
NI MAJORITÉ PRÉSIDENTIELLE, NI MAJORITÉ PARLEMENTAIRE
Le président a perdu les élections et a raté sa dissolution. Les soutiens du président de la République, Emmanuel Macron, ont perdu leur majorité relative, au soir du deuxième tour des électeurs législatives, le 7 juin 2024, certains d’entre eux évoquent la démission du President. En attendant, on peut entrevoir la nécessité de gouverner autrement, en fait de gouverner vraiment.
E. MACRON EXIGE DE LA FUTURE MAJORITÉ DES PRINCIPES ET VALEURS NÉGLIGÉS DEPUIS 7 ANS
« Avec sa lettre aux Français, le Président a lancé mercredi une nouvelle grenade dégoupillée dans un jeu politique déjà chaotique. Le geste d’un homme seul et en plein déni. » lit on dans Libération
Extraits de la lettre aux Français :
« Je demande à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays. Les idées et les programmes avant les postes et les personnalités : ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible et prendre en compte les préoccupations que vous avez exprimées au moment des élections. Elle devra garantir la plus grande stabilité institutionnelle possible. Elle rassemblera des femmes et des hommes qui, dans la tradition de la Vème République, placent leur pays au-dessus de leur parti, la Nation au-dessus de leur ambition. Ce que les Français ont choisi par les urnes – le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes. «
« C’est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre. Cela suppose de laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir ces compromis avec sérénité et respect de chacun. »
« Plaçons notre espérance … sens de la concorde et de l’apaisement dans votre intérêt et dans celui du pays. »
« … cet esprit de coalition et de dépassement que j’ai toujours appelé de mes vœux. »
ULTIME PROMESSE ET NOUVEAU CONCEPT SANS LENDEMAIN ?
«Dimanche dernier, vous avez appelé à l’invention d’une nouvelle culture politique française. Pour vous, j’y veillerai. En votre nom, j’en serai le garant»
DÉFAITE DES MAJORITÉS PRÉSIDENTIELLE ET PARLEMENTAIRE : LE DÉNI
« …personne ne l’a emporté. Aucune force politique n’obtient seule une majorité suffisante »
« Je demande… »
« Macron se donne du temps pour ranger son foutoir «
TITRE L’OPINION QUI POURSUIT : « Trois jours après le second tour des élections législatives, le chef de l’Etat adresse une lettre aux Français pour donner sa vision des résultats. Selon lui, « personne ne l’a emporté » et les forces républicaines doivent se mettre d’accord pour bâtir une coalition. C’est n’est qu’à l’issu de ce processus qu’il nommera un Premier ministre
Vu de loin, personne n’y comprend rien. Un brouillard opaque dans lequel s’égare le monde politique et dont rien ne semble émerger, si ce n’est la promesse du chaos institutionnel. Vu de près en revanche, ça se précise. A l’inverse d’un tableau impressionniste où la cohérence d’ensemble apparaît en s’éloignant de la toile, il faut s’approcher au plus près du projet macroniste de « clarification » pour qu’il commence à prendre forme. »
« La lettre aux Français d’Emmanuel Macron, une volonté « d’apaisement » qui ravive les tensions politiques en France »
TITRE LE MONDE QUI POURSUIT : Dans ce texte publié dans la presse régionale, le chef de l’Etat conteste la victoire de la gauche aux législatives et défend un « large rassemblement » avec les « forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines », mais sans RN ni LFI. …
La lettre aux Français qu’il vient de faire paraître dans la presse régionale doit le placer en surplomb du brouhaha politique hexagonal. »
« La fin de la maison Macron – Le chef de l’État a plongé son camp dans l’amertume et la colère. Ses troupes entament un douloureux examen de conscience »
TITRE LE POINT QUI POURSUIT : Au bout du fil, une ministre désemparée, au milieu de ses cartons. Réélue députée, elle attendait, comme ses collègues, la fin du supplice pour reprendre sa liberté. Si le président conservait l’équipe actuelle pour gérer les affaires courantes tout l’été, ce serait le coup de grâce ! En empaquetant ses dossiers, elle ne peut réprimer un sentiment de « honte », nous décrit sa « peine ». « Une page se tourne de manière douloureuse. Je suis triste, lâche-t-elle, dévastée. Dans quel état on laisse le pays ? C’est comme s’il n’en avait rien à foutre. »
« Emmanuel Macron temporise après sa défaite »
TITRE RTL QUI POURSUIT : « Personne n’a de majorité suffisante », martèle Emmanuel Macron dans la lettre qu’il adresse aux Français. Un moyen de temporiser pour ne pas se faire imposer de Premier ministre. »
« Emmanuel Macron, récit d’un crépuscule : une lettre, un rendez-vous et 50 nuances de tergiversations »
TITRE L’EXPRESS QUI POURSUIT : « Le président a fini par s’exprimer après trois jours de confusion maximale. Mu, toujours, par la certitude de ne pas avoir perdu. Récit.
