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GAFAS : LES MILLIARDAIRES ENTRAVENT LA DÉMOCRATIE (2)

« Le pouvoir des géants de la tech érode la démocratie »

TITRE LE MONDE QUI POURSUIT ( Alexandre Piquard ): « Marietje Schaake, ex-députée européenne et essayiste, dénonce, dans un entretien au « Monde », le contrôle « d’infrastructures critiques » par les patrons du numérique comme Elon Musk ou Mark Zuckerberg, désormais bienveillants envers Donald Trump. 

Marietje Schaake a publié, en septembre 2024, The Tech Coup : How to Save Democracy from Silicon Valley (« le coup d’Etat de la tech : comment protéger la démocratie de la Silicon Valley », Princeton University Press). Spécialiste de la régulation du numérique, cette ancienne députée européenne du parti social-libéral néerlandais D66 dirige la politique internationale du Cyber Policy Center de l’université Stanford, en Californie.

Alors qu’après l’élection de Donald Trump, Elon Musk s’immisce par l’intermédiaire de son réseau social X dans la politique européenne et Mark Zuckerberg défait la politique de modération des contenus sur Facebook et Instagram, Mme Schaake dénonce un « problème systémique » lié au contrôle par les géants du numérique (Meta, Google, Amazon, Microsoft, Apple ou SpaceX) « d’infrastructures critiques », cruciales pour la société et la démocratie.

En quoi les marques d’allégeance de Mark Zuckerberg ou Elon Musk envers Donald Trump sont les signes d’un « coup d’Etat de la tech », d’une forme de prise de contrôle sur la démocratie ?

Ces rapprochements rendent visible un problème systémique : le pouvoir démesuré et dénué de responsabilité des entreprises de technologie, qui érode la démocratie. Ils mettent aussi en évidence les synergies croissantes entre les intérêts privés et la …/…

Après Musk et Bezos… Zuckerberg : la tech en ordre de marche derrière Trump

TITRE LE MONDE (Arnaud Leparmentier ) QUI POURSUIT :

En annonçant, mardi 7 janvier, des changements dans la politique de modération des contenus sur Facebook et Instagram, Mark Zuckerberg marque un revirement symbolique. Il rejoint les grands patrons de la tech au nom, officiellement, de la liberté d’expression. 

Les uns après les autres, les grands patrons de la tech américaine se rangent derrière Donald Trump et celui qui est, de facto, devenu son principal collaborateur politique, le libertarien Elon Musk, patron de Tesla, de SpaceX et du réseau social X.

Dernier en date : Mark Zuckerberg. A moins de deux semaines de l’investiture du républicain pour un second mandat, le fondateur de Meta – société valorisée 1 600 milliards de dollars (1 500 milliards d’euros) en Bourse, avec ses applications Facebook, Instagram, WhatsApp – a annoncé, mardi 7 janvier, un virage majeur de son groupe en direction de la galaxie Trump. Officiellement au nom de la liberté d’expression. « Les récentes élections semblent être un point de bascule culturel vers une nouvelle priorité accordée à la liberté d’expression », assure-t-il ainsi dans une vidéo.

Pour ce faire, l’entrepreneur a annoncé le retour des sujets politiques sur ses plateformes, qui accueillent sur la planète 3,3 milliards d’utilisateurs actifs, et la suppression du fact-checking. « Nous avons atteint un point où il y a trop d’erreurs et trop de censure. Nous allons nous débarrasser des fact-checkers et les remplacer par des notes communautaires similaires à X », a expliqué Mark Zuckerberg, alors que les grandes plateformes font l’objet de la défiance de l’électorat trumpiste.

« Aux Etats-Unis, l’inquiétante mainmise des magnats de la tech sur le pouvoir politique »

TITRE LE MONDE PAR AILLEURS ( Stéphane Lauer ) QUI POURSUIT :

« La période de transition entre la présidence de Joe Biden et celle de Donald Trump a été marquée par la multiplication des cas de conflits d’intérêts potentiels et la distribution de prébendes au profit d’une poignée de dirigeants de la Silicon Valley, constate Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.

