
ARTICLE – Les Japonais se débarrassent de la dette française : 9,2 milliards de dollars d’obligations vendues en juillet !
Luc Jose A. COINTRIBUNE
En juillet, les investisseurs japonais ont procédé à une vente record de 9,2 milliards de dollars de titres de la dette française. Ce changement radical reflète les inquiétudes croissantes des investisseurs internationaux vis-à-vis de la stabilité financière de la France, alors que le déficit public atteint des niveaux importants et que la note souveraine du pays a été abaissée.
Une vente massive qui interpelle
Les investisseurs japonais ont vendu, 1320 milliards de yens (soit environ 9,2 milliards de dollars) de titres de la dette française au cours du mois de juillet 2024. Ce chiffre record n’avait pas été atteint depuis plus de quatre ans. En effet, cette vente massive est un changement radical dans la relation qu’entretiennent jusque-là les investisseurs nippons avec les obligations françaises.
La cession de ces obligations, qui intervient dans un contexte de tensions politiques en France, ne surprend pas entièrement les experts. Depuis la dégradation de la note souveraine de la France par l’agence S&P Global, la confiance dans la gestion des finances publiques françaises a été ébranlée. Le déficit public, qui atteint 5,5 % du PIB en 2023, a accentué ces doutes, ce qui a conduit les investisseurs à rediriger leurs fonds vers des actifs plus sûrs. Il ne s’agit donc pas uniquement d’un désaveu de la dette française, mais aussi d’une reconsidération globale des risques, à l’aune des incertitudes politiques européennes.
Les conséquences ?
La vente par les investisseurs japonais n’est pas qu’un simple ajustement de portefeuille. Elle pourrait être une perte de confiance durable dans la capacité de la France à gérer sa dette. Avec plus de la moitié de la dette publique détenue par des investisseurs étrangers, un désengagement de cette envergure pourrait créer une onde de choc sur les marchés financiers, surtout si d’autres investisseurs étrangers suivent l’exemple japonais. Comme l’a souligné le gouverneur de la Banque de France, François VILLEROY DE GALHAU, des efforts sont nécessaires pour réduire les dépenses et restaurer la confiance des marchés.
La vente massive opérée par les nippons pourrait également contraindre le gouvernement français à adopter des mesures fiscales plus strictes pour stabiliser ses finances. À court terme, la solvabilité du pays ne semble pas menacée, mais si ces cessions importantes se poursuivent, le pays pourrait faire face à une augmentation des coûts d’emprunt. En cas de difficultés économiques plus profondes, le recours à des hausses d’impôts et à une politique d’austérité pourrait être inévitable, ce qui ne manquerait pas de raviver les tensions sociales déjà palpables dans le pays.
Si la vente de 9,2 milliards de dollars de dette française par les investisseurs japonais ne semble pas mettre en danger immédiatement la stabilité financière de la France, elle doit être perçue comme un signal d’alerte. La confiance des marchés internationaux dans la gestion des finances publiques françaises est fragile, et des mesures fortes seront nécessaires pour rassurer les investisseurs et éviter une éventuelle contagion à d’autres détenteurs étrangers.