Ne dites pas à Emmanuel Macronqu’il a raté son pari de la dissolution. « Personne ne l’a emporté », écrit le chef de l’Etat dans sa lettre aux Français publiée mercredi 10 juillet dans la presse quotidienne régionale. Traduisons-le : tout le monde a perdu, personne n’a gagné. Comme c’est plus facile de faire ce constat que d’écrire : j’ai perdu. D’ailleurs, soulignent les proches du président, « c’est le Premier ministre qui a dit tous les quatre matins qu’il était le chef de la campagne ». Gabriel Attal ne manque pas une occasion de dire que ce n’est pas lui qui a dissous ? Emmanuel Macron ne manquera pas une occasion de dire que ce n’est pas lui qui a échoué… Puisqu’on vous dit que le président est en surplomb et pas qu’Emmanuel Macron a du plomb dans l’aile.
« Tu casses, tu répares », avait prévenu Gabriel Attal dans sa déclaration de politique générale. « Je casse, tu répares », semble penser, dire et écrire Emmanuel Macron. Dimanche 7 juillet à l’Elysée, second tour des législatives, ambiance de défaite ? Ambiance de conquête au contraire ! C’est donc le moment d’en profiter. Non pas pour reconstruire mais pour laisser les autres s’entre-déchirer. Avant de sauter dans l’avion direction le sommet de l’Otan, le voici qui dépose sur le guéridon des oppositions et des Français une missive. Quelques lignes anodines ? « Il provoque une crise de régime », tempête un ami. Energie retrouvée. »
« IL FAUT QUE ÇA S’ARRÊTE »: CES MINISTRES PRESSÉS D’EN FINIR AVEC LE GOUVERNEMENT ACTUEL »
TITRE BFM QUI POURSUIT : « L’exaspération grimpe dans le camp présidentiel. Trois jours après le verdict des urnes, les ministres ne savent pas quand la démission du gouvernement Attal sera acceptée. Si certains appellent à la retenue et à faire leur devoir jusqu’au bout, d’autres s’impatientent.
Quel gouvernement post-résultats des législatives? C’est la question que tous les députés se posent depuis le soir du second tour, mais Emmanuel Macron ne semble pas pressé de donner des réponses précises. Après avoir refusé la démission de Gabriel Attal, le calendrier pour la suite reste flou.
Une députée raille auprès de BFMTV: « Je ne crois pas que le président nomme un gouvernement avant les JO parce qu’il lui faut déjà six mois pour choisir la couleur de sa cravate ».
Sauf que chez les ministres démissionnaires, élus ou réélus pour certains député, la pression monte. « Les ministres députés n’ont que jusqu’au 17 (juillet, NDLR) pour s’enregistrer et participer aux votes pour les postes à l’Assemblée! », presse l’une d’entre eux. »
« LE MACRONISME C’EST FINI »: GILLES LE GENDRE FUSTIGE LE « DYNAMITEUR » EMMANUEL MACRON
TITRE BFM QUI POURSUIT : « L’ancien député parisien Gilles Le Gendre considère que « la macronie est terminée » et que la « seule coalition qui existe aujourd’hui » est celle « contre le président ».
