
UN SCÉNARIO DE CROISSANCE – ET DE RECETTES – TROP OPTIMISTE ( comme lors des exercices précédents )
L’exécutif a présenté ce lundi le plan budgétaire de moyen terme qui doit être envoyé à Bruxelles dans quelques jours. Le retour du déficit sous les 3 % de PIB repose sur un scénario de croissance jugé optimiste et des économies imprécises.
Alors que le gouvernement s’est engagé à réduire le déficit public de 6,1% du PIB en 2024 à 5% en 2025, l’OFCE souligne que les efforts de redressement des finances publiques amputeront la croissance de 0,8 point de PIB. Ses conjoncturistes prévoient en outre que le déficit public atteindra en réalité 5,3% du PIB fin 2025 et non 5% comme espéré par le gouvernement.
UN BUDGET QUI RESTE EN CROISSANCE AVEC DES ÉCONOMIES FAIBLES ET IMPRÉCISES
Le budget a été annoncé sur la base de « 60 Milliards d’effort » 20 de Hause fiscale, 40 d’économies … économies non réelles puisque calculées sur les hausses de dépenses qui étaient envisagées !
Sur la base du rapport de du haut conseil des finances publiques et des travaux du parlement, les chiffres seraient plutôt 30 ( voire 40 ) milliards d’impôts et taxes; et 20 d’économies avec des budgets en hausse ( régalien notamment )
Il est remarquable que le déficit budgétaire baissera d’un peu plus de 30 milliards, montant équivalent aux recettes fiscales supplémentaires ( chiffres de la préservation gle du PLF ).

On voit ainsi que l’impôt supplémentaire joue un rôle essentiel dans la réduction du déficit.
Rappelons qu’en juillet, la cour des comptes estimait les économies nécessaires des 2025 à 50 Milliards.
Pour le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) – rattaché à la Cour des comptes – 70 % de l’effort repose… sur des hausses d’impôts. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) arrive, peu ou prou, à la même conclusion.
Gêné, Laurent Saint-Martin se retranche derrière « une question d’interprétation »
EXTRAIT DU PLF QUI PRÉCISE L’ÉCONOMIE DE 20 Milliards :
« La participation de l’État au redressement des comptes publics sera accentuée,
avec une économie de plus de 20 Md€ par rapport au tendanciel, dont
notamment 15 Md€ via la stabilisation en valeur des crédits par rapport au
budget voté pour 2024 contenue dans les lettres-plafond signées par le
Gouvernement précédent. »
ET 5 milliards : « Par ailleurs, le Gouvernement proposera par voie d’amendement un effort
additionnel de 5 Md€. Ces économies seront réparties entre l’ensemble des
ministères, tout en veillant à préserver les secteurs concernés par des lois de
PLF et PLFSS 2025
programmation. «
ET L’ON INVENTE LA NOTION DE MOINDRE DÉPENSE ET D’EFFORT PAR RAPPORT AU TENDANCIEL
C’est à un mélange de réductions de dépenses de 2024 sur 2025 et la suppression de nouvelles dépenses qui avaient été envisagées pour 2025 …appelées « effort par rapport au tendanciel «
LA DETTE : Sur 300 milliards d’euros qui seront émis en 2025, 174,8 milliards seront dédiés au remboursement de la dette de l’Etat
à moyen et long terme, ce qui représente 19,7 milliards de plus qu’en 2024 selon les estimations actualisées.
Par ailleurs, dans un contexte où l’Etat cherche à faire des économies pour réduire son déficit budgétaire, la charge de la dette va peser plus lourd sur les finances publiques en 2025.
NB : la dette – sa charge annuelle en hausse, comme la hausse non freinée de l’encours dans les années à venir – n’est absolument pas traitée dans le document de présentation générale du PLF et n’a pas été évoquée par les ministres devant l’AN hier.
SAUF UNE LIGNE DANS LE TABLEAU EXTRAIT DE LA PRÉSENTATION GLE DU PLF

La charge de la dette est prévue à 54,9 milliards d’euros, contre 50,9 milliards d’euros pour 2024.
En comparaison, le premier budget de l’Etat, l’Education, s’élèvera à près de 65 milliards d’euros en 2025 et celui de la défense à 50,5 milliards d’euros. Le gouvernement affiche pour objectif de ramener à 5% le déficit public en 2025, puis à 3% d’ici 2029 dans les clous de Bruxelles, qui a lancé une procédure en déficit excessif contre la France.

