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Nouvelle-Calédonie : L’engrenage de la violence – quelles responsabilités ? – LA POLITIQUE DU PIRE, UNE NOUVELLE FOIS – MÀJ –

MISE À JOUR :

« Nouvelle-Calédonie : rassemblements interdits durant ce week-end électoral, couvre-feu prolongé jusqu’au 8 juillet »

TITRE LE GIGARO QUI POURSUIT :

De fortes tensions touchent encore l’archipel alors que les élections législatives se tiennent ce dimanche 30 juin. Les émeutes avaient débuté le 13 mai dernier.

Les rassemblements seront interdits en Nouvelle-Calédonie de samedi matin à dimanche soir et le couvre-feu, en vigueur depuis le début des fortes tensions qui touchent l’archipel, a été prolongé jusqu’au 8 juillet, a annoncé vendredi le haut-commissariat de la République.

«Afin de poursuivre les efforts de sécurisation menés par les forces de sécurité intérieure, les rassemblements seront interdits du samedi 29 juin, 6 heures au dimanche 30 juin, 20 heures», a indiqué le haut-commissariat dans un communiqué, ajoutant que le couvre-feu en vigueur de 20 heures à 6 heures est prolongé jusqu’au lundi 8 juillet.

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« En Nouvelle-Calédonie, un conflit dans l’indifférence de l’Hexagone »

TITRE LE MONDE SUI POURSUIT : Les élections législatives se tiendront sous couvre-feu, une nouvelle fois prolongé, vendredi, jusqu’au 8 juillet. Le territoire continue de sombrer dans la violence depuis l’éclatement de l’insurrection le 13 mai. 

Comme pour le scrutin européen du 9 juin, les élections législatives se tiendront dans des conditions très difficiles en Nouvelle-Calédonie, les 30 juin et 7 juillet. Les autorités ont annoncé, vendredi 28 juin, l’interdiction des rassemblements ce week-end et la prolongation du couvre-feu jusqu’au 8 juillet.

Lire aussi |  Européennes 2024 : en Nouvelle-Calédonie, un vote perturbé par les barrages et les tensions

Le territoire continue de sombrer, après l’éclatement de l’insurrection indépendantiste le 13 mai. Dans l’indifférence des Français de l’Hexagone, menacés pourtant de « guerre civile », selon les mots du président de la République, Emmanuel Macron, qui estime, dans le podcast « Génération Do It Yourself »lundi 24 juin, que les programmes du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national à l’Assemblée nationale y mènent. Les Calédoniens sont, eux, déjà aspirés dans un conflit fratricide entre Européens et Kanak dont nul ne voit d’issue positive.

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LA POLITIQUE DU PIRE … LÀ AUSSI

« Le silence dans lequel se mure la chancellerie à propos du transfert dans l’Hexagone de sept militants indépendantistes kanak mis en examen après les émeutes de la mi-mai est incompréhensible. » ARTICLE 3

La responsabilité du chef de l’Etat

« un haut fonctionnaire expérimenté juge sévèrement la responsabilité du chef de l’Etat dans le regain de tensions en Nouvelle-Calédonie ces 72 dernières heures. Malgré les 35 unités de force mobile présentes sur place, les violences lui semblent hors de contrôle » ARTICLE 1

Stupeur, incompréhension, abattement :

»La décision d’envoyer en détention provisoire en métropole, à 17 000 km de chez eux, des militants indépendantistes liés à la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), a plongé la communauté dans le désarroi. » ARTICLE 2

VOIR NOS TROIS PUBLICATIONS

1. ARTICLE – Nouvelle-Calédonie: L’incroyable témoignage d’un haut fonctionnaire dans l’engrenage de la violence

Sous couvert d’anonymat, un haut fonctionnaire expérimenté juge sévèrement la responsabilité du chef de l’Etat dans le regain de tensions en Nouvelle-Calédonie ces 72 dernières heures. Malgré les 35 unités de force mobile présentes sur place, les violences lui semblent hors de contrôle

Publié le 25 juin 2024 Antoine Oberdorff l’Opinion

En Nouvelle-Calédonie pas plus qu’ailleurs, le retour au calme ne se décrète pas du jour au lendemain. Depuis la visite éclair d’Emmanuel Macron dans l’archipel le 23 mai, les opposants au projet de réforme du corps électoral n’avaient jamais vraiment désarmé. Une décision de justice vient de raviver la colère des Kanak : le déferrement en métropole de onze militants indépendantistes, tous liés à la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT). « La température n’avait pas baissé, mais avec les transferts des mis en examen vers la métropole ça repart de plus belle », souffle un professionnel de la sécurité intérieure. ( VOIR ARTICLE 2. )

