
GRANDE HISTOIRE ET PETITES HISTOIRES, CAPRICES ET NÉGOCIATIONS
C’est en avril 1985 que Charles Baur a annoncé – dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion de son élection à la présidence du conseil régional de Picardie, que la Picardie fêterait les mille ans de la désignation à SENLIS, et le couronnement d’Hugues CAPET à NOYON en 987.
(Charles BAUR a été Maire de Villers-Cotterêts, Député, Parlementaire européen, Président de la Région Picardie.)
La Région a préparé pendant deux ans les festivités du «Millénaires de la naissance de la France en Picardie 987-1987 ».
HUGUES CAPET ÉLU PAR SES PAIRS À SENLIS ET COURONNÉ À NOYON, DEUX VILLES DE PICARDIE
La Picardie se sentait légitime pour la commémoration d’Hugues CAPET. Un comité de pilotage présidé par Robert Mallet (d’origine picarde ) écrivain, poète, ancien recteur de Paris et de Picardie a été constitué.
Un comité scientifique présidé par l’historien Emmanuel LE ROY LADURIE – sollicité par le directeur de cabinet de Charles BAUR – a par ailleurs été créé.
Le directeur de cabinet de Charles Baur et Robert MALLET ont conduit les négociations avec l’Élysée en vue de la présence du président à l’ouverture des commémorations – en même temps que l’inauguration du son et lumière intérieur à la cathédrale ( le premier lors de rencontres fastidieuses avec le chef de cabinet du PR Michel GLAVANY et le conseiller histoire du PR Cyril SCHOTT, le second avec François MITTERRAND ) Il est apparu plus tard que le conseiller histoire était extrêmement proche – intime «même -du Comte de Paris… proximité partagée avec le PR.
Deux éléments ont permis d’obtenir un accord présidentiel malgré l’opposition forte de GLAVANY : La visite de Robert MALLET au prèsident et le travail de Cyril SHOTT qui a convaincu le PR que sa présence serait « le symbole de la continuité de la nation des capétiens à MITTERRAND «.
LA PRÉSENCE DU PR ET DE CELLE IMPOSÉE DU COMTE DE PARIS : double « symbole de la continuité de la nation des capétiens à MITTERRAND «
Quelques jours avant le 3 avril 1987, le PR a exigé la présence auprès de lui du COMTE DE PARIS, en indiquant que dans le cas contraire sa venue serait annulée, et en demandant à Charles BAUR de l’inviter. Ce que Charles BAUR a refusé – malgré trois relances. En effet le Comte de Paris ne figure pas dans le protocole de la République et parce que cette exigence d’une invitation officielle n’était pas appropriée.
Finalement – dans le but de débloquer la situation – il y eut un appel téléphonique du directeur de cabinet de Charles Baur au Comte de Paris lui disant en substance : « Monseigneur, vous êtes le bienvenu à l’inauguration du 3 avril ». Le Comte de Paris a indiqué au dir cab qu’il serait là et lui a proposé de le rencontrer en lui demandant : « dans quel arrondissement êtes vous cher ami ? » ( Il n’y eu aucune rencontre, et il a été indiqué au Comte que la Région Picardie a pour capitale Amiens )
« Je n’ai jamais eu aussi froid de ma vie, vous m’avez piégé, ce spectacle est à la seule gloire des rois »
Il a fallu la veille de l’inauguration revoir l’ordre de placement des personnalités dans la Cathédrale : le PR en premier, un peu derrière et en décalé le Comte, puis bien plus loin derrière, Charles Baur, le Préfet de Région… pour cela la fauteuil du PR a été avancé et ce dernier avait les pieds hors du tapis rouge. Lorsque Charles BAUR et Max LEJEUNE ( ancien ministre et président du département de la Somme ) ont accompagné le PR à son hélicoptère – a l’issue de la cérémonie – celui-ci s’est montré vivement courroucé auprès de ses anciens camarades de la SFIO et a déclaré en tout et pour tout : « Je n’ai jamais eu aussi froid de ma vie, vous m’avez piégé, ce spectacle est à la seule gloire des rois ».