LA DETTE – GRANDE OUBLIÉE – POURSUIT SA HAUSSE EXPONENTIELLE : EN 2027 116,5 % DU PIB, 115,8 % EN 2028, BIEN AU DESSUS DES 112,9 % DE CETTE ANNÉE
« De fait, si la destination est clairement affichée, le chemin pour y parvenir paraît encore tracé en pointillé. L’objectif est de faire passer le déficit de 6,1 % du PIB cette année à 5 % l’an prochain, avant -4 % en 2027 puis -2,8 % en 2029. Un coup de frein, mais pas suffisant pour vraiment infléchir la dette qui, après un pic en 2027 à 116,5 % du PIB, restera encore à 115,8 % en 2028, bien au-dessus des 112,9 % de cette année. » VOIR ARTICLE CI CONTRE
ARTICLE – Les doutes qui entourent la stratégie du gouvernement pour ramener le déficit sous les 3 %
Par Renaud Honoré LES ÉCHOS le 21 oct. 2024
Les trajectoires budgétaires pluriannuelles affichées par les différents gouvernements depuis une trentaine d’années n’ont pas vraiment été respectées. Celle-ci peut-elle connaître un sort différent ? L’exécutif a présenté ce lundi à l’Assemblée nationale sa stratégie de finances publiques à l’horizon 2029, sans parvenir à dissiper totalement le flou entourant les moteurs qui doivent l’aider dans sa tâche.
Dans les prochains jours, l’équipe de Michel Barnier doit envoyer à Bruxelles son Plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT) – une des nouveautés imposées par la réforme des règles budgétaires européennes entrée en vigueur au printemps – qui balise les étapes devant ramener le déficit sous les 3 % d’ici à 2029. C’est ce document qui a été présenté aux députés en amont de l’examen en soirée du projet de loi de finances pour 2025 , dans une version provisoire ce qui a entraîné l’ire de plusieurs figures du Palais-Bourbon.
Doutes sur la croissance
De fait, si la destination est clairement affichée, le chemin pour y parvenir paraît encore tracé en pointillé. L’objectif est de faire passer le déficit de 6,1 % du PIB cette année à 5 % l’an prochain, avant -4 % en 2027 puis -2,8 % en 2029. Un coup de frein, mais pas suffisant pour vraiment infléchir la dette qui, après un pic en 2027 à 116,5 % du PIB, restera encore à 115,8 % en 2028, bien au-dessus des 112,9 % de cette année.
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« Le sens de ce PSMT, c’est le redressement des comptes publics et le soutien à la croissance », a affirmé Antoine Armand, le ministre de l’Economie, devant les députés. De fait, le gouvernement compte sur une croissance robuste pour l’aider dans sa tâche. Après 1,1 % attendu l’an prochain, celle-ci est censée passer à 1,4 % en 2026 puis 1,5 % les deux années suivantes. Or le chiffre de 2025 est déjà contesté par l’OFCE , qui juge que l’effort budgétaire prévu pour redresser les comptes va peser sur l’activité. Les doutes concernent aussi les années suivantes. « Le scénario de croissance effective est optimiste », a ainsi estimé le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) dans un avis rendu le 9 octobre.
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Le document ne permet pas non plus de voir comment le gouvernement compte soutenir le moteur économique pour arriver à ce niveau. Plusieurs grands champs de réformes – atteinte du plein-emploi, réindustrialisation, renforcement de la compétitivité et accélération de la transition écologique – sont annoncés pour convaincre les partenaires européens de laisser à la France deux ans de plus pour revenir sous la barre des 3 % de déficit, mais en récapitulant avant tout les mesures lancées depuis 2017.
Antoine Armand a aussi répété à la tribune qu’il comptait sur le projet de loi sur la simplification qui avait été tué dans l’oeuf avec la dissolution.
5 milliards d’économies
Au-delà, le gouvernement promet aussi de renforcer la gouvernance des finances publiques. Plus concrètement, cela signifie que l’exercice de revue des dépenses lancé par le précédent gouvernement – qui a nourri certaines pistes d’économies du budget 2025, comme les coupes dans les aides à l’apprentissage ou la baisse des effectifs dans l’Education nationale – sera pérennisé. « Cela doit permettre de supprimer entre 2025 et 2027 au moins 5 milliards d’euros de dépenses qui n’ont pas de caractère prioritaire », a annoncé Antoine Armand.
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Le montant paraît relativement chiche au regard des ambitions budgétaires du gouvernement. L’effort de consolidation des comptes ne va pas s’arrêter en 2025, et le plan budgétaire prévoit un ajustement structurel annuel de 0,7 à 0,8 point de PIB à partir de 2026. « Cela représente un effort de 21 à 25 milliards d’euros par an », a expliqué Charles de Courson, le rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale.