
ÉMISSION – Législatives : réinventer l’exercice du pouvoir
Lundi 8 juillet 2024 FRANCE CULTURE
Le résultat du second tour des législatives offre l’image d’une France divisée en trois blocs. Le Nouveau Front populaire se hisse en tête, reléguant le Rassemblement national en troisième position. Arrivé deuxième, le camp présidentiel est désormais face à une inconnue sur la manière de gouverner.
Avec
- Martial Foucault Professeur de sciences politiques
- Claire Gatinois Journaliste au Monde
- Simon Persico Chercheur en sciences politiques au Centre d’études européennes de Sciences Po
Afin d’analyser les résultats du second tour des élections législatives, nous recevons Claire Gatinois, journaliste au service politique du journal Le Monde, Martial Foucault, professeur de science politique, ainsi que Simon Persico, professeur de science politique à Sciences Po Grenoble et membre du laboratoire PACTE.
Vers une parlementarisation des institutions de la Ve République ?
Pour le professeur de science politique Simon Persico, pourrait se faire jour avec ces résultats « une forme de parlementarisation à marche forcée de la Ve République », plongeant le pays dans l’incertitude. Il rappelle que cette situation est pourtant tout à fait normale chez bon nombre de pays européens (Pays-Bas, Italie, Allemagne). Habitués à la culture parlementaire, ils aboutissent à des « accords de gouvernement » pérennes plus facilement. Pour le directeur du Cevipof, Martial Foucault, on ne peut pas exactement parler de « parlementarisation ». En effet, selon lui, installer une culture parlementaire serait « inédit et impossible », étant donné les pouvoirs dont dispose le président de la République dans le cadre de la Ve République.
Une tripartition irréconciliable ?
Pour Simon Persico, si la France insoumise s’est montrée plus flexible qu’à l’accoutumée, en accordant « des capacités à gagner » aux Écologistes ou au Parti socialiste, le système « tripolaire » qui s’annonce est « malsain ». En effet, il tend à « écarter deux tiers des Français du pouvoir en cas de majorité relative constituée ». En cela, il serait donc naturel « d’ouvrir la majorité ». Martial Foucault étaye ce constat en rappelant les revers également essuyés par la gauche : « Si l’union et la victoire des partis de gauche n’a pas été anticipée par le président de la République, elle se retrouve parfois en difficulté ou en recomposition sur le terrain ». En outre, choisir un Premier ministre issu du Nouveau Front populaire constitue un autre sujet épineux pour la coalition : « La gauche va-t-elle à nouveau se fissurer autour d’un élément d’incarnation ? »
La défaite des droites et de la majorité présidentielle
Selon Claire Gatinois, journaliste au service politique du Monde, il s’agit avant toute chose d’une défaite et d’un désaveu pour les adversaires du Nouveau Front populaire. D’une part, il s’agit « clairement d’un pari raté pour Emmanuel Macron ». La journaliste va jusqu’à parler d’un « tsunami » : « C’est la fin d’un mode de gouvernement extrêmement présidentiel, au terme d’une élection qui s’est faite contre lui ». S’il y a bien une « volonté que le pays penche à gauche », la journaliste questionne aussi la capacité du Rassemblement national à s’imposer : « Il ne parvient jamais à franchir la barre symbolique ». Martial Foucault la rejoint sur ce point, nuançant néanmoins le regard à porter sur le parti d’extrême droite : il s’agit « pour les autres forces politiques de considérer que cet électorat doit être intégré dans tout contrat de gouvernement à venir ».
LIEN VERS L’ÉMISSION