans notre mouvement. » Dans une tribune publiée sur le Club de Mediapart, des intellectuels et militants proches de la formation ont également dénoncé « l’infamie » consistant à désigner LFI comme un « parti antisémite ».

Une qualification en effet « fausse » pour l’historien Robert Hirsch, auteur de La Gauche et les juifs (2022). Le parti n’a rien à voir avec des mouvements comme l’Action française au XIXe siècle, qui prônait un antisémitisme d’Etat.

« LFI n’est pas un parti qui a un programme antisémite, dont les militants diffusent une haine des juifs. »Robert Hirsch, historien

à franceinfo

En revanche, il y a eu « des dérapages importants » depuis le 7 octobre, observe l’historien, lui-même juif et membre du Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes. Il cite le refus d’élus insoumis de qualifier le Hamas d’organisation « terroriste », au lendemain des massacres commis par le mouvement islamiste palestinien en Israël. En réponse, LFI a répété qu’elle ne minimisait pas la gravité de ces attaques, préférant le terme de « crimes de guerre », en référence au droit international. « Quand on minimise les actes d’un mouvement antisémite, c’est qu’au fond, l’antisémitisme ne dérange pas », estime toutefois Yonathan Arfi, du Crif.

Marche contre marche

D’autres propos ont nourri ce procès ces derniers mois. Le 22 octobre, sur X, Jean-Luc Mélenchon accuse la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, de « camper » à Tel Aviv alors que l’élue est en Israël pour exprimer sa« solidarité » avec l’Etat hébreu. L’usage du mot « camper » pour parler d’une femme aux origines juives suscite l’émoi. Contacté par franceinfo, Jean-Luc Mélenchon n’a pas donné suite à nos sollicitations. Dans une interview à Orient XXI, il a expliqué que pour « sa génération », le « campisme » fait référence à un positionnement pour le bloc de l’Est ou de l’Ouest durant la guerre froide.

Le 12 novembre, nouvelle polémique lorsque LFI choisit de ne pas participer à la marche contre l’antisémitisme. Ses élus boycottent le rendez-vous en raison, entre autres, de la présence du Rassemblement national, parti ayant compté dans ses rangs des pétainistes et au moins un ancien Waffen-SS, et du refus des organisateurs d’appeler à un cessez-le-feu à Gaza.Des manifestants juifs dénoncent le rassemblement contre les racismes et l’extrême droite organisé par La France insoumise, le 12 novembre 2023, place des Martyrs-Juifs-du-Vélodrome-d’Hiver à Paris. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

« Les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous », écrit alors Jean-Luc Mélenchon sur X. Or, la marche est en partie organisée en réponse à la hausse des actes antisémitesen France. « Beaucoup de participants étaient juifs. Dire cela, c’était les porter à la vindicte », s’émeut Robert Hirsch. Pour Simon Assoun, porte-parole de Tsedek, un collectif juif décolonial, « certains propos[au sein de LFI] ont pu être maladroits. Mais il y a un biais à tous les interpréter pour démontrer que Jean-Luc Mélenchon est antisémite. » Le même jour, le parti organise un autre rassemblement au square de la place des Martyrs-Juifs-du-Vélodrome-d’Hiver, à Paris. Initiative une nouvelle fois décriée sur X par le Crif, qui y voit des « récupérations »mémorielles.

Une confusion autour de l’antisionisme ?

Six mois plus tard, alors que la guerre a fait plus de 35 000 morts à Gaza, LFI demeure l’un des rares partis à se mobiliser clairement pour les Palestiniens. La formation a d’ailleurs placé le conflit au cœur de sa campagne pour les européennes. Au point, pour ses détracteurs, de manquer de subtilité. Une confusion s’installe notamment autour de l’antisionisme. Sur franceinfo, la députée LFI de Seine-Maritime Alma Dufour qualifie le positionnement du socialiste Jérôme Guedj de « sioniste », précisant qu’elle utilise ce terme pour dénoncer « la colonisation » d’Israël.

Mais l’évocation de l’antisionisme sert-elle « à critiquer le gouvernement de Nétanyahou, ou est-ce que cela signifie que les juifs doivent retourner de là où ils sont ?, interroge l’historien Robert Hirsch.Il faut se rappeler pourquoi les juifs sont allés en Palestine. Cela demande un effort de réflexion qui existe moins dans une partie de la gauche. »

à lire aussiAntisémitisme, antisionisme… Quelles définitions derrière ces mots ? Les réponses d’un historien

Les critiques s’accumulent le 2 juin, lorsque Jean-Luc Mélenchon écrit sur son blog que « l’antisémitisme reste résiduel en France« , en référence aux mobilisations propalestiniennes, parfois soupçonnées d’antisémitisme. La sortie choque, y compris à gauche. « L’antisémitisme n’est pas résiduel. Il explose », répond sur X la députée écologiste Sandrine Rousseau. « Une dérive incompréhensible », regrette le patron des socialistes, Olivier Faure, sur Sud Radio.

« Jean-Luc Mélenchon n’a pas utilisé le terme ‘résiduel’ dans le sens où ce n’est pas important. Il l’a utilisé pour s’opposer à ceux qui accusent les mouvements propalestiniens de faire monter l’antisémitisme. »Une cadre de LFI

à franceinfo

Cette déclaration entend battre en brèche la thèse du « nouvel antisémitisme », reprise notamment par le RN. Elle attribue l’antisémitisme contemporain aux musulmans ou aux habitants des quartiers populaires. Une thèse à laquelle s’oppose aussi Jonas Pardo, du mouvement de juifs de gauche Golem. Il constate toutefois qu’« une partie de la gauche n’est pas capable de considérer les problèmes d’antisémitisme tels qu’ils sont, par peur de stigmatiser les banlieues. Il faut affronter l’antisémitisme d’où qu’il vienne. »

« Le racisme n’a rien à voir avec les intentions »

D’autres propos sèment le doute. Comme lorsque le député sortant du Nord David Guiraud fait référence dans un tweet aux « dragons célestes » pour désigner l’Observatoire juif de France. Ces personnages riches et puissants du manga One Piece sont devenus des allusions antisémites sur les réseaux sociaux. Mais le député assure l’ignorer et efface le message. Auprès de Libération, il explique plus tard avoir « fait son introspection » et « manqué de compassion ».

« Je vois des images horribles de morts palestiniens, ça me désensibilise du 7 octobre. »David Guiraud, député LFI sortant du Nord

à « Libération »

« On peut faire une faute, ça arrive. Mais ce qui est grave, c’est la déferlante de messages antisémites sous son message, déplore Jonas Pardo. Le racisme n’a rien à voir avec les intentions. Ce qui compte, ce sont les effets. Or, la parole incite à la violence, au passage à l’acte. »

Même ambiguïté lorsque Jean-Luc Mélenchon compare le président de l’université de Lille au dignitaire nazi Adolf Eichmann, après que le responsable a annulé une conférence de LFI dans ses locaux. Le leader insoumis a évoqué une référence au livre Les Origines du totalitarisme, d’Hannah Arendt, mais « c’est pour le moins une relativisation de ce que fut le nazisme », estime Robert Hirsch. Des « propos excessifs qui discréditent tout le reste », a également réagi le patron du PCF, Fabien Roussel.

« Une méconnaissance de l’antisémitisme »

Mauvaise interprétation des uns, maladresse des autres ? Après le 7 octobre, Raquel Garrido, députée non réinvestie par LFI aux législatives, a enjoint ses collègues à être « plus attentifs au vécu et au ressenti politique des juifs de gauche », sur franceinfo. Car les accusations d’antisémitisme visant LFI ne sont pas nouvelles. Depuis plus de dix ans, elles concernent en premier lieu son fondateur Jean-Luc Mélenchon. En 2012, il qualifie Mohamed Merah de « crétin sanglant », qui « n’est même pas un terroriste », cite La Montagne.Pourtant, en tuant des personnes, dont des enfants, parce que juives, « ses meurtres contiennent un message politique antisémite », pointe l’essayiste Illana Weizman dans son ouvrage Des Blancs comme les autres ? Les juifs, angle mort de l’antiracisme (2022). « Ce type de propos ignorants nous fait passer à côté des mécanismes systémiques de l’antisémitisme. »

Un an plus tard, Jean-Luc Mélenchon accuse Pierre Moscovici de penser « finance internationale »Une déclaration empreinte du stéréotype antisémite du banquier juif. Mais l’ancien candidat à la présidentielle assure ignorer la religion du ministre de l’Economie de l’époque, cite l’agence Reuters« Etre juif n’est pas seulement une religion. Cela montre une méconnaissance de l’antisémitisme », rétorque Robert Hirsch. En 2019 encore, le patron de LFI accuse « les ukases arrogants » du Crif d’avoir contribué à la défaite du leader britannique travailliste Jeremy Corbyn, accusé de complaisance avec l’antisémitisme« On peut être en désaccord avec le Crif » mais cette expression relève du « complotisme antisémite », déplore Jonas Pardo.

« L’antisémitisme est très souvent intériorisé, peu conscient. On peut parfaitement penser se battre politiquement contre et en être le vecteur. »Illana Weizman, autrice

dans « Les juifs, angle mort de l’antiracisme »

Nouveau tollé en 2020 lorsque Jean-Luc Mélenchon déclare sur BFMTV : « Je ne sais pas si Jésus était sur la croix. Je sais qui l’y a mis, paraît-il, ce sont ses propres compatriotes. » Une référence au « peuple déicide, la base la plus ancienne de l’antisémitisme chrétien », rappelle Robert Hirsch. A plusieurs reprises, le leader de gauche se défend, comme dans l’émission « Balance ton post » « Chaque fois qu’il y aura une bataille contre le racisme, je serai là. » L’actualité lui donnera-t-elle l’opportunité de le prouver ? Alors que le drame de Courbevoie percute la campagne, le Premier ministre, Gabriel Attal, a appelé, jeudi 20 juin, les dirigeants politiques à « mettre des digues » face à l’antisémitisme.

7. ARTICLE – Législatives 2024 : Mélenchon, « purge » et antisémitisme, suite…

…. Extrait : Mais qu’ont pu faire de si grave Garrido et Corbière qui puisse justifier cette mise à l’écart – ils maintiennent d’ailleurs l’un et l’autre leur candidature et seront très probablement réélus ? Les deux « rebelles », et Corbière à haute et intelligible voix, ont osé contester les multiples provocations de Mélenchon et de son entourage à propos de l’antisémitisme. Le taulier de LFI a par exemple refusé de participer à « la marche pour la République et contre l’antisémitisme » initiée par le président du Sénat Gérard Larcher et par l’ex-président de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet précédemment accusé par le même Mélenchon de « camper à Tel Aviv » pour être allée soutenir le peuple israélien après le pogrom du 7 octobre.

Désaccords politiques

« Camper » pour une petite-fille de juifs déportés, le verbe était particulièrement « bien » choisi… Comment l’ex-sénateur socialiste a-t-il justifié son refus de marcher du palais du Luxembourg au palais Bourbon ? Non pas seulement en raison de la présence du Rassemblement national, mais parce qu’il ne voulait surtout pas croiser « les amis du soutien inconditionnel au massacre [de Gaza] qui ont leur rendez-vous ». Les deux exclus manifestaient alors au même moment dans les rues de Strasbourg. Et Corbière désavouait sans détour son « chef » : « il y a de l’antisémitisme aujourd’hui. Il faut dire non sans ambiguïté ». Or c’est précisément l’ambiguïté qu’entretient Mélenchon en évoquant, lui, un antisémitisme « résiduel ».

Confrontés à un désaccord autant existentiel que politique, Raquel Garrido et Alexis Corbière ont choisi de se faire discrets durant la campagne européenne des Insoumis. Une campagne ultra « palestinienne » virant jour après jour à la haine anti-israélienne et, souvent, aux marges de l’antisémitisme. Leur mutisme valait condamnation. Ils l’ont payé. Cher. Ils ont été épurés. À la Mélenchon.

…:….

8. ARTICLE – Législatives : la France insoumise, parti antisémite ? D’où viennent ces accusations (et sont-elles fondées) ?

20/06/2024 Huffpost Par Anthony Berthelier et Émilie Garcia

Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, et la guerre déclenchée par Israël à Gaza, les insoumis sont régulièrement pointés du doigt pour leurs sorties.

M – « LFI, premier parti antisémite de France. » Cette phrase a été prononcée ces derniers mois par plusieurs représentants du camp présidentiel. Lors de sa conférence de presse post-dissolution, Emmanuel Macron a lui même ciblé la mélenchonie en l’accusant d’avoir mené une campagne « antisémite » pendant les européennes.

Mais puisque cette accusation infamante est rarement étayée quand elle est formulée sur les réseaux sociaux ou les plateaux de télévision, Le HuffPost a essayé de remonter le fil de ces critiques, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article. Pour voir, notamment, si l’argument phare des macronistes pour fustiger le Nouveau Front populaire tient la route.

D’où viennent ces critiques ?

Tout d’abord, le procès en antisémitisme n’est pas nouveau pour la France insoumise, et pour Jean-Luc Mélenchon avant elle. Ils en font les frais depuis les années 2010. Mais pour quels reproches concrets ? À cette époque-là, les détracteurs du leader de la gauche radicale estiment que son discours vient nourrir les stéréotypes antisémites. Ceci, sur deux fronts.

En France, Jean-Luc Mélenchon accuse régulièrement les institutions juives, comme le Crif, de « communautarisme. » Et au Proche-Orient, il défend coûte que coûte les Palestiniens contre Israël. Dès 2014, il lui est par exemple reproché son appui au mouvement « boycott d’Israël BDS », demandant le boycott, le désinvestissement et des sanctions à l’endroit de l’État hébreu. Ou son soutien à un rassemblement pro-Gaza, qui s’était terminé par des cris antijuifs dans les rues de Paris.

Procès incandescent avec Gaza

En réalité, ces critiques redoublent ces dernières années, et plus précisément ces derniers mois avec la guerre à Gaza. Pour résumer, les accusations faites aux insoumis de nourrir un discours aux stéréotypes antisémites, sont devenues des accusations d’antisémitisme, pur et dur.

Les détracteurs de la France insoumise s’appuient sur les réactions du mouvement de gauche radicale à l’attaque en Israël, le 7 octobre, quand la majorité de ses élus ont refusé de parler du Hamas comme une organisation terroriste. Mais pas seulement.

Ils citent, aussi, plusieurs déclarations douteuses en lien avec le conflit au Proche Orient. Lorsque Jean-Luc Mélenchon a accusé la présidente de l’Assemblée nationale de « camper » à Tel Aviv alors qu’elle était en visite diplomatique après le 7 octobre ou lorsque David Guiraud a publié (puis retiré) sur les réseaux sociaux une image des Dragons célestes, ces figures de manga japonais riches, puissantes et manipulatrices, utilisées par les sphères antisémites 2.0 pour cibler les juifs.

S’ajoute à cela la déclaration de Jean-Luc Mélenchon, début juin, selon laquelle l’antisémitisme est aujourd’hui « résiduel » dans le pays, alors que toutes les enquêtes documentent l’inquiétude grandissante des Français de confession juive.

« Qui a été condamné ? Qui ? »

En creux, c’est aussi la stratégie politique des insoumis qui est pointée du doigt à travers ce procès. Selon certains de ses détracteurs, LFI adopte ce discours pour séduire les quartiers populaires et l’électorat musulman. Une analyse qui ne s’embarrasse pas de nuance, et encourage sans conteste les stéréotypes et amalgames.

Pour d’autres, cette stratégie participe à un climat anxiogène pour les juifs de France. Résultat : pour 92 % d’entre eux, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon contribue à faire monter l’antisémitisme.

Enfin, si les insoumis sont régulièrement brocardés pour leurs sorties, notons toutefois que le mouvement est clair dans son programme (et ses déclarations) : il s’engage à lutter contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme. D’ailleurs, aucun de ses membres n’a été condamné pour incitation à la haine… Ce qui n’est pas le cas de l’autre côté du spectre politique, au Rassemblement national. Ce parti, anciennement FN, fondé entre autres par d’anciens collaborationnistes compte encore dans ses rangs un député qui a tenu une librairie proposant des livres antisémites ou négationnistes.

9. ARTICLE – Un antisémitisme décomplexé !

Jean de Saint-Cheron Essayiste, chroniqueur pour La Croix 23/06/2024

    Samedi 15 juin, le viol d’une jeune fille juive à Courbevoie a mis la France en émoi. En pleine campagne électorale, il fait brutalement resurgir la question de l’antisémitisme. Un antisémitisme de plus en plus décomplexé chez une partie de la gauche, s’inquiète Jean de Saint-Chéron.

      Il n’est ni bien-pensant, ni démagogique, ni alarmiste de parler d’une recrudescence de l’antisémitisme. Et ce quoi qu’en pense Jean-Luc Mélenchon, qui n’hésite pas à affirmer en ce mois de juin 2024 que l’antisémitisme est « résiduel »en France, prenant même le soin de préciser qu’il est « totalement absent des rassemblements populaires ». Quelles que puissent être les tentatives de Monsieur Bompard ou de Madame Panot pour rendre une telle parole audible – notamment depuis le viol atroce de Courbevoie – elle ne le sera jamais….

      …/…

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