2. ARTICLE – Nouvelle-Calédonie: après le transfert de militants en métropole, les indépendantistes sous le choc

Nouméa – Des militants liés à la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) ont été envoyés en métropole pour y être incarcérés. Ce qui a plongé la communauté kanake dans le désarroi

Publié le 23 juin 2024 l’Opinion

Stupeur, incompréhension, abattement : la décision d’envoyer en détention provisoire en métropole, à 17 000 km de chez eux, des militants indépendantistes liés à la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), a plongé la communauté dans le désarroi.

Sept des onze interpellés mercredi se sont envolés dans la nuit de samedi à dimanche à bord « d’un avion spécialement affrété à cette mission », a souligné le procureur de la République de Nouméa, Yves Dupas, dans un communiqué.

« Martyrs ». « L’ensemble des responsables, des militants et sympathisants de l’Union Calédonienne ont appris avec stupeur la déportation en métropole dans la nuit des responsables et militants de la CCAT, dont notre Commissaire Général Bichou Tein (Christian Tein) ainsi que deux mamans d’enfants en bas âge », s’est insurgée l’Union calédonienne (UC), parti politique impliqué dans la création de la CCAT en novembre 2023.

« Les responsables de la CCAT ne sont en rien des commanditaires d’exactions mais aujourd’hui des martyrs de la justice coloniale », a poursuivi l’UC, composante la plus radicale du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), réclamant « l’annulation de cette déportation politique ».

Inattendu. Outre Christian Tein, qui doit être incarcéré à Mulhouse, Brenda Wanobo, chargée de la communication de la CCAT, est en route pour le centre pénitentiaire de Dijon alors que Frédérique Muliava, directrice de cabinet du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie Roch Wamytan, prend, elle, la direction de Riom, près de Clermont-Ferrand, selon leurs avocats.

Interrogés par l’AFP, les conseils des personnes interpellées ont tous indiqué que la décision du placement en détention provisoire en métropole était totalement inattendue et n’a jamais été discutée lors du débat avec le juge des libertés et de la détention, qui s’est déroulé à huis clos, de façon inhabituelle.

Le procureur à Nouméa a justifié cette mesure « en raison de la sensibilité de la procédure et afin de permettre la poursuite des investigations de manière sereine, hors de toute pression ou concertation frauduleuse ».

« Décision conforme ». Onze personnes avaient été interpellées mercredi lors d’un vaste coup de filet visant la CCAT, commanditaires présumés des violences commises depuis six semaines sur l’archipel du Pacifique sud ayant fait 9 morts, dont deux gendarmes, sur fond de contestation d’un projet de dégel du corps électoral, depuis suspendu par Emmanuel Macron.

Toutes ont été mises en examen, notamment pour complicité de tentative de meurtre, vol en bande organisée avec arme, destruction en bande organisée du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime.

Neuf ont fait l’objet d’une mesure de placement en détention provisoire, « décision conforme aux réquisitions du parquet et à la demande des magistrats instructeurs », a précisé le procureur. Deux mis en examen, dont Joël Tjibaou, l’un des quatre fils du leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou assassiné en 1989, ont demandé un débat différé. Deux des onze mis en examen ont été placés sous contrôle judiciaire.

« Retour à l’ordre ». Dans le camp des non-indépendantistes, la satisfaction est de mise. « Pour l’instant, l’Etat semble aller dans le bon sens avec le retour à l’ordre et l’envoi des commanditaires présumés en métropole », a réagi auprès de l’AFP le député Renaissance sortant (2e circonscription) Nicolas Metzdorf, candidat aux prochaines législatives dans la 1ère circonscription cette fois.

« Ils ont été arrêtés, c’est une première étape. Désormais, si on reconnaît leur culpabilité, il faut qu’ils soient condamnés sévèrement. On est encore dans un État de droit, on est encore en France, en Nouvelle-Calédonie », a poursuivi l’élu, rapporteur du projet de loi de dégel du corps électoral.

La CCAT a fait savoir qu’elle donnerait une conférence de presse mardi. Le FLNKS tiendra un bureau politique dans la semaine, avant son Congrès le 13 juillet, a appris l’AFP de source proche. Samedi, le couvre-feu instauré depuis le 14 mai a été prolongé jusqu’au 1er juillet (de 20h00 à 6h00).

