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M.GAUCHET (3) : « UNE DÉMOCRATIE SANS DÉMOCRATES »

LES 2 PRÉCÉDENTES PUBLICATION DE METAHODOS

UN ÉTAT DE DROIT IMMUABLE CONTRE DES ATTENTES CHANGEANTES DU PEUPLE ? – M.GAUCHET (2)

https://metahodos.fr/2024/10/15/83278/

ARTICLE – Marcel Gauchet : « La vie politique démocratique a perdu tout sens » 

Idées. Le philosophe ausculte la crise politique profonde que traversent nos sociétés libérales, et dresse le constat que « nous vivons dans des démocraties sans démocrates ». Attention : lecture essentielle.

Propos recueillis par Anne Rosencher. Publié le 08/10/2024 L’EXPRESS

Que nous arrive-t-il ? Question simple, réponse compliquée. « Tenons le constat pour acquis : il y a bien quelque chose comme « une crise de la démocratie », annonce le philosophe Marcel Gauchet en première phrase de son nouveau livre.

Mais quelle crise ? » S’ensuivent 256 pages qui prennent la hauteur nécessaire pour trier ce qui relève du trompe-l’œil de ce qui travaille vraiment nos sociétés libérales. Le Nœud démocratique paraît ces jours-ci chez Gallimard. C’est un ouvrage qui assume d' »aller aux concepts », mais on est frappés, plusieurs jours ou semaines après l’avoir lu, de constater à quel point l’actualité nous y renvoie sans cesse.

Pour L’Express, Marcel Gauchet revient sur quelques unes des clefs de lecture essentielles qu’il développe dans son livre, et les applique aux soubresauts récents de l’actualité. La popularité du scrutin proportionnel ? « Le moyen de faire passer l’expression des minorités avant le dégagement de majorités capables de mener une politique cohérente à grande échelle ».

Autrement dit, « le renoncement à la politique avec un grand P ». La polémique sur « l’Etat de droit » ? Si l’on parle de « la protection des citoyens contre les abus de pouvoir, cette fonction-là est « intangible et sacrée ». Mais dans son acception plus récente de « primauté des droits individuels sur l’autorité collective », alors là, il devient « litigieux ». « Et la discussion, promet-il, ne fait que commencer. »

Votre livre fouille la dislocation de deux éléments, dont l’harmonie est pourtant essentielle au bon fonctionnement de la démocratie : les droits individuels, d’une part, et la souveraineté populaire, de l’autre. Qu’est-ce qui s’est grippé, et à quel moment ?

Marcel Gauchet Cette dissociation s’est faite dans une décennie dont on mesure rétrospectivement à quel point elle fut charnière : 1975-1985. La crise provoquée par le choc pétrolier de 1974 et ses conséquences en chaîne ont bouleversé le cours de la politique.

Nous sommes sortis pour de bon des Trente Glorieusespour entrer dans l’ère de ce que l’on nomme « mondialisation ». Un nouvel espace économique et politique global s’est créé, caractérisé par une concurrence intense, et par la montée en puissance d’instances et de règles supranationales.

Parallèlement, nos sociétés ont connu un autre bouleversement : l’avènement d’un individualisme radical. La synergie de ces deux phénomènes – l’un externe : la mondialisation ; l’autre interne : l’individualisation – a totalement changé les repères de la vie collective. Et ces transformations ont induit une profonde dépolitisation.

Qu’est-ce que la dépolitisation ?

La dépolitisation ne signifie pas que les gens ne s’intéressent plus à la politique ou ne vont plus voter. Cela peut passer par là dans une partie de la population, mais l’essentiel est ailleurs.

D’abord, le principe de base de la vie politique démocratique – à savoir la perspective d’une conquête du pouvoir pour mener une action transformatrice dont on détermine les lignes à l’avance – a perdu tout sens. 

Les partis par lesquels passait cette visée sont désertés, ils se réduisent à de simples clubs d’élus ; ils se préoccupent à peine de définir des programmes auxquels personne ne croit. Nous nous sommes installés dans un système de pilotage automatique….

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