
MISE À JOUR DU 3 9 24 :
Un Premier ministre pour ne pas gouverner
TITRE L’OPINION QUI POURSUIT : Avec l’option d’une nomination de Thierry Beaudet à Matignon, on aurait le parfait aboutissement de la piteuse séquence de la dissolution, des deux mois de gouvernement réduit à l’expédition des affaires courantes, et de la litanie des consultations tous azimuts menées par l’Elysée.
Pour comprendre ce que pourrait apporter au pays le choix du président du Cese, il suffit de s’interroger sur ce qu’apporte cette assemblée économique, sociale et citoyenne ? La réponse est simple : rien. Sauf, bien sûr, un coût de fonctionnement, des charges et un protocole pesant. Mais pour le reste, le Cese n’a ni fonction, ni rôle constitutionnel, il n’est ni un rouage incontournable du fonctionnement des institutions, ni une assemblée de sages dont on attend avec avidité les avis, mieux encore les conseils. En revanche, il produit à la demande des rapports longs et ennuyeux, accueille des colloques sans fin, parfois dans le cadre mitigé de la convention citoyenne.
Thierry Beaudet a derrière lui une belle carrière dans l’univers de la mutualité, ce royaume du consensus mou et des arrangements entre amis. L’homme a acquis avec talent tous les codes de cet univers teinté à gauche dans lequel le bon sentiment et le politiquement correct sont des prérequis. A Matignon, cela donnerait un Premier ministre avide de palabres, rodé aux tables rondes et aux débats interminables. Pas à l’action.
Mais après tout, peut-être est cela qu’il faut pour la France ? Ne pas être gouvernée puisqu’elle est, en l’état, ingouvernable. Thierry Beaudet, s’il était choisi, ne gênerait pas Emmanuel Macron – la qualité numéro un recherchée par le Président. Pour le reste, tout dépendrait des ministres choisis, de leur poids et de la couleur politique qui s’en dégagerait. Le début d’une autre séquence.
ZÉRO EXPÉRIENCE PUBLIQUE
Cette option est avant tout perçue comme un moyen pour Emmanuel Macron de rester le maître du jeu. VOIR ARTICLE 1
Contourner les partis et sauver le macronisme
L’hypothèse Beaudet est révélatrice des intentions d’un Emmanuel Macron qui n’entend renoncer à rien, ni à son bilan, ni à sa prééminence institutionnelle. VOIR ARTICLE 2
UN NOVICE CORNAQUÉ PAR UN TECHNOCRATE DÉSIGNÉ PAR MACRON
Bertrand Gaume, préfet du Nord et des Hauts-de-France, serait déjà pressenti pour diriger son cabinet. VOIR ARTICLE 3
1. ARTICLE – Thierry Beaudet : bientôt un novice en politique Premier ministre ? L’option qui crée la surprise
Si le président du Cese est rompu à la culture du consensus, il n’a aucune expérience politique et zéro troupe à l’Assemblée. Pourra-t-il survivre dans la fosse aux lions ?
Par Chloé Berry Publié le 3 sept. 2024
Face à une majorité introuvable, un Premier ministre issu de la société civile ? L’option Thierry Beaudet, le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), a subitement pris corps ce lundi 2 septembre 2024 pour Matignon.
Cette option est avant tout perçue comme un moyen pour Emmanuel Macron de rester le maître du jeu.
Thierry Beaudet, 62 ans, instituteur de formation et ancien patron de la Fédération nationale de la mutualité française, est certes rompu à la culture du consensus. Mais il n’a aucune expérience politique et zéro troupe à l’Assemblée alors que la Vᵉ République traverse ses pires turbulences.
Zéro expérience politique
« C’est un type bien, mais c’est autre chose d’être Premier ministre dans cette situation de crise politique », constate un acteur du dialogue social, dubitatif.
