
La lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme a failli en terme de résultats et d’éthique ?
« « La liberté est la norme et la contrainte l’exception ». Dans un brillant plaidoyer pour nos libertés individuelles et collectives, l’entrepreneur, auteur et conférencier franco-canadien Alexandre Stachtchenko démontre à quel point la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme a failli en terme de résultats mais aussi en terme d’éthique.
« Pour lui il y a urgence à reconsidérer les politiques publiques en matière de surveillance financière et à remettre à l’honneur un droit fondamental de nos démocraties libérales : la Liberté. Lorsque l’État veut en restreindre le champ à ses administrés pour des raisons impérieuses de sécurité, il lui appartient de prouver à la fois que cette disposition est justifiée mais surtout que le gain est plus important pour la société que la perte de droit subie. » INTRODUCTION DE L’ARTICLE CI CONTRE
Ben Canton – auteur de l’article ci contre – se présente ainsi : « prof à la ville comme à la scène, vulgariser et expliquer c’est mon quotidien. Crypto-agnostique pratiquant, je cherche la lumière dans les ténèbres des internets en essayant d’éviter les querelles de chapelles ! En attendant la révélation, j’achète du Bitcoin pour mes enfants et je m’enthousiasme pour les projets à destination du grand public. »
ARTICLE – Surveillance financière et démocratie : La cryptosphère s’inquiète des dérives autoritaires injustifiées de nos gouvernants.
11 août 2024 Ben Canton JOURNAL DU COIN

Or, pour Alexandre Stachtchenko, notre grand témoin du jour, rien ne va plus en Europe et aux États-Unis où les gouvernements défigurent ce qu’il reste de nos libertés sur l’autel d’une lutte stérile contre le soi-disant blanchiment d’argent et il est grand temps de tirer la sonnette d’alarme. Et tout commence par un silence. Le silence du petit canari, orange pour la circonstance, qui au fond de la mine annonce l’imminence du danger à venir.
Alexandre Stachtchenko est inquiet sur l’état de nos libertés et fait le parallèle avec la crypto
La cryptomonnaie ou la théorie du canari des mineurs de fond avec Tornado Cash et Samouraï Wallet
Oui, bien sûr un canari c’est jaune, mais en démarrant sa démonstration par l’image du petit oiseau utilisé par les mineurs de fond, le cofondateur de l’ADAN veut montrer que la cryptomonnaie et plus particulièrement Bitcoin est peut-être le signal que l’on attendait pour prouver les excès des politiques anti blanchiment d’argent (AML) et de vérification d’identité poussée (KYC) menées dans nos démocraties. Tout comme il permettait aux gueules noires d’anticiper les poches de gaz, Bitcoin est le canari de la finance qui ne chante plus.

Et s’il ne chante plus, c’est parce qu’il est en prison ou en passe de l’être. Le fondateur de Tornado Cash, Alexey Pertsev, a ainsi été condamné le 24 mai dernier à cinq ans de prison par un tribunal néerlandais car « l’outil qu’il a mis au point est par sa nature et son fonctionnement spécifiquement destiné aux criminels » a-t-on pu lire dans le document judiciaire. Il est peut-être à sa façon, un des premiers canaris numériques de l’histoire au même titre que Julian Assange ou Edward Snowden.
« Chercher à préserver sa vie privée est donc au pire une preuve de criminalité, au mieux une complicité de crime », s’indigne Alexandre Stachtchenko qui donne un autre exemple de ce mouvement de fond, avecl’arrestation de l’équipe derrière Samouraï Wallet qui est pour lui l’expression d’un contrôle préventif insupportable et profondément injuste. Leur crime ? « Avoir conspiré pour blanchir de l’argent et avoir opéré une entreprise de transfert d’argent non autorisée » selon les termes de la justice américaine. Et ils font face à 25 ans de prison cumulés pour ces deux crimes. Mais à bien y regarder de plus près, il y a quelque de pourri au royaume de l’Oncle Sam, pour paraphraser le grand William qui ne nous en voudra pas pour si peu.Les fondateurs de Samouraï Wallet ont de gros problèmes avec la justice
La justice fait fausse route et Alexandre Stachtchenko le prouve par l’absurde
Pour le démontrer, le chouchou des médias cryptos français va raisonner par l’absurde. Partons du principe que Samouraï Wallet fabrique des portefeuilles, certes numériques, mais portefeuilles quand même. Un peu comme un fabricant de porte-monnaie en cuir qui serait installé dans n’importe lequel de nos jolis villages français. Ces deux portefeuilles sont bien destinés à protéger la valeur que l’on y dépose et à faciliter sa gestion courante, mais pourrait-on reprocher au fabricant artisanal qu’un de ses clients ait acheté des armes ou de la drogue avec son porte-monnaie ? La réponse est évidemment non et on pourrait même aller plus loin en se demandant si finalement il ne faudrait pas alors aussi incriminer les distributeurs automatiques de billets ? Et les fabricants de billets puisque c’est avec ces bouts de papier que l’on se livre à des activités criminelles ?
