Aller au contenu principal

Une gauche en échec qui renonce à son devoir de gouverner ? Est-ce faute de moyen ?

ÉMISSION – La gauche a-t-elle laissé passer sa chance ? 

Mardi 10 septembre 2024 FRANCE CULTURE

Arrivé en tête au second tour des élections législatives le 7 juillet dernier, le Nouveau Front Populaire apparaît aujourd’hui comme le grand perdant. En refusant tout compromis, la gauche a-t-elle manqué à son devoir de parti de gouvernement? A-t-elle encore seulement les moyens de gouverner?

Avec

  • Stéphanie Roza Chargée de recherches au CNRS, spécialiste des Lumières et de la Révolution française.
  • Frédéric Sawicki Professeur de science politique à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne

Le travail et ses mutations, un impensé de la gauche

La gauche semble avoir oublié l’une de ses valeurs fondatrices : le travail. C’est la thèse développée par la philosophe Stéphanie Roza, dans son ouvrage Marx contre les Gafam. (PUF, 2024). Si la gauche veut redevenir majoritaire dans ce pays, parce qu’aujourd’hui, elle est minoritaire, il faut qu’elle renoue avec les classes populaires, estime l’auteure. « Il faut qu’elle ait un discours clair sur le travail. La philosophe note l’engagement de toute la gauche contre la réforme des retraites, mais précise :  il ne s’agit pas seulement de dire qu’on ne veut pas mourir au travail. Il faut penser le sens du travail, la place du travail dans la société et dans la vie humaine. Au contraire, on observe un discours où l’objectif, c’est de se libérer du travail. »

Les clivages qui divisent la gauche

Stéphanie Roza La gauche fait face à de profonds clivages, que le programme du Nouveau Front Populaire s’est forcé de masquer. Mais en réalité, il y a des clivages profonds sur beaucoup de sujets, que ce soit l’Ukraine, le conflit israélo-palestinien, la laïcité, le nucléaire. La philosophe insiste sur le fait que la gauche doit chercher à reconquérir les classes populaires autour de sujets fédérateurs, comme justement le travail et non pas, chercher à conquérir sur les clivages, par exemple en insistant sur la dimension identitaire, en tournant en boucle sur le conflit israélo-palestinien, en hystérisant le débat. Faire fond sur les clivages c’est le contraire de l’union des classes populaires.

La gauche a toujours été diverse, rappelle Frédéric Sawicki. Il y a des différences de stratégie mais aussi des différences dans les compositions sociales des électorats des différents partis de gauche qui expliquent ces tensions ou ces clivages, par exemple autour de la question du protectionnisme économique ou de la question du nucléaire. En même temps, toute l’histoire de la gauche, c’est aussi être en capacité de trouver des accords programmatiques. On l’a vu, ce n’est pas impossible. Par le passé les socialistes et les communistes, avec des clivages bien plus importants qu’aujourd’hui, ont réussit à à la fois à s’unir, et puis malgré tout, à arriver au pouvoir, rappelle le politiste. Pendant longtemps, l’union a été possible parce qiu’il y avait une hégémonie, une hégémonie communiste jusque dans les années 1970, puis une hégémonie socialiste, mais aujourd’hui au fond, il y a une gauche partisane qui est très divisée et dont aucune des composantes  ne l’emporte sur les autres. »

LIEN VERS L’ÉMISSION

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.