
Il y a « décomposition » et « d’un échec complet du macronisme » qui conduit à miner la démocratie de l’intérieur
selon P. ROSANVALLON parle d’une « décomposition » et « d’un échec complet du macronisme ». De son point de vue, la situation politique actuelle montre également « la fragilité profonde de nos démocraties. Nos démocraties sont fragiles parce que de l’intérieur, elles peuvent être minées ».
Gouverner, c’est faire progresser une société, la pacifier, lui donner un sens plus fort et une forme démocratique »
Pour Pierre de Rosanvallon, gouverner, ce n’est pas simplement gérer un seul indicateur statistique. Gouverner, c’est faire progresser une société, c’est la pacifier, c’est trouver les moyens de lui donner un sens plus fort et de lui donner une forme démocratique », pour l’historien, considérant qu’Emmanuel Macron a « échoué » sur ce sujet.
L’historien estime qu’il n’y a pas eu (choix du premier ministre) « de déni démocratique au sens institutionnel parce qu’il y avait une liberté du président de la République de choisir dans une situation où personne n’avait la majorité. » En revanche, pour lui, « il y a des expressions de la société qu’il faut écouter ». Et de dire qu’une « période d’exploration était demandée par le pays », à travers le score du NFP.
ÉMISSION – Pierre Rosanvallon : « Les institutions continuent à fonctionner, mais s’avèrent impuissantes politiquement »
Jeudi 3 octobre 2024 FRANCE INTÉRIEUR
Le professeur émérite au Collège de France, Pierre Rosanvallon, est l’auteur du livre « Les Institutions invisibles », publié ce vendredi 4 octobre, aux éditions du Seuil. Pour l’historien et sociologue, la situation politique actuelle montre « un dysfonctionnement de type institutionnel ».
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- Pierre Rosanvallon Historien et sociologue, directeur d’études de l’EHESS en histoire et philosophie du politique
« C’est du jamais vu », estime Pierre Rosanvallon ce jeudi 3 octobre sur France Inter, concernant la situation politique actuelle en France. Le professeur émérite au Collège de France est l’auteur du livre « Les Institutions invisibles », publié ce vendredi 4 octobre aux éditions du Seuil. Il observe « un dysfonctionnement de type institutionnel. » Pour lui, « cela montre que suivre à la lettre la Constitution peut mener à des situations que l’on n’avait pas envisagées auparavant. Regardez par exemple dans la Constitution, il n’est pas spécifié le délai qui est accordé au président de la République pour nommer un nouveau gouvernement ».
Pour Pierre Rosanvallon, « Emmanuel Macron a tiré sur la corde ». Il parle d’une « décomposition » et « d’un échec complet du macronisme ». De son point de vue, la situation politique actuelle montre également « la fragilité profonde de nos démocraties. Nos démocraties sont fragiles parce que de l’intérieur, elles peuvent être minées ».
Un contexte politique dans lequel le Premier ministre, Michel Barnier, vient d’être nommé et qui devrait probablement ne pas être censuré par l’Assemblée nationale vendredi 4 octobre. « Cela montre que les institutions continuent à fonctionner, mais les institutions vont s’avérer relativement impuissantes politiquement, estime Pierre Rosanvallon. Bien sûr, il y a un Premier ministre, mais quelle est sa capacité de véritablement gouverner ? Ce qui est frappant dans la personnalité du Premier ministre, c’est qu’il fait référence au passé et il rappelle tout le temps qu’il était le plus jeune ministre. »
Pas de déni de démocratie, selon Pierre Rosanvallon
Alors que le Nouveau Front Populaire a terminé en tête des élections législatives anticipées de juillet dernier, l’historien estime qu’il n’y a pas eu « de déni démocratique au sens institutionnel parce qu’il y avait une liberté du président de la République de choisir dans une situation où personne n’avait la majorité. » En revanche, pour lui, « il y a des expressions de la société qu’il faut écouter ». Et de dire qu’une « période d’exploration était demandée par le pays », à travers le score du NFP.
« Si la société française va mieux du point de vue du chômage, la société française aujourd’hui, elle est pétrie d’interrogations, elle est pétrie de conflits internes, elle est pétrie d’interrogations sur son identité, continue Pierre de Rosanvallon. Et gouverner, ce n’est pas simplement gérer un seul indicateur statistique. Gouverner, c’est faire progresser une société, c’est la pacifier, c’est trouver les moyens de lui donner un sens plus fort et de lui donner une forme démocratique », pour l’historien, considérant qu’Emmanuel Macron a « échoué » sur ce sujet.
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