
DES PRÉVISIONS DE CROISSANCE TROP OPTIMISTES – PEU DE CHANCE DE RAMENER LE DÉFICIT À 5 %
Dans ses prévisions d’automne, Bruxelles anticipe une croissance de 0,8 % du PIB en France l’an prochain, contre 1,1 % prévu par Bercy. La Commission, qui pointe un effort d’ajustement passant essentiellement par des hausses d’impôts, ne croit pas à l’objectif de ramener le déficit à 5 % du PIB l’an prochain.
Bruxelles table sur un déficit public français à 6,2% du produit intérieur brut (PIB) cette année, puis à 5,3% en 2025 et 5,4% en 2026.
DES BAISSES DE DÉPENSE IDENTIFIÉES À HAUTEUR DE 12 MILLIARDS SEULEMENT… ET NON PAS 60 MILLIARDS
La Commission analyse que l’effort d’ajustement de la France passera par des mesures d’augmentation des recettes d’un montant de près de 21,6 milliards d’euros et des mesures de réduction des dépenses , d’un montant de près de 12 milliards d’euros.
Un chiffre bien éloigné de celui de Bercy relayé par le 1er ministre : 40 milliards pour un effort budgétaire qui couvre de fait et en majeure partie des dépenses nouvelles qui avaient été prévues pour 2025 et auxquelles on renoncerait !
Ces Chiffres sont par ailleurs à comparer aux 40 Milliards d’augmentation des dépenses publiques en plus en 2024 ( par rapport à 2023 )
En réalité, les perpectives budgétaires pour 2025 se caractérisent par une nouvelle hausse des dépenses qui intègrent donc les dépenses supplémentaires de 2024 comme les dépenses dites exponentielles ( pérennisées) de la période Covid ).
Par ailleurs, à la 20taine de Milliards de recettes supplémentaires en fiscalité repérées par l’UE s’ajoutent des recettes en taxes et cotisations diverses pour une 10zaine de Milliards.
LE 1/3 IMPOTS, 2/3 ÉCONOMIES EST INVERSÉ !
Pour Patrick Martin du MEDEF, « Le gouvernement avait promis un équilibre des efforts: un tiers venant des contribuables, dont les entreprises, et deux tiers de baisse des dépenses structurelles de l’État. En réalité, dans le projet actuel, c’est tout le contraire. (…) Les conditions ne sont donc pas remplies », estime-t-il.
ARTICLE – Budget 2025 : Bruxelles sceptique sur le plan d’économies de la France
Par Frédéric Schaeffer – Publié le 15 nov. 2024 LES ECHOS
La Commission européenne ne partage pas l’optimisme de Bercy sur la trajectoire de finances publiques et de croissance de la France. Dans ses prévisions d’automne, Bruxelles anticipe une croissance de 0,8 % du PIB en France l’an prochain, là où le gouvernement de Michel Barnier anticipe une progression de l’activité économique de 1,1 %, comparable à celle de 2024. Et elle ne croit pas à l’objectif de Michel Barnier de ramener le déficit à 5 % du PIB l’an prochain.
La France a présenté un projet de loi de finances pour 2025 ambitieux, censé ramener le déficit de 6,1 % (son atterrissage attendu en 2024) à 5 % l’an prochain, le tout avec un effort budgétaire évalué à 60 milliards. Cette marche est la plus élevée dans la trajectoire de cinq années censée amener le solde public sous les 3 % en 2029. Un signe de volontarisme et de bonne volonté adressé aux partenaires européens comme aux marchés financiers, qui n’a toutefois pas dissipé tous les doutes.
« Le ratio des dépenses ne devrait diminuer que marginalement »
Comme le Haut Conseil des finances publiques ou l’OFCE, les économistes de la Commission européenne soulignent l’impact sur l’activité des mesures d’économies inscrites dans le budget 2025. « La croissance du PIB devrait diminuer en 2025 (0,8 %), tirée par l’ajustement budgétaire mais soutenue par l’assouplissement de la politique monétaire », explique Bruxelles dans son rapport. Soulignant l’« important programme budgétaire » annoncé par la France, la Commission prévoit un déficit réduit de 6,2 % cette année, à 5,3 % en 2025.
Bercy ne cesse, depuis la présentation de son projet de Budget le 10 octobre dernier, de mettre l’accent sur la baisse de la dépense publique, censée être à la source de deux-tiers de l’effort de redressement pour l’an prochain, soit 40 milliards d’euros. Mais les économistes de Bruxelles ont visiblement plus de facilité à identifier les hausses d’impôts programmées que les baisses de dépenses engagées par la France.
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La Commission estime, dans ses prévisions, que l’effort d’ajustement de la France passera par des mesures d’augmentation des recettes d’un montant de près de 21,6 milliards d’euros et des mesures de réduction des dépenses , principalement sur la consommation publique et les transferts sociaux, d’un montant de près de… 12 milliards d’euros. Un chiffre bien éloigné de celui de Bercy.
Résultat des courses, le ratio des recettes devrait augmenter d’environ trois quarts de point de PIB, pour s’établir à 52,1 % du PIB en 2025. Le ratio des dépenses ne devrait, lui, diminuer que « marginalement », pour s’établir à 57,4 % du PIB en 2025 (après 57,5 % en 2024). Avec cette stagnation, la France restera la championne de la dépense publique, devant la Finlande (56,9 % du PIB) et largement au-dessus de la moyenne européenne (49,3 % du PIB en 2025).
« En 2026, le déficit public de la France devrait atteindre 5,4 % du PIB, car « certaines mesures de recettes qui devaient être adoptées en 2025 devraient expirer », explique encore la Commission européenne, qui ne présage pas de l’effort budgétaire qui sera pris par la France dans son projet de budget pour 2026. La dette va continuer à augmenter progressivement, pour atteindre 115,3 % en 2025 et 117,1 % en 2026.
Déficit excessif
Aux termes du Pacte de stabilité rénové, Bercy a soumis fin octobre à Bruxelles un plan pluriannuel détaillant une trajectoire budgétaire susceptible d’assurer la soutenabilité de ses finances publiques. La Commission a six semaines pour examiner les trajectoires définies avec Paris.
Comme la France est depuis le mois de juin sous le coup d’une procédure pour déficit excessif, comme six autres Etats membres (Italie, Belgique, Hongrie, Pologne, Slovaquie et Malte), la Commission fera au Conseil une recommandation sur le rythme de réduction du déficit français et sur un délai pour revenir à la valeur de référence de 3 % du PIB.