Aussi ridicule que cela puisse paraître, c’est exactement ce que fait la justice américaine en emprisonnant des fabricants de portefeuilles numériques et en faisant donc une confusion aussi grotesque que malhonnête. De même, lorsque dans l’affaire Tornado Cash, les autorités décident de geler des fonds qui ont transité par le service sous prétexte qu’ils ont été en contact avec des fonds illégaux, on pourrait appliquer le même raisonnement à toutes les personnes qui ont des billets avec des traces de drogue dans leur poche ! Il cite d’ailleurs une étude universitaire relayée par les grands médias outre-Atlantique qui montre que 90 % des billets américains portent des traces de cocaïne ! Tous les détenteurs de dollars souillés devraient-ils aller en prison ? se demande de manière ironique Alexandre Stachtchenko.Geler l’ensemble des fonds qui ont transité par Tornado Cash est-il vraiment si juste ?
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Les pouvoirs publics se trompent de cible et bafouent nos droits élémentaires
Les États-Unis et l’Europe à la pointe de la lutte contre le blanchiment d’argent mais à quel prix ?
Toujours au rayon bizarrerie financière, la justice américaine et le FinCen (Financial Crime Enforcement Network) qui dépend du Département du Trésor, ne sont même pas d’accord pour savoir qui est un émetteur d’argent et qui ne l’est pas mais cela n’a pas empêché les juges de mettre ces ingénieurs du numérique en prison. Et ce n’est pas mieux au sein de l’Union Européenne où « les transferts de cryptomonnaie sont considérés comme des transferts de communications électroniques » selon la définition fournie par le droit de l’UE, or, les communications électroniques sont protégées par « le droit à la vie privée et à la protection des données personnelles ». Et la limitation, voire la levée de ces droits, ne peut être justifiée que si « elle est nécessaire à la poursuite effective d’un objectif défini et de manière strictement proportionnée ».
Il est donc inconcevable dans l’Europe des démocraties libérales, surenchérit notre témoin du jour, de demander à un acteur privé de bloquer des transactions ou d’autre types de communication sans être sûr de leur illégalité. Pourtant, les autorités le font. Enfin, autre exemple, toujours dans notre belle Europe, un règlement a été voté le 25 avril pour imposer de nouvelles contraintes financières pour lutter contre le blanchiment d’argent, comme la limite de 10 000€ de paiement en liquide ou comme l’obligation pour tous les fournisseurs de services d’actifs numériques de collecter des informations sur leurs clients. Mais surtout il est question de portefeuilles dits auto-hébergés(ou non hébergés) en opposition aux portefeuilles détenus par des intermédiaires financiers pour le compte de leurs clients.L’Europe considère qu’on portefeuille numérique est forcément hébergé chez un intermédiaire financier
Un contrôle excessif au service d’une « paranoïa infondée »
C’est-à-dire que l’on considère que la norme est la garde par un tiers et que l’auto-conservation ou l’auto-garde est une exception. Une exception un peu équivoque, voire même un peu dangereuse par nature. Or ce glissement sémantique est insidieux et pernicieux car on part donc du principe que vouloir disposer soi-même de son argent est finalement suspect. Comme dirait M. Stachtchenko, « il n’y a pas de portefeuilles non hébergés ou auto-hébergés ; il n’y a que des portefeuilles, point final. Et certains les confient à des tiers ».
Mais au fait, pourquoi tous ces textes ? Quelle est l’origine du mal ? Est-on sûr que les cryptomonnaies soient le véhicule privilégié du blanchiment à grande échelle ? La réponse est non et les preuves sont accablantes car presque toutes les études publiées le montrent. Rapports du GAFI, de l’UE, du FMI, de la Banque Mondiale, tous ces experts se citent les uns les autres et partent du postulat que la cryptomonnaie est utilisée pour blanchir de l’argent mais sans jamais pouvoir réellement le prouver.
Ce n’est plus de la politique publique mais de simples croyances !
À l’arrivée, il ne s’agit plus vraiment de lutter contre l’argent sale mais plutôt « d’élever les normes de contrôle années après années »en faisant reposer les lois sur « des croyances, des perceptions et même sur une forme de religion ». Et la question centrale de l’équilibre entre l’atteinte aux droits et l’intérêt général se pose à ce moment là. Il devient alors crucial et urgent d’éviter des dérives autoritaires pour un gain quasi nul. « Dans une démocratie libérale, la liberté est la norme et la contrainte l’exception » conclut-il et on s’en éloigne chaque jour un peu plus.
Dans une deuxième partie moins orientée cryptomonnaie, le Business Angel français va finalement réussir à prouver qu’à la fois la lutte contre le blanchiment est un échec notablemais qu’en plus ses effets collatéraux sont bien pires que les gains collectifs.