
Cette nouvelle cérémonie pour faire porter le chapeau du chaos aux partis
« Après
le «Grand Débat»,
les «Conventions citoyennes»,
le «Jour d’après»,
le «Conseil national de la refondation»,
les «Cent jours»,
l’ «Initiative d’ampleur»,
le «Grand rendez-vous avec la nation».
Cette nouvelle cérémonie à laquelle se prêtent volontiers tous les partis, permettra de leur faire porter le chapeau de l’inévitable chaos politique à venir. » …
« … ce climat de pourrissement et de fuite dans la communication stérile ».
lit-on dans l’article de Maxime Tandonnet proposé ci contre à votre lecture.
« Gouvernement : Emmanuel Macron doit cesser de jouer la montre »
TITRE LE MONDE QUI POURSUIT : « Terriblement complexe, l’équation politique de cette rentrée doit être résolue dans les meilleurs délais. Pour ce faire, il y a urgence à sortir d’un double déni : celui du chef de l’Etat qui voudrait laisser inchangées sa politique et sa pratique du pouvoir. Mais aussi le déni d’une partie de la gauche, qui continue de faire croire qu’elle peut gouverner seule. »
« Matignon: les petites et grandes manœuvres d’Emmanuel Macron »
TITRE L’OPINION QUI POURSUIT : « Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve ou encore Karim Bouamrane, la surprise du chef? Le Président cherche le Premier ministre qui lui fera perdre le moins de pouvoir possible. »
« Matignon, l’art du « Mistigri » selon Emmanuel Macron »
TITRE LE POINT QUI POURSUIT : « Le président traîne des pieds pour désigner le locataire de Matignon, multiplie leurres et fausses pistes. Cette tactique pourrait bien se retourner contre lui. »
« Macron fait encore attendre tout le monde »
TITRE COURRIER INTERNATIONAL QUI POURSUIT : « De longues semaines après les élections législatives, Emmanuel Macron a décidé de s’entretenir avec les représentants des différents partis vendredi 23 août afin de désigner un nouveau Premier ministre. Mais en attendant, la presse étrangère estime que “le président fait attendre tout le monde, comme s’il était encore le maître du pays”. »
« Emmanuel Macron étire la « trêve olympique » et cela commence à inquiéter certains dans son propre camp »
TITRE RADIO FRANCE QUI POURSUIT ; « Emmanuel Macron recevra les chefs de partis et de groupes parlementaires, première grande initiative politique présidentielle depuis les législatives, le 23 août. « La nomination d’un Premier ministre interviendra dans le prolongement de ces consultations et de leurs conclusions », assure l’Elysée. »
Gouverner ne consiste pas à jeter des pièces en l’air et à prier pour qu’elles tombent du bon côté de l’histoire :
LIRE LA CHRONIQUE DE METAHODOS : 66 JOURS SANS GOUVERNEMENT : POURQUOI PAS L’ARTICLE 16 DES « PLEINS POUVOIRS »
« … je suis ravi. Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes… voir comment ils s’en sortent… »
ARTICLE – «Derrière l’absence de gouvernement et la menace de destitution, la déliquescence de la politique française»
Par Maxime Tandonnet LE FIGARO 20 08 24
Maxime Tandonnet est essayiste et historien. Il a notamment publié André Tardieu. L’incompris (Perrin, 2019), récemment réédité dans la collection «Tempus» (poche).
Plus d’un mois après la démission du gouvernement Attal, Emmanuel Macron n’a toujours pas nommé de premier ministre et le pays paraît résigné. Une situation qui en dit long sur le nihilisme dans lequel a sombré la vie publique nationale, analyse l’essayiste Maxime Tandonnet.
Le 16 juillet 2024, Gabriel Attal a présenté la démission de son gouvernement au chef de l’État, à la suite de la dissolution et des élections législatives perdues pour la majorité présidentielle. Plus d’un mois après, le 19 août, la France n’a toujours pas de gouvernement.
Certes sous la IVe République, la France pouvait rester un certain temps sans président du Conseil (premier ministre) ni ministres. Ce fut le cas par exemple en octobre 1949 où pendant trois semaines, le président Auriol s’arracha les cheveux à essayer de former un cabinet de coalition avant de faire appel au centriste Georges Bidault. Toutefois, à l’époque, cette situation était perçue comme dramatique. Par le plus grand des paradoxes, alors que la Ve a été justement conçue pour mettre fin à ce genre de situation, l’absence prolongée de gouvernement, sans précédent sous le régime actuel, ne semble déranger personne. Le pays paraît résigné, comme indifférent…
Cette absence en dit long, pourtant, sur le nihilisme dans lequel a sombré la vie publique nationale, et sa transformation en grand spectacle dérisoire. Les Jeux olympiques sont terminés. Le suspense entretenu autour de la personnalité du futur premier ministre est une manière d’occuper, quelques semaines supplémentaires, l’attention médiatique. Cette attente nourrit le rayonnement élyséen, en montrant un chef de l’État seul au sommet qui ne cède pas à la pression et se présente en maître des horloges. Le mythe de la toute-puissance élyséenne, exclusive de toute autre source d’autorité, atteint son paroxysme.
De fait, un gouvernement sert en principe à gouverner. Or, l’objectif essentiel de toute vie politique n’est plus de gouverner ou diriger mais de répandre des illusions, de faire croire à la réforme et à l’autorité, de paraître et de pavoiser. Dès lors, la France peut aisément se passer d’un gouvernement. Telle sera la grande leçon de l’histoire.
Dissoudre une Assemblée nationale (briser) est beaucoup plus facile que fonder une solution politique (construire).Maxime Tandonnet
Cette période marque l’apothéose de la courtisanerie. Les contorsions de la classe politique pour placer un premier ministre – qui ne disposera d’aucune marge de manœuvre dans le contexte d’une Assemblée nationale chaotique – sont révélatrices de l’obsession des prébendes qui domine les esprits. Même les plus réticents envers la présidence Macron depuis 2017 se dévoilent aujourd’hui comme prêts à faire allégeance… pour le fromage de Matignon.
Cette attente est probablement aussi révélatrice d’une hésitation sincère de l’occupant de l’Élysée. Son choix d’un premier ministre, sans grand effet sur la politique du pays en l’absence de toute majorité possible, sera emblématique d’un penchant à droite ou à gauche ou celui de la continuité. Dissoudre une Assemblée nationale (briser) est beaucoup plus facile que fonder une solution politique (construire). Au fond ce dilemme est bien à l’image de notre époque plus prompte à «déconstruire» les personnes, la nation ou l’histoire, qu’à préparer fermement l’avenir.
La conférence des chefs de groupes politiques à l’Élysée, du 23 août, préalable à la désignation d’un gouvernement est dans la lignée d’une méthode d’exercice du pouvoir fondée sur des opérations de communication.
Après le «Grand Débat», les «conventions citoyennes», «le jour d’après», le «Conseil national de la refondation», les «Cent jours» «l’Initiative d’ampleur», le «grand rendez-vous avec la nation». Cette nouvelle cérémonie à laquelle se prêtent volontiers tous les partis, permettra de leur faire porter le chapeau de l’inévitable chaos politique à venir. Quant au psychodrame de la France Insoumise et de la gauche autour de la destitution du chef de l’État, parfaitement illusoire comme chacun sait, il procède, lui aussi, de ce climat de pourrissement et de fuite dans la communication stérile.
Et pendant ce temps, derrière le paravent du circus politicus, les difficultés de la France continuent de s’accumuler – la crise de l’école, la dette publique, le chômage (5,4 millions de personnes) la pauvreté, la violence et l’insécurité, la maîtrise de l’immigration, le logement et l’hôpital. Les Français se sont mobilisés comme jamais lors de l’élection législative qui a battu des records de participation. Leur déception, à la hauteur de cette espérance, risque de favoriser l’écœurement, le découragement ou la révolte.