En 2016, lors de sa première campagne présidentielle, Donald Trump avait utilisé un slogan qui avait fait mouche auprès de l’électorat populaire américain : « Drain the swamp ! » (« assécher le marais »). L’idée était de dénoncer les élites et les lobbys, qui, dans l’ombre, dirigeaient le pays dans l’intérêt de quelques-uns, au détriment du reste de la population.

Alors que le président élu sera intronisé le 20 janvier, l’expression a quasiment disparu du vocabulaire trumpien. Légitimé par une solide base électorale, le milliardaire ne fait même plus semblant de se présenter comme le héraut d’une Amérique débarrassée de la corruption et des coteries. L’inquiétante mainmise des magnats de la tech sur le pouvoir politique en est l’illustration. La période de transition avec Joe Biden a été marquée par la multiplication des cas de conflits d’intérêts potentiels et la distribution de prébendes au profit d’une poignée de dirigeants de la Silicon Valley.

Parmi eux, deux catégories peuvent être distinguées. Ceux qui ont misé sur Trump en soutenant sa campagne et qui s’attendent à en toucher les dividendes grâce à des politiques favorables à leurs affaires.

Et puis il y a les ralliés de la vingt-cinquième heure, ceux qui, constatant que le vent tourne, font allégeance au nouveau « boss » des Etats-Unis pour acheter son indulgence. Prêts à renier le peu de principes qu’ils affichaient jusqu’alors, ils rejoignent sans vergogne le camp des vainqueurs. Parmi eux, Mark Zuckerberg : le patron de Meta (Facebook, Instagram) vient d’annoncer un relâchement substantiel des règles de modération sur ses réseaux sociaux, donnant ainsi satisfaction à Donald Trump. Zuckerberg ouvre un boulevard à la postvérité au pire moment, celui de l’arrivée au pouvoir d’un homme qui en a fait sa marque de fabrique.

Quant à Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et propriétaire du Washington Post, il multiplie les gestes en direction du nouveau locataire de la Maison Blanche pour attirer ses faveurs. Meta et Amazon ont versé chacun plus de 1 million de dollars (970 000 euros) pour financer la cérémonie d’investiture présidentielle…./…

À LIRE SUR METAHODOS :

LES MILLIADAIRES (1) RALLIENT TRUMP ET DÉFIENT L’EUROPE : LA DEMOCRATIE MENACÉE ?

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ARTICLE – Quand les GAFAs deviennent MAGA

Philippe Mabille, directeur éditorial LA TRIBUNE

Hollywood en feu, des quartiers entiers de Los Angeles comme s’ils avaient subi une attaque thermonucléaire, plus de 5000 villas et bâtiments rasés, une atmosphère irrespirable, une ville meurtrie, quatre ans avant les prochains Jeux olympiques… Certains ont même comparé la photo de l’établissement historique de McDonald ravagé par les flammes à l’incendie de Notre-Dame-de-Paris (Il ne faut quand même pas exagérer…).

A une semaine de la cérémonie d’investiture de Donald Trump, les climato-sceptiques américains au pouvoir ont été rattrapés par la réalité du changement climatique, responsable à n’en pas douter de ces incendies dramatiques qui ont fait déjà 10 victimes, traumatisé les habitants de la « ville des anges », parmi les plus riches de la planète et allumé une polémique qui n’est pas près de s’éteindre. Joe Biden a, à quelques jours de son départ de la Maison Blanche, affirmé que ces feux gigantesques sont la conséquence du réchauffement climatique, à l’image de ceux qui dévastent désormais régulièrement l’Australie, le sud de la Méditerranée.