La « seule coalition qui existe aujourd’hui » est celle « contre le président »
« La macronie est terminée, le macronisme c’est fini », juge Gilles Le Gendre, au micro de BFMTV ce jeudi 11 juillet. L’ancien député #Renaissance estime que la « seule coalition qui existe aujourd’hui » est celle « contre le président ».
Le macronisme, « en tant que force de transformation du pays dans le cadre d’un programme cohérent, c’est terminé », a insisté ce marcheur de la première heure qui n’avait cependant pas obtenu l’investiture du parti Renaissance dans la deuxième circonscription de Paris, où il avait pourtant été élu en 2017 puis réélu en 2022
« La seule solution, c’est la démission de Macron » : le regard d’Alain Minc sur l’après-législatives
« Emmanuel Macron se fait agent du chaos »
TITRE MARIANNE QUI POURSUIT : Jean-Éric Schoettl nous décrit le bordel monstre des législatives
Quelles vont être les conséquences de la dissolution de l’Assemblée nationale, annoncée ce 9 juin par Emmanuel Macron, et quelle stratégie se cache derrière cette décision ?
Selon Jean-Éric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel, le président se comporte de la même manière que le Rassemblement national (RN) qu’il prétend pourtant combattre, acculant tous les acteurs politiques à l’improvisation, plongeant le pays dans une grande confusion, et ce, à la veille des jeux Olympiques.
LE GLOUBI-BOULGA SUR METAHODOS
LE « GLOUBI-BOULGA » – LE DIRE PLUTÔT QUE LE FAIRE : IMPUISSANCE DU POLITIQUE – LE CHOIX DE L’ÉMOTION – MAJ
« Idioties vieilles de deux siècles »
L’HISTOIRE DU «GLOUBI BOULGA» AUJOURD’HUI LE SYMBOLE D’UNE PAROLE PUBLIQUE INDIGESTE
LE GLOUBI BOULGA EN POLITIQUE – QUELQUES ILLUSTRATIONS
https://metahodos.fr/2024/03/05/gloubi-boulga/
ÉMISSION – « L’amour dure sept ans » : après la perte de sa majorité aux législatives, la fin d’une ère pour le macronisme
Article rédigé par Margaux Duguet, Thibaud Le Meneec Publié le 07/07/2024 FRANCE INFO
Les soutiens du président de la République s’interrogent sur l’héritage du mouvement politique engagé en 2017, désormais sur le déclin, après avoir perdu une centaine de sièges au Palais-Bourbon.
« Le soir où Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale, il a d’une certaine manière acté la fin du macronisme », soupire Benoît Bordat, ancien député macroniste de Côte-d’Or, que l’on cueille en train de vider sa permanence. Elu pour la première fois en 2022, son mandat s’est arrêté brutalement, au soir du premier tour des élections législatives. Troisième derrière le Nouveau Front populaire (NFP) et le Rassemblement national (RN), il s’est désisté, comme 80 de ses camarades, pour empêcher l’extrême droite de lui succéder. « Le macronisme est mort », lâchait, avant le second tour, Bruno Millienne, ex-député du MoDem des Yvelines, à 350 km de là. « Je ne sais même pas si ça existe. Le macronisme, c’est Macron », poursuivait celui qui s’est lui aussi désisté pour faire barrage.
L’amertume règne chez les parlementaires du camp présidentiel qui ont perdu de nombreux collègues au terme de ces élections législatives anticipées, provoquées par la dissolution de l’Assemblée le dimanche 9 juin. Au soir du second tour, dimanche 7 juillet, ils sont 163 à être élus ou à retrouver leur siège, selon les résultats définitifs transmis par le ministère de l’Intérieur. Loin, très loin de la majorité hégémonique de 2017, où les macronistes détenaient 360 sièges au Palais-Bourbon, ou même de la majorité relative de 2022, lorsqu’ils avaient pu conserver 250 fauteuils. Une perte d’une centaine de sièges même si la défaite aurait pu être bien plus sévère, sans les désistements de la gauche pour contrer le RN.
« L’amour dure sept ans », lâche un proche d’Emmanuel Macron. Est-ce vraiment l’épilogue de sept années de macronisme ? « C’est plutôt la fin d’une étape politique, puisque la majorité n’existera plus de la même manière qu’à ses débuts », veut croire une fidèle de la première heure du chef de l’Etat. « Cependant, je crois toujours sincèrement que le chemin de 2017 peut être utile au pays », estime-t-elle, concédant s’être « peut-être un peu perdue en chemin ».
Un dépassement politique vite dépassé
L’histoire a été maintes fois racontée. Ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée, rappelé au gouvernement par François Hollande pour devenir ministre de l’Economie, Emmanuel Macron avait su ravir le pouvoir, en 2017, à la surprise générale, et après avoir créé son propre mouvement : En marche ! « Jusqu’à cette dissolution complètement ratée, il a réussi des choses exceptionnelles : être candidat à 39 ans, réussir à dépasser le clivage gauche-droite, obtenir la majorité absolue, puis être réélu en 2022 », liste Gaspard Gantzer, ancien communicant du président socialiste.
En 2016, dans son livre Révolution, Emmanuel Macron promettait de « dépasser les clivages politiques » pour « essayer d’aller plus loin dans la nécessaire refondation du pays ». Sept ans plus tard, le bilan est mitigé et contesté en interne. « Ce dépassement, c’est la clé de tout, assure un influent député Renaissance. C’est notre plus grande force car ça permet de créer du consensus. Mais c’est aussi notre plus grande faiblesse, car avec des gens qui ne pensent pas pareil tout le temps, ça frictionne. »
Le « en même temps » a aussi difficilement résisté à l’assaut du temps avec une aile gauche de la macronie qui s’est sentie de plus en plus délaissée. « La jambe gauche du macronisme n’a pas très bien fonctionné », analyse Bruno Millienne.
« Au fur et à mesure de l’exercice du pouvoir, la balance a plutôt penché vers la droite que vers l’équilibre initial. »Un ancien pilier de la macronie
à franceinfo
Et de citer la réforme des retraites ou la loi immigration. Du côté de l’aile droite, en revanche, on fustige un centrisme mou. « Plus ça avance, plus on a fait des choses de gauche et de droite, mi-figue mi-raisin, au lieu de faire des choses de gauche et des choses de droite », estime un conseiller ministériel.
Le bipartisme balayé par la vague macroniste en 2017 s’est mué en un tripartisme avec trois blocs qui s’opposent. Le bloc central, incarné par le camp présidentiel, est aujourd’hui affaibli par les résultats des législatives. Le dépassement du clivage gauche-droite ne s’est pas non plus concrétisé dans les élections intermédiaires. « Sur les élections locales, ça ne prenait pas », constate Benoît Bordat. La macronie n’a pas su s’imposer aux élections municipales en 2020 ou aux régionales en 2021. Certains pointent du doigt le parti En Marche, devenu Renaissance. « Emmanuel Macron n’est pas seul responsable. Renaissance n’a pas su s’ancrer ni se structurer et est devenue une caricature d’entre-soi autosatisfait et méprisant », pointe une ancienne ministre.
Une montée de l’extrême droite jamais endiguée
En 2017, Emmanuel Macron avait également fait de la lutte contre l’extrême droite son cheval de bataille. Devant la pyramide du Louvre, au soir de sa victoire, il s’adressait ainsi aux électeurs de Marine Le Pen. « Je ferai tout durant les cinq années qui viennent pour qu’ils n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes », assurait-il. « On n’y est pas arrivés », reconnaît Bruno Millienne, alors que le RN a enregistré plus de 10 millions de voix, au premier tour.
