
Macron, Bayrou, Kohler, Le Maire : Jean-Michel Blanquer règle ses comptes dans « La Citadelle »
TITRE MARIANNE SUI POURS : « Longtemps discret, l’ancien ministre de l’Éducation, emblématique des débuts du macronisme, prend la parole dans un livre acide où il raconte en détail sa disgrâce. François Bayrou, Alexis Kohler ou Bruno Le Maire en prennent pour leur grade. Et Jean-Michel Blanquer n’épargne pas Emmanuel Macron auquel il reproche sa vision solitaire du pouvoir et ses coups tordus.
« De sémillants trentenaires, technocrates ou intrigants, les yeux rivés sur les sondages et les écrans pour piloter à vue sans culture, sans vision et sans valeurs ? »
« C’est un ancien ministre et non des moindres qui vient porter un sacré coup d’estoc à Emmanuel Macron. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale pendant cinq ans – de 2017 à 2022 – a composé avec La Citadelle le récit d’un désenchantement politique. Quel souvenir gardera-t-on du macronisme, lance-t-il, amer au président lors d’un rendez-vous, après avoir été évincé : « De sémillants trentenaires, technocrates ou intrigants, les yeux rivés sur les sondages et les écrans pour piloter à vue sans culture, sans vision et sans valeurs ? ».
La récente dissolution, « à l’inspiration irrationnelle, au tempo hasardeux et aux conséquences graves » de cet « ange déchu de la politique » qu’est Emmanuel Macron n’est à ses yeux que « l’acmé d’une vision bien trop personnelle de l’usage des pouvoirs présidentiels ». Le tout-puissant couple Macron-Kohler, le secrétaire général de l’Élysée concentre d’ailleurs nombre de ses attaques. …
«Il y a un bon et un mauvais “en même temps” dans la personnalité du président»
L’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer revient dans un livre paru cette semaine sur ses cinq années passées rue de Grenelle. VOIR L’ARTICLE ET L’ÉMISSION CI CONTRE
1. ARTICLE – «Coups tordus», dissolution «incongrue» : Jean-Michel Blanquer se livre sur Emmanuel Macron, un président «qui se crée des problèmes»
Le Figaro 29 08 2024
Le président Emmanuel Macron, qui «ne déteste pas les coups tordus», a fait un «usage incongru» de la dissolution et «se crée à lui-même» des problèmes «évitables», estime l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer dans une interview au Pointparue ce jeudi 29 août. «Il y a un bon et un mauvais “en même temps” dans la personnalité du président», estime Jean-Michel Blanquer, qui revient sur ses cinq années rue de Grenelle (2017-2022) dans un livre paru cette semaine, «La Citadelle» (Albin Michel).
Le chef de l’État a «une grande intelligence, une très forte puissance de travail, du dynamisme et de la créativité», mais «il ne déteste pas non plus les coups tordus, aime écouter les conseillers du soir plutôt que les ministres du jour et se crée à lui-même des problèmes qui seraient évitables», analyse l’ancien ministre. «D’une certaine façon, il réussit souvent ce qu’il y a de plus difficile et rate des choses assez simples. Il peut accomplir une prouesse et aussitôt la gâcher par une phrase ou une posture», ajoute-t-il.
Pour Jean-Michel Blanquer, qui critique «l’usage incongru de la dissolution», une crise de régime est «malheureusement possible» du fait de la difficulté à former un gouvernement en partie à cause «d’un enfermement du pouvoir présidentiel sur lui-même». «Les circonstances, mais aussi parfois la volonté du président, ont amené à l’abaissement des forces de gouvernement de droite comme de gauche au bénéfice des extrêmes», une situation «mortifère» selon lui. Cependant, le macronisme, au sens d’un «grand centre pivot capable de travailler avec la gauche ou la droite», «conserve toute sa pertinence».
Victime d’une «forme de disgrâce»
Dans son livre, Jean-Michel Blanquer revient sur plusieurs escarmouches qui l’ont opposé à des figures de la macronie pendant ses cinq ans à l’Éducation. Il relate notamment qu’en 2020, lorsque Jean Castex a remplacé Édouard Philippe à Matignon, le président avait envisagé de le nommer à l’Intérieur – ce sera finalement Gérald Darmanin. Richard Ferrand, très proche d’Emmanuel Macron, s’était cependant opposé à cette nomination, en raison des «positions jugées trop raides» de Jean-Michel Blanquer face à «l’islamisme fondamentaliste», et de l’éventuel impact de cette «intransigeance» sur «l’électorat musulman», raconte-t-il.
Débarqué du gouvernement en 2022, Jean-Michel Blanquer se dit victime d’une «forme de disgrâce», et d’une «amnésie masochiste du président», qui n’a pas su selon lui «valoriser son propre bilan en matière d’éducation, alors que les motifs de fierté ne manquaient pas». «Lorsque vous vous battez comme un gladiateur et qu’en vous retournant vous voyez l’empereur le pouce baissé, (…) vous pouvez ressentir une forme de trahison», estime l’ancien ministre.
2. VIDÉO – « La Citadelle » : les extraits exclusifs du livre choc de Jean-Michel Blanquer
Jamais personne n’avait encore ainsi raconté, décortiqué le sommet de la macronie. Jean-Michel Blanquer, l’ex-ministre de l’Éducation nationale de 2017 à 2022, qui fut l’un des piliers du quinquennat d’Emmanuel Macron, vide ses carnets sur cette expérience du pouvoir. Comme Blanquer sait raconter, cela donne des scènes piquantes et des portraits savoureux – parfois, saignants.