Donald Trump accuse le gouverneur démocrate de l’Etat de Californie d’impréparation notamment pour reconstituer les réserves en eau douce et la maire de L.A. d’avoir coupé les crédits des pompiers. La Californie en flamme, c’est devenu un symbole de l’urgence de l’adaptation de nos modes de vie aux dérèglements du climat. Les assureurs ont fait les comptes et on parle déjà de 16 à 20 milliards de dollars d’indemnisation. De ce point de vue, les habitants de Pacific Palisades sont bien mieux lotis que les Mahorais, pour la plupart non assurés, après le passage du cyclone Chido.

Les optimistes se rassureront en espérant que le drame de Los Angeles réveillera les consciences et inversera le climato-scepticisme de l’administration Trump. Mais rien n’est moins sûr. Juste avant de céder le pouvoir, le président Biden vient de signer un décret pour empêcher les forages pétroliers au large des côtes américaines. Cela ne fera sans doute que freiner l’appétit de Donald Trump dont l’un des mots préférés est « drilling » (forer). Son intérêt renouvelé pour le Groenland, terre (danoise) riche en ressources naturelles, pétrole, uranium, terres rares le montre. Le président des Etats-Unis n’a pas exclu de recourir à des moyens de coercition économiques voire militaires pour que l’Amérique prenne possession de l’Arctique.

Pour calmer le jeu, le Danemark, s’est dit ouvert au dialogue avec les Etats-Unis tout en excluant toute cession de ce territoire qui dispose d’un statut d’autonomie. Donald Trump a aussi réaffirmé l’importance stratégique des routes maritimes en revendiquant le canal de Panama, cédé dans les années 70 par Jimmy Carter, l’ancien président américain démocrate mort à 100 ans en décembre 2024. Cette pression géopolitique de la part de Donald Trump à l’aube de son second mandat donne le ton d’une présidence qui va faire entrer le monde dans une nouvelle ère plus brutale sur le plan diplomatique comme économique. Les entreprises françaises se préparent à l’augmentation des tarifs douaniers, tout en espérant qu’elle soit plus modérée qu’annoncé.

Dernier épisode en date qui mérite de nous inquiéter, le ralliement cette semaine du patron de Meta, Mark Zuckerberg, qui dans un discours hallucinant de mauvaise foi, a remis en question l’efficacité de la modération des réseaux sociaux et s’est aligné sur les pratiques de son concurrent X, possédé par Donald Trump. Faut-il s’étonner de voir les GAFA se rallier au nouveau pouvoir ? Pas vraiment. Les mêmes étaient démocrates sous les Démocrates et il n’est pas surprenant de les voir devenir MAGA sous Donald Trump. Non, ce qui est vraiment inquiétant en revanche, c’est l’absence de réaction de l’Europe face à cette agression contre les principes de notre droit. A part l’ancien commissaire européen Thierry Breton, qui avait mené la bataille contre les provocations d’Elon Musk, de plus en plus débridé, le silence radio d’Ursula Von der Leyen en dit long sur la soumission de l’Europe aux intérêts des Big Tech américaines. En 1940, l’historien français Marc Bloch avait publié un livre intitulé « L’étrange défaite » pour expliquer la victoire éclair de l’Allemagne nazie par l’absence de lucidité de la classe politique française de la 3ème République finissante.

Au vu des ingérences répétées du patron de X, qui est allé jusqu’à diffuser un débat entre lui-même et la dirigeante de l’AfD, l’extrême-droite allemande, et appelé à la victoire de ce parti aux élections de février, il est évident que le réseau social X a franchi toutes les limites fixées par le Digital Services Act. Si l’Europe ne lance aucune procédure contre Musk, comme le demande le ministre français des affaires étrangères Jean-Noël Barrot, ancien ministre du numérique, ce sera une abdication et un encouragement à ce que l’offensive de Musk se poursuive. A méditer, cette phrase attribuée au philosophe britannique Bertrand Russell : « le principal problème du monde, c’est que les fous et les fanatiques sont si sûrs d’eux, et que les gens sages sont remplis de doutes »…

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