Sabine COLPART

3. ARTICLE – Nouvelle-Calédonie : le scénario du pire

Le silence dans lequel se mure la chancellerie à propos du transfert dans l’Hexagone de sept militants indépendantistes kanak mis en examen après les émeutes de la mi-mai est incompréhensible.

Reléguée au second plan de l’actualité en raison de la campagne des élections législatives, la situation en Nouvelle-Calédonie reste éminemment préoccupante. L’archipel, qui vit sous un déploiement policier massif depuis le déclenchement des émeutes à la mi-mai, qui ont fait neuf morts et entraîné des dégâts matériels considérables, connaît depuis quelques jours un nouvel accès de violence.

Lire aussi   En Nouvelle-Calédonie, la détention en métropole de militants indépendantistes provoque de nouvelles violences

Le calme très relatif auquel chacun s’était engagé a été rompu dans la nuit du dimanche 23 au lundi 24 juin après que onze militants indépendantistes ont été mis en examen et sept d’entre eux immédiatement transférés dans l’Hexagonepour y être incarcérés. Parmi eux figure Christian Tein, le leader de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), un collectif informel soupçonné d’avoir organisé le soulèvement et commandité ses violences en réaction au vote à Paris de la réforme du corps électoral que la population autochtone kanak contestait. A l’annonce de ce transfèrement, les troubles sur l’île ont repris et ont pour la première fois gagné tout le territoire. La CCAT, qui dénonce les « tactiques coloniales » de la France, exige désormais « la libération et le retour immédiat » de ses militants pour qu’ils soient « jugés sur leur terre ».

Retour de la brutalité

Dans le climat d’extrême tension qui règne sur le « Caillou, il était acquis que le transfèrement à 17 000 kilomètres de l’archipel, au risque d’enfreindre les règles du procès équitable, de ces sept hommes et femmes répartis dans sept établissements pénitentiaires différents, enclencherait un nouvel épisode de violence. Il faut remonter à la tragédie d’Ouvéa, en 1988, pour retrouver pareille décision : les Kanak accusés d’avoir pris en otage des gendarmes et tué quatre d’entre eux avaient été incarcérés en métropole avant de bénéficier d’une procédure d’amnistie.

Le procureur à l’origine de la décision prise samedi 22 juin invoque la nécessité de poursuivre les investigations « hors de toute pression ou concertation frauduleuse ». La procédure relève de la lutte contre la « criminalité organisée » et comporte parmi les chefs d’accusation celui de « complicité de tentative de meurtre » en raison de tirs sur les forces de l’ordre.

Lire aussi |  Nouvelle-Calédonie : questions sur une justice d’exception pour les militants indépendantistes

Stupéfaits de n’avoir été avisés du transfèrement de leur client qu’à la toute fin des audiences, alors que l’avion était déjà prêt à partir, les avocats des mis en détention s’indignent en retour de la brutalité et de la disproportion de la décision puisque aucune qualification terroriste ou de crime de sang n’a été retenue. Ils s’indignent en particulier du cas de Brenda Wanabo, chargée de la communication de la CCAT, qui a été éloignée à Dijon alors qu’elle est mère de trois enfants, dont un en bas âge. Tout, à leurs yeux, accrédite l’existence d’une justice d’exception, d’une justice politique.

Plutôt que d’expliquer, la chancellerie s’est murée dans le silence, renvoyant à une « décision prise par un magistrat du siège, totalement indépendant ». Le contentieux, sur place, est d’autant plus lourd qu’il s’inscrit dans le cadre d’une gestion du dossier calédonien délibérément tendue : plutôt que de favoriser les palabres entre Kanak et loyalistes pour tenter d’esquisser un chemin après l’expiration des accords de Nouméa de 1998, Emmanuel Macron n’a cessé de brusquer les étapes, en cherchant à nouer d’impossibles deals entre les courants les plus extrêmes, ce qui a conduit à une situation de préguerre civile. Marginalisés, les modérés ne peuvent que constater l’étendue des dégâts. Mercredi 26 juin, le Conseil des chefs coutumiers kanak de Nouvelle-Calédonie a, à son tour, déploré « une justice à deux vitesses » en pointant les membres des « milices » loyalistes qui ne sont pas inquiétés. Comment, dans un tel climat, ne pas redouter le pire ?

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