Le président joue le jeu de la société civile, mais c’est pour garder la main en fait. Il veut continuer à gouverner alors qu’il préside normalement.Un acteur du monde économico-social
À droite comme à gauche et au centre, les interrogations n’ont pas tardé à se faire jour, l’option Beaudet apparaissant d’autant plus déroutante que le chef de l’État recevait lundi deux figures politiques, Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, susceptibles d’être nommées à Matignon.
« C’est un garçon charmant, de la gauche modérée, mais entre vendre du consensus au Cese et aller dans la fosse aux lions à l’Assemblée, il y a une marge », souligne un cadre du camp présidentiel.
Pointé du doigt du RN au PS
Même son de cloche du côté de la gauche de gouvernement : « C’est un homme de qualité mais (…) il n’a jamais gouverné, jamais travaillé au rassemblement des forces politiques », pointe la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga.
Sans surprise, le Rassemblement national, toujours prompt à dénoncer les élites – il a menacé de supprimer le Cese s’il accède au pouvoir -, ne mâche pas ses mots. « Peut-on imaginer plus grotesque caricature du système que le président du Cese ? », a lancé le député RN Jean-Philippe Tanguy sur X.
Aux yeux du chef de l’État, Thierry Beaudet, qui a supervisé la convention citoyenne sur la fin de vie, pourrait incarner le « dépassement » qu’il ne cesse d’appeler de ses vœux depuis 2017.
2. ARTICLE – «Avec Beaudet comme premier ministre, contourner les partis et sauver le macronisme»
Par Guillaume Tabard LE FIGARO 3 9 24
L’hypothèse Beaudet est révélatrice des intentions d’un Emmanuel Macron qui n’entend renoncer à rien, ni à son bilan, ni à sa prééminence institutionnelle.
De cet interminable feuilleton pour Matignon, il faut retenir qu’Emmanuel Macron aime à faire mentir les scénarios écrits d’avance. Plus l’hypothèse Bernard Cazeneuve gagnait en consistance et plus le chef de l’État s’ingéniait à lui trouver une alternative ; et de préférence la moins prévisible possible. Il faut aussi se rappeler que tant que l’annonce n’est pas faite, tout peut encore changer.
Rappelons-nous 2022 : Catherine Vautrin avait été pressentie, choisie et informée. La bronca de dernière minute d’une frange de la majorité d’alors avait suffi pour que le président lui préfère ultimement Élisabeth Borne. Que le nom de Thierry Beaudet ait « fuité » ne veut pas dire que le choix du président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) soit irrévocable, ni que les scénarios Cazeneuve, ou même Bertrand, soient définitivement écartés.
Tout sauf neutre sur le plan idéologique
L’hypothèse Beaudet est en tout cas révélatrice des intentions d’un Emmanuel Macron qui n’entend…
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3. ARTICLE – Thierry Beaudet, président du CESE, la nouvelle piste pour le poste de premier ministre
Tandis qu’Emmanuel Macron poursuit ses consultations, le nom du président du Conseil économique, social et environnemental circule pour Matignon. Selon nos informations, Bertrand Gaume, préfet du Nord et des Hauts-de-France, serait déjà pressenti pour diriger son cabinet.
Alors que le président de la République a entrepris lundi matin un nouveau cycle de consultations en recevant, dès 9 heures, l’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, puis le président (Les Républicains) des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, l’hypothèse d’une nomination à Matignon de Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental, était évoquée par plusieurs sources lundi.
Si celle-ci se vérifiait, Emmanuel Macron qui, estime depuis le 7 juillet que personne n’a gagné ni perdu les élections législatives, et a constaté que les formations politiques n’ont pas su faire émerger depuis une coalition, ferait donc le choix de se détourner d’un profil politique au profit d’une personnalité issue de la société civile. Thierry Beaudet, ancien président de la Fédération nationale de la Mutualité française, réputé proche des partenaires sociaux, préside la chambre qui a hébergé les deux conventions citoyennes (sur le climat et la fin de vie) initiées par le chef de l’Etat. Cet instituteur de formation, proche de la gauche, a pris position en juin dans La Tribune contre une possible arrivée du Rassemblement national au pouvoir. …
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