« Factuellement, c’est un échec« , appuie une macroniste, avant de développer : « Est-ce que l’on s’est donné les moyens de réaliser le discours du Louvre ? Pour partie oui, la France va mieux économiquement. Il y a eu des avancées sociales. Tout cela pouvait faire reculer le RN mais sur d’autres sujets, comme l’identité culturelle, on n’a pas réussi à répondre aux attentes des Français. »
D’autres restent dans l’incompréhension de ce vote massif pour le Rassemblement national, à l’image de ce proche du chef de l’Etat : « Même dans un village de 500 habitants dans le Gers, où ils n’ont pas vu un arabe depuis 50 ans, ils votent RN. J’ai arrêté de chercher à comprendre. »
« On partait du postulat que moins il y avait de chômage, avec plus de policiers dans les rues et de services publics réparés, moins il y avait de raisons de voter à l’extrême droite. »Un proche du chef de l’Etat
à franceinfo
Peut-être aussi parce qu’Emmanuel Macron a beaucoup varié sur le sujet, dénonce Gaspard Gantzer, qui l’a côtoyé à l’Elysée avant 2017 : « Par pure tactique, il a dit tout et son contraire. Il a appelé au barrage républicain puis dit que ça n’avait plus de sens, considéré l’extrême droite comme un problème dans l’entre-deux-tours des législatives, alors qu’avant c’était La France insoumise. Et même recadré sa Première ministre Elisabeth Borne pour avoir rappelé que le RN était un parti ‘héritier de Pétain’. »
« En cassant les barrières idéologiques partisanes, il a préparé le terrain qui permet au RN d’être aux portes du pouvoir. »Gaspard Gantzer, ancien communicant de François Hollande
à franceinfo
Dans Révolution, Emmanuel Macron évoquait les électeurs du Front national de l’époque. « Je connais trop de Français qui ont choisi ce vote, non par conviction, mais justement pour protester contre l’ordre établi qui les a oubliés ou par dépit. Il faut leur reparler de leur vie. Donner du sens, une vision. » Sept ans plus tard, Bruno Millienne est amer : « Le RN parle aux gens, eux ont construit un récit. »
Un président jupitérien perçu comme hors-sol
En 2017, les macronistes promettaient pourtant de bâtir un « nouveau monde », avec l’ambition de faire de la politique autrement, en faisant de la « bienveillance »un concept central dans l’exercice du pouvoir. « Ne sifflez pas l’extrême droite, battez-la ! », enjoignait Emmanuel Macron en 2017 comme en 2022. « On voulait les combattre pour avoir une société apaisée, pour renouveler les liens entre les gens. De toute évidence, c’est quelque chose que l’on n’a pas réussi », soupire une ancienne conseillère pleine de « regrets » à propos de ce pays devenu une « cocotte-minute » prête à exploser.
Le renouvellement des pratiques passait aussi par davantage de « co-construction »dans l’élaboration des politiques publiques. Basée sur une « grande marche » destinée à prendre le pouls du pays, « la démarche de 2017 était sans précédent et fortement attractive », se souvient une ancienne ministre. Comme elle, ils sont nombreux à pointer la « déconnexion » du chef de l’Etat, qui décide tout seul.
« La pratique solitaire et verticale du pouvoir, dans un mélange de solennité officielle et de propos hasardeux, n’a pas tenu ses promesses. »Une ancienne ministre
à franceinfo
La présidence jupitérienne a laissé des traces dans les rangs macronistes. « Nous avons manqué d’humilité pendant le premier quinquennat, on a été très arrogants et trop hautains avec les oppositions. Aujourd’hui, on en paye les pots cassés », regrette Bruno Millienne, qui garde une forme de rancœur vis-à-vis du chef de l’Etat : « Emmanuel Macron ne peut plus intervenir partout comme il l’a fait, les députés ne le supportent plus. Il nous a marché sur la gueule. »
Certaines petites phrases du chef de l’Etat depuis 2017 restent encore dans les mémoires et en travers de la gorge. « Je ne céderai rien ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes », « je traverse la rue, je vous en trouve » du travail, « une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien« … « Au début ça me faisait rire, mais je comprends que les gens puissent être blessés, car ça manque d’empathie, de finesse, d’humanité… » déplore Bruno Millienne.
« Il le paye cash et on le paye tous cash. »Bruno Millienne, ancien député
à franceinfo
« Il a beaucoup innové et il ne s’est jamais défilé, jamais planqué », défend l’un des proches du président, qui cite les nombreuses tentatives d’Emmanuel Macron de renouer le dialogue avec le peuple, comme avec le « grand débat national », les conventions citoyennes ou encore le Conseil national de la refondation.
Plus globalement, se dessine une pratique singulière du pouvoir, aujourd’hui plus décriée que jamais. « Emmanuel Macron incarne une façon de faire qui n’a jamais réussi à convaincre en France : faire de la politique sans faire de la politique, c’est-à-dire faire de la gestion, être efficace », analyse Luc Rouban, politologue au Cevipof. « Ça a pu marcher, par exemple, pendant la crise du Covid-19. »
« Emmanuel Macron n’a pas compris la demande qui émanait depuis les ‘gilets jaunes’ en 2018, avec une volonté de démocratie directe, de politique, tout simplement. »Luc Rouban, politologue au Cevipof
à franceinfo
« Le macronisme, c’est davantage une façon de faire de la politique plutôt qu’une doctrine établie, au-delà des idéologies », complète Gaspard Gantzer.
Un héritage terni par la dissolution
La dissolution surprise, pensée comme un coup politique, est toutefois restée incomprise par nombre de ses soutiens. L’acte relève de la « folie », s’emporte une ex-ministre, alors qu’un ancien fidèle dénonce « une erreur politique majeure » : « Le seul argument – cynique – c’est : ‘Essayons le RN, au moins pendant un an, ce qui permet d’éviter de les avoir pendant cinq ans’. C’est inadmissible, on ne donne jamais le pouvoir à l’extrême droite. » Même si le front républicain a bien fonctionné, notamment en faveur du camp présidentiel.
Après la dissolution de l’Assemblée, le Rassemblement national et La France insoumise avaient explicitement appelé le chef de l’Etat à envisager la démission, si l’Assemblée nationale issue des législatives était dépourvue d’une majorité claire pour gouverner la France. Ses proches balayaient l’hypothèse, avant les résultats. L’option semble désormais s’éloigner.
« Ça serait une désertion et Emmanuel Macron n’est pas un déserteur, mais un combattant. »Un pilier de la macronie
à franceinfo
Reste que la fin du mandat d’Emmanuel Macron s’annonce plus compliquée que jamais, sans majorité ni absolue ni relative. Dans ces conditions, le macronisme n’apparaît plus comme un courant dominant du pays. « On peut faire un parallèle avec le giscardisme, qui défendait également une société ouverte », avance le constitutionnaliste Dominique Rousseau.
A trois ans de la fin de son quinquennat, plusieurs soutiens d’Emmanuel Macron contestent cet enterrement prématuré du macronisme. « Il y a l’héritage des idées et des personnes », insiste un proche.
« Il a fait émerger Gabriel Attal, Edouard Philippe, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Julien Denormandie… C’est la génération Macron. »Un proche du chef de l’Etat
à franceinfo
La bataille féroce pour la succession du chef de l’Etat en 2027 a connu un net coup d’accélérateur au mois de juin. Emmanuel Macron, au milieu de ces appétits, devrait rester encore trois ans à l’Elysée. « Il a encore beaucoup de pouvoir », veut croire un proche, quand une ancienne habituée du palais présidentiel assure que « l’histoire est encore en train de s’écrire ». « Le macronisme n’est pas mort », renchérit Philippe Grangeon, ex-conseiller influent du chef de l’Etat et cofondateur du parti présidentiel. « S’il était mort, nos électeurs auraient voté pour le Parti socialiste ou Les Républicains. L’offre politique de 2017 qu’a portée Emmanuel Macron à la présidentielle n’a pas été balayée. »