
La formation de Jean-Luc Mélenchon s’est extrémisée et suscite un très fort rejet, malgré un socle incontestable
analyse Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos, dans le cadre de l’enquête postélectorale menée pour « Le Monde », le centre de recherches politiques de Sciences Po, l’Institut Montaigne et la Fondation Jean Jaurès. VOIR ARTICLE 1
LE FRONT RÉPUBLICAIN DÉBOUCHE SUR UN RASSEMBLEMENT NÉGATIF
Pour Gilles Finchelstein, secrétaire général de la Fondation Jean-Jaurès, la stratégie des partis a été efficace entre les deux tours des élections législatives, mais n’a rien réglé de la crise politique puisqu’elle a opéré un « rassemblement négatif ». VOIR ARTICLE 2.
La vie privée résonne des accords comme des désaccords que le choix électoral peut activer
Les périodes électorales sont un moment de regain des discussions politiques dans la vie quotidienne des Français, surtout chez les jeunes, analyse Anne Muxel, directrice déléguée du Cevipof et autrice de « Toi, moi et la politique. Amour et convictions ». VOIR ARTICLE 3
51 % des sondés sont favorables à la démission du président de la République
Dans un contexte de défiance généralisé envers le personnel politique (aucune personnalité n’obtient plus d’opinion favorable que d’opinion défavorable), la situation d’Emmanuel Macron est particulièrement mauvaise. Il est la deuxième personnalité politique (derrière Jean-Luc Mélenchon, très loin devant) au sujet de laquelle les sondés jugent le plus défavorablement l’action dans la période récente : 69 % la désapprouvent. Plus significatif encore : 51 % des sondés sont favorables à la démission du président de la République…VOIR ARTICLE 4
ARTICLE 1. Enquête électorale : La France insoumise s’abîme, le Rassemblement national résiste
Brice Teinturier Directeur général délégué d’Ipsos LE MONDE
La formation de Jean-Luc Mélenchon s’est extrémisée et suscite un très fort rejet, malgré un socle incontestable, analyse Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos, dans le cadre de l’enquête postélectorale menée pour « Le Monde », le centre de recherches politiques de Sciences Po, l’Institut Montaigne et la Fondation Jean Jaurès.
La France insoumise (LFI) et Jean-Luc Mélenchon fascinent nombre de commentateurs qui louent le talent de ce dernier, son sens politique, son habileté et sa vision stratégique. Cela est paradoxal tant les résultats électoraux de 2024 ne vont pas en ce sens, et tant l’image du mouvement ainsi que celle de son leader se sont considérablement dégradées dans l’opinion au cours des derniers mois. La vaste enquête postélectorale menée par Ipsos pour Le Monde, le centre de recherches politiques de Sciences Po, l’Institut Montaigne et la Fondation Jean Jaurès en témoigne et permet de documenter cette évolution.
Les Français interrogés portent un jugement particulièrement critique sur LFI : 74 % estiment qu’il s’agit d’une formation d’extrême gauche, soit une progression de 9 points par rapport à l’enquête « Fractures Françaises » réalisée par Ipsos-Sopra Steria en septembre 2023, 72 % qu’elle attise la violence (+ 12 points) et 69 % qu’elle est dangereuse pour la démocratie (+ 12 points). Inversement, sur les dimensions positives, les niveaux sont faibles et en retrait : 36 % seulement jugent que ce parti est prêt à prendre des mesures impopulaires si elles sont bonnes pour le pays (− 2 points en un an), 26 % qu’il est proche de leurs préoccupations (− 3 points), 22 % qu’il est capable de gouverner le pays (− 6 points) et 22 % que la société qu’il prône est globalement celle dans laquelle ils aimeraient vivre (− 3 points). …
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ARTICLE 2. Enquête électorale : un front républicain efficace, mais illusoire
Gilles Finchelsteinsecrétaire général de la fondation Jean-Jaurès LE MONDE
Pour Gilles Finchelstein, secrétaire général de la Fondation Jean-Jaurès, la stratégie des partis a été efficace entre les deux tours des élections législatives, mais n’a rien réglé de la crise politique puisqu’elle a opéré un « rassemblement négatif ».
La campagne éclair du premier tour des élections législatives n’a fait que conforter cette thèse. Les uns, du côté de la majorité présidentielle, plaçaient un signe égal entre « l’extrême droite » et « l’extrême gauche » – quand ce n’était pas, à l’instar d’Emmanuel Macron lui-même, entre le RN et l’ensemble du Nouveau Front populaire (NFP).
Les autres, notamment du côté de La France insoumise (LFI), renvoyaient dos à dos le premier ministre, Gabriel Attal, et le président du RN, Jordan Bardella. Au soir de ce premier tour, le 30 juin, l’interrogation majeure portait donc sur les effets que pouvait produire l’écart entre la réalité des résultats et les pronostics : le RN était élu dans 38 circonscriptions et en tête dans 260 autres, alors que seuls 3 % des électeurs du NFP comme de la coalition Ensemble (de la majorité présidentielle) pensaient que le RN risquait d’obtenir une majorité absolue.
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ARTICLE 3. Enquête électorale : une situation politique génératrice de disputes
Anne Muxel directrice déléguée du Cevipof et directrice de recherches émérite au CNRS LE MONDE
Les périodes électorales sont un moment de regain des discussions politiques dans la vie quotidienne des Français, surtout chez les jeunes, analyse Anne Muxel, directrice déléguée du Cevipof et autrice de « Toi, moi et la politique. Amour et convictions ».
La séquence électorale inédite de juin-juillet a suscité bien des interrogations, mais aussi des passions − tristes ou joyeuses, en fonction des rebondissements − qui se sont exprimées chez les Français dans les urnes ou pour se détourner de celles-ci. Face à la polarisation des enjeux entretenue par les forces radicales, à gauche comme à droite, les affects se sont fait entendre et ont pu diviser.
La victoire du Rassemblement national (RN) aux élections européennes du 9 juin a pu en réjouir certains et en inquiéter, voire désorienter, d’autres. La dissolution de l’Assemblée nationale a pu désarçonner les électeurs, qui ne s’attendaient pas à être reconvoqués de façon si précipitée à des élections législatives. Le jeu complexe des coalitions, notamment à gauche, et des stratégies de barrage à l’extrême droite victorieuse aux européennes a pu encore troubler les esprits. Les Français ont dû se positionner, non sans hésitation.
Les périodes électorales sont un moment de regain des discussions politiques dans la vie quotidienne des Français. La vie privée résonne des accords comme des désaccords que le choix électoral peut activer.
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ARTICLE 4 -,Le personnel politique face à une défiance généralisée de l’électorat
La crise de confiance touche les institutions comme les élus, et n’épargne surtout pas Emmanuel Macron, selon la dernière vague de l’enquête électorale Ipsos pour « Le Monde », la Fondation Jean Jaurès, le Cevipof et l’Institut Montaigne.
La décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, le 9 juin, au soir des élections européennes, compte peut-être parmi les plus incomprises et les plus impopulaires de la Ve République : 67 % des sondés, dans l’enquête électorale d’Ipsos pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès, le centre de recherches politiques de Sciences Po et l’Institut Montaigne, réalisée du 26 juillet au 1er août auprès d’un échantillon représentatif de 11 204 personnes, selon la méthode des quotas, considèrent qu’elle a des conséquences négatives pour la France….
Dans un contexte de défiance généralisé envers le personnel politique (aucune personnalité n’obtient plus d’opinion favorable que d’opinion défavorable), la situation d’Emmanuel Macron est particulièrement mauvaise. Il est la deuxième personnalité politique (derrière Jean-Luc Mélenchon, très loin devant) au sujet de laquelle les sondés jugent le plus défavorablement l’action dans la période récente : 69 % la désapprouvent. Plus significatif encore : 51 % des sondés sont favorables à la démission du président de la République…