Le lendemain à la Une du Monde, une caricature où l’on moque François MITTERRAND et le Comte de Paris dans la cathédrale
D’autres éléments ont été âprement négociés :
D’une part, l’absence d’un véritable discours du PR qui a seulement prononcé la phrase suivante : « Je déclare ouverte les cérémonies de commémoration du Millénaire du l’avènement d’Hugues CAPET en 987 » ;
Et d’autre part, l’entrée dans la cathédrale par le grand portail – contraire au protocole religieux qui ne prévoit l’ouverture du portail que pour l’arrivée d’un nouvel évêque.
LE DESCENDANT DES CAPÉTIENS N’EST PAS LE COMTE DE PARIS MAIS ALPHONSE DE BOURBON
Côté légitimisme, Alphonse de Bourbon, duc d’Anjou et de Cadix, chef de la maison de Bourbon, avait été invité au colloque d’ouverture de l’année du millénaire, au palais du Luxembourg sous la présidence d’Alain Poher, président du Sénat, sur le thème « D’Hugues Capet à Louis Capet »
« Le comte de Paris pour la réélection de M. Mitterrand »
Ci contre photo, au milieu Cyril SCHOTT

1. ARTICLE – Le prince et le président
M. François Mitterrand, accompagné du ministre de la culture et de la communication, M. François Léotard, a, dans la soirée de vendredi 3 avril, solennellement inauguré, à Amiens, l’Année du millénaire de la France, qui va être marquée, jusqu’en 1988, par de nombreuses manifestations scientifiques ou populaires à Paris et en province.
La France a connu, au siècle passé, un « prince-président » (le futur Napoléon III). La cérémonie en la cathédrale Notre-Dame d’Amiens était en quelque sorte placée, elle, sous le double signe du prince et du président, puisque ce dernier avait tenu personnellement à ce que le comte de Paris, chef de la Maison de France, fût invité à l’inauguration des festivités. Ce fut l’illustration d’une autre forme de cohabitation, celle du principe monarchique personnifié et du plus haut magistrat de la République.
Entre François Mitterrand, qui, dans sa jeunesse, eut quelques tendresses royalistes, et Henri de Bourbon-Orléans, qualifié souvent de « prince rouge », et qui, en tout cas, s’est toujours efforcé de placer la res publica avant les « prétentions » de sa famille, il n’y avait rien de détonnant, bien au contraire. La rencontre eut pas mal de gueule dans le site inspiré de l’immense sanctuaire amiénois.
Il manque toutefois à notre époque un Chateaubriand capable d’exprimer, au-delà de l’inévitable emphase, la continuité historique, à la fois fabuleuse et comme allant de soi, entre, d’une part, la dynastie capétienne, vieille de mille ans et qui gouverna plus de huit siècles notre pays, et, d’autre part, la royauté républicaine ou, plus précisément, élective qu’un de Gaulle, pénétré de l’idée monarchique, a léguée à la France, après quatre Républiques qui firent souvent la politique des rois.
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2. « LA ROSE & LE LYS » ; FRANÇOIS MITTERRAND ET LE COMTE DE PARIS ; 1986-1996
Ouvrage de Cyril SCHOTT – PRÉSENTATION PAR PLON :
Entre Charles de Gaulle et Henri d’Orléans, comte de Paris, les liens sont bien connus, entre François Mitterrand et le chef de la Maison de France, ils le sont moins.
Leurs relations, pourtant anciennes, valurent au prétendant au trône une place à part à l’Elysée.
Les célébrations du millénaire capétien, en 1987, leur offrirent l’occasion de les renforcer. Jeune énarque, conseiller auprès de la présidence, Cyrille Schott fut le témoin de l’étrange relation qui s’était instaurée entre ces deux monstres sacrés de la vie politique française. Dans un récit sobre et vivant, étayé de ses souvenirs et de leurs confidences, l’auteur retrace cette amitié qui n’en portait pas le nom.
Car les deux hommes se respectaient et s’appréciaient. Le vieux président socialiste soutint le comte dans la querelle dynastique qui l’opposa à la branche espagnole Bourbon, écartant le duc d’Anjou des célébrations capétiennes en 1987.
Pour sa part, le comte de Paris lui offrit son soutien indéfectible ou presque, notamment durant les années difficiles de la cohabitation ou lors de sa réélection. Au cours des années, la mise en avant du chef de la Maison de France, loin de surprendre, témoigna au contraire de la volonté du président-monarque de s’inscrire dans le droit-fil de la « France éternelle », quitte à mécontenter certains de ses proches socialistes…
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