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ÉMISSION – LES NUITS LE JOUR : Jean Baudrillard ou le réel assassiné
Dimanche 16 juin 2024 FRANCE CULTURE
Notre visite dominicale dans les archives de l’Ina. Pour annoncer la Nuit d’archives : « Jean Baudrillard ou le réel assassiné ».
Interroger les capacités de l’intelligence artificielle en tant que prolongement de l’humain, c’est le thème de ce débat diffusé en 1987 et pourtant très actuel entre deux grands intellectuels, le sociologue Jean Baudrillard et le sémioticien Paolo Fabbri.
Avec
- Jean Baudrillard Philosophe et sociologue
- Paolo Fabri Sémioticien, professeur à l’université de Bologne
En 1987, sur le plateau de l’émission “Perspectives Scientifiques”, bien avant que l’intelligence artificielle soit aussi présente dans la vie de tous les jours, le philosophe et sociologue Jean Baudrillard ainsi que le sémioticien Paolo Fabbri sont invités à débattre autour des théories et des techniques qui émergeaient déjà à l’époque.
L’intelligence artificielle, prolongement ou substitution de l’intelligence humaine ?
Pour Paolo Fabbri, nous nous servons de l’intelligence artificielle pour montrer les limites de notre propre intelligence ; programmée par l’homme, elle ne pourra jamais aller plus loin que lui dans la pensée, et nous permet de séparer ce qui est facilement reproductible, mécanisable dans la pensée de ce qui est véritablement intelligent.
Jean Baudrillard, quant à lui, se montre encore plus méfiant que son interlocuteur : l’IA serait une façon de laisser le corps et le cerveau en friche, et de prolonger le mouvement de disparition du sujet au sein de l’illusion dans laquelle il vit. L’IA servirait à l’homme à expulser son intelligence, le cerveau humain devenant alors inutile. Mais si l’intelligence artificielle permet de stocker et de mémoriser toutes les données de l’intelligence, elle ne propose pas une autre vision du monde, ni une autre intelligence du monde.
58 min
En 1995, le sociologue Jean Baudrillard prend la parole dans une émission de radio pour critiquer l’art contemporain qui ne se préoccupe plus d’explorer des champs nouveaux et se complaît dans une réalité virtuelle et sans esthétique. Cette analyse critique résonne pleinement avec notre époque.
Avec
- Jean Baudrillard Philosophe et sociologue
Figure chérie par certains artistes dans les années 80, notamment aux États-Unis, le sociologue Jean Baudrillard a développé dans la deuxième moitié de sa carrière une sérieuse aversion pour l’art contemporain. En septembre 1995 sur le plateau de “Perspectives scientifiques”, il dénonce l’aberration et la corruption de l’art abstrait.
Le complot de l’art
“Toute la duplicité de l’art contemporain est là : revendiquer la nullité, l’insignifiance, le non-sens, viser la nullité alors qu’on est déjà nul. Viser le non-sens alors qu’on est déjà insignifiant. Prétendre à la superficialité en des termes superficiels.” Voilà ce qu’écrit le philosophe, écrivain et sociologue Jean Baudrillard dans Le complot de l’art, une tribune qu’il publie dans le journal Libération le 20 mai 1996 et qui fait grand bruit.
Huit mois avant cette critique véhémente, Jean Baudrillard exprime à la radio tout le mal qu’il pense de l’art contemporain, porte-étendard d’une esthétisation à outrance du monde qui nous isole de la réalité. C’est un art qui selon lui est corrompu par la science : il veut écarter le masque de la figuration pour trouver la vérité objective de l’objet et du monde, là où l’art se doit avant tout d’être une « illusion supérieure » comme il le dit.
Un monde narcissique déconnecté du réel
“L’encéphalogramme esthétique est virtuellement plat”, se plaît-il à faire remarquer même s’il peut y avoir des singularités imprévisibles. Dans ce monde de l’art où tout le monde prétend à la banalité, à l’insignifiance et que cela marche très bien, c’est le signe d’un marché de l’art déconnecté de l’économie et de la vie. C’est un monde narcissique auto-référentiel qui n’a plus aucun rapport avec le réel.
LIEN VERS L’ÉMISSION